/ 2522
484. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

L’association des idées ou images a besoin d’un moteur, qui est toujours un intérêt pris à quelque chose, un désir, une volonté attachée à quelque fin. M. de Hartmann a eu raison de dire : « Si je considère un triangle rectangle sans avoir un intérêt particulier à l’étude de la question, toutes les idées possibles peuvent s’associer dans mon esprit à la pensée de ce triangle. Mais, si l’on me demande de démontrer une proposition relative au triangle rectangle que je rougirais de ne pas savoir, j’ai un intérêt à rattacher à l’idée de ce triangle les idées qui servent à la démonstration demandée. Un intérêt de ce genre décide justement de la variété des associations d’idées dans la diversité des cas. L’intérêt ressenti par l’âme est donc la cause unique du phénomène.

485. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Capefigue, — quelles que fussent d’ailleurs les opinions politiques de l’homme privé et la portée de l’écrivain, — était resté un historien qui voyait plus haut que l’intérêt des partis et même des dynasties. […] Qu’il la touchât avec plus ou moins de vigueur, cette question qui renferme les autres, nous n’avons pas à l’examiner, mais il la posait, mais pour lui elle effaçait tout sous son importance, et c’était toujours de cette question suprême, c’était toujours de l’intérêt absolu du Gouvernement et du Pouvoir, quels qu’en fussent momentanément les titulaires, qu’il écrivait l’histoire et qu’il en jugeait les événements. […] Sans doute, ceux qui eurent un intérêt quelconque à calomnier Mme Du Barry purent aussi bien la calomnier que si elle fût demeurée vertueuse, mais en dehors de toutes les lettres, de toutes les horreurs, de toutes les chansons, de tous les mémoires que M.  […] XI Elle y était peut-être, mais passive et secondaire, instrument du règne en des mains plus fortes que sa tête, à elle, ployée par ces mains dans des intérêts plus grands que les siens. […] Capefigue avait un intérêt, il devrait se trouver non dans des détails et des faits nouveaux qu’il ne découvre pas, mais dans les raisons qu’il expose pour ne pas admettre ou pour suspecter les faits connus.

486. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Les passions qu’on leur prête s’agrandissent de la magnificence du cadre où elles se meuvent ; elles influent sur plus d’intérêts ; elles ont quelque chose de l’État même et de son pouvoir. […] La difficulté est tout autre, et tout autre aussi l’intérêt quand il s’agit du paysan. […] Car l’emploi d’un langage inférieur ne peut que diminuer l’intérêt d’un roman. […] Ce fut un voyage très long, très amusant et d’un intérêt très poignant à la fois. […] L’intrigue elle-même, si elle est bien conduite, supprime une foule d’actions communes et sans intérêt ; elle simplifie le personnage, et c’est un effet de l’art ; elle l’engage en des situations où il reste fidèle au caractère d’élection, mais qu’il n’a pas traversées, et dont on peut dire seulement qu’il les eût traversées de cette manière.

487. (1895) Hommes et livres

L’égoïsme, l’intérêt est le ressort qui meut tout. […] S’ils agissent contre l’amour, c’est dans l’intérêt même de l’amour. […] Il y a eu en lui quelque chose de plus fort que l’ambition et l’intérêt, et la direction de sa vie ne leur a pas toute appartenu. […] Il n’est pas révolutionnaire ni démocrate ; mais tout respect social cède à l’intérêt de la bonne expédition des affaires. […] Aucun intérêt donc ne le pousse : mais, dans ce lointain passé, il revoit cette pétaudière, et ce souvenir le fait bondir.

488. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Il consistait à mettre en vers & en action quelques aventures susceptibles d’intérêt. […] Elles le furent parce qu’elles réunissent l’élégance à l’intérêt. […] On écouta Dumesni & Muraire avec intérêt. […] Rien qui nuise à l’intérêt dominant. […] Eût-elle affaibli ou fortifié l’intérêt ?

489. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Quoi qu’il en soit, tout le prologue de Modeste Mignon est plein de cette anxiété vague, de cet intérêt inquiétant, qui répond parfaitement à la poétique du genre. […] Albert de Broglie le sujet de narrations émouvantes et de lumineuses expositions, l’intérêt le plus vif de son livre, — et ce ne sera pas notre moindre hommage, — se concentre sur cette phase, que dis-je ? […] C’est une chose étrange que ce goût des despotes de génie pour les intérêts religieux, leur ardeur à s’en mêler, à leur prêter aide et appui, sauf à essayer de les opprimer, ou du moins de les assouplir. […] Les hommes d’un esprit éminent, La Rochefoucauld et de Retz, par exemple, qui prirent part à la Fronde ou à ses préludes, manquèrent sciemment de patriotisme et de sagesse : ils sacrifiaient l’intérêt de l’État à leur intérêt personnel ; le sentiment, chez les hommes, est toujours regardé comme trop secondaire pour servir d’apologie à leurs fautes : on les accuserait plutôt d’en avoir fait un moyen de plus, un échelon de pouvoir et de fortune. […] Mais le principal intérêt, l’intérêt le plus historique de la vie de madame de Chevreuse, ce fut son amitié pour Anne d’Autriche, amitié pleine de péripéties et réservée à un cruel mécompte : c’est par là que la belle duchesse entre de plain-pied dans l’histoire ; c’est par là aussi que son biographe a le plus heureusement lié son récit à l’ensemble de cette phase décisive qui rendit à la France la veuve de Louis XIII, la mère de Louis XIV.

490. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Dès qu’ils sont isolés, ils perdent tout intérêt ou même deviennent pénibles. […] Toutes les pierres funéraires d’ailleurs sont pleines d’intérêt. […] En tant qu’épigrammes, ils ne sont pas très heureux, mais à certains points de vue, ils offrent de l’intérêt. […] Certainement, « dans l’intérêt du chant » nous aimerions l’œuvre de M.  […] Un intérêt particulier s’attache naturellement à l’œuvre de M. 

491. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Intérêt général, intérêt personnel, amour-propre, sympathie, pitié, cohérence rationnelle, etc., il n’est aucun principe d’action dont on ne puisse déduire à peu près la morale généralement admise. […] La connaissance de ce plan n’offrirait sans doute aujourd’hui qu’un intérêt historique si les dispositions en avaient été éliminées par d’autres. […] Surtout, elles ne sont applicables que si on les transpose, absolues et quasi évangéliques, en termes de moralité purement relative, ou plutôt d’intérêt général ; et la transposition risque toujours d’amener une incurvation dans le sens des intérêts particuliers. […] Mais la vérité est que la science a donné ce qu’on lui demandait et qu’elle n’a pas pris ici l’initiative ; c’est l’esprit d’invention qui ne s’est pas toujours exercé au mieux des intérêts de l’humanité. […] Il nous aide à voir devant nous, dans l’intérêt de ce que nous avons à faire ; en revanche il nous empêche de regarder à droite et à gauche, pour notre seul plaisir.

492. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

L’intérêt qui s’attache au volume publié par M.  […] Mais ce qu’il a et ce qui rachète bien des défauts, c’est (je ne parle que du présent volume et du journal) une certaine richesse de vues, la présence et la suggestion de plusieurs solutions possibles à la fois, la plénitude du problème bien posé et considéré sans cesse, la sincérité parfaite, l’honnêteté, la bonté, la profondeur à force de candeur, un sentiment moral qui anime et personnifie ses recherches, qui les rend touchantes, et qui y donne (avec plus de douceur et d’affection) quelque chose de l’intérêt qu’auront éternellement les angoisses et les fluctuations orageuses de Pascal à la poursuite du bonheur. […] Rien n’est plus funeste au repos public comme au bonheur individuel que cette préoccupation universelle de droits, d’intérêts, d’affaires de gouvernements. […] Maine de Biran n’a pas de ces vigoureuses expressions de pensée qui se gravent, mais il a et il rend bien, à force d’y revenir et d’y abonder, la plénitude de son objet : À en juger par ce que j’éprouve, dit-il en un de ces endroits essentiels, et ne considérant que le fait psychologique seulement, il me semble qu’il y a en moi un sens supérieur et comme une face de mon âme qui se tourne par moments (et plus souvent en certaine temps, à certaines époques de l’année) vers un ordre de choses ou d’idées, supérieures à tout ce qui est relatif à la vie vulgaire, à tout ce qui tient aux intérêts de ce monde et occupe exclusivement les hommes.

493. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Sans entrer dans des détails qui seraient aujourd’hui sans intérêt, disons seulement qu’au sein même de la Société de l’histoire de France les droits de la vérité historique pure et entière, non adoucie et déguisée, non adultérée et sophistiquée, ont trouvé de chauds défenseurs et des appuis en la personne de MM.  […] À Soissons, il fit presque même chose en son département où il s’indigna des inconvénients du canal de Picardie et des injustices qu’attire cette petite entreprise de bien public qui n’a pour motif, dit-on, que l’intérêt particulier d’un grand seigneur. […] Les intérêts de son ambition personnelle affectent singulièrement la qualité et la sensibilité de son baromètre. […] Il compte fort en dernier lieu, pour réaliser ce beau rêve, sur le fidèle Bachelier, valet de chambre du roi, et introducteur de Mme de Mailly, la première maîtresse : ce parti d’alcôve et d’antichambre lui paraît pour le quart d’heure, et tant qu’il en espère son avancement, le plus patriotique et le plus honorable : « En effet, tout l’autre parti radote ou trompe, et celui-ci est seul ferme, solide, dans les vrais intérêts de la couronne et plein d’amour pour la personne du roi. » D’Argenson, qui se laisse appuyer par Bachelier, appelle cela être dans l’intrigue passivement.

494. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Coulmann, que cet honorable personnage secondaire publie en ce moment, ne combleront pas une lacune ; ils ne sont pas dénués pourtant de tout intérêt. […] L’auteur vient de parler des vexations et des procédés brutaux qu’il eut à essuyer de la part des Prussiens dans son domaine d’Alsace, à Brumath ; cela le conduit à une réflexion fort sage : « De ces excès, dit-il, dont aucune armée n’est innocente, soit qu’ils empruntent de la main lourde et de l’intelligence lente des Autrichiens un caractère de petitesse et de détail, à la fois étouffant et solennel ; soit que la demi-civilisation du Russe leur imprime une fourberie raffinée ou une violence sauvage ; soit que le Prussien y mette sa hauteur et sa prétention ; soit enfin que la malice et la moquerie rendent insupportables les ingénieux tourments que le Français sait infliger à ses victimes, je ne veux tirer qu’une conséquence : c’est que la guerre, quelquefois si légèrement commencée, laisse aux intérêts et aux amours-propres des plaies qu’un siècle cicatrise à peine. « C’est grand pitié que de la guerre : je croy que si les sainctz du paradis y allaient, en peu de temps ils deviendraient diables », dit Claude Haton en 1 553 déjà. » 1815 vient renflammer les plaies et aggraver tous les maux. […] Décidément, il ne raconte pas les dîners, même les meilleurs : il n’y a pas de milieu ; il faut en être ou n’en être pas. — Beaucoup de correspondances qui eurent tant d’intérêt dans leur nouveauté éprouvent aussi leur déchet, mais un peu moindre. […] Coulmann, d’une tendre amitié, d’un vif intérêt de cœur.

495. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Je ne saurais ici que donner l’idée du livre qui serait à faire et en présenter un raccourci ; mais je me figure que le tableau de cette existence si délicate, si généreuse et si combattue, pourrait être d’un véritable intérêt et d’une consolation efficace pour bien des âmes également éprouvées, à qui le sort n’a cessé d’être inclément et dur. […] Dès qu’il l’eut vue, il lui porta un intérêt tout paternel, et touché de sa noble physionomie tout empreinte de mélancolie, il l’appelait « un petit roi détrôné ». […] Après ses premiers succès à l’Opéra-Comique, des difficultés matérielles et l’intérêt de son père la contraignirent à sacrifier l’avenir au présent et à accepter un engagement pour Bruxelles, où elle tint l’emploi des jeunes premières dans la comédie, et des jeunes Dugazons dans l’opéra. […] La pièce commence : il écoute d’abord avec la physionomie la plus épanouie comme pour narguer ses voisins : l’intérêt peu à peu s’engage ; l’émotion gagne ; mais, quand vient la scène où Eulalie épanche son âme brisée dans le sein de la comtesse, on ose à peine respirer ; on n’y tient plus, on entend dans la salle quelques soupirs oppressés, puis des sanglots : la figure du mauvais plaisant s’altère elle-même ; il retire ses mouchoirs, et finit par s’en servir discrètement pour essuyer de vraies larmes.

496. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Lundi 20 mai 1850 En parlant une fois avec intérêt de Mme Du Deffand, je ne me suis pas interdit pour cela de m’occuper une autre fois de Mlle de Lespinasse. […] Cependant on jouissait avidement de cette lecture qui passe de bien loin en intérêt les romans les plus enflammés, et qui est véritablement La Nouvelle Héloïse en action7. […] Mon ami, jamais on ne s’est fait voir avec cet abandon. » C’est cet abandon qui fait l’intérêt et l’excuse de cette situation morale, la plus vraie et la plus déplorable qui se soit jamais trahie au regard. […] Pourtant, si l’on est sage, on ne les envie pas ; on préférera un intérêt calme, doucement animé ; on traversera, comme elle le fit un jour, les Tuileries par une belle matinée de soleil, et avec elle on dira : Oh !

497. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Avec les Mémoires du cardinal de Retz, il semblait que la perfection fût atteinte, en intérêt, en mouvement, en analyse morale, en vivacité de peinture, et qu’il n’y eût plus rien à espérer qui les dépassât. […] Saint-Simon, au premier bruit de la rechute et de l’agonie, court donc chez la duchesse de Bourgogne, et y trouve tout Versailles rassemblé, les dames à demi habillées, les portes ouvertes, un pêle-mêle confus, et une des occasions les plus belles qu’il ait jamais rencontrées de lire à livre ouvert dans les physionomies des acteurs : « Ce spectacle, dit-il, attira toute l’attention que j’y pus donner parmi les divers mouvements de mon âme. » Et il se met à exercer sa faculté de dissection et d’analyse sur chaque visage en particulier, en commençant par les deux fils du moribond, par leurs épouses, et ainsi par degrés sur tous les intéressés : Tous les assistants, dit-il avec une jubilation de curieux qui ne se peut contenir, étaient des personnages vraiment expressifs ; il ne fallait qu’avoir des yeux, sans aucune connaissance de la Cour, pour distinguer les intérêts peints sur les visages, ou le néant de ceux qui n’étaient de rien ; ceux-ci tranquilles à eux-mêmes, les autres pénétrés de douleur, ou de gravité et d’attention sur eux-mêmes pour cacher leur élargissement et leur joie. En disant qu’il suffisait d’avoir des yeux pour lire toutes ces diversités d’intérêts sur les visages, Saint-Simon prête aux autres quelque chose de sa propre sagacité. […] Ce qu’il avait surtout en horreur et à quoi il était le plus antipathique, c’était la platitude, la servilité, la bassesse, l’asservissement d’un chacun à ses plus étroits intérêts, la cabale personnelle et sans un but élevé, l’oubli, la ruine de tous et de l’État en vue de soi ; en un mot, ce qui faisait le grand fonds de corruption des cours, et ce qui peut-être n’a pas cessé d’être encore la plus grande plaie des hommes réunis en commun, voire même des assemblées dites constitutionnelles, nationales ou populaires.

498. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Les passions et les intérêts de parti se sont depuis longtemps déplacés, et laissent à l’impartialité toute carrière. […] Un intérêt plus direct m’attirait désormais vers son nom et vers sa personne. […] Ici, les récits de Marmont dans ses Mémoires prennent un intérêt puissant, et une grande part s’en réfléchit sur l’homme extraordinaire dont il fut le compagnon, le lieutenant, et que nul n’a mieux connu que lui. […] Et développant sa pensée : Mon beau-père l’empereur d’Autriche, disait-il, a fait ce qu’il a cru utile aux intérêts de ses peuples, c’est un honnête homme, un homme de conscience, mais ce n’est pas un homme d’honneur.

499. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

.), d’autre part, des phénomènes d’induction psychologique aboutissant à des idées et à des sentiments de nature plus complexe (sympathie pour les personnages représentés, intérêt, pitié, indignation, etc.), en un mot, tous les sentiments sociaux. […] Peu à peu l’art prend pour lui le pas sur la vie réelle ; toutes les fois qu’il est ému, il rapporte son émotion à cette fin pratique, l’intérêt de son art ; il ne sent plus pour sentir, mais pour utiliser sa sensation et la traduire. […] Le but dernier de l’art est toujours de provoquer la sympathie ; l’antipathie ne peut jamais être que transitoire, incomplète, destinée à ranimer l’intérêt par le contraste, à exciter les sentiments de pitié envers les personnages marquants par l’éveil des sentiments de crainte ou même d’horreur. […] Pourtant, ce qui ne serait qu’individuel et n’exprimerait rien de typique ne saurait produire un intérêt durable.

500. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

L’une et l’autre produisent surtout de l’intérêt, quelque transport, de l’enthousiasme, c’est-à-dire tous les degrés divers de la simple excitation neutre et qui reste agréable en tant qu’excitation. […] Il est vrai que peu d’hommes s’accordent à ressentir le même degré d’émotion à propos de la lecture d’un même livre : que ces différences de plaisir, d’intérêt, de saisissement peuvent aller fort loin. […] Léon Dumont (Théorie scientifique de la sensibilité) estime que dans les œuvres pathétiques l’intérêt subsiste en raison d’une pitié et d’une répulsion semblables à l’émotion qu’inspireraient des spectacles pathétiques réels. […] Par des recherches d’un intérêt extrême que je suis heureux d’être un des premiers à signaler, M. 

501. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Au point de vue pratique, l’utilité de ces récits n’est pas moindre pour le fonctionnaire qui entend diriger les populations assujetties au mieux des intérêts du pays qui l’a commis à cette tâche. […] Procédés les plus usités pour provoquer l’intérêt et l’émotion. […] J’ai classé dans cette catégorie les contes qui n’ont d’autre but que de provoquer l’intérêt par l’exposé d’événements de deux sortes : les uns, comportant des personnages de nature fabuleuse et les autres ne produisant en scène que des personnages de nature humaine qui évoluent au milieu d’une action purement anecdotique ou romanesque. […] Pour les contes proprement dits où le récit offre un élément d’intérêt plus accentué, se reporter, entre autres, à ceux-ci après désignés : Le pardon du guinnârou — Le bien qui vous vient en dormant — Le lâri reconnaissant — et divers contes de Bérenger-Féraud 23, de Froger 24 et de Moussa Travélé 25.

502. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Saint-Simon53 I La publication des Papiers inédits du duc de Saint-Simon est, à plusieurs titres, d’un intérêt très saisissant. […] Et ce sera là le principal intérêt de cette publication. […] L’intérêt se concentre donc exclusivement sur Saint-Simon, le Saint-Simon double qui apparaît comme un autre Saint-Simon aujourd’hui, et qui devient pour l’histoire quelque chose comme un problème. […] — est un chef d’œuvre, qui a pour les admirateurs et les adorateurs du génie l’intérêt immortel d’un chef-d’œuvre.

503. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

s’il vous restait seulement assez d’intérêt pour moi pour que cette plainte pût toucher votre pitié964 !  […] La politique est pour eux un intérêt domestique, pour nous une occupation de l’esprit : ils en font une affaire, nous en faisons une discussion. […] Il faut calculer les faits qu’ils savent, les idées qu’ils ont reçues, les intérêts qui les pressent, ne rappeler que ces faits, ne partir que de ces idées, n’inquiéter que ces intérêts. […] Quand un homme, dans l’intérêt du public, se met à décrire le naturel d’un serpent, d’un loup, d’un crocodile ou d’un renard, on doit entendre qu’il le fait sans aucune espèce d’amour ou de haine personnelle envers ces animaux eux-mêmes. […] Que nos intérêts et nos passions semblent ridicules, rabaissés à la petitesse de Lilliput, ou comparés à l’énormité de Brodingnag ?

504. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

. —  Universalité, unité, intérêt de son histoire. —  Peinture des Highlands. —  Jacques II en Irlande. […] Tous les genres divers d’intérêt qui appartiennent au passé et au présent, aux objets voisins et aux objets éloignés, étaient rassemblés dans un même lieu, et dans une même heure. […] Voici une narration détachée qui montre fort bien et en abrégé les moyens d’intéresser qu’il emploie, et le grand intérêt qu’il excite. […] Il n’était poussé ni par une haine héréditaire, ni par un intérêt privé ; il était homme de goût, poli et aimable. […] L’animation, l’intérêt, la clarté, l’unité de son récit les étonnent.

505. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Eynard, si attaché aux destinées du pays auquel son nom est inséparablement lié, et quelques autres personnes encore s’en entretenaient avec intérêt et comme d’un vœu réalisable. […] S’il s’agissait de bien entendre et de goûter l’ancien français de Villehardouin, dont je suppose qu’on eût été séparé par quelque grande catastrophe sociale et quelque conquête, le plus sûr serait encore d’être Français, et, un peu d’étude aidant, on se trouverait aisément en avance à cet effet sur le plus docte des Germains. » Il semble que le résultat indiqué par ces considérations diverses, c’est qu’une École française , instituée à Athènes pour un certain nombre de jeunes architectes et de jeunes philologues , concilierait à la fois les intérêts de l’art et ceux de l’érudition.

506. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Il y a toujours de l’intérêt d’argent au fond de tous les partis. Ici, je ne puis découvrir que l’intérêt du plaisir.

507. (1890) L’avenir de la science « XX »

Groupant à part et comme en une gerbe inutile les soins religieux, nous faisons l’essentiel de la vie des intérêts vulgaires. […] le commis peut, en servant des intérêts tout matériels, vivre honorablement.

508. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VIII. La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. »

Nous savons que le siècle appelle cela le fanatisme ; nous pourrions lui répondre par ces paroles de Rousseau : « Le fanatisme, quoique sanguinaire et cruel 49, est pourtant une passion grande et forte, qui élève le cœur de l’homme et qui lui fait mépriser la mort ; qui lui donne un ressort prodigieux, et qu’il ne faut que mieux diriger pour en tirer les plus sublimes vertus ; au lieu que l’irréligion, et en général l’esprit raisonneur et philosophique, attache à la vie, effémine, avilit les âmes, concentre toutes les passions dans la bassesse de l’intérêt particulier, dans l’abjection du moi humain, et sape ainsi à petit bruit les vrais fondements de toute société : car ce que les intérêts particuliers ont de commun est si peu de chose, qu’il ne balancera jamais ce qu’ils ont d’opposé50. » Mais ce n’est pas encore là la question : il ne s’agit à présent que d’effets dramatiques.

509. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Celui qui renie le Dieu de son pays est presque toujours un homme sans respect pour la mémoire de ses pères ; les tombeaux sont sans intérêt pour lui ; les institutions de ses aïeux ne lui semblent que des coutumes barbares ; il n’a aucun plaisir à se rappeler les sentences, la sagesse et les goûts de sa mère. […] La maturité de ses années et l’intérêt même de sa gloire lui firent comprendre que pour élever un monument durable, il fallait en creuser les fondements dans un sol moins mouvant que la poussière de ce monde ; son génie, qui embrassait tous les temps, s’est appuyé sur la seule religion à qui tous les temps sont promis.

510. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

« J’étais bien sûre, mon cher monsieur, que vous prendriez un grand intérêt à la perte horrible que j’ai faite. […] « Combien je vous remercie, ma chère amie, de l’intérêt touchant que vous nous accordez, à Bonaparte et à moi ! […] Mme d’Albany était à Paris et conversait avec Bonaparte, auprès de qui elle avait alors la nécessité de conserver une attitude de bienveillance utile à ses intérêts et qui ne répugnait point à ses opinions. […] Sans doute l’intérêt bien entendu des coalisés serait encore aujourd’hui même d’accord avec celui de la France et de l’humanité ; mais est-ce une raison pour oser se flatter qu’il sera écouté ? […] Ils vont à Paris pour soigner leurs intérêts royaux auprès du gouvernement populaire qui va administrer à leur place.

511. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

J'ajouterai même que, depuis la publication de l'Ouvrage où j'ai maltraité, selon vous, tant d'honnêtes gens, tant d'autres, qui le sont plus incontestablement, se sont déclarés si ouvertement en ma faveur, que le sacrifice de votre amitié couteroit peu à mon intérêt & à ma vanité, si ces deux indignes motifs avoient été le principe de mes sentimens pour vous. […] Le but de son imputation étant sans doute de m’humilier, il est de son intérêt de la fortifier au moins de l’autorité d’un Homme de bien. […] Je suis loin de désapprouver les petits changemens que le Censeur y a faits : ils sont une preuve de l'intérêt qu'il prend à moi, & je vous prie de lui en témoigner ma sensibilité…. […] Il est aisé de remarquer, dans tout ce qu'il a écrit, l'inspiration du moment, les variations de l'humeur, l'inconstance des affections, la différence des intérêts. […] Vous jugerez sans doute qu’il a fallu la croire bien bonne, cette Académie, pour compter assez sur son zele à épouser, à titre d’intérêt général, quelques intérêts particuliers.

512. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

De même, dans un chantier, il n’y a aucun intérêt à ce que l’architecte soit en même temps ouvrier, et tous les ouvriers n’ont pas les mêmes fonctions. […] Il importe donc que chacun embrasse en connaissance de cause, dans son propre intérêt et dans l’intérêt général, la spécialité qui lui convient le mieux. […] Mais il faut résister à deux tendances naturelles. — L’une est de chercher quel intérêt avait l’auteur à mentir, ce qui revient à chercher l’intérêt que nous aurions eu à sa place ; il faut au contraire se demander l’intérêt que lui-même croyait y avoir et on doit le chercher dans ses goûts et son idéal. — L’autre tendance est de tenir compte seulement de l’intérêt individuel de l’auteur ; il faut prévoir au contraire que l’auteur a pu donner de faux renseignements dans un intérêt collectif. […] est-il contraire à l’intérêt, à la vanité, aux sentiments, aux goûts littéraires de l’auteur ou de son groupe ? […] Or les choses passées ne ressemblaient qu’en partie aux choses présentes, et ce sont justement les parties différentes qui font l’intérêt de l’histoire.

513. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Il continua d’y paraître comme orateur, défendant les causes des particuliers sans autre intérêt que la gloire. […] Ces ouvrages n’ont pas tous, à nos yeux, le même degré d’intérêt. […] Un autre intérêt s’attache aux ouvrages dans lesquels il a prodigué les inventions de l’esprit romanesque. […] C’est le caractère même de l’inspiration poétique : c’est la source de l’intérêt et de la variété. […] Voltaire, alors à Londres, lui écrivit avec un vif intérêt, et le visita.

/ 2522