Chapitre I Les travaux contemporains Il faut être juste envers tout le monde, même envers le docteur Gall. […] Tandis que certains physiologistes portaient leurs études jusque sur les confins de la philosophie, il est juste de dire que les philosophes de leur côté essayaient une marche en sens inverse.
Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur Le clair-obscur est la juste distribution des ombres et de la lumière. […] Le difficile c’est la dispensation juste de la lumière et des ombres, et sur chacun de ces plans, et sur chaque tranche infiniment petite des objets qui les occupent ; ce sont les échos, les reflets de toutes ces lumières les unes sur les autres.
Il est donc à propos que l’enseignement de ses sujets se conforme à sa façon de penser et qu’on leur démontre la distinction des deux substances, l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme et la certitude d’une vie à venir, comme les préliminaires de la morale ou de la science qui fait découler de l’idée du vrai bonheur, et des rapports actuels de l’homme avec ses semblables, ses devoirs et toutes les lois justes ; car on ne peut, sans atrocité, m’ordonner ce qui est contraire à mon vrai bonheur, et on me l’ordonnerait inutilement. […] Je ne puis être de leur avis : il me semble qu’il est utile et convenable de posséder la notion du juste et de l’injuste, avant la connaissance des actions, des personnages et de l’historien même, auxquels on doit l’appliquer.
Il est donc comme impossible d’évaluer au juste ce qui doit resulter des irrégularitez heureuses d’un poëte, de son attention à se conformer à certains principes, et de sa négligence à en suivre d’autres. […] Que de calculs, que de combinaisons à faire avant que d’être en droit de tirer la consequence, si l’on veut la tirer juste.
Il faut être juste, la traduction qui a été faite par M. […] À notre sens, il n’y a que le mot à mot de la traduction interlinéaire qui donne l’idée juste de l’œuvre poétique qu’on veut faire juger à ceux-là qui ne savent pas la langue dans laquelle cette œuvre a été pensée.
Cette question honore ceux qui la font ; mais la réponse est simple ; faites que tous les gouvernements soient justes et que tous les hommes soient grands, et alors la gloire sera peut-être inutile aux hommes. […] À l’égard des jugements que, dans le cours de cet essai, nous porterons sur certains hommes, s’il y en a qui puissent déplaire, nous ne répondrons qu’un mot ; nous croyons avoir été justes ; la justice est le premier de nos sentiments, elle sera le dernier.
Pour les liquides, ils les réduisaient à une seule espèce, à celle du sang ; ils appelaient sang la liqueur spermatique, comme le prouve la périphrase sanguine cretus, pour engendré ; et c’était encore une expression juste, puisque cette liqueur semble formée du plus pur de notre sang. […] C’est encore une expression juste que animus pour la partie douée du sentiment : les Latins disent animo sentimus.
Les autres, il les assimile aux choses, à ces choses qu’il a jugées a priori une fois pour toutes, d’essence inférieure et juste bonnes à être possédées. […] Bien que, dans sa manière d’être et de faire, tout me parût aller à l’encontre du juste, je me sentais solidaire de sa tournure et de ses actes. […] Revenu au pays natal, Oreste n’a-t-il point posé son pied dans une empreinte, juste à sa mesure ? […] Ainsi, croyais-je, de par la grâce d’un arbre chimérique, renier un monde juste bon à être renié. […] Fils d’une femme d’amour, il est à cent coudées, certes, au-dessus de ses contemporains et cadets nés de parents unis en justes noces.
Pour me rendre compte de ce qui en est au juste, je me pose avant tout la question suivante : Cette œuvre transmet-elle un sentiment religieux d’un ordre élevé ? […] Elle est juste en un certain sens, elle ne l’est plus dans un autre. […] Le mot est joli plus qu’il n’est juste. […] Là aussi, selon l’expression plus pittoresque que juste de notre philosophe, il faudrait nager. […] Ce qui n’empêche pas Nietzsche de rencontrer, à tout propos, des vues justes.
