Les successeurs de Samuel Bernard ne sont plus des Turcaret, mais des Pâris-Duverney, des Saint-James, des Laborde, affinés, cultivés de cœur et d’esprit, ayant du tact, de la littérature, de la philosophie, de la bienfaisance571, donnant des fêtes, sachant recevoir. […] Ceux qui trouvent trop ardue la nouvelle géométrie politique en apprennent au moins les axiomes, et, si les axiomes rebutent, on en trouve les conséquences palpables, les équivalents commodes, la menue monnaie courante dans la littérature en vogue, théâtre, histoire et romans584. […] Baron de Barante, Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle, 312.
Rousseau dans l’Émile, un livre paraissait, un des livres que les curieux de littérature et de philosophie accueillent comme une bonne fortune de bibliothèque, parce qu’il leur révèle comme en confidence les secrets du métier de la littérature. […] La littérature légère, la philosophie éclectique, les sciences naturelles, les arts, la société intime avec Voltaire, Rousseau, plus tard avec les de Maistre de Savoie, avec madame de Staël, avaient encore illustré les Huber.
Mai C’est une drôle de chose — et personne ne l’a remarqué — que le grand monument littéraire de l’atticisme, des élégantes mœurs, du délicat esprit d’Athènes, Aristophane enfin, soit le plus gros monument scatologique de la littérature de tous les peuples. […] 2 août Par la littérature qui court, c’est vraiment un noble type littéraire que ce Saint-Victor, cet écrivain dont la pensée vit toujours dans le chatouillement de l’art ou dans l’aire des grandes idées et des grands problèmes, couvant de ses amours et de ses ambitions voyageuses la Grèce d’abord, puis l’Inde qu’il vous peint sans l’avoir vue, comme au retour d’un rêve haschisché, et poussant sa parole, ardente et emportée et profonde et peinte, autour de l’origine des religions, parmi tous les grandioses et primitifs rébus de l’humanité : curieux des berceaux du monde, de la constitution des sociétés, pieux, respectueux, son chapeau à la main devant les Antonins, qu’il appelle le sommet moral de l’humanité, et faisant son évangile de la morale de Marc-Aurèle, ce sage et ce si raisonnable maître du monde. […] » Et c’est un convive qui compare Aubryet à un chat dans un courant électrique ; et c’est un autre qui, énumérant les journaux en possession des juifs, La Presse, Le Constitutionnel, les Débats, Le Courrier de Paris, déclare que la littérature est déjà domestiquée par eux.
. — Un des traits caractéristiques de la pensée et de la littérature à notre époque, c’est d’être peu à peu envahies par les idées philosophiques. […] de Littérature et philosophie mêlées, pp. 211, 212. […] Victor Hugo, Littérature et philosophie mêlées, IIe vol., p. 60.
Il y a, en général, parmi nous, une certaine négligence de l’histoire étrangère, qui s’oppose presque entièrement à la composition des tragédies historiques, telles qu’on en voit dans les littératures voisines. […] Le principe de l’utilité domine dans notre littérature comme dans notre vie. […] En empruntant de la scène allemande un de ses ouvrages les plus célèbres, pour l’adapter aux formes reçues dans notre littérature, je crois avoir donné un exemple utile.
Un de ses Ecrivains les plus versés dans la littérature ancienne & moderne, Giraldi, avoue que l’Italie est redevable aux François & de sa poésie & de l’invention des Romans. […] Le Roman est peut-être aujourd’hui le genre de littérature que les Anglois cultivent le plus avantageusement. […] M. de Voltaire, qui n’a dédaigné aucun genre de littérature, a bien voulu nous donner aussi quelques Romans.
. — Littérature artificielle. […] On y verrait, avec le faux goût d’une époque tardive et d’une littérature transplantée, à quel point cette belle imagination des temps héroïques de la Grèce avait mis son empreinte sur les esprits studieux du Muséum. […] Un lettré païen du second siècle, appelé déjà à mêler tous les souvenirs par syncrétisme littéraire, dit, dans un hymne en prose à Minerve : « Pindare nous enseigne qu’assise à la main droite du père, elle reçoit ses commandements, pour les transmettre aux dieux ; car elle est au-dessus d’un ange, et c’est elle qui aux divers anges transmet les ordres divins qu’elle a recueillis de la bouche du Père149. » Avec cette littérature bigarrée de souvenirs, cette mosaïque savante que travaillait Alexandrie, il y a donc souvent à hésiter sur les vraies sources de l’imitation, et la première apparence peut tromper.
