En même temps il s’inquiète en père de l’éducation des fils du prince Guillaume ; il dresse des instructions pour l’aîné de ses neveux, et quant au cadet qui mourra dans la fleur de l’âge, nous verrons avec quelle tendresse touchante il l’avait adopté et combien il l’aimait, et combien il le pleura. […] Cela tient à quelque chose de plus intime et de plus général, à une certaine fleur légère qui est absente même du badinage et de la gaieté, et, à défaut de la fleur, à une certaine flamme puissante d’imagination qui n’y souffle pas sur le bon sens.
Ce sont, à vrai dire, moins des fleurs et des fruits que des conserves. […] Comme Tarquin, je sais abattre d’une main courageuse ces fleurs de la vie qui s’élèvent au-dessus des autres, et ce triste nivellement m’est devenu si familier, que je remplis ma tâche sans murmure et sans plainte. » Il faut partir de là avec elle, sans quoi on est arrêté à tout instant et on ne la suit pas. […] Ces femmes d’une éducation si parfaite, d’une culture si élaborée, mais qui ne sont pas Françaises, ont beau avoir tout l’esprit possible ; il y a un moment où elles forcent le ton, et la vendeuse d’herbes du marché aux fleurs leur dirait bien plus sûrement qu’à Théophraste : « Vous n’êtes pas d’ici. » De l’élévation d’ailleurs dans l’ensemble, des vues justes dans le détail, je suis loin de les lui refuser.
Ces vers c’étaient les Fenêtres, les Fleurs, le Guignon, l’Azur… dont Mendès s’avoue émerveiller. […] Charles Cros disait : « Mallarmé est un Baudelaire cassé, dont les morceaux n’ont jamais pu se recoller. » Ne prenons la boutade que pour ce qu’elle vaut, mais avouons que Mallarmé est resté sous l’empire de Baudelaire et que son œuvre, comme on l’a dit, n’est qu’un appendice édulcoré des Fleurs du Mal. […] Mallarmé orientait ses propos, avec un art invisible et discret, vers l’idéalité la plus haute sans négliger pourtant de cueillir en chemin toutes les fleurs de sa riche fantaisie.
Ce qui semble naïveté chez eux n’est qu’une grâce et une fleur de langage qui orne leur maturité, et d’où leur expérience, si consommée qu’elle soit, prend à nos yeux je ne sais quel air de nouveauté précoce, qui la rend agréable et piquante, et qui l’insinue. […] Mais les chevaliers bourguignons, qui se sont fait précéder de leurs archers, n’ont pas la patience d’attendre l’effet de cette manœuvre, et, emportés par un beau zèle, ils culbutent ces archers mêmes, « la fleur et l’espérance de leur armée », et passent par-dessus sans leur donner loisir de tirer un seul coup de flèche. […] On reconnaît là l’homme qui a couché de longues années, comme chambellan, dans leur chambre, qui a assisté à leurs insomnies et à leurs mauvais songes, et qui, depuis la fleur de leur âge jusqu’à leur mort, n’a pas surpris dans ces destinées si enviées un seul bon jour : Ne lui eût-il pas mieux valu, dit-il de Louis XI, à lui et à tous autres princes, et hommes de moyen état qui ont vécu sous ces grands et vivront sous ceux qui règnent, élire le moyen chemin… : c’est à savoir moins se soucier et moins se travailler, et entreprendre moins de choses ; plus craindre à offenser Dieu et à persécuter le peuple et leurs voisins par tant de voies cruelles, et prendre des aises et plaisirs honnêtes ?
En réalité, c’était plutôt un lettré, un érudit, admirant et étudiant la nature à travers les livres et les traités des autres, desquels il extrait et compile élégamment la substance et la fleur, et pas seulement la fleur, car il ne choisit pas toujours, et il agrée les erreurs tout autant que les vérités. […] Il va faisant un choix dans l’élite humaine et prélevant en chaque genre, comme il dit, la fleur des mortels .
Un antique poète21, qui passe cependant pour sage, a dit : « Insensés et bien puérils les hommes qui pleurent la mort, et qui ne pleurent point la fleur envolée de la jeunesse ! […] Droz n’était point ainsi ; il avait respiré et non cueilli la jeunesse dans sa fleur ; il eut le fruit, et il se disait avec Montaigne, et goûtant comme lui chaque chose en sa saison : « J’en ai vu l’herbe, et les fleurs, et le fruit ; et j’en vois la sécheresse : heureusement, puisque c’est naturellement. » Je l’ai entendu un jour, à quelqu’un qui se plaignait de l’ennui de vieillir, exposer les douceurs et les avantages de la vieillesse, en homme qui ne se souvenait pas du traité de Cicéron, mais qui le retrouvait.