II L’attitude de cet adolescent était conforme à cette stature et à ce visage ; un silence attentif, qui se laissait arracher des réponses justes et brèves, silence presque toujours révélateur de sérieuses puissances d’esprit : les amphores les plus hermétiquement fermées ne sont-elles pas celles qui contiennent les plus précieux parfums ? Une convenance naturelle ; ce bon ton inné, qui n’est que le rapport juste de l’homme avec tout homme ou avec toute chose ; un langage sonore, cadencé et grave, quoique gracieux dans ses inflexions un peu lentes ; un recueillement respectueux, mais nullement bas ou servile, devant ceux qu’il écoutait ; la dignité d’un cœur libre dans la déférence d’un disciple ou d’un fils : voilà ce rare jeune homme. […] Il était prince, il était puissant, il était l’oracle du monde politique, il avait été l’ami et le disciple de Mirabeau sans se tromper à son génie, le plus juste et le plus vaste du dix-huitième siècle. […] XIV Ce jeune homme aura évidemment un autre don de la poésie moderne, le don de rendre en vers familiers quoique expressifs les choses et les sentiments que l’orgueil emphatique de la poésie du dix-huitième siècle avait relégués dans le domaine de la prose, comme si le vers était incapable de dire juste et vrai, comme si la poésie n’était pas, par excellence, le langage du cœur ! Assez d’autres, jusqu’ici, avaient fait marcher le vers sur des échasses académiques : il faut enfin le déchausser de son cothurne et de ses sandales à bandelettes d’or et de pourpre, de ses ailes aux talons ; il faut le déshabituer de ses pas en trois temps sur des planches, comme les pas de nos tragédiennes sur le théâtre, pour le faire marcher pieds nus sur la terre nue comme vous et moi, au pas naturel, musa pedestris , selon la définition si juste d’Horace.
… Afin d’exterminer le monde qui te nie, Tu feras ruisseler le sang comme une mer, Tu feras s’acharner les tenailles de fer, Tu feras flamboyer, dans l’horreur infinie, Près des bûchers hurlants le gouffre de l’Enfer ; Mais quand tes prêtres, loups aux mâchoires robustes, Repus de graisse humaine et de rage amaigris, De l’holocauste offert demanderont le prix, Surgissant devant eux de la cendre des justes, Je les flagellerai d’un immortel mépris. […] Ce monde est un scandale au juste ? […] Rien n’a de substance ni de réalité ; toute chose est le rêve d’un rêve ; et la Vision de Brahma est un obscur poème qu’il faut lire sous le poids d’un grand soleil, quand la tête se vide, quand la mémoire fuit, quand la volonté se dissout, quand on reçoit des objets voisins des impressions si intenses qu’elles tuent la pensée, quand on sent sur soi de tous côtés la molle pesée de la vie universelle et que le moi y résiste à peine et voudrait s’y perdre tout entier, quand la vie arrive à n’être plus qu’une succession d’images sur lesquelles ne s’exerce plus le jugement et que l’on conserve juste assez de conscience pour souhaiter qu’elle s’évanouisse tout à fait, parce qu’alors il n’y aurait plus rien, plus même d’images, et que cela vaudrait mieux. […] Il n’a voulu y voir que les plus sombres effets de la pensée du surnaturel dans une société à demi barbare : l’exaltation inhumaine des solitaires17, l’orthodoxie homicide des saints actifs18, l’orgueil des papes foulant les princes19 ; bref, l’idée de l’enfer subie ou exploitée au point de rendre la terre inhabitable, l’autre monde pesant sinistrement sur celui-ci, enlevant aux hommes la bonté et la joie, effarant les justes et les faisant aussi durs que les damnés. […] Ils ne se parlent point, ils n’ont pas commerce d’amour, car elle n’est ni consciente ni juste, et elle ne saurait aimer.
