Des imaginations si heureuses s'arrêteront-elles dans le cours de leurs dignes inventions : Aussi je ne désespere pas que quelque jour on ne m'impute, avec bien plus de vraisemblance, d'autres nouvelles Productions ; par exemple, l'Apologie du Systême de la Nature, le Panégyrique de M. de Voltaire, ou l'Oraison funebre de la Philosophie.
— Peut-être est-ce un jeu d’imagination, mais je soupçonne qu’un semblable parallélisme s’étend à une autre série de faits très différents et cependant alliés.
Oui, Celle-là (serais-tu perdu en une salle, spectateur très étranger, Ami) pour peu que tu déposes avec soumission, à ses pieds d’inconsciente révélatrice, ainsi que les roses qu’enlève et jette en la visibilité de régions supérieures un jeu de ses chaussons de satin pâle et vertigineux, la Fleur de ion poétique instinct n’attendant de rien autre la mise en évidence et sous le vrai jour des mille imaginations latentes : alors, par un commerce dont son sourire paraît verser le secret, sans tarder elle te livre à travers le voile dernier qui toujours reste, la nudité de tes concepts et silencieusement écrira ta vision à la façon d’un Signe, qu’elle est.
Elle ne reposait que sur l’idée la plus aiguë que l’imagination du plus subtil penseur ait pu atteindre : l’élégance des contradictoires. […] Voici les traits essentiels de ce diagnostic : frénésie de l’imagination, fièvre des sens, paganisme invétéré, alcoolisme, violence innée de tous les appétits, mépris des lois morales et sociales, nerfs saccadés, fantaisie visionnaire, aptitude extraordinaire à changer les idées en images. […] Tout est envahi, les sens d’abord, les yeux éblouis par la blanche chair frémissante, mais aussi le cœur d’où la poésie déborde… Admirable débauche d’imagination et de verve, inquiétante pourtant ; un pareil tempérament peut mener loin. […] Georges Renard, a remarqué, avant moi, que la matière de ce récit est contenue dans cette phrase de la Littérature anglaise : Si Shakespeare avait fait une psychologie, il aurait dit avec Esquirol : « L’homme est une machine nerveuse, gouvernée par un tempérament, disposée aux hallucinations, emportée par des passions sans frein, déraisonnable par essence, mélange de l’animal et du poète, ayant la verve pour esprit, la sensibilité pour vertu, l’imagination pour ressort et pour guide, et conduite au hasard par les circonstances les plus déterminées et les plus complexes, à la douleur, au crime, à la démence et à la mort. » M. […] C’est l’imagination des foules qui a répandu cette fable absurde.
Prévère, du pasteur comme se l’est peint la tendre imagination de l’enfant, a réellement existé ; il existe encore ; c’est, m’assure-t-on, M.
L’imagination se défie de l’écrivain, elle se détourne de ces misères à procédé et à système, et par dégoût elle ne veut pas croire.
Je sais bien ce qu’on peut trouver qui manque à Henriette : les imaginations ardentes, les sensibilités tourmentées ne s’y satisferont pas ; cela manque d’envolée, de lyrisme ; c’est un peu la poésie de la Gabrielle d’Augier, avec moins de prétention.
C’est là le fonds commun de tous les matériaux dont notre sensibilité, notre mémoire, notre imagination, notre intellect, se composent.
Le caractère des deux langues dans lesquelles il est écrit ; l’usage de mots grecs ; l’annonce claire, déterminée, datée, d’événements qui vont jusqu’au temps d’Antiochus Épiphane ; les fausses images qui y sont tracées de la vieille Babylonie ; la couleur générale du livre, qui ne rappelle en rien les écrits de la captivité, qui répond au contraire par une foule d’analogies aux croyances, aux mœurs, au tour d’imagination de l’époque des Séleucides ; le tour apocalyptique des visions ; la place du livre dans le canon hébreu hors de la série des prophètes ; l’omission de Daniel dans les panégyriques du chapitre XLIX de l’Ecclésiastique, où son rang était comme indiqué ; bien d’autres preuves qui ont été cent fois déduites, ne permettent pas de douter que le Livre de Daniel ne soit le fruit de la grande exaltation produite chez les Juifs par la persécution d’Antiochus.
