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1964. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

C’est par elle que je veux terminer, parce que c’est une des œuvres qui mettent le plus en pleine lumière un des traits — et le plus touchant — du caractère de La Fontaine : son amour pour les faibles et par conséquent, et à cause de cela, pour les opprimés.

1965. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Macaulay a dit un jour que la biographie de Johnson était d’autant meilleure que Boswell, cette espèce de laquais, n’avait absolument que les qualités littéraires du laquais, et qu’on voyait mieux Johnson à travers le vide de talent de son biographe qu’à travers la lumière de son talent, s’il en avait eu.

1966. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

L’une et l’autre mettent un même fait en lumière : l’effacement des types spécifiques et collectifs.

1967. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Cependant, puisque notre Courrier de Paris est remis en lumière, qui veut monter en croupe avec lui ? […] Vous êtes assis au coin de votre feu, l’appartement est peu éclairé, vous-même vous tournez le dos à la lumière ; soudain, sans se faire annoncer, par la porte entr’ouverte, d’un pas ému et tremblant, une femme entre chez vous. […] Cependant elle est assise, là devant vous, sous la lumière, vous restant dans l’ombre. […] L’un, qui s’appelait Lavoisier, condamné à mort, demande quelques jours pour achever ses expériences sur la lumière : on le tue.

1968. (1925) Comment on devient écrivain

Beaucoup d’écrivains, particulièrement les poètes, aiment mieux laisser entendre qu’ils composent grâce à une espèce de frénésie subtile ou d’intuition extatique, et ils auraient positivement le frisson, s’il leur fallait autoriser le public à jeter un coup d’œil derrière la scène et à contempler les laborieux et indécis embryons de pensées, la vraie décision prise au dernier moment, l’idée si souvent entrevue comme dans un éclair et refusant si longtemps de se laisser voir en pleine lumière, la pensée pleinement mûrie et rejetée de désespoir comme étant d’une nature intraitable, le choix prudent et les rebuts, les douloureuses ratures et les interpolations, — en un mot, les rouages et les chaînes, les trucs pour les changements de décor, les échelles et les trappes, — les plumes de coq, le rouge, les mouches et tout le maquillage qui, dans quatre-vingt-dix-neuf cas sur cent, constituent l’apanage et le naturel de l’histrion littéraire22. » Les débutants s’imaginent qu’il suffît, pour être écrivain, d’avoir de la facilité et du naturel. […] Elles étaient écrites en caractères de lumière, scellées de quatre étoiles et paraphées de la Sainte Trinité. […] Ce qui n’a pas changé, non plus, c’est le mauvais style de ces discours, ce style d’amplification facile, qui consiste à répéter, les mêmes idées, comme dans ce morceau : « Ce jour de ta justice, ce beau jour de lumière, qui éclairera, qui illuminera, qui éblouira le monde, je l’attends, Seigneur, je l’espère, je le désire avec toute l’ardeur, avec toute la fièvre de ma foi invincible et inébranlable. […] Quand Chateaubriand, dans son Paradis de Milton, écrit : « Le parfum de la terre, après les molles pluies d’été », je ne sais si le mot est dans le texte ; s’il y est, je dis que c’est une bonne acquisition de style, de même que ces expressions de Dante : « Le soleil qui se tait… Un endroit muet de lumière… Une clarté enrouée… L’air noir… Le marais livide » ; et de Milton : « Les ténèbres visibles… Le silence ravi… Les ruisseaux fumants… » Comment ne pas savourer la traduction de Job par Chateaubriand : « La pourriture est dans mes os et les vers du sépulcre sont entrés dans ma chair. […] Pour se connaître et pour se voir, il faut faire appel aux lumières d’autrui. « Les Romains, dit Vigneult-Marville, avaient une coutume fort louable et très utile, tant qu’on sut bien en user : c’était de réciter les ouvrages de leur composition en la présence de leurs amis, avant que de le donner au public.

1969. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Tout parle dans l’amour, et sur cette matière Le moindre jour doit être une grande lumière. […] Un instant après il lui prit une toux extrêmement forte, et après avoir craché il demanda de la lumière.