Comment pourrions-nous être justes à son égard, si dans l’examen de ses œuvres nous nous plaçons à un point de vue différent du sien ? […] Nos sentiments étant plus ou moins vifs, d’après notre nature, et notre raison plus ou moins développée, selon notre éducation, il s’ensuit que chez les hommes le goût est plus ou moins juste, plus ou moins pur, plus ou moins éclairé ; il s’ensuit encore, d’après la grande loi de la nature humaine, qui veut que toutes nos qualités morales et physiques se perfectionnent par l’exercice, que notre goût, comme toutes nos autres facultés, est susceptible de culture et de progrès. […] Par malheur, cette intelligence n’est pas toujours juste, cette volonté n’est pas toujours ferme. […] Il faut : 1º Que la prononciation des mots soit nette et distincte ; 2º Que les repos de la parole soient nécessaires ou motivés ; 3º Que les intonations et inflexions de la voix soient justes ; 4º Que le mouvement de la diction soit mesuré sur le sens des mots ; 5º Que l’expression des gestes et de la physionomie soit naturelle. […] « Le grand art du débit est toujours d’être juste, « Molière était comique en déclamant Auguste ; « Et, n’étant pas Molière, il doit m’être permis « De craindre, qu’en prêtant à rire à vos amis, « Je ne rende à vos vers un dangereux service.
L’Écriture dit que le juste tombe sept fois par jour ; mais on ne connaissait pas encore Flaubert à l’époque où la Bible fut rédigée. […] Il n’y a réellement pas de mot dans une langue qui soit banal ni inutile, pas de mot usé, avili, qui ne puisse servir une fois, et il n’est pas d’image si belle, d’expression neuve et juste, qui ne soit ridicule dans certaines occasions. […] Flaubert a peut-être créé, et en cela réside toute son originalité, ce style brutal, sans nuances, où tout est au même plan, où il se soucie bien plus de dire les choses d’une façon neuve que de les exprimer d’une façon juste. […] J’ai la conviction de voir juste, et, après tout, les défenseurs de Taine, de Goncourt et de Flaubert ne les ont sans doute pas lus et pratiqués comme moi : il est vrai qu’ils n’avaient peut-être pas non plus de contrepoison pour les préserver. […] L’idée est ingénieuse, mais je ne la crois point juste.
Une histoire est une étude détaillée et sévère, juste quand l’homme peut l’être, mais consciencieuse toujours. […] Il sort avec éclat du juste milieu des théories, de la vieille danse des équilibres, de la prudence des ménagements, de l’hypocrisie des respects, et voilà pourquoi nous signalons très haut le livre qu’il ose publier. […] Du reste, cet incroyable jugement, bâti sur les Charivaris du temps de Charlemagne (il y en avait), est bientôt réparé par l’inconséquence habituelle de l’auteur qui, dans un portrait, abominablement flatté, de l’empereur Frédéric Barberousse, pour lequel il se sent les plus tendres entrailles, compare, pour lui faire piédestal, le juste, le vaillant Frédéric, si ambitieux d’épargner ses ennemis, ambition nouvelle, à ce superstitieux et sanguinaire Charlemagne de la page 106, transformé, comme vous allez le voir à la page 468. […] Ferrari un mot juste qu’il répète beaucoup et qui devrait être le titre même de son livre, les ondulations d’une interminable anarchie ! […] Pour conclure comme lui, il n’était besoin que des faits connus, éclatants, généraux, sans toute cette résurrection de choses bien mortes, sans ce réagencement d’événements, chétifs et affreux, pulvérisés par le temps et ensevelis dans un juste oubli.
Une admirable coordination intérieure l’y oblige dès qu’il atteint à la juste conscience de sa personne. […] Les raisons qu’on aperçoit du premier coup d’œil, même justes, ne sont jamais suffisantes. […] Nous l’avons dit : elle se veut selon ses fins et pour elle, c’est réaliser sa juste condition parmi les hommes, c’est servir à quoi la destinent ses moyens et sa nature. […] C’est la solution juste qui effectue le pas en avant. […] Nous savons quel ridicule s’attache à vouloir, au nom d’une théorie, si juste soit-elle, imposer des barrières au génie ou aux contemporains.
croyez-vous que le nombre des justes fût au moins égal à celui des pécheurs ? […] C’est un juste éloge dans un général qui marche avec fierté à l’ennemi. […] Nul ouvrage philosophique n’est foible, malgré la foiblefse d’un style lâche, quand le raisonnement est juste & profond. […] On a quelquefois outré cette finesse ; mais les gens de goût ont sû toûjours la réduire dans de justes bornes. […] L’idée abstraite du juste & de l’injuste est-elle autre chose que ces faits confusément mêlés dans votre imagination ?