À vingt-quatre ans, l’abbé Gerbet annonçait un talent philosophique et littéraire des plus distingués ; en Sorbonne, il avait soutenu une thèse latine avec une rare élégance ; il avait naturellement les fleurs du discours, le mouvement et le rythme de la phrase, la mesure et le choix de l’expression, même l’image, ce qui, en un mot, deviendra le talent d’écrire. […] Écoutez-le : En les parcourant, dit-il, vous passez en revue les phases de la destruction, comme on observe dans un jardin botanique les développements de la végétation, depuis la fleur imperceptible jusqu’aux grands arbres pleins de sève et couronnés de larges fleurs.
Moi, je crois qu’on n’acquiert pas grand’chose dans l’ordre de l’intelligence et qu’on naît même ce qu’on doit devenir ; mais il n’en est pas moins vrai que Vigny, qui avait le génie poétique à fleur et à fond d’âme, n’avait qu’à fond d’âme le génie de la prose. […] Éloa, cette sublimité dans le délicat et le pur, avait eu le succès qui convenait, — un succès chaste, comme elle, plus profond que sonore ; mais trois ans après, jour pour jour, Vigny, qui voulait mettre une fleur de prose à côté de cette fleur de poésie qui était sortie de sa pensée, calice de parfum et de blancheur, comme le nénuphar sort d’une eau limpide, Vigny publia Cinq-Mars, un roman historique bien plus inspiré, selon moi, par Walter Scott, alors régnant, qu’il n’est produit par une fantaisie vraiment libre ou une combinaison irréfléchie.
Il a grandi dans l’air libre, poussé des branches robustes et fleuri de belles fleurs. […] Vos tapis seront vivement célébrés, et l’on dira quelle est votre fleur favorite, une fleur très pâle, mourant comme une âme, dans un vase. […] Stéphane Mallarmé, dont le mystère l’attirait, le fascinait, comme une eau profonde et magique, qui se cache sous des retombées de fleurs étranges, « ces étranges fleurs » par Baudelaire cueillies, sous des cieux plus beaux, pour en orner « les étagères » de ses amants morts. […] Non pas que l’hortensia soit, à proprement parler, une fleur. […] La chronique — son nom l’indique — n’est que la fleur d’un jour, et le lendemain, elle est fanée.
Pourquoi le poète des Fleurs du mal commence-t-il un madrigal à sa maîtresse par cet hémistiche : « Sois charmante et tais-toi ? […] Elle a mutilé ou redressé l’arbre intérieur, cette ramure mystique dont les feuilles et les fleurs sont nos sentiments et nos idées. […] Il était dix heures quand ils commencèrent de bavarder à propos des fleurs qu’ils venaient de voir. […] Non, vous n’arracherez pas de notre obscur et tragique univers cette fleur de nostalgie et de songe qui, par son parfum, console de tout, même du chagrin dont Byron disait qu’on ne se console jamais, celui d’avoir eu vingt-cinq ans et de ne plus les avoir, — fleur céleste qui refleurira tous les printemps, comme ces autres fleurs de la terre que nous avons admirées ce matin, dans la petite boutique, refleuriront l’année prochaine et les autres années. […] Ainsi l’entendait l’abbé Morellet, par exemple, lorsqu’il critiquait l’Atala de Chateaubriand, alors dans la fleur de sa nouveauté.
Boutelleau ne serait-il pas assuré, autant que personne, d’avoir cueilli du moins une fleur pour le bouquet des Anthologies futures ?