1970. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Une leçon de latin, un passage de soldats, un voyage en croupe, deviennent des événements importants que la distance embellit ; on jouit de son plaisir si paisible et si intime, et l’on éprouve comme lui une douceur très-grande à voir renaître avec tant d’aisance, et dans une lumière si pleine, les fantômes familiers du passé. […] Jusqu’à la dernière heure de sa vie, Esmond se rappellera les regards et la voix de la dame, les bagues de ses belles mains, jusqu’au parfum de sa robe, le rayonnement de ses yeux éclairés par la bonté et la surprise, un sourire épanoui sur ses lèvres, et le soleil faisant autour de ses cheveux une auréole d’or… Il semblait, dans la pensée de l’enfant, qu’il y eût dans chaque geste et dans chaque regard de cette belle créature une douceur angélique, une lumière de bonté.

1971. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Edgar Baes, ne s’écriait-il pas : « Notre art atavique, illuminé d’un simple rayon de cette vivace et pure lumière, reviendrait soudain, entre tous, une force et retrouverait ce que nous aspirons à voir éclater de nouveau au grand jour, la sublime inspiration de la réalité transfigurée. » * *   * Au début de ces pages, en parlant de Saint-Georges de Bouhélier, j’ai usé de ce mot « Sagesse ». […] Il sait et a la pudeur d’ignorer ; il a cherché les lois, mais pour être innocent comme le monde, il les oublie, et son âme ainsi est suave et forte, et mieux que le vent son chant coule dans la lumière les invisibles semences et conduit sur nos fronts les bienfaits de l’aurore.

1972. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Auprès de cette grotte sombre Où l’on respire un air si doux, L’onde lutte avec les cailloux Et la lumière avecque l’ombre. […] Mais quelle lumière cela jette sur le futur théâtre de Racine ! […] Si Elisabeth, la reine vierge, fut peut-être une « virago », Catherine, lady Macbeth, et, selon toute apparence, la reine Sémiramis, sur qui j’ai peu de lumières, furent très profondément femmes. […] On savait que vous m’aviez prêté quelques-unes de vos lumières pour y ajouter de nouveaux ornements. […] La reine, sa mère, dit madame de La Fayette, s’appliquait tout entière au soin de son éducation, et le malheur de ses affaires la faisant vivre plutôt en personne privée qu’en souveraine, cette jeune princesse prit toutes les lumières, toute la civilité et toute l’humanité des conditions ordinaires.

1973. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Mais ni l’imposteur dans la comédie, ni le soudard Philippe Bridau dans le roman, n’attirent sur eux toute la lumière. […] Ses lettres écrites de Calabre jettent par analogie une lumière très significative sur un état d’âme dont nous apercevons à distance la féconde nouveauté. […] Il se complaisait dans le commerce de ce prêtre-poète dont les prières sont si belles et qui n’avait pour repousser la calomnie que cette réponse : « Je n’ai jamais péché contre la lumière !  […] Avec sa bonhomie souriante, il citait volontiers le mot que lui avait dit un jour l’anatomiste Farabœuf : « Vous n’êtes pas seulement un chirurgien, vous êtes un céphalurgien », et son mâle visage s’éclairait d’une lumière intérieure, celle de la conscience d’avoir mérité cet éloge. […] C’est l’exemple projetant sa lumière à la fois dans le monde moral, et dans le monde politique.

1974. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Rien qu’en y entrant, le respect et le génie des graves études vous saisissaient ; l’air qu’on y respirait n’était plus celui du dehors ; la lumière elle-même y prenait une teinte égale et monotone.

1975. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Les consciencieux éditeurs de 1824 sont heureusement venus remettre en lumière quelques points authentiques, et ils se sont appliqués surtout (tâche assez difficile et méritoire) à restituer à Louise Labé son honneur comme femme, en même temps qu’à lui maintenir sa gloire comme poëte.

1976. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Mais les passions, modifiées par la constitution particulière des individus, et prenant le cours que leur indique une éducation vicieuse ou autre, produisent le crime ou la vertu, la lumière ou la nuit.

1977. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Il part seul ; lui, il n’a d’autre but que de voir et de sentir, de s’inonder de lumière, de se repaître de la couleur des lieux, de l’aspect général des villes et des campagnes, de se pénétrer de ce ciel si calme et si profond, de contempler avec une âme harmonieuse tout ce qui vit, nature et hommes.