Son esprit paraissait peu parce qu’il était dénué de toute prétention, mais il était juste et modéré, réfléchi, autant que son cœur était bon et solide. […] Le ressentiment de cette sévérité, quoique juste, envers son père, accrut la sourde opposition qui se manifestait déjà dans le salon de madame Récamier. […] C’est un des hommes de ce siècle qui m’a inspiré le plus d’éloignement ; sa popularité d’occasion ne fut jamais qu’un mensonge convenu de parti, car il n’y eut jamais de popularité juste et vraie sans vertu publique. […] Le monde est toujours juste ; il devine le fond des cœurs. […] Il tombe ensuite du ministère sous le juste mais excessif mécontentement de M. de Villèle, premier ministre.
De toutes ces négations et de ces mérites, on a déjà conclu que Boileau, si bon esprit, si juste, si sensé, si agréable, si considérable, si oracle à bon droit dans sa sphère, ne prévalait et ne régnait que dans une sphère circonscrite et fermée. […] La vraie et juste disposition à leur égard est un premier fonds de respect, et tout au moins beaucoup de sérieux, de circonspection, d’attention, une patiente et longue étude de la société, de la langue, un grand compte à tenir des jugements des Anciens les uns sur les autres, ce qui nous est un avertissement de ne pas aller à l’étourdie, de ne pas procéder à leur égard avec un esprit tout neuf en partant de nos idées d’aujourd’hui. […] Dans sa rédaction juste et sobre, encore naïve et ingénue, il a atteint à la perfection du conte pour la race française : Il faut, même en chansons, du bon sens et de l’art.
Fervel est très juste et d’une haute appréciation morale. […] Il avait toutes les qualités d’un vieux militaire : extrêmement brave de sa personne, il aimait les braves et en était aimé ; il était bon, quoique vif, très actif, juste, avait le coup d’œil militaire, le sang-froid et de l’opiniâtreté dans le combat. » Dugommier avait, du premier coup d’œil, apprécié le jeune commandant d’artillerie qui le secondait si bien. […] — Heureux qui rencontre, ne fût-ce que tard, de justes occasions, de dignes et amples matières à déployer son zèle !
A ceux dont la pensée, subtile et ferme tout ensemble, saisit une fois et ne lâche plus ces séries et ces enchaînements de vérités immuables, un juste respect est dû. — Que s’ils joignaient à la possession de ces hautes vérités mathématiques le sentiment et la science de la nature vivante, la conception et l’étude de cet ordre animé, universel, de cette fermentation et de cette végétation créatrice et continue où fourmille et s’élabore la vie, et qui, tout près de nous et quand la loi des cieux au loin est connue, recèle encore tant de mystères, ils seraient des savants plus complets peut-être qu’il ne s’en est vu jusqu’ici, quelque chose, j’imagine, comme un Newton joint à un Jussieu, à un Cuvier, à un Gœthe tout à fait naturaliste et non plus seulement amateur, à un Geoffroy Saint-Hilaire plus débrouillé que le nôtre et plus éclairci. — Que s’ils y ajoutaient encore, avec l’instinct et l’intelligence des hautes origines historiques, du génie des races et des langues, le sentiment littéraire et poétique dans toute sa sève et sa première fleur, le goût et la connaissance directe des puissantes œuvres de l’imagination humaine primitive, la lecture d’Homère ou des grands poèmes indiens (je montre exprès toutes les cimes), que leur manquerait-il enfin ? […] Biot, intitulé la Vérité sur le procès, de Galilée ; est singulier à la longue : chaque détail est exact, on l’admet ; chaque réflexion même, amenée chemin faisant, paraît juste, chaque conjecture plausible, et pourtant le tout laisse une impression équivoque. […] Il lui exprima son approbation, en ajoutant ces mots qui résument, ce me semble, à merveille le genre d’égards qui restent dus aux anciens noms historiques, dans la juste et stricte mesure des idées de 89 : « On vous doit, monsieur, les occasions de vous distinguer ; mais souvenez-vous bien toute votre vie qu’on ne vous doit que cela. » M.