La fable, très simple du reste, le modelé des types et des figures, l’idéalité vivante des personnages, le réalisme poétique des scènes, tout est sorti de ce puissant cerveau, tout a jailli de cette imagination inépuisable.
Paris se compose de vingt ou trente mille personnes désireuses d’entendre Lohengrin, d’un million neuf cent mille indifférents qui se moquent de Wagner et de ses œuvres, et de soixante-dix mille habitants de tout âge, imaginations ardentes, cœurs inflammables, cerveaux affolés, que dix bons meneurs soutenus par beaucoup de braillards conduisent où ils veulent.
Néanmoins cette difficulté, quoique paraissant insurmontable à notre imagination, ne peut être considérée comme valable, si l’on admet les propositions suivantes : C’est d’abord que les organes et les instincts sont, à un degré si faible que ce soit, variables.
L’homme qui n’a point assez d’imagination pour inventer un dieu et qui a assez de vanité bête pour pouvoir s’en passer, ne peut être qu’un misérable ou un imbécile. — Que ferons-nous au milieu de cette lutte ?
À peine la suggestion a-t-elle touché l’imagination que la chose suggérée se dessine à l’état naissant, et c’est pourquoi il est si difficile de distinguer entre une sensation faible qu’on éprouve et une sensation faible qu’on se remémore sans la dater.
Mais lui, il avait toujours pleine conscience que les images qui étaient devant ses yeux n’étaient qu’un jeu de son imagination. » Une médication appropriée et quelques explications très lucides données par un professeur améliorèrent sa situation. « Le voile qui couvrait son esprit, après avoir été enlevé pour ce qui concernait les grands billets de banque, persista encore pour les petites valeurs, comme celle de cinquante centimes, dont l’image continuait à lui apparaître. » Puis finalement tous les troubles disparurent. […] Même en faisant une large part à l’imitation et à la débauche, à ce qui vient plutôt de la tête (de l’imagination) que des sens, il reste encore une moisson abondante.
qu’il est cruel pour un solitaire, malade et triste, d’avoir une imagination déréglée, et de ne rien apprendre de ce qui l’intéresse ! […] Ce qui est d’ailleurs intéressant dans ces deux lettres du 18 et du 20 novembre ainsi replacées à leur date, c’est cette ardeur d’imagination ou plutôt ce dérèglement de sensibilité avec lequel Rousseau, dans les quarante-huit heures, et quoique rien ne se soit passé, saute, pour ainsi dire sans cause, des soupçons les plus extravagants à la sécurité la plus entière. […] s’écrie la dame, dont la prompte imagination a découvert là-dessous je ne sais quelle allusion grossière ou quelle signification inconvenante. […] Diderot dit encore : « Il faut que l’artiste ait dans l’imagination quelque chose d’ultérieur à la nature. » Voilà, formulée d’un mot, la loi contre la fatalité de laquelle viendront éternellement se briser les tentatives et les assauts de toute espèce de naturalisme. Un naturaliste est un homme dont l’œil ou l’esprit ne se rendent pas compte que pas un être de la nature n’est un exemplaire tellement achevé de son type que l’imagination n’en conçoive au-delà quelque exemplaire plus achevé, c’est-à-dire plus vrai.
Voilà neuf volumes du Voyage du jeune Anacharsis, qui rentrait entièrement dans ses goûts et ses études favorites, avec un Atlas du même ouvrage, sur lequel M. de Sainte-Beuve père a attentivement étudié cette antique Géographie, qui devait tant parler à son imagination.