La flétrissure de l’opinion publique ne s’efface pas plus que la fleur de lis au fer rouge. […] Mais cette ode que je rêve, le grand Gœthe l’a réalisée dans la scène éblouissante du second Faust, où Plutus, le dieu de la richesse, apparaît, non plus aveugle et difforme, comme dans les caricatures de Lucien et d’Aristophane, mais calme, grandiose, vraiment divin, couché sur les tapis d’un char triomphal, et caressant sa barbe asiatique d’une main chargée de bagues. « Sa dignité ne peut se décrire, mais son visage, frais et rond comme la lune pleine, ses joues en fleur qui s’épanouissent sous l’appareil du turban, une riche aisance dans les plis de sa robe ! […] A vous les agrafes d’or, les pendants d’oreilles, les colliers ; à vous aussi les peignes et les couronnes sans défaut, les joyaux précieux montés en bagues… Il pleut des bijoux comme dans un rêve. » Donc, pour redescendre de ces hauteurs sur le plancher de la comédie du Gymnase, M. de Trélan et mademoiselle Caliste se complaisent un peu trop dans leur idéal de grenier en fleurs. […] Elle regrette, avec des mélancolies infinies, l’impur ghetto dont elle est sortie, elle se rappelle, comme elle dit, le temps de son vice en fleur et de son candide dévergondage, alors qu’elle allait danser à la Chaumière en robe de guingamp, au bras d’un étudiant de passage. […] le Château des fleurs !
. — Ce que disent les fleurs ; le Son d’une âme, poésies (1896).
Dubus ait imité les Fleurs du mal ou les Fêtes galantes, mais il a repris quelques-uns de leurs motifs caractéristiques, et il en illustre ses poèmes madrigalesques.
. — Gousses d’ail et fleurs de serpolet (1881). — Rimes de broche et d’épée (1883)
Voyager ainsi, c’est cueillir les fleurs de la terre ; mais, pour les offrir au monde, il faut les rassembler en gerbes, où chaque couleur, en contraste avec l’autre, présente un tableau brillant ou touchant aux yeux. […] » Et encore, toutes ces stances célestes sur Ischia : Maintenant sous le ciel tout repose ou tout aime : La vague, en ondulant, vient dormir sur le bord ; La fleur dort sur sa tige, et la nature même, Sous le dais de la nuit, se recueille et s’endort. Vois : la mousse a pour nous tapissé la vallée ; Le pampre s’y recourbe en replis tortueux, Et l’haleine de l’onde à l’oranger mêlée, De ses fleurs qu’elle effeuille embaume mes cheveux. […] Ce tableau d’assez poétique intention, mais d’exécution médiocre, représentait une vierge en tunique blanche qu’on vient chercher dans son sépulcre ; mais, à la place de la morte, on ne trouve qu’un lit de fleurs dont les gerbes fraîchement nées semblent répandre dans le cercueil merveilleux des parfums et des ivresses du ciel.
Une fleur n’y saurait figurer qu’à la condition d’avoir un nom neuf, singulier et sonore, le cyclamen, le corylopsis. […] Il va de soi que, si une fleur suinte les poisons, elle a droit à une place de faveur. […] Le romantisme épuisé a donné cette dernière petite fleur, une fleur de fin de saison, maladive et bizarre.
Le soleil entre, à pleins rayons, par la fenêtre ouverte et joue sur sa bière, et dans les fleurs du gros bouquet placé à sa tête. Au milieu de ces fleurs est une fleur de magnolia, dont il regardait grossir le bouton avec un certain plaisir curieux, et qui lui faisait rappeler le magnolia aimé de Chateaubriand, à la Vallée-aux-Loups. […] C’est sur ce lit, pendant ses derniers mois de souffrance, de faiblesse, de maladresse, que je l’ai souvent aidé à s’habiller et à se déshabiller… Sur la table de nuit a été laissé le volume de Bescherelle, mis sous son oreiller, pour exhausser sa triste tête de mort ; les fleurs dont j’ai entouré son agonie sont séchées dans la cheminée, mêlées aux enveloppes bleues des bougies allumées sur sa bière ; et sur la table de travail, au milieu de lettres et de cartes de visite de la première heure, sont jetés pêle-mêle les livres de prières de Pélagie.
» Rien n’est grand ni petit devant mes yeux géants ; » La goutte d’eau me peint comme les océans ; » De tout ce qui me voit je suis l’astre et la vie ; » Comme le cèdre altier, l’herbe me glorifie ; » J’y chauffe la fourmi, des nuits j’y bois les pleurs, » Mon rayon s’y parfume en traînant sur les fleurs. […] quel geôlier admirable, qui sème tant de fleurs dans le préau de notre prison ! […] Tout mourait autour d’eux, l’oiseau dans le feuillage, La fleur entre leurs mains, l’insecte sous leurs pieds, La source desséchée où vacillait l’image De leurs traits oubliés ; Et sur tous ces débris joignant leurs mains d’argile, Etourdis des éclairs d’un instant de plaisir, Ils croyaient échapper à cet être immobile Qui regarde mourir 91. […] Pour lui Les lilas au printemps seront toujours en fleurs.
