Ne verra-t-on pas quelquefois sur vos lignes tracées en désordre l’empreinte des larmes que votre œil aura laissé tomber en les écrivant ? […] songez que chaque ligne que vous écrivez ne s’effacera plus ; montrez-la donc d’avance à la postérité qui vous lira, et tremblez qu’après avoir lu, elle ne détourne son regard avec mépris.
Chose remarquable, sa rédaction se renouvelle souvent, elle ne se rajeunit jamais. » Depuis que la rivalité de la Presse a commencé de poindre, le Journal des Débats n’a cessé, par son dédain, ses airs de grand seigneur, et son peu de zèle à rallier les éléments de résistance, de faire tout ce qu’il fallait pour favoriser les progrès de l’adversaire : ses inconséquences et ses déviations, dans la ligne des doctrines littéraires et philosophiques, sont perpétuelles.
Au tome précédent, tome VII, page 39, ligne 23, une correction est à faire ; c’est à l’endroit où j’ai dit : « … Wood, arraché un moment aux Lettres, occupait, à cette date, le poste de sous-secrétaire d’État dans le ministère dont le comte de Granville était le président. » Il faut lire : « … dans le ministère dont le comte de Granville faisait partie à titre de Président du Conseil. » Cette dernière dénomination, en effet, n’a point, en Angleterre, la même portée que chez nous ; et même en ayant sous les yeux le texte de l’ouvrage de Robert Wood sur Homère, où le fait est raconté, et en n’y mettant rien du mien, je m’y étais mépris ; j’avais trop accordé à celui dont il était dit « qu’il présidait les Conseils de Sa Majesté ».
Je m’étais prêté volontiers à La Mennais, je ne m’étais point donné, et quand il outre-passa la ligne, d’ailleurs assez élastique et mobile, jusqu’où je croyais pouvoir l’accompagner et le suivre, je m’arrêtai et je ne craignis pas de le marquer nettement.
Théophile Gautier était trop jeune, avant 1830, pour se produire dans le premier mouvement de la poésie romantique ; mais il entra et persévéra en cette ligne, lorsque plusieurs l’abandonnaient ou songeaient du moins à en modifier le développement.
En France, on n’arrive au beau qu’avec des lignes terminées.
Paul Léautaud Son livre de débuts, Légendes d’âmes et de sang, qui révélait un poète ne procédant d’aucun maître, et dont la préface, où il donnait les grandes lignes de l’œuvre qu’il méditait, laissait pressentir les théories de musique verbale que le Traité du verbe devait répandre avec éclat, d’un coup attira sur lui l’attention.
Paterne Berrichon, — à qui nous devons la documentation serrée de ces lignes, — ont fait justice d’une telle calomnieuse invention.
L’intérêt hors ligne que présente l’assyriologie le frappa ; il est probable que, s’il eût vécu davantage, il eût de plus en plus tourné ses études de ce côté.
Il m’a rapatrié dans le monde antique, il m’a ramené aux sources sacrées ; j’y ai puisé les plus pures joies qui puissent rafraîchir et ravir l’esprit. « Les Grecs » — a dit Goethe dans un mot célèbre — « ont fait le plus beau songe de la vie. » Ce songe, je l’ai refait avec eux ; et il me semble que je m’en réveille en écrivant les dernières lignes de ces pages pleines de leur gloire et de leur génie.
Que dirait-on d’un critique littéraire qui placerait Dostoieski en première ligne du mouvement des lettres contemporaines ?
La figure a un air d’activité, de force et de menace ; et la flèche est une flèche, et non un morceau de fer de quelques lignes.
Homme singulier, mais bon homme, mais galant homme, La Tour ne ferait pas cela aujourd’hui ; et puis il faut avoir quelque indulgence pour un artiste piqué de se voir rabaissé sur la ligne d’un homme qui ne lui allait pas à la cheville du pied.
Le vent du désespoir agite convulsivement les lignes harmonieuses de ton visage.
S’il est vrai que les nations sont constituées par une poussière de fellahs, Taine en prend trop aisément son parti ; il a trop peur que la raison pure intervienne et dérange ces sommeils, cette belle ordonnance animale… Mais à peine ai-je écrit ces lignes et ces mots « servilité, servage » que, sans pouvoir rien en effacer, je proclame combien je suis injuste envers un homme qui, le seul, avec Fustel de Coulanges, et mieux que Fustel de Coulanges, m’a fait toucher des réalités dans l’histoire de mon pays.