. — Avec la révolution du demi-cercle autour de son diamètre, du rectangle autour d’un de ses côtés, du triangle rectangle autour d’un des côtés de l’angle droit, nous fabriquons la sphère, le cylindre, le cône ; avec des sections du cône, l’ellipse, la parabole et l’hyperbole ; avec des combinaisons diverses des éléments primitifs et de ces premiers composés, toutes les espèces possibles de lignes, de surfaces et de solides, parfois si compliquées que l’imagination ne peut les exécuter et que, si la nature ou l’art en fournissent des exemples, l’œil même attentif ne parvient pas à en démêler exactement tous les traits.
Les souvenirs de gloire militaire, qui faisaient sa popularité rétrospective dans l’imagination d’un peuple de soldats, semblent aujourd’hui le contraindre à la guerre : l’Europe s’émeut de répugnance au sang, dans tous ses cabinets et dans tous ses conseils politiques.
Ces chimères caressèrent mon imagination, et je sentis mon courage redoubler, mon avenir s’agrandir.
Nous avons vu qu’il nous fallait renoncer à toute rencontre d’une conception théorique propre à Beethoven, et qui eût pu contribuer à nous rendre plus claire cette imagination de son effort artistique ; en revanche, nous pouvons, et nous devons exclusivement, considérer la force virile de son caractère, indiquer, ainsi, l’influence de cette force sur le développement du génie intime du Maître.
L’Art classique dérive de la philosophie cartésienne : Descartes établissait que la Connaissance nous vient de deux sources, distinctes et opposées : la Raison, vraie et divine, — et l’Imagination, c’est à dire les sens, maîtres d’erreur et de mensonge.
Interprétation par Baudelaire30 bk M’est-il permis de raconter, de traduire avec des paroles la traduction inévitable que mon imagination fit de ce morceau, lorsque je l’entendis la première fois, les yeux fermés, et que je me sentis pour ainsi dire enlevé de terre ?
I On connaît le passage du Phédon où Socrate raconte qu’Apollon lui ayant prescrit de se livrer à la poésie, il pense que, pour être vraiment poète, il fallait « faire des mythes, non pas seulement des discours, ποιείν μύθουϛ άλλ’ ού λόγουϛ. » Le vrai poète est en effet, comme on l’a dit avec raison, un créateur de mythes, c’est-à-dire qu’il représente à l’imagination des actions et des faits sous une forme sensible, et qu’il traduit ainsi en actions et en images même les idées.
L’esprit commun qui unit entre elles ces nombreuses populations est d’aimer la vie intérieure, celle de l’imagination, du sentiment ou de la pensée solitaire comme celle de la famille, de préférer ou de mêler la rêverie à l’action, et d’emprunter à l’ame, à quelque chose d’idéal et d’invisible, la direction de la vie extérieure, le gouvernement de la réalité.
Ce sont ces mannequins que nous avons rencontrés à chaque pas chez Larivey, Desmarets, Scarron, Tristan l’Hermite, Cyrano… Les traits, grossis à plaisir, y prennent une sorte de rigidité grimaçante : on cherche moins à y faire preuve d’observation que d’imagination bouffonne, à y reproduire la souplesse et la variété de la nature qu’à y entasser les hyperboles burlesques. […] Que pourront-elles bien faire de leur imagination et de leur cœur ? […] Ce qui nous réjouit surtout, nous, c’est la perception voluptueuse de nos rapports avec les objets extérieurs, quand ces objets sont traduits par une imagination ou une sensibilité plus rare que la nôtre : ce qui le réjouit uniquement, lui, c’est la perception des rapports des idées entre elles et de ses rapports avec les idées, en tant qu’il les ordonne et les enchaîne. […] Il est vrai aussi que je ne suis point un jeune gentilhomme pisan du xve siècle, de vie tout extérieure, de tempérament communicatif, de sang ardent et d’imagination forte. […] Je ne pourrai plus, comme je l’ai fait pieusement trois années de suite, vous consacrer un couplet descriptif tout plein d’épouvante, ni supputer en imagination ce que l’expression naturelle de votre visage suppose de crimes, de testaments fabriqués, d’infanticides, d’enlèvements, de viols, d’empoisonnements et d’assassinats !