1978. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

XXVI Tant que la Révolution fut philosophique, théorique, monarchique, libérale, elle eut dans l’esprit de Mirabeau et de M. de Talleyrand, lumières de l’Assemblée constituante, l’alliance anglaise pour principe ; c’était le génie de la Révolution.

1979. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

» III La sérénité revient avec la lumière et revient seule.

1980. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

CXLV Voilà ce que je vis devant moi, monsieur, en rouvrant les yeux à la lumière.

1981. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

La terre mêle à son écorce Ce Protée en le transformant Tour à tour, de chaleur en force, En lumière, en foudre, en aimant.

1982. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

C’est du Nord aujourd’hui que nous vient la lumière… Mais ne pouvant nier que Villon, Corneille, Malherbe, Baudelaire et Ronsard et quelques autres ne fussent point nés au-dessous de la Loire, M. 

1983. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Il se mit à écrire ses Origines de la France contemporaine pour faire quelque lumière dans son esprit et celui de ses contemporains.

1984. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Le soir, pour la distraire, je passais une heure avec elle dans sa chambre, sans autre lumière (elle aimait cette demi-obscurité) que la faible clarté du gaz de la rue.

1985. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Alexandre Dumas vient de découvrir avec tant d’éclat, une lune sociale aussi changeante, que la lune visible et qui tourne, comme elle, autour d’un monde supérieur, en réverbérant péniblement sa lumière.

1986. (1904) En méthode à l’œuvre

Hors que, pour l’« e muet », son très varié, avons-nous vu, et ainsi qu’intermédiaire, la lumière reprend son unité.

1987. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Et je revois l’hôpital, et je revois le concierge rougeaud, obèse, puant la vie comme on pue le vin ; et je revois ces corridors où de la lumière du matin tombe sur la pâleur de convalescentes souriantes… Dans un coin reculé, je sonne à une porte aux petits rideaux blancs.

1988. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Elle nous choque, quoiqu’elle soit identique à allumer le gaz, puisque allumer, c’est adluminare, donner de la lumière à…, comme éclairer, c’est donner de la clarté à… Il est curieux de retrouver, à tant de siècles de distance, la même méthode linguistique aboutissant au même résultat.

1989. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

La réforme protestante, selon nous, ne fut qu’un mouvement intestin du moyen âge contre lui-même, mouvement qui ne portait en soi qu’une révolte, mais point de lumière et peu de liberté.

1990. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Mais il n’y entra que plus de tristesse avec plus de jour, car la lumière, en les remplissant, ne faisait que m’en montrer davantage le vide.

1991. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Nous ne connaissons la chaleur ou la lumière qu’en fonction du mouvement, et nous ne nous formons une idée d’un vertébré que comme « relative » à celle du mollusque ou de l’insecte ; — et réciproquement.

1992. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

En un mot, partout il se faut laisser conduire par la vraisemblance, comme par la seule lumière du théâtre.

1993. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

. — Quand nous lisons sur un écriteau « Défense de passer », nous percevons l’interdiction d’abord ; elle est en pleine lumière ; derrière elle seulement il y a dans la pénombre, vaguement imaginé, le garde qui dressera procès-verbal. […] Mais qu’une surprise brusque paralyse ces activités superficielles, que la lumière où elles travaillaient s’éteigne pour un instant : aussitôt le naturel reparaît, comme l’immuable étoile dans la nuit. […] Mais l’adoration du soleil, et celle aussi du ciel, se retrouvent à peu près partout : dans la religion Shinto du Japon, où la déesse du Soleil est érigée en souveraine avec, au-dessous d’elle, un dieu de la lune et un dieu des étoiles ; dans la religion égyptienne primitive, où la lune et le ciel sont envisagés comme des dieux à côté du soleil qui les domine ; dans la religion védique où Mitra (identique à l’iranien Mithra qui est une divinité solaire) présente des attributs qui conviendraient à un dieu du soleil ou de la lumière ; dans l’ancienne religion chinoise, où le soleil est un dieu personnel ; enfin chez les Grecs eux-mêmes, dont un des plus anciens dieux est Helios.

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