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529. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Cela signifie qu’une femme bête peut devenir méchante. […] Mais vivre avec une femme mariée ! […] » Sa femme le supplie au nom de Dieu. […] Les femmes de Calderon sont des héros, celle de Shakespeare sont des enfants, celles de Racine sont des femmes. […] Une autre, femme d’un évêque qui avait huit femmes, défendit doctement la polygamie par des raisons médicales, par l’exemple des patriarches, et aussi par l’exemple de Jésus-Christ, qui, selon les Mormons, a eu trois femmes ; l’évêque, son mari, avait vingt-cinq enfants, et tout ce petit monde vivait en bonne harmonie.

530. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Par une rencontre singulière, les femmes sont plus femmes et les hommes plus hommes ici qu’ailleurs. […] La candeur chez les femmes y subsiste plus longtemps qu’ailleurs. […] —  Aussi volontiers que je le dis. —  Martell, un miracle, une femme qui ose mourir ! […] Oui, j’en suis une ; car celle qui est la femme d’Orgilus, et vit en adultère public avec Bassanès, est à tout le moins une prostituée. […] Voir par contraste toutes les femmes de Molière, si françaises, même Agnès et la petite Louison.]

531. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Ge n’est plus seulement la « maman », c’est une femme qui, pour être galante, n’en est pas moins une femme d’affaires. […] — Soyez à l’aise, on a le papier (À sa femme.) […] Des femmes, immobiles et droites, regardent. […] Et voici qu’une femme nerveusement se dresse, s’avance à la rampe. […] Il quitte furtivement ses compagnons et court trouver sa femme.

532. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Indiana, par ce manque d’ensemble et, pour ainsi dire, de continuité, se trouve au-dessous de quelques romans de moindre dimension, et peut-être aussi de moindre portée, qu’on doit à la plume de femmes célèbres : Eugène de Rothelin, Valérie, comme œuvres, sont autrement complets et harmonieux dans leur simplicité.  […] Comme l’auteur de Delphine, l’auteur d’Indiana, assure-t-on, est une femme : ainsi le nom qui se trouve au titre du livre n’y serait que comme le nom de Segrais en tête des romans de Mme de La Fayette, comme le nom de Pont-de-Vesle en tête de ceux de Mme de Tencin. […] Bientôt après, Indiana vint habiter la France avec son mari, et sir Ralph, libre de son côté par la mort de ses parents et celle de sa femme (car il s’était laissé marier également par soumission), les avait rejoints. […] C’est bien là l’amour chez la femme que le vice de nos éducations, l’étroitesse de nos convenances et nos finesses vaniteuses n’ont pas tournée au frivole et rabaissée au médiocre ; c’est l’amour placé comme il doit l’être, dès qu’une fois on l’admet, au-dessus des vains bruits et des biens apparents, sans balance, hors de pair, sur le trône du monde. […] Si les Raymon de Ramière au complet sont assez rares, grâce à Dieu, parce qu’une si agréable corruption suppose une réunion délicate d’heureuses qualités et de dons brillants, la plupart des hommes dans la société, à la manière dont ils prennent les femmes, se l’approchent autant qu’ils le peuvent de ce type favorisé.

533. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

. — La Guerre des femmes (1845-1846). — Michel-Ange et Raphaël (1846). — Le Chevalier de Maison-Rouge (1846). — La Dame de Montsoreau (1846). — Le Bâtard de Mauléon (1846). — Mémoires d’un médecin (1846-1848). — De Paris à Cadix (1848). — Le Véloce ou Alger, Tanger et Tunis (1848). — Dix ans plus tard ou Le Vicomte de Bragelonne (1848-1850). — Les Quarante-Cinq (1848). — Les Mille et Un Fantômes (1849) […] — La Guerre des femmes (1849). — La Jeunesse des Mousquetaires, drame (1849). — Louis XV (1849). — La Régence (1849). — Louis XVI (1850). — Le Drame de 93 (1850). — La Femme au collier de velours (1851). — Le Comte de Morcerf et Villefort (1851) […] Le père de d’Artagnan a une philosophie de l’histoire éminemment agréable et facile, où tout s’explique par l’amour, par la vaillance ou la subtilité des aventuriers généreux aimés des femmes et par l’influence des grandes dames scélérates ou des courtisanes sympathiques. […] Il y a des vers qui n’auraient pu être écrits avant 1825 ; par exemple, quand Bérengère, suppliant une dernière fois Savoisy qui reste muet, lui dit : On répond quelque chose à cette pauvre femme ! […] Enfin il a créé le drame moderne avec Antony, où s’incarnent, d’une part, le plébéien révolté contre les contrats et les hiérarchies sociales, de l’autre, la femme de la société nouvelle, unissant sa propre révolte à celle de l’homme qui la désire passionnément et par-dessus tout comme le bien suprême, le plus défendu par cela même et le plus attaqué.

534. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Aux réceptions d’ambassadeurs, les quatorze appartements sont pleins et combles de seigneurs et de femmes parées. Le 1er janvier 1775 la reine « a compté au-delà de deux cents femmes qui se sont présentées pour lui faire leur cour ». […] Le plus rustre, auprès d’une femme, retrouve au fond de sa mémoire quelques débris de la galanterie chevaleresque. […] Liste des personnes présentées de 1779 à 1789, 453 hommes et 414 femmes, t.  […] Mot du comte d’Artois en présentant à sa femme les officiers de sa maison.

535. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Ce volume, venant après les autres mémoires des femmes célèbres du Grand Siècle, tranchait singulièrement par le ton et a causé beaucoup de surprise. […] Il semblait que ce fût une ironie du sort d’avoir donné pour seconde femme à Monsieur, à ce prince si mou et si efféminé, une personne qui par ses goûts ressemblait le plus à un homme et qui avait le regret de ne pas être née garçon. […] Elle prouve surtout combien il y a peu de la nature de la femme en elle par le peu de délicatesse, et, pour tout dire, par le peu de pudeur qu’elle a dans les propos. […] Madame, mariée d’une manière si triste et si ingrate, et avec qui il ne fallait que causer, disait-on, quand on voulait se dégoûter à l’avance de cette condition pénible du mariage, n’était pas femme à se rejeter sur le roman pour se consoler de la réalité. […] Quand elle a tout épuisé, elle ajoute : « Tout le mal qu’on dit de cette femme diabolique est encore au-dessous de la vérité. » Elle lui applique un vieux proverbe allemand : « Où le diable ne peut aller lui-même, il envoie une vieille femme. » Saint-Simon, tout enflammé qu’il est, pâlit, pour le coup, auprès de ces haines fabuleuses, et lui-même il se charge de nous en dire le secret.

536. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Elle disait d’elle-même et pour expliquer son succès auprès des autres, qu’elle avait le vrai de tout, tandis que d’autres femmes n’ont le vrai de rien. […] Il y a deux femmes, dont l’une qu’il aime, lui répond assez mal ; et dont l’autre, de qui il est aimé, l’occupe peu. […] Que lui importe la destinée des autres femmes, ces femmes du monde qui « la plupart n’ont pas besoin d’être aimées, car elles veulent seulement être préférées ?  […] L’esprit d’une femme, si grand qu’il soit, a-t-il jamais arrêté son cœur ? […] Quand il se marie (car il a le front de se marier au plus fort de cette passion), elle s’y intéresse ; elle loue sa jeune femme qu’elle rencontre : hélas !

537. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

La femme de l’ogre. […] Les trois femmes du sartyi. […] La femme fatale. […] La femme enceinte. […] La femme aux sept amants.

538. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Elle passait pour sa femme légitime, portait son nom, et avait une fille de lui que nous retrouverons bientôt modèle de son sexe. […] « La jeune femme que le duc d’Aiguillon destinait à ce vieillard n’avait pas accompli sa dix-neuvième année. […] La jeune femme, accompagnée de sa mère, se rendit ensuite à Venise et s’y embarqua pour Ancône. […] Sir Horace Mann, envoyé d’Angleterre en Toscane, lui rendait ce triste témoignage : il maltraitait sa femme de toutes les manières. […] Ils occupèrent ce poste pendant plusieurs lieues, et ne revinrent à Florence qu’après avoir laissé la jeune femme à l’abri de tout péril.

539. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Trois types principaux de femmes sont en vue. […] Elle a, suivant le mot d’une jeune femme d’alors, des mines de pensionnaire vieillie. […] Les femmes de ce genre sont ambitieuses, ardentes, désireuses de jouer un rôle par l’entremise de l’homme de leur choix. […] Les hommes semblent déguisés en femmes. […] L’un, Nicolas de Clémengis, rappelle que d’ordinaire le diable est peint sous la figure d’une femme cornue.

540. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Mais ce sont les femmes qui sont le plus à plaindre. […] C’est Renée Mauperin pervertie et Paul Astier femme. […] Il aimera les femmes non plus en amant, mais en poète. […] des tendresses sincères et des femmes honnêtes. […] La plupart des lettres de femmes sont exquises.

541. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

La femme, en elle, fut originale et bonne ; et, quant à son œuvre, une partie en sera belle éternellement, et l’autre est restée des plus intéressantes pour l’historien des esprits. […] Joignez que la fréquence des aventures de cœur de cette femme magnanime se pourrait expliquer aussi par son romanesque, par le don qu’elle avait de voir les créatures plus belles et plus aimables qu’elles ne sont. […] Le mysticisme magnifique et vague de Spiridion ou de Consuelo, le socialisme un peu incohérent, mais vraiment évangélique, du Péché de Monsieur Antoine ou du Meunier d’Angibaut, la foi au progrès, l’humanitairerie… tout cela plaît chez cette femme excellente, à l’imagination arcadienne, parce que chez elle, encore une fois, tout vient du cœur et en déborde à larges flots. […] Elle a reflété dans ses livres toutes les chimères de son temps ; et, comme elle était femme, elle a ajouté à son rêve celui de tous les hommes qu’elle a aimés. […] Les pharisiens ont dit que ses premiers romans avaient perdu beaucoup de jeunes femmes, et — comédie exquise — les romanciers naturalistes ont parlé comme les pharisiens.

542. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Sa femme, Mlle de Bellefonds, sœur du maréchal de ce nom, l’un des militaires les plus opposés aux réformes et règlements de Louvois, et que ce ministre dut briser, était une personne du meilleur esprit et du plus fin. […] Quant à la personne même qui les a écrites, Saint-Simon, si sévère, si injuste pour l’illustre maréchal, son fils, a tracé d’elle, dans sa vieillesse, un portrait unique : « Cette marquise, nous dit-il, était une bonne petite femme sèche, vive, méchante comme un serpent, de l’esprit comme un démon, d’excellente compagnie, qui avait passé sa vie jusqu’au dernier bout dans les meilleures et les plus choisies de la Cour et du grand monde, et qui conseillait toujours « son fils de ne point donner de scènes au monde sur sa femme, de se vanter au roi tant qu’il pourrait, mais de jamais ne parler de soi à personne. […] Les Espagnols, devenus les maîtres de sa personne, voulurent, dès les premiers jours, l’assujettir aux moindres formalités dont se composait alors en Espagne l’esclavage des femmes et des reines. […] Elle me fit dire pour la seconde fois qu’elle avait prié le roi que j’y allasse incognito, parce que, jusqu’à ce qu’elle ait fait son entrée et qu’elle soit logée dans le palais, personne, homme ni femme, ne la verra. […] On vit, au commencement de 1681, déserter toutes les livrées des écuries royales, parce qu’il leur était dû plus de deux fins de gages, « Les rations que l’on donne à toutes les personnes du palais, jusqu’aux femmes de la reine, manquèrent aussi, et la table des gentilshommes de la Chambre, la seule qu’entretienne le roi, fut un temps sans être servie.

543. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

C’est de celle-ci que je parlerai aujourd’hui, comme ayant surtout laissé d’agréables pages historiques, et ouvert dans notre littérature cette série gracieuse de mémoires de femmes qui désormais ne cessera plus, et que continueront plus tard, en se jouant, les La Fayette et les Caylus. […] Quelque habileté et quelque finesse qu’ait pu montrer la reine Marguerite dans plusieurs circonstances politiques de sa vie, nous l’entrevoyons assez déjà, ce n’était point une femme politique : elle était trop complètement de son sexe pour cela. Il est très peu de femmes qui, comme la princesse Palatine ou comme l’illustre Catherine de Russie, savent être à la fois galantes et sûres d’elles-mêmes, et qui établissent une cloison impénétrable entre l’alcôve et le cabinet d’affaires. La plupart des femmes mêlées aux intrigues de la politique y apportent et y confondent leurs intrigues de cœur et de sens. […] Marguerite, avec infiniment d’esprit et de grâce, était de ces femmes-là.

544. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Léon Blum le dédie à sa femme. […] La femme sans foyer, la vieille fille ou la femme errante qui s’en va d’amant en amant sont parmi les plus graves erreurs de la civilisation. […] En voici un qui, couchant avec sa femme, n’est pas encore rassuré. […] Les femmes sont si rusées ! […] La femme est flattée d’une certaine jalousie.

545. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Une femme, gémissent-elles, lui a gâté le cœur ! […] La femme. […] Bourget ramène aux proportions d’une humanité plus commune et voisine de nous. — La femme qui appartient à cette catégorie de femmes n’est ni violente, ni impérieuse, ni méchante. […] Mais il y a dans le musée de Syracuse une admirable statue de Vénus : « Ce n’est point la femme-poétisée, la femme idéalisée, la femme divine ou majestueuse comme la Vénus de Milo, c’est la femme telle qu’elle est, telle qu’on l’aime, telle qu’on la désire, telle qu’on la veut étreindre. […] Voir Crime d’amour, Mensonges, un Cœur de femme.

546. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

La vertu des femmes est une vertu d’État. […] Ce qui vous surprendra beaucoup, c’est que ce n’était pas un mari et une femme, ou, pour mieux dire, c’était un mari marié à une autre femme et une femme mariée à un autre mari. […] N’en doutez pas, il y aura des femmes, des femmes charmantes, qui trouveront cela beau et qui en pleureront. […] Ces femmes le jetaient dans un grand trouble. […] Elle sera la femme moderne, le nouvel idéal.

547. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

L’habit noir ou la jaquette des hommes, les chiffons des femmes, l’asphalte du boulevard, le petit journalisme, le bec de gaz et demain la lumière électrique, et une infinité d’autres choses en font partie. C’est ce qui fait qu’une rue, un café, un salon, une femme d’à présent ne ressemblent pas, extérieurement, à une femme, à un salon, à un café, à une rue du xviiie , ou même du temps de Louis-Philippe. […] MM. de Goncourt ont éprouvé par deux fois le besoin d’exprimer leur peur de la femme, leur préjugé contre le mariage, et de montrer que l’artiste doit vivre seul pour être tout entier à son démon intime. […] Plus d’un écrivain d’aujourd’hui est, en outre, un époux régulier et un père de famille prévoyant, et écrit quotidiennement le même nombre de pages entre sa femme légitime et son pot-au-feu. […] Mme Gervaisais a été élevée par un père imbu des idées du XVIIIe siècle ; c’est une femme instruite, presque une femme savante, « une philosophe ».

548. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

L’ignorance de la cristallisation amoureuse amènerait pareillement un homme grossier à trouver ridicule qu’un amoureux se donne tant de peine pour obtenir d’une certaine femme un plaisir que cent femmes entre lesquelles il peut choisir lui procureraient à l’instant. […] À l’état naissant ou faible, les deux cristallisations peuvent se confondre : ainsi le débutant ou la femme de lettres raconteront avec candeur dans un roman toute leur propre aventure amoureuse, cristallisée directement. J’ai lu le raisonnement suivant de Mme Aurel, que je mets en syllogisme pour être plus court : « il n’y a rien de plus beau qu’une belle lettre d’amour. — Les plus belles lettres d’amour sont écrites par des femmes. — Donc le jour où les femmes feront imprimer des lettres d’amour de 300 pages in-18 sous couverture jaune-paille, elles auront écrit les plus beaux livres du monde. » Attendons. […] Que Béatrice ait ou non existé, on ne saurait se tromper sur la nature de la cristallisation qu’elle a subie chez Dante, et toutes les femmes qu’ont idéalisées tour à tour les descendants du grand poète ont trouvé autour d’elles parfois comme une prison ou une meurtrissure la cristallisation de l’art là où elles attendaient le voile diaphane de l’autre cristallisation. […] Montaigne, devant un grave président au parlement, se donnait à part soi la comédie en l’imaginant dans l’entretien le plus tendre avec sa femme.

549. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

Les sociétés formées des débris de l’hôtel Rambouillet, les femmes de bonne compagnie, voient sans déplaisir Molière ramener au naturel les affectations de pruderie et de bel esprit ; mais elles continuent à mettre en honneur l’honnêteté, la décence des mœurs, la pureté et l’élégance du langage, et elles parviennent à en assurer le triomphe. […] Toutes ces femmes furent galantes, au point de se faire bonté les unes aux autres par le scandale de leur conduite. […] Monsieur était un prince efféminé, de petit esprit, de petite stature, d’une galanterie fade et misérable ; madame de Fienne lui disait : Vous ne déshonorez pas les femmes qui vous hantent, ce sont elles qui vous déshonorent. […] Il nomme la duchesse de Montausier gouvernante de M. le Dauphin, et le duc de Montausier est désigné d’avance pour être son gouverneur, quand, âgé de sept ans, le prince passera des mains des femmes en celles des hommes.

550. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

La femme est absente de l’œuvre, sauf en un coin, une fiancée à peine entrevue, qui pleure et qui meurt23 1. […] La femme tient dans le poème la place qu’elle peut tenir : la beauté de Blanchefleur, que Garin, Fromont et le roi veulent épouser, compte moins que son héritage. […] Cependant l’amour apparaît : un amour simple, intime, domestique, l’amour de Bègue et de sa femme, tendresse mêlée de protection chez l’un, de tremblement et d’admiration chez l’autre. […] L’embuscade dressée aux nouveaux mariés, le combat dans la lande tandis qu’il y a fête au château, Bègue laissé pour mort, sa jeune femme couchée sur son corps et se lamentant, la triste arrivée du cortège où le maître est porté sur une civière, le conseil des médecins, dont le plus vieux commande d’abord qu’on éloigne la jeune femme qui troublerait le malade : ce sont des scènes qui ont vie et mouvement. […] Il n’y a point de milieu : ou la femme est l’ange de pureté, l’idéale et rarement vivante Geneviève de Brabant, stéréotypée dans sa douloureuse fidélité, banale réplique d’une des plus primitives traditions ; ou bien, et plus souvent, plus vivante aussi parfois, c’est l’impudente, la sensuelle, fille ou femme, qui d’un regard s’enflamme, et qui donnera pour être aimée, s’il le faut, la tête d’un père37.

551. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Une femme a détourné son visage de la croix qu’on portait le matin de Pâques. […] Une femme grosse est allée communier sans être à jeun. […] Y avait-il auparavant quelque exemple qu’une femme pût concevoir sans la société d’un homme ? […] Des femmes, des troupiers montaient subitement en chaire et prêchaient. […] Son front se plisse, ses yeux deviennent mornes, et sa femme, la nuit, l’entend gémir.

552. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

N’est-ce pas le trait d’une femme ? […] — Comment se comportait-il sur l’article des femmes ? […] « Femmes, par qui je meurs !  […] Il est né le peintre des femmes, surtout des femmes d’Angleterre, au sang vermeil. […] Là, Michel-Ange eut pour nourrice la femme d’un de ces ouvriers.

553. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 139

DESHOULIERES, [Antoinette du Ligier de la Garde, femme de Guillaume de la Fon, Seigneur] de l’Académie des Ricovrati de Padoue, née à Paris vers 1634, morte dans la même ville en 1694. Si elle eût su se borner à son vrai genre, elle jouiroit, sans aucun reproche, d’une place distinguée parmi les femmes qui font le plus d’honneur au Parnasse François. Ses Tragédies, au dessous du médiocre, prêterent au ridicule ; son injustice contre Racine fit tort à son jugement, & prouva que les femmes sont encore plus extrêmes que les hommes, quand l’esprit de cabale les conduit.

554. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Voyant la reine entrer, et craignant de choquer sa délicatesse, Saumaise fourra vite le volume sous la couverture, mais pas assez vite pour le dérober à cet œil curieux de femme et de savante. […] On le mit bientôt en pension à Padoue chez un bon chanoine Gozzi, très ignorant, très zélé pour la prédication, ayant en sa faveur la figure et la voix, et par conséquent fort suivi des femmes, dont il était d’ailleurs l’ennemi juré, et qu’il ne regardait jamais en face. […] Mais madame Casanova passant un jour à Venise, et s’y étant fait amener son fils par le docteur Gozzi, qui pour le coup n’osait regarder une si belle femme au visage, madame Casanova, donc, se plaignit de cette étrange perruque blonde, et dit au docteur qu’elle ferait à Bettine un beau présent si elle coiffait désormais son écolier en cheveux. […] Ses héroïnes, jeunes filles ou femmes, se prêtent à merveille à ce genre de passion qui est le sien et le partagent. […] Les femmes que Casanova a le plus aimées, et qui l’ont le plus aimé aussi, ne meurent pas, ne menacent pas ; je ne dis point qu’elles l’oublient ni qu’elles se consolent entièrement ; mais elles lui promettent au départ de vivre et de tâcher d’être heureuses dans leur tristesse, de même qu’elles lui font promettre d’être heureux à son tour, et d’aimer encore, et de les oublier.

555. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

Dans les comédies, les masques des valets, des marchands d’esclaves et des parasites, ceux des personnages d’hommes grossiers, de soldat, de vieille, de courtisanne et de femme esclave, ont tous leur caractere particulier. On discerne par le masque le vieillard austere d’avec le vieillard indulgent, les jeunes gens qui sont sages d’avec ceux qui sont débauchez, une jeune fille d’avec une femme de dignité. […] Ces masques donnoient encore aux anciens la commodité de pouvoir faire joüer à des hommes ceux des personnages de femmes, dont la déclamation demandoit des poulmons plus robustes que ne le sont communément ceux des femmes, sur tout quand il falloit se faire entendre en des lieux aussi vastes que les théatres l’étoient à Rome. […] Suetone nous apprend que lorsque Neron montoit sur le théatre pour y représenter un dieu ou un heros, il portoit un masque fait d’après son visage, mais que lorsqu’il y représentoit quelque déesse ou quelque heroïne, il portoit alors un masque qui ressembloit à la femme qu’il aimoit actuellement. […] Demetrius, l’un de ces comédiens, lequel Juvenal met au nombre des meilleurs acteurs de son temps, et qui avoit un son de voix fort agréable, s’étoit attaché à joüer des rolles de divinitez, des femmes de dignité, des peres indulgens et des amoureux.

556. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Il y a quelque temps, le roi Amédée abdiqua en Espagne et filait avec sa jeune femme au bras. […] L’idéal, pour Gobineau, n’est pas, lorsqu’on est souverain, de s’en aller avec une femme, mais de s’en aller pour une femme. […] Hommes et femmes : Louis de Laudon, Wilfrid Nore, Conrad Lanze, le vieux Coxe, Jean-Théodore, Harriet, Aurore, Liliane, etc., sont des patriciens et des patriciennes de l’humanité, à blason dans la tète et dans le cœur ; et ce sont, ne l’oubliez pas ! […] la chèvre et la tigresse s’apprivoisent, la femme fausse devient vraie, la comédienne devient public, l’insensible imperméable à l’amour (c’était si joli et si atroce !) […] On invente des sociétés idéales et l’on écrit des pages charmantes, mais charmantes comme la femme qui caresse sa chimère.

557. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Faible femme en ses plus beaux élans, vase débordé d’amour, où puisa-t-elle sa doctrine ? […] La situation de ce roman est simple, la même que dans Werther : un jeune homme qui devient amoureux de la femme de son ami. […] On sut d’ailleurs un gré médiocre à Mme de Krüdner, dans le monde allemand poétique, d’avoir déserté sa langue pour la nôtre, et Goëthe a lui-même exprimé quelque part le regret qu’une femme de ce talent eût passé à la France. […] L’excellente femme ! […] Avec un grand écrivain et poëte qui s’y serait prêté, on croit deviner qu’elle se fût montrée, elle aussi, de cette race de femmes du Nord, Lili, la comtesse de Bernstorf, Bettine, ces enthousiastes et dévotes de Goethe.

558. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Douce femme que je voudrais oser nommer sœur 87 !  […] Dieu cueillait comme des fleurs froissées Les femmes, les enfants qui s’envolaient aux cieux. […] DES FEMMES. […] Sainte-Beuve a composé un dernier article sur Mme Tastu, — et ç’a été le dernier travail qu’il ait pu achever, et dont il n’a pas vu la publication, — pour l’un des volumes de Galerie de Femmes que l’on réimprimait sur la fin de 1869 (chez MM. […] Il s’agissait d’une femme poète, Carolina Coronado, dont M.

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