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402. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Introduction »

Quatre chapitres qui viennent ensuite résoudront les difficultés les plus graves et les plus apparentes de la théorie : c’est d’abord la difficulté des transitions, c’est-à-dire comment il se peut qu’un être rudimentaire ou un organe simple se soit changé en un être d’un développement élevé et parfait ou en un organe ingénieusement construit ; secondement, l’instinct ou les facultés mentales des animaux ; troisièmement, l’hybridité ou la stérilité des croisements entre espèces et la fécondité des variétés croisées ; quatrièmement, l’insuffisance des documents géologiques.

403. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 4, objection contre la proposition précedente, et réponse à l’objection » pp. 35-43

Son instinct, et le peu qu’il entend dire du monde, lui donnent des lumieres confuses de sa vocation.

404. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

C’est que le talent de discerner le temperament du malade, la nature de l’air, sa temperature présente, les symptomes du mal, ainsi que l’instinct qui fait choisir le remede convenable et le moment de l’appliquer, dépendent du génie.

405. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

 » Selon eux, parmi ces organes, il en est un d’espèce supérieure, l’État, siège de l’intelligence : en lui seul réside la raison, la connaissance des principes, le calcul et la précision des conséquences ; dans les autres, il n’y a que des poussées brutes, tout au plus, un instinct aveugle.‌

406. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Or, sans même parler de l’immense multitude, abandonnée, comme un vil troupeau, à l’instinct de ses passions aux prises avec la nécessité et le hasard social, qu’est-ce aujourd’hui que l’éducation pour le petit nombre qui en reçoit ? […] Confie-toi donc à moi, et à mon instinct de bonheur. […] La liberté naturelle est celle des animaux, qui obéissent à leurs instincts. La liberté morale est celle de l’homme, qui dirige ses instincts. Mais, pour diriger ses instincts, il faut pouvoir les comparer à quelque chose qui en diffère.

407. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Il est nécessaire que l’auteur se soit fait par réflexion, ou par instinct, toute une philosophie à l’occasion de l’histoire qu’il raconte. […] Dans ces intérieurs d’une cordialité courageuse et résignée, accepter sa condition était une règle devenue un instinct. […] Il veut l’éprouver, cette force, sur un théâtre plus vaste, hors de la retraite où il s’était d’instinct renfermé. […] Il l’est par instinct, aimant sa petite patrie de cet ardent amour. […] Votre pensée et votre émotion s’adaptent d’instinct à cet effet.

408. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

La politique a opposé les deux nations, mais leur instinct, dès qu’il se sent libre, les rapproche. […] Presque aussitôt, dans un surprenant instinct de sa force, elle s’insurge contre toutes les oppressions qu’elle a subies depuis deux siècles. […] Par-delà les variations d’idiomes, de mœurs et d’instincts, il découvre, il salue à son berceau l’humanité. […] Et son instinct était si vrai qu’aussitôt les Alpes franchies, il se sent apaisé. […] Avec son sang coule dans ses veines l’ambition, l’instinct impérieux des destinées latines, le sentiment de l’État, l’idéal de l’unité, de la force et du droit.

409. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

. — Revenons vers leur belle époque et considérons leur grande œuvre, celle qui les recommande le plus aux sympathies et à l’admiration du genre humain ; c’est la science, et, s’ils l’Ont faite, c’est en vertu du même instinct et des mêmes besoins. […] Nulle part l’instinct n’a été si lucide et la raison si spontanée. […] Les peuples modernes sont chrétiens, et le christianisme est une religion de seconde pousse qui contredit l’instinct naturel. […] Encore aujourd’hui la discorde subsiste ; il y a en nous et autour de nous deux morales, deux idées de la nature et de la vie, et leur conflit incessant nous fait sentir l’aisance harmonieuse du jeune monde où les instincts naturels se déployaient intacts et droits sous une religion qui favorisait leur pousse au lieu de la réprimer. […] Une telle simplicité de conception tient en grande partie au climat, à la pureté de l’air, à l’étonnante joie qu’on y respire, mais bien plus encore aux instincts de la race hellénique, adorablement idéaliste.

410. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

D’instinct le dessinateur, comme les enfants, représentera plutôt les choses à une échelle assez réduite. […] Ils ne font d’ordinaire que du symbolisme d’instinct. […] Tous nous avons, de très bonne heure et vraiment par instinct, le sens de la beauté plastique. […] Tout véritable artiste le comprendra d’instinct. […] Certains peintres très imaginatifs ont d’instinct recours à ce procédé d’invention.

411. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

J’espère qu’elles y perdront ce qui leur reste encore de brutalité et de féroces instincts. […] Don Quichotte lui reproche à bon droit d’avoir des sentiments bas et des instincts de roturier. […] Cependant ces instincts terrestres ne pourraient-ils pas s’épanouir en vertus poétiques ? […] Mignon et le harpiste, l’un par instinct, l’autre par fatalité, ne peuvent vivre que d’une manière poétique. […] Quels tumultes des instincts, quelles révoltes des sens !

412. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre V. Du jeu, de l’avarice, de l’ivresse, etc. »

Dans cette situation, toutefois, si l’on dépend de la fortune, on n’attend rien de l’opinion, de la volonté, des sentiments des hommes ; et sous ce rapport, comme on a plus de liberté, on devrait obtenir plus de bonheur ; néanmoins ces penchants avilissants ne valent aucune véritable jouissance ; ils livrent à un instinct grossier, et cependant exposent aux mêmes chances que des désirs plus relevés.

413. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

Sainte-Beuve Elle et lui, Lamartine et Madame Valmore ont de grands rapports d’instincts et de génie naturel : ce n’est point par simple rencontre, par pure et vague bienveillance, que l’illustre élégiaque a fait les premiers pas au-devant de la pauvre plaintive ; toute proportion gardée de force et de sexe, ils sont l’un et l’autre de la même famille de poètes.

414. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

Notre langue serait pure si tous ses mots appartenaient au premier type, mais on peut supposer, sans prétendre à une exactitude bien rigoureuse, que plus de la moitié des mots usuels ont été surajoutés, barbares et intrus, à ce que nous avons conservé du dictionnaire primitif : la plupart de ces vocables conquérants, fils bâtards de la Grèce ou aventuriers étrangers, sont d’une laideur intolérable et demeureront la honte de notre langue si l’usure ou l’instinct populaire ne parviennent pas à les franciser.

415. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Les conjurations, la nécromancie, ne sont chez le peuple que l’instinct de la religion, et une des preuves les plus frappantes de la nécessité d’un culte.

416. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

N’a-t-il pas chanté le struggle for life, et le struggle sous sa forme niaise, incompatible avec les instincts d’une haute race, le struggle autorisant les attaques violentes ?

417. (1886) Le roman russe pp. -351

Dans ce grand désenchantement, les vieux instincts se ranimèrent ; l’homme chercha au-dessus de lui un pouvoir surhumain à implorer ; il n’y en avait plus. […] Amour, instincts, tout ce qu’il y avait de tendre et de passionné dans la femme s’était concentré dans le sentiment maternel. […] Tourmenté par l’instinct de migration, comme au temps de son adolescence et de la fugue à Lubeck, il résolut de partir ; il disait : « de fuir ». […] Dans les lettres comme en politique, un peuple suit d’instinct les hommes qu’il sent lui appartenir, qui sont faits de sa chair et de son génie, pétris de ses qualités et de ses défauts. […] Il prête à ces rudes natures, toutes d’une pièce, une délicatesse de sentiments qui les poétise ; il nous cache et se cache à lui-même les contrastes révoltants, les instincts brutaux.

418. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Son office veut du tact, de la douceur, de la grâce, de la hauteur, tous les instincts et tous les talents de la noblesse de cour. […] Il a l’instinct féodal, « commande chez l’hôte, y prend des libertés, boit son vin, caresse sa fille », traite son jardin en ville conquise. […] Je n’ai pas besoin de dire que l’auteur des Contes a suivi là-dessus l’instinct du peuple. […] Ils se sentent de leur condition, qui est basse, qui les met dans le fumier, dans la boue, et les assujettit aux actions comme aux instincts corporels, La Fontaine ne leur épargne pas les mots vrais, nomme les « hoquetons, les balandras, les jupons crasseux et détestables » ; il peint leurs jardins utiles, « chicorée, oseille, poireaux, maîtres choux, et tout ce qu’il faut pour mettre au potage » ; il montre le roulier embourbé qui jure et peste, et patauge dans le mortier qui enduit ses roues. […] Leur vie animale les réduit le plus souvent aux instincts de l’animal.

419. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

L’instinct social succède à l’instinct nomade. […] Il n’y a pas jusqu’aux plus naïves légendes populaires qui n’expliquent quelquefois avec un admirable instinct ce mystère de l’art moderne. […] Lorsque Dante Alighieri a terminé son redoutable Enfer, qu’il en a refermé les portes, et qu’il ne lui reste plus qu’à nommer son œuvre, l’instinct de son génie lui fait voir que ce poëme multiforme est une émanation du drame, non de l’épopée ; et sur le frontispice du gigantesque monument, il écrit de sa plume de bronze : Divina Commedia. […] Était-ce seulement sagacité du génie, instinct d’une ambition prudente, quoique effrénée, qui sait combien un pas de plus change souvent la position et l’attitude d’un homme, et qui n’ose exposer son édifice plébéien au vent de l’impopularité ?

420. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Indépendamment de la magnificence du style, vous voyez avec quelle diplomatie d’instinct le poète des oppositions combinées associe des regrets de république à des glorifications de conquête. […] « Ne concluez pas, ajouta-t-il, que je croie que la politique, qui est la science du gouvernement, soit un vain mot, et qu’il faille s’en rapporter à la liberté, à la fraternité, à la charité pour laisser le peuple se gouverner lui-même par ses seuls instincts et par ses seules vertus ; non ! […] « M. de Talleyrand, que j’ai beaucoup connu, qu’on a fait bien pire qu’il n’était, et à qui vous avez rendu justice, était un très profond politique sous son apparente nonchalance, un politique inné, un politique d’instinct, ce qui veut dire un politique de génie, car on ne sait bien que ce qu’on n’a pas appris ; mais, dans sa politique, il avait principalement pour but son intérêt propre ; quant à moi, je n’ai jamais eu dans ma politique d’autre intérêt que ce que j’ai cru l’intérêt du peuple. […] Voilà pourquoi, bien que je paraisse un révolutionnaire dans mes rimes, je suis très gouvernemental dans mes instincts. […] Ses œuvres n’étaient pas seulement des instincts satisfaits, ses œuvres étaient ses prières.

421. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

. — Au défaut des instincts nobiliaires les répugnances physiques suffisaient à l’en détourner. […] Il sortait de la mode et des conventions, non par théorie, mais d’instinct ; à force de naturel, il comprenait la nature, et voyait l’âme où elle est, c’est-à-dire partout. […] Encore a-t-il, à la place de notre raison, cette sagesse innée qu’on appelle instinct, et qui souvent le conduit aussi loin par une autre voie.

422. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

« Plutarque, dans un de ses traités philosophiques, examine si la fortune ou la vertu firent l’élévation d’Alexandre ; et voici, à peu près, comme il raisonne et décide la question : « J’aperçois, dit-il, un jeune homme qui exécute les plus grandes choses par un instinct irrésistible, et toutefois avec une raison suivie. […] je cherche seulement un bien inconnu dont l’instinct me poursuit. […] Un secret instinct me tourmentait ; je sentais que je n’étais moi-même qu’un voyageur ; mais une voix du ciel semblait me dire : « Homme, la saison de ta migration n’est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande. » « Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie !

423. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Il y eut, dans l’emploi des trucs, ou, plus simplement, dans l’exhibition des costumes, des toilettes et des décors, une manière facile de flatter les plus vulgaires instincts des foules ; on ne manqua pas d’user de ce moyen. […] Car, s’il ne va pas d’instinct aux belles étoffes, il aime bien les étoffes qui durent. […] Le théâtre est, au contraire, une tribune agréable qui nous instruit en quelques minutes des goûts et des instincts du jour.

424. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Homme par la force et par le génie, femme par l’adresse et par la finesse : Platon n’a pas autrement rêvé son Androgyne idéal que l’instinct primitif ne l’avait conçue. […] » — Ici l’instinct du sexe tressaille dans les Érynnies, leurs noires entrailles se révoltent, quoiqu’elles soient stériles. […] L’ancêtre ayant tué son enfant, le meurtre renaît, comme un instinct invincible, dans sa descendance ; le parricide et le fratricide mettent en coupes réglées sa maison.

425. (1772) Éloge de Racine pp. -

C’est de la nature que tu reçus cette sensibilité prompte qui réfléchit tous les objets qui l’ont frappée, ce tact délicat, ces vues justes et fines, ce discernement si sûr, ce sentiment des convenances, ce goût enfin cultivé par les leçons de port-royal, nourri par le commerce assidu des anciens, fortifié par les conseils de Boileau ; ce goût, qualité rare et précieuse, qui peut-être est au génie ce que la raison est à l’instinct, s’il est vrai que l’instinct soit le mobile de nos actions, et que la raison en soit le guide ; ce goût qui attache aux productions vraiment belles le sceau d’une admiration éclairée et durable ; qui sépare, par un intervalle immense, les Virgile, les Cicéron, les Horace, des Lucain, des Stace et des Sénèque ; qui seul enfin élève les ouvrages de l’homme à ce degré de perfection qui semblait au dessus de sa foiblesse. […] à ce parti si nombreux des écrivains médiocres, qui, sans s’aimer d’ailleurs et sans être d’accord sur le reste, se réunissent toujours comme par instinct contre le talent qui les menace, se joignait cette espèce d’enthousiastes qui avaient déclaré qu’on n’égalerait pas Corneille, et qui étaient bien résolus à ne pas souffrir que Racine osât les démentir.

426. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Les animaux ont des instincts inflexibles qui les dirigent avec certitude, parce qu’ils les dirigent nécessairement. […] L’homme n’étant point un individu isolé et solitaire, et devant toujours vivre au sein de la société, il en résulte que sa puissance et ses développements possibles sont dans la société ; il en résulte encore que la société est souvent un supplément à l’imperfection de ses organes ; il en résulte enfin que la plupart des instincts mêmes de l’homme, si une telle expression est permise, sont placés hors de lui, se trouvent dans la société, ce qui nous ramène encore une fois à cette doctrine de la solidarité, doctrine qui serait ici susceptible de sortir de l’ordre des vérités spéculatives pour entrer dans l’ordre des vérités d’expérience, pour prendre rang parmi les faits historiques. […] Les animaux restent et doivent rester emprisonnés dans leurs instincts divers : l’homme, perfectible sous le rapport de ses facultés comme sous le rapport du sentiment moral ; l’homme, à qui il est donné de savoir et de connaître ; l’homme, qui peut choisir le bien ou préférer le mal, l’homme est un être libre, et ce n’est que dans l’état social qu’il trouve à la fois et les attributs et les limites de sa liberté : alors il peut en abuser, au point de renoncer à la société elle-même, au point de faire le sacrifice de sa vie ou de s’en dépouiller de sa propre main.

427. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Puis, et toujours de souvenir en souvenir, je me suis mis à ressonger mélancoliquement à Ducis, au bon Ducis, comme on l’appelle, qui en son temps avait entamé et remué cette grosse question dramatique à tout hasard et par pur instinct ; qui aima Shakspeare d’élan et de vague sympathie sans trop savoir pourquoi et sans l’avoir jamais connu, et de qui l’on a pu dire bien spirituellement, ici même, « qu’il a fait toute une révolution sans le vouloir, comme cela est arrivé quelquefois à la garde nationale67. » Le mot est parfait, mais il y a des jours, ne l’oublions pas en parlant de Ducis, où un garde national a son héroïsme aussi et se bat comme un lion. […] Il faudrait, pour me soutenir, de l’extraordinaire dans les situations. » Et continuant sa pensée, il explique à son ami pourquoi, entre autres choses, il ne saurait réussir à ces nuances de sentiment, à cette finesse et à ce délié de la passion où excelle Racine ; il a l’instinct, sans bien s’en rendre compte, d’un genre opposé à celui de Racine et qui procède autrement que par analyse, qui marche et se développe à l’aide de situations visibles, frappantes, extraordinaires : « Il me semble, dit-il ingénument, que je ne manquerais ni de chaleur ni de vérité ; mais il y a, dans cette passion, une certaine délicatesse fine qui m’échappe, peut-être parce qu’il m’a toujours été impossible de tromper une femme, et que toutes ces ruses d’amour ne me sont pas seulement venues dans l’idée.

428. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Le père de Jasmin, qui ne savait pas lire, faisait d’instinct la plupart des couplets burlesques chantés aux charivaris si fréquents dans le pays. […] Il ne faut pas d’ailleurs s’exagérer l’instinct et la naïveté ignorante de l’aimable poëte.

429. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Il a mis en évidence ce qu’il entre d’amour-propre, de besoin de dominer, de « pique », et, après tout aussi, de « jeunesse « et de « nature » dans l’amour ; il a montré comment l’amour-propre encore et, de plus, la méfiance, la timidité, le préjugé social, certain instinct de liberté, font obstacle à l’inclination naissante. […] Il pose, dans ces cas émouvants, les thèses morales qu’impose à son attention le conflit actuel des préjugés sociaux et des instincts ou devoirs naturels.

430. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Guizot y porta son instinct et ses habitudes d’esprit : il prétendit à la régler, à l’organiser. […] En France, c’est à d’autres instincts encore qu’il faut s’adresser, c’est à d’autres fibres qu’il faut se prendre pour tenir même le pays légal.

431. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Enfin il a eu le tort de ne pas se livrer uniquement aux instincts de sa nature propre, et de consulter les systèmes du jour, de les professer dans ses derniers romans, ce que M. de Balzac n’a jamais fait. Au moins lui, il n’a obéi qu’à ses instincts, à ses inspirations favorites, et s’y est livré de plus en plus en artiste qui ne transige pas.

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