Le principe fondamental de cette révolution fut la distinction de deux substances : dont l’une était l’âme, la pure raison, capable du vrai, belle et divine ; tandis que les sens relevaient de l’autre substance ; et d’eux venait toute erreur, les mauvaises imaginations qui aveuglent, les choses sensibles, viles et méprisables. […] Quelque douce brise de jouerie, l’émoi d’un léger rêve consolant, et, malgré le souvenir parfois du mal, la discrète joie s’affermit : des ondées scintillent ; rappel d’heureux passés, imaginations gaies ? […] Ou plutôt je crains bien que cette certitude-là ne m’ait abandonné comme les autres, car il me semble maintenant que toutes les formes se valent, pourvu qu’on sache en tirer parti ; mais je continue à aimer davantage les biographies que les romans les plus beaux, et à regretter qu’elles ne soient pas plus belles encore qu’elles ne sont, tandis qu’il y suffirait d’un peu de goût, de confiance en soi, d’imagination, et de style. […] Je voudrais qu’on prit n’importe quelle vie, présente ou passée, qu’on s’efforçât d’en connaître tous les faits, et qu’ensuite on la revécût, comme on revit les épisodes d’un roman, en suppléant par l’imagination à ce que les faits ne sauraient donner. […] Mais, si planter des faits est pour les professeurs une occupation agréable et commode, il leur est souvent difficile de déraciner tout le reste, et notamment certaines facultés d’imagination et de fantaisie.
Elle le voit dans son cours, si difficile avant Lyon, « tout combat et toute aventure », puis trouvant la Saône comme une épouse docile au rendez-vous et se précipitant vers la Provence. « Il sait la mer », s’écrie-t-elle, et son imagination continue d’accompagner ce Rhône sauvage et solennel. […] La curiosité l’emporte, et aucun romancier, fût-il Balzac, n’a fait vivre dans notre imagination une personnalité plus profondément burinée. […] Le roi, qui connaît notre pays, lui affirme en vain que nous sommes profondément pacifiques, et que l’image d’une France belliqueuse n’existe que dans son imagination.
Chez lui, nulle volonté, nul raisonnement, mais une imagination prodigieuse — sa joie et sa torture — et des sens frénétiques : « J’ai la fureur d’aimer, disait-il, qu’y faire ? […] Des trois opérations de l’esprit qui concourent à la genèse du concept lyrique et qui en déterminent la réalisation externe : invention, c’est-à-dire trouvaille des sensations spéciales à l’individu pris du besoin de créer4, imagination, c’est-à-dire mise en images de ces sensations, sélection, c’est-à-dire choix de celles qui signifieront le plus formellement le concept, Rimbaud néglige la dernière. […] Qu’on m’enferme entre quatre murs blanchis à la chaux, les tableaux que mon imagination y accrochera vaudront, j’ose le croire, toutes les fanfreluches chères à M. de Goncourt. — Toutefois, je comprends très bien qu’on se passionne pour ces amusettes. […] Il est sans doute mûr pour le monument puisque, après avoir prôné toute sa vie les raffinements artistiques, après avoir promulgué ce dogme inepte qui rendit fous nombre de prosateurs : « L’épithète rare est la marque de l’écrivain », il en est venu à admirer les choses extraordinaires qu’étaient les bazars à treize sous, ceci : « Une jolie imagination ; sur la nacre d’une vraie coquille, une petite naïade toute longuette, modelée en cire rose, travaille à détacher la perle de la coquille » (p. 127).
Je suis de ceux qui ne sont pas sans quelque regret sur ces pertes que fait l’imagination des âges en avançant.