Il n’y a rien que de naturel dans cette liaison des noms ; il n’est que juste que ceux qui alimentent la chronique scandaleuse soient cousins de ceux qui l’écrivent. […] Mais, en réduisant cette dernière à sa juste valeur et en ne voyant dans la princesse naine qui y tenait le sceptre qu’un bel esprit impérieux et fantasque, il serait vraiment injurieux de pousser plus loin la comparaison et de confondre pour la qualité des goûts la duchesse du Maine avec son neveu. […] Il suffit de jeter les yeux sur les singuliers autographes qui nous viennent de Berny pour mesurer en un clin d’œil toute la distance : on était tombé de la langue si pure encore et si juste des dernières années de Louis XIV à celle que parlaient Mlle Leduc et ses pareilles.
Cette sincérité est d’un autre ordre ; elle consiste dans les sentiments qu’on exprime, dans l’ensemble des jugements et des vues ; ne pas se louer directement ni indirectement, ne pas se surfaire, ne pas s’embellir ; s’envisager soi et autrui à un point juste et l’oser montrer. […] Elle n’a point été aimée de qui elle aurait voulu, elle n’a pas eu sa jeunesse remplie à souhait, elle a souffert : beaucoup d’autres sont ainsi, mais elle a eu avec les années la satisfaction de la pensée et les jouissances réfléchies de l’observation ; elle a vu juste, et il lui a été donné de le rendre. […] Cet Allemand, qui s’appelait Juste Zinzerling , a publié son voyage sous ce titre : Jodoci Sinceri Itinerarium Galliae…, 1616.
Les géomètres rappellent à eux la certitude par des moyens assurés ; mais dans cette sphère d’idées où les sensations, les réflexions, les paroles mêmes, s’aident mutuellement à former le corps des vraisemblances, quand les mots les plus nobles ont été déshonorés, les raisonnements les plus justes faussement enchaînés, les sentiments les plus vrais opposés les uns aux autres, on se croit dans ce chaos que Milton aurait rendu mille fois plus horrible, s’il l’avait pu représenter, dans le monde intellectuel, confondant aux yeux de l’homme le juste et l’injuste, le crime et la vertu. […] Mais quand la fluctuation des idées ramène les affaires au point juste et possible, la puissance, la considération de l’esprit de parti est finie, le monde se rassoit sur ses bases ; l’opinion publique honore la raison et la vertu ; et cette époque inévitable peut se calculer comme les lois de la nature ; il n’y a point de guerre éternelle, et point de paix cependant sous la dictée des passions, point de repos sans accord, point de calme sans tolérance, point de parti donc qui, lorsqu’il a détruit ses ennemis, puisse satisfaire ses enthousiastes.
C’est tout juste le contraire de ce qu’on attendrait d’un génie naturel et facile : la poésie de La Fontaine est l’œuvre de sa maturité déjà avancée. […] Il mêle tous ces emprunts dans le courant limpide de son style, et les plus vertes expressions, les plus triviales, et qui sentent la canaille ou l’écurie, n’étonnent ni ne détonnent chez lui, tant elles sont à leur place, et justes, naturelles, nécessaires. […] Ce Normand avisé, qui laissa son ami La Fare s’abrutir en suivant à la lettre leurs communes maximes, et s’arrêta, dans l’usage de la paresse et du plaisir, au juste point où ni sa santé ni son intelligence ni ses intérêts n’étaient compromis, était une robuste nature ; il n’y a rien de mièvre ni d’épuisé dans ses vers.