Avant dix ans, il avait un précepteur savant « et puritain, qui lui coupa les cheveux court » ; outre cela, il alla à l’école de Saint-Paul, puis à l’université de Cambridge, afin de s’instruire dans « la littérature polie », et dès l’âge de douze ans il travailla, en dépit de ses mauvais yeux et de ses maux de tête, jusqu’à minuit et au-delà. « Quand j’étais encore enfant, dit un de ses personnages qui lui ressemble433, aucun jeu enfantin ne me plaisait. Toute mon âme s’employait, sérieuse, à apprendre et à savoir pour travailler par là au bien commun ; je me croyais né pour cette fin, pour être le promoteur de toute vérité et de toute droiture. » En effet, à l’école, puis à Cambridge, puis chez son père, il se munissait et se préparait de toute sa force, « libre de tout reproche, et approuvé par tous les hommes de bien », parcourant l’immense champ des littératures grecque et latine, non-seulement les grands écrivains, mais tous les écrivains, et jusqu’au milieu du moyen âge ; en même temps l’hébreu ancien, le syriaque et l’hébreu des rabbins, le français et l’espagnol, l’ancienne littérature anglaise, toute la littérature italienne, avec tant de profit et de zèle, qu’il écrivait en vers et en prose italienne et latine comme un Italien et un Latin ; par-dessus tout cela, la musique, les mathématiques, la théologie, et d’autres choses encore. […] Sors de tes chambres royales, ô prince de tous les rois de la terre ; revêts les robes visibles de ta majesté impériale, prends en main le sceptre universel que ton père t’a transmis, car maintenant la voix de ta fiancée t’appelle, et toutes les créatures soupirent pour être renouvelées485. » Ce cantique de supplications et d’allégresse est une effusion de magnificences, et, en sondant toutes les littératures, vous ne rencontrerez guère de poëtes égaux à ce prosateur. […] Mais il avait encore d’autres maîtres, Beaumont, Fletcher, Burton, Drummond, Ben Jonson, Shakspeare, toute la splendide Renaissance anglaise, et par derrière elle la poésie italienne, l’antiquité latine, la belle littérature grecque, et toutes les sources d’où la Renaissance anglaise avait jailli. […] Nous sommes à mille lieues de Shakspeare, et dans cette louange protestante de la famille, de l’amour légal, a « des douceurs domestiques », de la piété réglée et du home, nous apercevons une nouvelle littérature et un autre temps.
Je passe à une derniere branche de littérature qui fut aussi cultivée par nos aïeux ; c’est la Traduction. […] Il en est en littérature, à mérite même égal, comme en matiere d’hérédité dans certains lieux : un cadet n’a que très-peu de chose à disputer à son aîné a-9. […] Il croyoit son Dictionnaire le plus hardi monument de littérature & d’érudition qui existât parmi nous. […] Cet Ecrivain, qui a soutenu plus d’un paradoxe littéraire, en était un lui-même en littérature. […] Il en est de ces querelles qui divisent la Littérature & les Arts, comme de certaines guerres civiles qui tournent au profit de la liberté.
— Les quolibets de la haute littérature sur Lucrèce courent le monde et ne tarissent pas : « C'est du style vieilli, dit de Vigny, il mérite un accessit.
La littérature et toutes choses donnent aussi peu que possible ; il ne se publie rien de nouveau et les étalages des libraires de l’Odéon ne se sont pas rafraîchis depuis un mois.
Les principes de la moralité servent communément de règles de goût aux dernières classes de la société, et ces principes suffisent souvent pour les éclairer, même en littérature.
Et ces lois sont les mêmes pour l’œuvre de haute littérature et pour la modeste composition de collège : l’écrivain rompu à tous les secrets de l’art doit s’y asservir, et elles soutiennent l’enfant qui s’essaye à écrire.