Mais il lui arrive de rencontrer parfois, pour l’enfantement de ces horreurs chaotiques, la ligne d’Ingres, la couleur de Delacroix et la facilité d’Horace Vernet. […] Les termes de comparaison entre la Sémiramis d’il y a dix ans et celle d’aujourd’hui sont comme deux lignes parallèles, destinées à ne jamais se rencontrer… si ce n’est sous votre plume. […] Le charmant Machiavel à six centimes la ligne que nous avons tous connu et lu, n’est plus qu’un Pangloss bourgeois qui prend le la au mirliton enrubanné de ce bon M. […] Le premier en date, le plus cher des amis de Gérard, Théophile Gautier, a mis à dessein une simplicité sérieuse et une réserve pleine d’obscurités dans les lignes qu’il a consacrées à ce trépas sinistre. […] Le feuilletoniste de la Patrie a écrit deux ou trois lignes, suffisamment transparentes, à l’adresse de l’écrivain populaire qui s’est créé dans son journal le chef de la secte des Ristoristes.
Les lignes de Scherer feraient supposer une lune miel. […] Je tire ces lignes d’un long monologue qui est de 1871. […] Telle conférence sur le désarmement, au moment où j’écris ces lignes, ne ressemble-t-elle pas quelque peu à la conférence intérieure d’Amiel sur son mariage ? […] Le 29 avril il traça la dernière ligne du Journal. […] Ou, si l’on impute ces lignes à Valéry, je ne voudrais pas les faire servir à l’éloge d’Amiel comme il les emploie à l’apologie de Teste.
Elles forment un cadre préalable, et c’est entre leurs vastes lignes que se distribue le reste. D’autres lignes plus précises marquent les stations du mouvement historique que celles-là ont dirigé. […] On en verra les grandes lignes dans les Principes de psychologie, que nous annonçons, et dans ses Premiers Principes, traduits par M. […] Il n’insiste pas sur le détail, il l’indique à peine en passant, il évite d’approfondir ; il suit la grande ligne poétique de la passion qu’il plaide ou de la situation qu’il décrit, sans s’arrêter sur les irrégularités qui en rompraient l’harmonie. […] La ligne des épaules, autrefois horizontale et dure, s’est infléchie et adoucie.
Parigot a reçu communication de divers manuscrits originaux ; il les a étudiés minutieusement ; il a noté, en quelque sorte ligne par ligne, les tâtonnements et les scrupules d’une pensée qui se contentait difficilement. […] Ils offrent aux anthropologistes une intéressante série où l’on voit l’évolution d’une race un peu mêlée suivre une ligne ininterrompue vers cet état, de plus en plus complexe, qui est la condition même du progrès. […] De Poitiers à Châtellerault, la ligne ferrée suit la vallée du Clain, une plaine fertile, rayée par deux rangées de peupliers. La ligne de l’horizon est presque plate. […] Et cette élégance raffinée se continue dans les longues boucles en torsade qui retombent en avant, creusées de délicates lignes en hélice, d’une précision parfaite.
Il me semble que cet artifice de raisonnement remonte en droite ligne au Discours de la méthode et aux Méditations de Descartes. […] Il ne suffit pas à l’écrivain de mettre bout à bout des lignes inégales et qui riment, il faut qu’il relie ces lignes les unes aux autres par un nombre secret. […] N’est-il pas vrai que l’écrivain a vu des objets, non plus leur ligne, mais leur tache, mais l’espèce de trou criard qu’ils creusent sur le fond uniforme du jour ? […] Vous allez sourire, mais n’est-il pas évident que chez nous, et avec la démocratie grandissante, la ligne s’en va, comme la race dont elle est le signe ? […] C’est un stratégiste qui, sachant d’avance le type des fusils distribués à chaque soldat, mesure du même coup la portée du tir sur toute la ligne de bataille.
Il lui faut, devant les yeux, la ligne écrite, pour prendre pleinement conscience de sa pensée et pour la remanier et élaborer. […] Il avait plutôt une synthèse qu’un programme, et aussi une aspiration plutôt qu’une ligne de conduite. […] C’est un livre plein d’un respect pieux pour Eugénie de Guérin ; et c’est un livre de piété proprement dit ; car il suggère la piété envers Dieu par toutes les lignes qu’a écrites l’auteur et par toutes les lignes qu’il cite. […] Dans une ligne, qui semble une réflexion, une silhouette s’esquisse, et puis disparaît. […] Chacun, recevant le livre de l’autre, cherche son nom à lui dans les notes et compte le nombre des lignes : — Il m’a donné deux lignes ; à mon prochain, je lui en donnerai deux.
Il ressemble, sans le vouloir, sans y songer, et par une originalité native : dans le fond des traits, dans le tour des lignes, à travers la couleur pâlie, on reconnaît plus que des vestiges. […] Le Modérateur suit, avec moins de verve et d’audace, la ligne d’André Chénier. […] Enfin, nous trouvons Fontanes (sa ligne de parti étant donnée) aussi sage, aussi juste, aussi parfait de goût qu’on le peut souhaiter envers les personnes, envers toutes… excepté une seule : je veux parler de madame de Staël. […] C’est comme une figure grecque, à lignes extrêmement simples, une virginale esquisse de la Vénusté ou de la Pudeur, à peine tracée dans l’agate par la main de Pyrgotèle. […] Tout cela lui fait une ligne politique intermédiaire, qu’on peut se figurer, en laissant à gauche le semi-libéralisme de M.