Il aimait extrêmement les jardins (Acante est probablement, ce n’est pas sûr, c’est probablement Racine), il aimait extrêmement les jardins, les fleurs, les ombrages. […] Je suis chose légère, et vole à tout sujet, Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet ; A beaucoup de plaisirs je mêle un peu de gloire ; J’irais plus haut, peut-être, au Temple de Mémoire, Si dans un genre seul j’avais usé mes jours. […] Un long tissu de fleurs ornant sa tresse blonde, Avait abandonné ses cheveux aux zéphirs.
Le chef-d’œuvre devait énumérer le décor obligatoire des petits ruisseaux et des petits oiseaux, des fleurs en satin et des délicieuses mièvreries, des soleils immuables et des clairs de lune mélancoliques, où s’élève un chant de guitare qui fait fondre le cœur d’émotion. […] Dans l’univers ainsi conçu, il y avait d’une part, les choses nobles : les fleurs, les pierres précieuses, les clairs de lune, l’âme de l’homme, le désintéressement, la virginité, le sacrifice, c’est-à-dire les choses spirituelles ; et d’autre part, les choses basses : la terre, les animaux, l’herbe sauvage, le corps de l’homme, la sensualité, la jouissance, l’instinct, c’est-à-dire les choses matérielles. […] Il est semblable à celui qui, lassé d’entendre sans cesse chanter sur tous les tons les plus fades la beauté précieuse et délicate, la beauté suprême de la fleur, déclarerait brutalement que, pour lui, la beauté réside toute entière dans l’écorce rugueuse. Assurément je comprends le brusque et sincère mouvement de cet homme écœuré des mensonges de la convention : mais il n’en est pas moins vrai qu’il se trompe, et je lui préfère de beaucoup celui qui portera instinctivement son intérêt à l’arbre entier, à l’écorce rude comme aux fleurs subtiles, aux racines noueuses aussi bien qu’aux feuilles légères, à la branche comme au fruit.
Sur le velours, à côté des gantelets et de l’armet, sont posées une statuette de Pallas et une grenade dont la tige porte encore sa feuille aiguë et sa fleur ardente. » À la magnificence du style, à ces phrases picturales, pleines, tombantes et retenues comme les plis d’une tenture, vous reconnaissez d’Annunzio. […] Alors, en la voyant rouverte encore de ses fleurs préférées, mais de fleurs mourantes, dormant d’un sommeil sans rêves et dans un repos aussi profond que l’oubli, il me vint, je ne sais pourquoi, une pensée amère, et je dis à Vandell : “N’est-ce pas mauvais signe, quand les fleurs se fanent vite au corsage des femmes ?”
Au lieu de ce sceptre équitable, de ce soin de cueillir la fleur des plus hautes vertus, de cette patience à supporter la plainte, de cet amour de la justice et des arts, dont Pindare félicitait Hiéron, au lieu de ces lois justes et de cette liberté paisible qu’il attendait du roi d’Etna, fils d’Hiéron, ce que Callimaque célèbre dans Ptolémée, c’est la rapidité de la puissance arbitraire, ce sont ces images, empruntées à l’Orient, d’une volonté suprême aussi promptement obéie que connue. […] Essayons de marquer ces nuances dans nos faibles proses, et de montrer au moins sur le papier les linéaments et les contours de la fleur desséchée : « Dans Sparte, jadis, près du blond Ménélas, les vierges, portant le vert hyacinthe mêlé dans leur chevelure, s’étaient arrêtées, formant un chœur, devant la chambre nuptiale peinte à neuf. […] Ce charme est emprunté à la poésie plus antique, aux images plus simples encore de l’Orient ; il vient de cette poésie primitive de la Judée : et c’est ainsi que, par la puissance de l’imitation sur un heureux génie, par l’idéal qu’elle lui fait sentir dans les lointaines images d’un temps dissemblable du sien, un lettré de Syracuse et d’Alexandrie, un poëte de cour, chez un peuple vieilli de luxe et de servitude, a pu trouver cette gracieuse mélodie des idylles grecques, et ajouter, si tard, des fleurs fraîches écloses à la couronne d’Homère, de Simonide et d’Anacréon. […] Elles sont bien détournées, en effet, et, comme dit Bossuet : « Le chant de Salomon est tout délice ; partout des fleurs, des fruits, la douceur du printemps, les jardins verdoyants et arrosés, les eaux courantes, les puits, les fontaines, les parfums composés avec art, ou nés du sein de la terre ; et encore, les colombes, la mélodie des tourterelles, le miel, le lait, le vin : puis, dans les deux sexes, la dignité et la grâce ; des amours aussi pures que charmantes : et, si quelque horreur s’y mêle, les rochers, l’aspect sauvage des montagnes, l’antre des lions, c’est encore afin de plaire, et comme un contraste pour varier et rehausser l’éclat du tableau. » Le pieux évêque, en résumant ainsi le Cantique des cantiques, y supprime des libertés de langage bien plus vives, et qui cependant n’excluent pas cet idéal religieux que, dans une poésie plus moderne, l’Orient a souvent allié aux attraits du plaisir et de la passion.