Mais son ivresse est d’un lettré farci de littérature — s’il était le strict « naturiste » qu’il dit, à quoi bon transposer en des livres son émotion — et il n’est pas sans charme de retrouver en lui, par les réminiscences qui s’y font jour, un culte tacite et éclectique pour les poètes et les penseurs les plus divers ; Denis Diderot, Michelet et Hugo lui enseignèrent à construire les phrases désordonnées seulement en apparence ; Emerson et Carlyle inspirèrent son louable amour pour les paysans et les héros ; il n’ignore ni le Barrès du Jardin de Bérénice, ni le Taine de la Littérature anglaise, et quand il écrit : « Des liserons sonnent et un coq luit » ou qu’il appelle les abeilles « les petites splendeurs des campagnes », je ne sais pas oublier les métaphores chères au magnifique Saint-Pol-Roux.
J’ai peine à croire que sans préméditation on imite si exactement le Jules Mary : « Au trot régulier de son robuste attelage, le landau sortit de Corbeil, laissant derrière lui les cheminées géantes des minoteries, dont la fumée assombrissait tout un côté du ciel splendide », — et le Henry Monnier : « Le général était aux eaux dans le Tyrol, avec la duchesse ; le fils à Stanislas, piochant ses examens de Saint-Cyr qui brûlaient », accouplement de métaphores emprunté à la littérature de la Terre de Feu… Un autre charme du roman est le mépris implicite de toute psychologie.
La Littérature est une espece d’arene, où les combattans sont soumis au jugement de chaque Spectateur, qui a droit d’aller y combattre à son tour ; & personne ne doit s’y engager, s’il refuse de s’assujettir aux loix établies, dont la premiere est la liberté.
Il interprete les Loix, comme l’eût fait le Législateur lui-même ; il expose le Droit naturel & le Droit public, comme s’il étoit l’interprete de la Nature & de toutes les Nations ; il parle de Littérature, comme si les Muses, les Graces & le bon Goût l’eussent rendu dépositaire de leurs oracles.
Il nous a confié ses fragments de mémoires, ses carnets, ses notules, ses récits de voyages, ses cahiers de mathématique, au parchemin graissé et noirci par une compulsation continue, et où la littérature écrite à rebours se mêle aux X, enfin les feuilles volantes qui livrent des épisodes de son existence.
Elle agirait dans le sens populaire, contre le pédantisme et contre le snobisme ; elle serait, en face des écorcheurs du journalisme et de la basse littérature, la conservatrice de la tradition française, la tutrice de notre conscience linguistique, la gardienne de notre beauté verbale112 .
Ce nouveau genre, introduit par le christianisme dans la littérature, se développa rapidement.
Quant à l’assertion : « On ne devient pas original, on l’est », c’est une des plus criantes énormités qui se puissent lire, un de ces paradoxes contre qui proteste toute l’histoire de notre littérature.
Si on bannissait de telles locutions, la littérature deviendrait une algèbre qu’il ne serait plus possible de comprendre qu’après de longues opérations analytiques ; si on les récuse parce qu’elles ont trop souvent servi, il faudrait se priver encore de tous les mots usuels et de tous ceux qui ne contiennent pas un mystère.
À Dieu ne plaise que je méconnaisse les services rendus à l’esprit français par l’étude des littératures étrangères ! […] Tous les noms glorifiés aujourd’hui par une foule ignorante et désœuvrée tomberaient en cendres, si la sobriété du style reprenait dans la littérature le rang qui lui appartient. […] Cette revue rapide de toutes les littératures, déclarées insuffisantes pour les besoins du peuple, donne à tous le droit d’attendre une œuvre absolument nouvelle. […] Ce n’était vraiment pas la peine de tonner si fièrement contre toutes les littératures pour raconter une histoire de village avec tant de prolixité. […] Si quelques-uns des préceptes énoncés par l’auteur sont aussi vieux que la littérature dramatique, ils ont du moins le mérite de condamner M.
Nous ne vous analyserons pas ce livre : ce commentaire des lois romaines appartient plus à la jurisprudence qu’à la littérature. […] Le sentiment gâte-t-il jamais rien en littérature ? […] Aucun : c’est le plus vaste et en même temps le plus parfait des hommes de pensée ; ce n’est pas un littérateur, c’est la littérature elle-même tout entière. […] C’est le plus beau nom de toutes les littératures dans tous les âges ; il a écrit, parlé, achevé la plus belle des langues occidentales ; et, quand l’Italie n’aurait produit que Cicéron, elle serait encore la reine des siècles.