Il écrit pour lui seul dans son Journal : « … Quant à mes livres, ils n’en ont pas lu une ligne. […] Cependant la ligne de séparation avait été trop prononcée à un certain moment pour s’effacer désormais : le commerce de pensées en souffrit. […] Mais en même temps, Sismondi marque avec énergie la ligne à laquelle il s’arrête, et où bien des esprits éclairés s’arrêteront avec lui.
Tandis que je contemplais les feux réguliers des lignes romaines et les feux épars des hordes des Francs, tandis que, l’arc à demi tendu, je prêtais l’oreille au murmure de l’armée ennemie, au bruit de la mer et au cri des oiseaux sauvages qui volaient dans l’obscurité, je réfléchissais sur ma bizarre destinée… Que de fois, durant les marches pénibles, sous les pluies ou dans les fanges de la Batavie : que de fois à l’abri des huttes des bergers où nous passions la nuit ; que de fois autour du feu que nous allumions pour nos veilles à la tête du camp ; que de fois, dis-je, avec des jeunes gens exilés comme moi, je me suis entretenu de notre cher pays. » Et voilà à quoi sert d’avoir servi dans l’armée de Condé, septième compagnie bretonne, couleur bleu de roi avec retroussis à l’hermine659 ! […] Il jouissait par les yeux, il avait cette sensibilité du peintre qui perçoit des beautés invisibles à la foule dans le dessin d’une attitude ou d’un mouvement, dans les transparences ou les brumes de l’air, dans l’harmonie des tons et des lignes d’un paysage immobile ou d’une foule grouillante. […] De Chateaubriand (après une lettre du Pr. de Ligne et les Ruines de Volney) date le Voyage, pittoresque, sentimental et philosophique à la fois, mélange de tableaux et de méditations.
Tout d’abord, l’horizon est déterminé par la convergence en un point de toutes les lignes sur lesquelles est échafaudée la perspective de la salle et de la scène. […] Si elles étaient de mêmes dimensions, la perspective serait normale, et nous ne serions pas égarés sur la hauteur et l’éloignement de l’horizon ; or, elles augmentent de hauteur et de largeur à mesure qu’elles s’éloignent de la scène, et, par conséquent, la convergence des lignes qui les sous-tendent a lieu plus tôt ; l’horizon s’approche, c’est-à-dire que tout semble s’approcher de lui, et cependant les dimensions des personnages ainsi reculés ne diminuent pas, ce qui provoque en nous l’illusion d’un monde plus grand que nature. […] Mystérieux, ils viennent vers nous dans l’air… et nulle question ne monte à mes lèvres, lorsque je m’abandonne à leur enchantement… » Ce symbole de Lohengrin, il me faut y toucher, en quelques lignes du moins.
Six lignes de marronniers, et sous l’ombre sans gaieté de leurs feuilles larges, quatre rangées de bancs de pierre. […] C’est une jeunesse, une gracilité de ligne, une finesse ténue des attaches, un modelage douillet du ventre, une science de tout ce grassouillet virginal et bridé, une grâce délicate comme voilée d’enfance, avec dans une si petite chose, presque la grandeur d’une statue. […] Une vieille femme à cheveux blancs vous introduit dans une salle à manger, où sont encadrées, sur fond noir, des mains découpées sur du papier blanc et ponctuées de lignes, et margées d’annotations tracées à la plume.
Les témoignages des historiens, des poètes, n’y font pas faute ; les chants si gracieusement gothiques à la vierge, que le révérend père Chrysostome colin, gardien des capucins de Pontarlier, allait chantant dans ses tournées évangéliques, et qui lui étaient arrivés quasi du xiiie siècle en droite ligne, au bon père, sont enregistrés avec soin.
Remarquez en effet que souvent des idées se suivent, qui ne dépendent point les unes des autres, mais qui se rattachent toutes pour ainsi dire parallèlement à une idée maîtresse, génératrice, que le titre et le début du chapitre et du morceau expliquent : chercher des transitions entre celles de ces idées qui se suivent, c’est chercher le point de rencontre de deux lignes parallèles.
Dans la première partie de son recueil des Héros et Pierrots, il s’enferme dans la tour d’ivoire de ses pensées, et nous donne des poésies grandes, belles, d’une ligne impeccable, dans lesquelles il chante les passions les plus hautes, mais aussi les plus personnelles.
Plus vrai encore fut l’Alphonse Karr de la première jeunesse, maigre, nerveux, vétu d’une blanche robe de moine, irrité par le spectacle de la Bêtise humaine, et ne portant alors qu’une légère et noire moustache de Scaramouche, qui semblait ponctuer la poésie de son génie railleur, venu en droite ligne d’