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742. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

À part quelques expressions qui conviennent plus au livre qu’au théâtre et sont trop raffinées pour dépasser la rampe, toute la pièce est écrite dans une très belle langue pleine de pensées et d’images. […] Catulle Mendès est un poète toujours ; il n’est jamais plus poète que si, dans l’expression d’une délicate pensée ou d’un sentiment héroïque, il consent à être simple. […] Dans les premières œuvres, mettons hors de pair Pierre le Véridique ; avec sa langue contournée, précieuse, sa surcharge presque d’expressions d’atmosphère et de mots chronologiques, il reste la meilleure évocation que nous ayons de l’ancienne civilisation de langue d’oc, avant l’invasion du Nord. […] Cent fois digne du grand artiste qui l’emplit non seulement de sa verve charmante, mais encore de son radieux, de son lumineux bon sens, il m’apparaît comme une des expressions les plus définitives de son génie et de sa noblesse, car il n’en est pas une page, il n’en est pas une ligne, un mot, qui ne hurle, ne chante, ne proclame le triomphe et la gloire des Lettres !

743. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Baudelaire est leur père direct, et toute l’école danse et voltige sur le rayon macabre qu’il a ajouté au ciel de l’art, suivant l’expression de Victor Hugo. […] Qu’ils se rassurent, nous leur racontons aussi clairement qu’il nous est possible le plus étrange assaut qui ait jamais été donné à la langue française, cette belle langue raisonnable et sceptique, amoureuse de netteté et de clarté, qui a une horreur spéciale pour l’inachevé dans l’expression et n’est pas plus faite que le grand jour pour l’indécision et le flottant des rêves. […] Alfred de Vigny écrivait en 1829 : « Les esprits paresseux et routiniers aiment à entendre aujourd’hui ce qu’ils entendaient hier : mêmes idées, mêmes expressions, mêmes sens ; tout ce qui est nouveau leur semble ridicule ; tout ce qui est inusité, barbare. » Je cite ces paroles avant d’aller plus loin, car elles me paraissent, malgré leur date, d’une piquante actualité. […] Consultons encore sur ce sujet Edgar Poë : « Deux choses sont éternellement requises : l’une, une certaine somme de complexité, ou plus proprement, de combinaison ; l’autre, une certaine quantité d’espritsuggestif, quelque chose comme un courant souterrain de pensée, non visible, indéfini… C’est l’excès dans l’expression du sens qui ne doit être qu’insinué, c’est la manie de faire du courant souterrain d’une œuvre le courant visible et supérieur qui change en prose, et en prose de la plate espèce, la prétendue poésie de quelques soi-disant poètes. » Et puis Stendhal n’a-t-il pas écrit : « Malgré beaucoup de soins pour être clair et lucide, je ne puis faire des miracles ; je ne puis pas donner des oreilles aux sourds ni des yeux aux aveugles ? 

744. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Plusieurs auteurs emploient volontiers l’expression de « drame musical » en parlant de Tannhæuser et de Lohengrin ; cela est regrettable, car une confusion d’idées en résulte. […] Lohengrin, œuvre d’un moment de faiblesse, de découragement, de doute, — et dans laquelle ces sentiments très réels, très universellement humains, ont trouvé l’expression musicale parfaitement adéquate, — est, par cela même, plus accessible à tous. […] Il est important de noter quelle place centrale tient le wagnérisme dans la naissance du symbolisme, et comment cette revue, à l’origine consacrée à un compositeur allemand, devient le lieu privilégié de l’expression d’un mouvement littéraire typiquement français. […] Précisons encore qu’il ne s’agit que d’une expression poétique et que les créations dramatiques, romanesques ou musicales sont encore attendues.

745. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Mais les compliments sans restrictions, sans réserves, sans atténuations, à l’orchestre qui semble avoir atteint l’expression adéquate de la pensée du maître ; c’est, en toute exactitude (donc en toute perfection), le rendu de toutes les indications de mouvement, de nuance, d’expression ; MM.  […] Sa foi avait même déjà trouvé son expression dans une mélodie qui répondait aux désespérées plaintes de Tristan. […] L’expression « Pur et Fol » correspond à l’appellation de « reine Tor » appliquée à Parsifal.

746. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Colonne trouva exactement, absolument, non seulement le mouvement général, mais les nuances du mouvement et de l’expression ; et ce final fut enlevé, d’un seul jet, superbement. […] Qu’on me permette, pour terminer, de citer cette phrase de Schopenhauer : « Il est aussi indigne que sot de vouloir expliquer les poèmes… en les réduisant à être l’expression d’une vérité abstraite, et en prétendant que la démonstration de cette vérité était leur but. » Dans un prochain article, je montrerai quelles sont les circonstances qui ont plus spécialement influencé Wagner pour la création de Tristan et Isolde 7. […] Le triomphe final du Hollandais, l’évocation d’Erda, c’est encore, parmi ces reproductions, deux prodiges d’exactitude, de finesse et de séduisante expression. […] Les deux profils même, comme cela est constant dans la nature, n’ont pas la même expression ; l’un est plus sévère, l’autre plus serein, et l’ensemble donne bien la sensation de celui qui fut ensemble, et si éminemment, homme de pensée et homme d’action.

747. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Ainsi en arrive-t-il pour Lamartine : quoique le sentiment soit vrai, trop souvent la pensée philosophique et religieuse, au lieu de projeter spontanément son expression vivante, est « traduite en vers », — en vers heureux, faciles, abondants, poétiques, mais qui n’en sont pas moins des traductions et des tours d’adresse84. […] Avec Lamartine, les découvertes de la science commencent à pénétrer dans la poésie et y trouvent leur expression, non sans quelque effort. […] On pourra objecter que nul ne se soucie d’une suite de raisonnements mis en vers ; sans doute ; n’oublions pas pourtant que les grandes idées font la grande poésie, et que, pour Musset même, sa réelle valeur n’est pas dans le badinage, si élégant et charmant qu’il soit, mais dans l’expression sincère, poignante parfois, de la souffrance morale et de l’angoisse du doute. […] Encore est-il que le peu de choses éloquentes mêlées à sa rhétorique sont des choses qu’il a crues, des expressions de croyances au moins négatives.

748. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

La pompe inséparable des alexandrins nécessite dans l’expression une certaine noblesse soutenue. […] Cette scène, dans laquelle Tersky, pour les amener à son but, leur rappelle tous les bienfaits qu’ils ont reçus de leur chef, bienfaits dont l’énumération seule forme un tableau piquant de l’état de cette armée, de son indiscipline, de son exigence et de l’esprit d’égalité qui se combinait alors avec l’esprit militaire ; cette scène, dis-je, est d’une originalité remarquable, et d’une grande vérité locale ; mais elle ne pouvait être rendue qu’avec des expressions que notre style tragique repousse. […] Leur prêter des expressions relevées, c’eût été manquer à la vérité des caractères, et dans ce cas la noblesse du dialogue serait devenue une inconvenance. […] Un sentiment sincère, complet, sans bornes, leur paraît non-seulement excuser ce qu’il inspire, mais l’ennoblir, et, si j’ose employer cette expression, le sanctifier.

749. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Mais avant tout respectueux de la « morale » et du bon ton, jamais nous n’emploierons notre talent à l’expression réelle de la vie. […] Il ordonne et pratique le « retour à la nature », — l’expression est de lui — revendication que sous un sens plus actuel et plus large, nous entendons formuler à nouveau de nos jours. […] Leurs yeux « accoutumés à ne voir que l’invisible », suivant l’expression de Villiers de l’Isle Adam, furent violemment choqués par d’aussi méprisables réalités. […] Je ne trouve pas que, suivant une expression de M. 

750. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Son temple devint la dernière citadelle du paganisme, et, selon l’expression d’un Romain du quatrième siècle147, le Capitole religieux de l’Orient. […] Seulement, à l’aspect du monde physique et moral, le pieux contemplateur est bien obligé de reconnaître qu’à la suite de Dieu marchent la guerre et la famine, tous ces maux si communs dans l’univers, et qui, selon l’expression du livre des Machabées, après la mort d’Alexandre se multipliaient sur la terre. […] La différence entre la poésie pastorale et la poésie rurale des Géorgiques, c’est la peinture de l’amour et l’expression dramatique dans la vie la plus simple. […] On peut, je crois, difficilement douter que le poëte sicilien n’ait eu sous les yeux quelques expressions du prophète Isaïe, quand il écrivait : « Maintenant, buissons, portez la violette ; portez l’acanthe !

751. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Il excella dans la peinture des sentiments privés, bien plus que dans l’expression des grands devoirs et des vertus civiques. […] Que maintenant, parmi les fêtes et les chefs-d’œuvre des galeries de Florence, Médicis, nourri des pensées de Platon, les ait redites parfois en strophes élégantes ; que Politien ait retrouvé, dans ses deux langues natales, quelque chose de l’harmonie d’Horace et de sa curieuse hardiesse d’expression, ce sont des plaisirs délicats pour le goût, des sujets pour l’étude, mais non de grandes influences qui aient agi sur la pensée et pris place dans l’histoire des lettres. […] Son expression trop vive matérialise le type qu’elle adore ; et, sous les noms d’amour et d’époux, le charme d’un culte tout spirituel, pour une beauté toute céleste, disparaît dans le trouble d’une passion qui semble trop humaine. […] Quelle beauté d’éloquence et de style, quel tour original d’expression n’éclate point déjà dans notre Montaigne !

752. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 66

En effet, les Ouvrages de ce Religieux sont d’une diffusion, d’une monotonie, d’une foiblesse d’expression, qui en rendent la lecture insipide.

753. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 538-539

Nous connoissons de lui un Discours académique sur le Goût, où il s’est encore moins garanti de ces défauts ; à cela près, ce petit Ouvrage ne sauroit être trop estimé pour la délicatesse des pensées & l’élégance de l’expression.

754. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 70

Ce ne sera jamais par des peintures lascives, par des expressions libertines, par des injures grossieres, par le langage crapuleux de la débauche, qu'on pourra se promettre de réformer les hommes & de venger les mœurs.

755. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

Si les Français pouvaient donner à leurs femmes toutes les vertus des Anglaises, leurs mœurs retirées, leur goût pour la solitude, ils feraient très bien de préférer de telles qualités à tous les dons d’un esprit éclatant ; mais ce qu’ils pourraient obtenir de leurs femmes, ce serait de ne rien lire, de ne rien savoir, de n’avoir jamais dans la conversation ni une idée intéressante, ni une expression heureuse, ni un langage relevé ; loin que cette bienheureuse ignorance les fixât dans leur intérieur, leurs enfants leur deviendraient moins chers lorsqu’elles seraient hors d’état de diriger leur éducation. […] Je crois fermement que dans l’ancien régime, où l’opinion exerçait un si salutaire empire, cet empire était l’ouvrage des femmes distinguées par leur esprit et leur caractère : on citait souvent leur éloquence quand un dessein généreux les inspirait, quand elles avaient à défendre la cause du malheur, quand l’expression d’un sentiment exigeait du courage et déplaisait au pouvoir.

756. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

La vision du fait en doit précéder l’expression. […] Et cette cause n’est-elle pas un certain esprit général formé vers le commencement du siècle, qui trouve des expressions différentes, mais également fidèles dans certaines doctrines philosophiques et dans certaines règles littéraires ?

757. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

» Poser la question, c’était la résoudre, et sans être prophète, comme le veut l’évangéliste, le grand-prêtre put très bien prononcer son axiome sanglant : « Il est utile qu’un homme meure pour tout le peuple. » « Le grand-prêtre de cette année », pour prendre une expression du quatrième évangéliste, qui rend très bien l’état d’abaissement où se trouvait réduit le souverain pontificat, était Joseph Kaïapha, nommé par Valérius Gratus et tout dévoué aux Romains. […] Le « parti de l’ordre » (je prends cette expression dans le sens étroit et mesquin) a toujours été le même.

758. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

Alors, car, comme nous l’avons dit, tout marche en même temps, alors on a connu deux sortes de langage ; la poésie, qui fut à l’origine l’expression de la parole traditionnelle ; la prose, qui fut seulement l’expression de la parole écrite.

759. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Elle gardait en soi le génie qui peut produire des œuvres, comme elle gardait chez elle le Très Saint Sacrement, et, qu’on me passe cette expression qui dit bien ma pensée, elle n’en sortait ni l’un ni l’autre, pour leur faire faire des processions. […] L’expression, qu’elle a parfois très belle, et qu’elle ajoute au piquant ou à la force de l’observation quand l’observation la darde ou la secoue, suffit-elle pour faire croire à un talent littéraire, n’existant plus par petites places, mais organisé, articulé, vivant ?

760. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

Français comme Corneille et Racine, Fréron eut presque exclusivement la Critique française, mais pour être dans la tradition nationale du xviie  siècle et de ses mœurs, il n’en voyait pas moins, par-dessus la frontière, les qualités de l’esprit d’une race différente de la sienne, et il l’a bien prouvé pour les Anglais, à qui il reconnaît « ces cris du cœur qui pour lui sont l’expression la plus certaine du génie ». […] Sous cette plume, d’un naturel profond, et si méprisante du bel esprit qui est le laid, il a des expressions comme celles-ci, que je pourrais multiplier : « Le plat écrivain se rend intérieurement justice.

761. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

L’ennui dont ses lettres ne sont que l’expression incroyablement profonde et, le croira-t-on ? […] Car elle fut de son temps et ne fut pas plus que de son temps, ainsi que l’attestent les lettres, et c’est la différence qu’il y a entre elle et Madame Du Deffand, qui fut aussi du xviiie  siècle, et même qui en fut l’expression la plus concentrée et la plus complète, mais qui, du moins, eut la tête et le cœur plus haut que ce temps.

762. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Ce genre de poésie que M. de Lamartine inaugura en France par son poème de Jocelyn existe depuis longtemps en Angleterre, pays du roman sous toutes les formes, et il exige une expression d’autant plus idéale et plus puissante, que les faits qu’il retrace, les sentiments et les habitudes qu’il reproduit sont plus près de nous. Quand on n’a pas les lointains de la perspective, il faut le double de l’expression.

763. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

Quoique très-lyrique d’expression et d’élan, le poète des Fleurs du mal est, au fond, un poète dramatique. […] Shakespeare et Molière n’ont pas chicané non plus avec le détail révoltant et l’expression quand ils ont peint l’un, son Iago, l’autre, son Tartufe.

764. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

En effet, ils sont comme cela trois ou quatre en France, à peu près, qui y sont regardés sérieusement comme impeccables, et sur lesquels le pays le moins disposé de sa nature au respect, le pays qui fait le plus de révolutions et gamine le plus contre ses gouvernements, n’entend pas que l’on dise un seul mot qui ne soit l’expression d’un hommage… Depuis longtemps M.  […] Annoncé il y a trente ans et pendant les années qui suivirent, commencé, abandonné, repris, le Capitaine Fracasse ne semble avoir été achevé par son auteur que pour n’en pas avoir le démenti, comme dit l’expression populaire.

765. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Toutes ces sortes d’idées que nous avons vues, tout cet ensemble de sentiments, toutes ces expressions rares prennent leurs racines dans des choses anciennes que la foule n’exprime pas, mais qu’elle sent aussi bien que nous.‌ […] Je les prie de trouver ici l’expression de ma gratitude.

766. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

Cette grâce, cette expression douce et légère qui embellit en paraissant se cacher, qui donne tant de mérite aux ouvrages et qu’on définit si peu ; ce charme qui est nécessaire à l’écrivain comme au statuaire et au peintre ; qu’Homère et Anacréon eurent parmi les poètes grecs, Apelle et Praxitèle parmi les artistes ; que Virgile eut chez les Romains, et Horace dans ses odes voluptueuses, et qu’on ne trouva presque point ailleurs ; que l’Arioste posséda peut-être plus que le Tasse ; que Michel-Ange ne connut jamais, et qui versa toutes ses faveurs sur Raphaël et le Corrège ; que, sous Louis XIV, La Fontaine presque seul eut dans ses vers (car Racine connut moins la grâce que la beauté) ; dont aucun de nos écrivains en prose ne se douta, excepté Fénelon, et à laquelle nos usages, nos mœurs, notre langue, notre climat même se refusent peut-être, parce qu’ils ne peuvent nous donner, ni cette sensibilité tendre et pure qui la fait naître, ni cet instrument facile et souple qui la peut rendre ; enfin cette grâce, ce don si rare et qu’on ne sent même qu’avec des organes si déliés et si fins, était le mérite dominant des écrits de Xénophon. […] Depuis peu de temps la grâce avait introduit dans les ouvrages des artistes ces formes douces et arrondies, et cette expression de la nature, qui plaît dès qu’on peut la connaître.

767. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

L’histoire de la littérature française pendant la Restauration offre donc un double intérêt, soit qu’on l’envisage purement et simplement comme l’expression de l’esprit français pendant cette période, soit qu’on y cherche en partie l’explication des événements contemporains. […] La passion est dans l’expression, mais elle ne trouble ni la clairvoyance du regard ni la droiture du jugement. […] L’auteur soulève ici de formidables problèmes, qu’il résoudra plus tard dans un livre où toutes ses idées reçoivent leur dernière expression, et que nous retrouverons en entrant dans la littérature de la restauration. […] Le créateur de toutes choses est le seul, en effet, qui ait posé ces lois fondamentales que Montesquieu a appelées les rapports des choses, et dont les lois écrites ne sont que l’expression. […] Il écrivait en vers, parce que sa nature l’y portait ; ses expressions et ses images étaient chrétiennes, parce que sa pensée était chrétienne comme son éducation.

768. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Je demande pardon pour ces affreuses expressions, mais si l’on veut bien se souvenir des récents travaux de M.  […] Il y avait même ce qui est le signe de l’écrivain, je veux dire : l’Expression. […] Je ne puis m’empêcher d’être persuadé que ce mot est l’expression stricte de la simple vérité. […] Je demande pardon pour cette expression qui sera jugée peu respectueuse. […] Notre vocabulaire n’a pas de mot qui traduise exactement l’étonnante énormité de cette expression du texte sacré.

769. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 118

Ses Ouvrages, quoique surannés, sont encore recherchés aujourd'hui par ceux qui préferent le fond des choses aux agrémens du style & à la pureté de l'expression.

770. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 234-235

Parmi beaucoup d’idées & d’expressions triviales, on trouve dans les Satires du P.

771. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 292

Tout le monde convient déjà qu'il est impossible de réunir plus de connoissances, de sagacité, d'érudition, plus de force & de clarté dans l'expression, qu'il en a mis dans les Discours & les Notes qui accompagnent cette Traduction.

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