Philosophie grecque (1re partie) I Toute littérature, comme toute civilisation, a pour dernier terme une philosophie. La philosophie est la pensée du cœur humain, dont la littérature n’est que la parole ; la pensée est le fond de l’homme, la littérature n’est que la forme. Ne vous étonnez donc pas que la philosophie occupe le premier rang dans un cours sérieux de littérature.
» À quoi bon savoir l’hébreu, l’arabe, le samaritain, le syriaque, le chaldéen, l’éthiopien, le persan, à quoi bon être le premier homme de l’Europe pour la connaissance des littératures de l’Orient, si on n’est point arrivé à l’idée de l’humanité, si tout cela n’est conçu dans un but religieux et supérieur ? […] Puis ce sont ces écrits tenus pour sacrés qui deviennent aux yeux d’une ingénieuse et fine exégèse la plus curieuse littérature. […] La cause de cette révolution sera non pas notre littérature, qui n’a pas plus de sens aux yeux des Orientaux que n’en eut celle des Grecs aux yeux des Arabes du IXe et du Xe siècle, mais notre science, qui, comme celle des Grecs, n’ayant aucun cachet national, est une œuvre pure de l’esprit humain 34. […] J’aime et j’admire le grand scepticisme désespérant, dont l’expression a enrichi la littérature moderne de tant d’œuvres admirables.
Notre littérature française, qui, depuis cent ans, a demeuré toujours, si étrangement, la même, s’est, en revanche, divertie à vêtir, sans cesse, les plus contraires appellations. […] Sarcey, qui a, successivement, maudit toutes les littératures précédentes, lui a octroyé la définitive consécration de ses anathèmes. […] Être plus pessimiste que les romantiques et les naturalistes, la nouvelle littérature ne pourrait : elle l’est, seulement, d’autre façon. […] On s’étonnera que ce texte fondateur du wagnérisme en littérature ne figure pas ici dans son entier.
Le résultat continuel de l’effort de la critique appliquée à la littérature est d’étendre ainsi de plus en plus le domaine de l’homme instruit, et d’appeler chacun à profiter, et, jusqu’à un certain point, à juger par soi-même de ce qui avait été jusqu’alors la propriété des doctes et des hommes de cabinet. […] Daru, que cette quatrième croisade n’eut guère pour résultat définitif que d’agrandir la suprématie maritime de Venise : « Le reste de l’Europe y perdit beaucoup de vaillants hommes et de monuments précieux, et n’y gagna que l’introduction de la culture du millet, dont le marquis de Montferrat envoya des graines en Italie. » S’il était vrai que la prise de Constantinople par les croisés et le sac de cette ville eussent fait périr, comme il est trop probable, des monuments de l’ancienne littérature grecque qui avaient échappé précédemment, il faudrait, nous les lettrés et les disciples des doctes, le déplorer avec regret, avec amertume : mais vouloir que toute une époque soit heureuse de la manière dont nous l’entendons, et que les chevaliers du siècle de Villehardouin conçoivent l’emploi de leurs facultés et de leur temps comme les hommes de cabinet de nos jours, c’est demander beaucoup trop.
Quand il touche à des coins de littérature, il ne retrouve pas cette propriété de langage qu’il a dans les exposés de science. […] Si l’exemple d’Arago nous preuve que des esprits ingénieux et fins en matière de science ne sont souvent que robustes en littérature, il nous montre aussi qu’il y a une puissance réelle à ne parler que de ce qu’on sait à fond, et qu’il entre tout autre chose que le goût dans cette prise qu’on a sur les hommes.
« Vous faites, mon cher ami, l’arrière-garde de la belle littérature française, et il faut que vous ayez été aussi paresseux de corps que peu paresseux d’esprit pour n’avoir pas été de l’Académie. […] Nul ne peut nous représenter mieux que lui cette littérature du règne de Louis XVI, qui compte Bernardin de Saint-Pierre pour homme de génie, et l’abbé Barthélemy, M.