L’auteur a exhumé du tiroir où elles moisissaient toutes ces fleurs fanées de la vieille poétique des bohèmes de 1840. […] Huysmans L’Exilée : « De douces fleurs… mouillées des larmes du sincère amour », voilà, fidèlement décrits par l’épigraphe de Shakespeare, qui les précède, les nouveaux vers de M.
L’auteur de ce travail, M. l’abbé Sauveur Gorini, ne peut pas passer pour un écrivain dans le sens littéraire du mot, quoiqu’il ait souvent ce qui fait le fond de l’écrivain, — une manière de dire personnelle, — mais c’est un érudit, et un érudit d’une nouvelle espèce, venu en pleine terre, à la campagne, comme une fleur sauvage ou comme un poëte… Jusqu’ici vous aviez cru, n’est-ce pas ? que les érudits fleurissaient à l’ombre des bibliothèques, sous ces couches de poussière savante, qui sont la terre végétale de ces sortes de fleurs.
à ses prêtres, ils s’en vont devant eux sans aucune précaution humaine, montrant le Crucifié souvent pour tout langage, et en quelques jours des milliers de sauvages viennent s’abattre autour de cette fleur mystique de la Croix qui tend son cœur ouvert aux nations ! […] On se rappelle le bruit que fit naguères cette première gloire littéraire de l’Amérique, qui éclata tout à coup comme un aloès qui fleurit et dont la fleur est déjà tombée… Des philanthropes, Narcisses humanitaires qui trouvaient l’humanité jolie en se regardant, prirent sur le poing et présentèrent à l’Europe attendrie cette Mistress Edgeworth américaine, et placèrent son livre sous la protection d’une telle émeute de sensibilité insurgée, que si la critique littéraire avait osé planter son scalpel dans cette œuvre esthétiquement médiocre, les Wilberforce du journalisme auraient crié au scandale, comme si on eût voulu toucher littérairement à l’Imitation de Jésus-Christ.
Le génie est un postillon qui ne mène que trop bien ; mais le malheureux a trop de fleurs naturelles et de rubans à son chapeau, et trop de retentissement dans le coup de fouet ! […] Mais si ce n’est pas excessivement facile de lui ôter ces fleurs et ces rubans, qui ressemblent à des rayons, et ce coup de fouet qu’on n’apprend point et qui tient à la force de l’avant-bras, n’importe !
Or, cette influence, mortelle à toute personnalité qui voudrait naître, doit, s’il n’y prend garde, tuer la sienne dans sa fleur. […] Il y a véritablement dans Henri Cantel une fleur de poésie que nous aimerions à sauver ; car elle est en péril.
Le futur peintre d’Ève, la céleste et fragile mère du genre humain dans sa fleur, ce Corrège de suavité amoureuse, rigidifié et durci par le puritanisme, on ne lui connut jamais d’amour. […] Mais le Titan poétique était si fort en lui, qu’au moment même où l’on pouvait le plus le croire écrasé, il se leva tout droit et tout grand en rejetant ces affreuses montagnes qu’il avait empilées sur sa tête, et il apparut à l’Angleterre la fleur magnifiquement épanouie du Paradis perdu à la main !
Sue s’était donné et dont il fut longtemps le coryphée, n’a encore jusqu’ici effeuillé que de très-petites fleurs sur sa tombe. […] Les grosses fleurs de l’admiration s’épanouiront-elles sur celle mémoire, comme elles s’épanouirent sur sa vie ?