Et l’on sent très clairement que l’âme secrète de cette raillerie n’est point, comme celle d’autres grands railleurs, l’amour du vrai, du juste ou du bien. […] Comme elle est toujours également outrée, on la soupçonne volontiers d’indifférence au vrai et au faux, au juste et à l’injuste. […] Il eut alors ce rare bonheur, et qu’il n’a guère retrouvé depuis, de faire une œuvre bonne et juste tout en obéissant à son démon intérieur, d’avoir raison en ayant de l’esprit, et le genre d’esprit dont il est capable.
Car de dire qu’il lui a manqué, au milieu de cette éducation si solide et si diverse, un bon maître de rhétorique qui réprimât en lui toute velléité de fausse rhétorique, ce n’est pas toucher le point juste. […] Pascal, Retz ou La Rochefoucauld n’écrivent point comme La Bruyère, et la langue exquise et juste que Mme de Maintenon dans sa vieillesse apprend au duc du Maine ne se laisse confondre avec nulle autre nuance de la langue du même temps. […] Ses informations secrètes lui ont tout donné, — tout, excepté la note juste du langage de ce temps-là.
Mais après les heures publiques les préfets sont en usage de donner encore des leçons particulières pour une rétribution qui n’est pas forte ; et cet usage est bon à conserver, parce qu’il ménage au préfet le moyen d’améliorer son sort par son travail, et qu’il est juste que les enfants qui jouissent d’un peu de fortune en usent pour rendre leur instruction plus complète. […] D’ailleurs il y a dans les arts mécaniques les plus communs un raisonnement si juste, si compliqué, et cependant si lumineux, qu’on ne peut assez admirer la profondeur de la raison et du génie de l’homme, lorsque tant de sciences plus élevées ne servent qu’à nous démontrer l’absurdité de l’esprit humain. […] Au lieu de donner six mois et plus à l’étude de la logique et de la métaphysique, et au bel art de l’argumentation, je crois qu’on ferait beaucoup mieux de s’appliquer tout de suite aux mathématiques, dont c’est le propre de rendre le raisonnement plus exact et l’esprit plus juste.
Il trouve même que c’est juste. […] En quoi consiste-t-il au juste. […] Un traité de saint Louis est un traité juste. […] Une juste guerre, à défaut d’une juste paix, et pour préparer une juste paix. Et la croisade elle-même est une juste guerre.
Et Dieu ne leur dit pas : — « J’aime mieux pardonner À tous les univers que de frapper un juste ! […] Seulement un peu de cloches intermittentes, un peu de cloches qui s’effiloche, juste assez pour toujours y susciter l’impression que c’est dimanche. […] « Je crois en Dieu, a dit l’auteur du Contrat social, et Dieu ne serait pas juste si mon âme n’était immortelle. Quand je n’aurais d’autre preuve de l’immortalité de l’âme que le triomphe du méchant et l’oppression du juste en ce monde, cela seul m’empêcherait de douter. […] Le Conseil municipal de Paris y trouvera de cruelles, mais justes vérités dans le parallèle que fait M.
Il sortait donc du collège et il entrait décidément dans le monde, l’année même de la Restauration ; il avait tout juste dix-sept ans. […] Dans le grand nombre des nécessités politiques qu’impose le temps où nous vivons, il n’y en a guère qui aient échappé à sa pénétration, hors la nécessité d’être juste. […] C’était un moment plein de solennité que celui où l’on consacrait ainsi à une juste cause un feu et un talent qu’on croyait inépuisables comme elle. […] Sur l’auteur des Méditations, par exemple, il en a dit qui étaient fort justes et dont toutes ne sont pas si démenties qu’on le pourrait croire ; il ne s’agirait que de les prolonger et de les poursuivre, sans se laisser arrêter à la superficie des métamorphoses. […] Une foule de vues justes, indépendantes de la philosophie même, portent sur l’époque présente et ouvrent des jours sur l’état des esprits.