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526. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

* * * — J’ai gardé pour cette femme, à peine entrevue, je ne sais quel désir vague, et qui parfois me revient sur une note douce, et tendre. […] La voix est douce, mélancoliquement musicale, sans rien de la sonorité brutale qu’on pourrait attendre de l’encolure massive de l’homme. […] Elle se met à les relire, heureuse, et repassant ainsi toutes les joies qu’elle a eues à les recevoir : son front bombé, ses joues grassouillettes, ses yeux doux, sa bonne figure aimable, éclairés par les deux lampes. […] On vit tout entier absorbé, dans l’enchantement, le doux enivrement, la musique du jeu de ses acteurs, et la volupté de cela vous fait passer entre les épaules de petits frissons agréables. Puis, quand c’est fini, la répétition vous reste encore dans la tête, dans les oreilles, au cœur, comme une douce émotion mourante.

527. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gaubert, Ernest (1880-1945) »

Et je détache, avec plaisir, des Poèmes de légende et d’amour, ces quelques vers : Et notre barque, aux flots menteurs de l’Avenir, Sous le ciel fastueux connue un dais de parade, Flottera, s’attardant et lente, vers la rade Où s’égrènent les chansons grêles des cigales, Où l’ombre des palmiers frêles, sur l’eau tranquille, Tisse au soir glorieux un manteau de silence Comme un rêve d’amour épandu sur les lies, Plein d’un chant nostalgique et doux de fiancées Dont les ailes du soir ont pris la douceur blanche.

528. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « À mes élèves de l’université de Lausanne »

En souvenir et en reconnaissance de cette constante harmonie qui m’a rendu facile et douce la carrière de professeur en pays étranger, j’ai voulu laisser à ceux et à celles dont je fus le maître un instrument de travail que j’eusse éprouvé par un long usage et qui leur permit de se passer de moi.

529. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 360

« Plans simples, & presque toujours pris dans le cœur du sujet ; style facile, uni, coulant, assez concis, mais sans sécheresse, plus délicat que recherché, ne s’élevant qu’avec les choses qu’il traite, en n’ empruntant jamais sa force que de l’énergie même des objets ; & coloris, en général, aussi doux qu’égal : voilà, dit M. de Querlon, l’idée que nous donnerions de son genre. » Nous adoptons cette idée avec d’autant plus de confiance, qu’elle est conforme à la vérité, & que le Journaliste a prononcé ce jugement après la mort de l’Auteur.

530. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Et, dans les deux entrevues avec Chimène, comme il a été doux, caressant, enveloppant ! […] Que ta voix est douce et que tes yeux sont tendres ! […] Cet adolescent si tendre et si doux, j’ai beau faire, je trouve sa conduite avec Ophélie absolument odieuse. […] elle n’est point d’une âme douce, ni faible, ni hésitante. […] Elle s’en veut d’avoir suivi le bel étranger aux douces paroles, l’élégant et paresseux jeune homme à la beauté de femme.

531. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Cette douce sensation lui fit mal, la navra comme une ironie. […] Très pâle, avec un peu de sang sur la tempe elle était encore jolie, si douce ! […] C’est l’hiémale nuit et ses buées et leurs doux comas. […] C’est l’hiémale nuit et ses buées et leurs doux comas. […] Le remords est doux auprès de ce que je ressentais.

532. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

S’il est beau de se vaincre, il est doux d’être heureux… L’éclat de deux beaux yeux adoucit bien un crime : Aux regards des amants tout paraît légitime… Je ne me connais plus et ne suis plus qu’amant ; Tout mon devoir s’oublie aux yeux de ce que j’aime. […] Il laissa la tragédie politique, la psychologie des sentiments médiocres et des caractères froids ; mais il chassa de la scène la fade galanterie On lui a reproché d’avoir modernisé tous ses sujets, et l’on n’a voulu voir en lui que le peintre des moeurs de cour, affinées et polies : il est vrai que quelques-uns de ses jeunes premiers, Xipharès ou Bajazet, Tendres, galants, doux et discrets, ont un peu l’air de courtisans français, très idéalisés. […] Voyez ses jeunes filles, sœurs peut-être, non pas doubles les unes des autres : Junie, pitoyable et protectrice, Iphigénie, douce et fière, Hermione, naïve, abandonnée, emportée ; Monime, pudique, résolue, soucieuse de son devoir, de son honneur, de sa dignité, ferme dans sa volonté comme une héroïne cornélienne, sans raideur pourtant, et toute tendre et gracieuse ; Eriphyle, enfin, déprimée par la misère, envieuse, ingrate, une amoureuse qui avilit l’amour. […] Esther est une élégie pieuse, aimable et un peu enfantine, avec son fantoche de sultan et son épouvantail de ministre : mais le vieux Juif Mardochée, la douce dévote.

533. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Répudions seulement l’Inintelligible, ce charlatan, et souscrivons une pension de retraite au Dilettantisme, ce doux maniaque. […] Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! […] Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme des hautbois, verts comme des prairies, Et d’autres corrompus, riches et triomphants, Ayant l’expansion des choses infinies, Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens, Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. […] Quant à Rutebœuf, souffrez que je m’étonne de votre indifférence : «  Je ne parle pas de Rutebœuf, dites-vous, que je n’ai guère pratiqué. » Il me semblait cependant que le « doux trouvère » avait droit à l’estime de tout bon poète.

534. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Coeffeteau, plus bel esprit, plus adonné aux lettres profanes, écrivait une histoire de Rome sous les empereurs, d’un style doux, coulant, précis, non moins nouveau que la modération théologique de Duperron. […] On avait reconnu un état de l’esprit meilleur que la curiosité, cet appétit un peu grossier, qui se jette sur toute sorte de nourriture ; meilleur que le doute, qui, après avoir été si doux, devient insupportable, à mesure que la curiosité s’affaiblit. […] Mais cette première image charmait les esprits ; chacun, pour parler comme Sirmond, aimait cette douce violence que nous font les ouvrages écrits par un auteur persuadé. […] Aussi voit-on sans mauvaise humeur l’infatuation de Balzac écrivant d‘un de ses critiques : « Un d’eux ne pouvant souffrir cet éclat, je ne sais lequel, qui me rend plus visible que je ne veux, et cette réputation incommode que je changerais de bon cœur avec le repos de ceux qui ne sont connus de personne, a entrepris de parler plus haut que la renommée et d’obliger tout un royaume de se dédire. » Et plus loin : « Il m’est pourtant bien doux de recevoir aujourd’hui, avec vos prières, celles de la moitié de la France10. » Bayle cite l’anecdote de cet homme qui lui demandait des nouvelles de messieurs ses livres.

535. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Les poissons du lac Baïkal ont mis, dit-on, des milliers d’années à devenir poissons d’eau douce après avoir été poissons d’eau de mer. […] Je serais assez aise d’avoir le droit de vie et de mort, pour ne pas en user, et j’aimerais fort à posséder des esclaves, pour être extrêmement doux avec eux et m’en faire adorer. […] Mon expérience de la vie a donc été fort douce, et je ne crois pas qu’il y ait eu, dans la mesure de conscience que comporte maintenant notre planète, beaucoup d’êtres plus heureux que moi. […] Et maintenant je ne demande plus au bon génie qui m’a tant de fois guidé, conseillé, consolé, qu’une mort douce et subite, pour l’heure qui m’est fixée, proche ou lointaine.

536. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Là-dedans, Monselet, Scholl, Audebrand, Busquet, le doux poète à lunettes et à manchettes bouillonnées, et des femmes en cheveux du quartier, et d’amusants déclassés comme ce Bourgogne, à la laideur d’un Mirabeau, avec une fièvre pétillante d’esprit dans les yeux, et qui vous dit : « Moi, je suis un plumitif, on ne me demande que de l’exactitude et de la paresse !  […] Il faut quelqu’un qui puisse faire cela pour les presbytères et les châteaux. » M. de Montalembert a de longs cheveux gris et plats, une face pleine, des traits de vieil enfant, un sourire dormant, des yeux profonds mais sans éclairs, une voix nasillarde et manquant de mordant, une amabilité douce et reposée, une caresse féminine des manières et de la poignée de main, une robe de chambre cléricale. […] Et moi en pantalon à pieds, je lui tends d’abord doux gros souliers de chasse avec une livre de boue à chaque… Vous concevez le nez qu’elle a fait, ma bourgeoise. […] Cette Histoire de la société française pendant le Directoire, où nous avons mis tous les moxas, vendue à 500… Après la douce existence de Gisors, une vie de tracas, de courses vaines et déçues, de pensées de découragement.

537. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gayda, Joseph »

Paul Bourget et à qui on pardonne tout, même d’avoir fait souffrir un poète : Édel, je vois en toi, Danoise aux yeux si doux, Cette amante qu’en rêve on adore à genoux, Devant qui le désir reste muet et grave, Tant du plus chaste amour on craint de la meurtrir, Et qui semble une fleur exotique et suave Qu’on n’ose point toucher, de peur de la flétrir.

538. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Des hommes de plus de soixante ans vous disaient naïvement de lui : « Mais il est bien âgé, on dit qu’il est sourd, il radotera… » Remarquez que c’étaient les plus doux qui parlaient ainsi. […] Élevé par une mère distinguée, d’un esprit philosophique et d’une grande tendresse, il la perd à l’âge de douze ans, et dès lors son éducation qui commençait sous de doux et heureux auspices est brisée.

539. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Depuis que je vieillis, et qu’une femme, un ange, Souffre sans s’émouvoir que je baise son front ; Depuis que ces doux mots que l’amour seul échange Ne sont qu’un jeu pour elle et pour moi qu’un affront ; Depuis qu’avec langueur j’assiste à la veillée Qu’enchantent son langage et son rire vermeil, Et la rose de mai sur sa joue effeuillée, Je n’aime plus la vie et j’aime le Sommeil ; Le Sommeil, ce menteur au consolant mystère, Qui déjoue à son gré les vains succès du Temps, Et sur les cheveux blancs du vieillard solitaire Épand l’or du jeune âge et les fleurs du printemps. […] La réunion était complète, on s’asseyait : c’est alors qu’il s’animait par degrés, que sa parole facile, élégante, retrouvait ses accents vibrants et doux, que le souvenir évoquait en lui les Ombres de ce passé charmant qu’il redemandait tout à l’heure au sommeil ; le conteur-poète était devant nous ; nous possédions Nodier encore une fois tout entier.

540. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Il n’y a que vingt vers ; mais ils sont parfaits de naturel et de mélodie : on dirait le doux et mélancolique regard par lequel l’homme qui a souffert répond aux caresses d’un enfant. […] Crains les maux et la torture Que mon doux Sylphe a subis.

541. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

C’était un homme du monde exquis : d’humeur toujours égale, doux, poli, souriant. […] Rien de tragique au reste dans cette âme inquiète et dans cette vie orageuse : Bayle est une figure originale de savant à la vieille mode : paisible, doux, gai, sans ambition, indifférent à la gloire littéraire, il s’enferme dans son cabinet, et ne se croit jamais malheureux, dès qu’il peut lire, écrire, imprimer en liberté.

542. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Car, d’abord, comme je l’ai dit, ce livre, où se déroule une vie humaine si douce, si unie, si exempte de catastrophes et même d’ennuis matériels, est plus triste que s’il y ruisselait des larmes et du sang. […] … Sans réflexion, sans calcul, poussé par sa nature et par l’esprit du temps, il s’est livré à ses séductions, dont il n’a pas vu le danger : c’est si facile, si doux, si distingué, de jouer avec les idées, de s’en caresser l’intelligence, d’en extraire l’essence, et, comme un riche répand sur ses mouchoirs un parfum dont le prix nourrirait des familles, d’en saupoudrer élégamment sa vie… Cependant, ces plaisirs s’émoussent comme toutes les ivresses : le Pharisien se fatigue à la fin des arcs-en-ciel qu’allument sur toutes choses les prismes de son esprit.

543. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Huysmans L’Exilée : « De douces fleurs… mouillées des larmes du sincère amour », voilà, fidèlement décrits par l’épigraphe de Shakespeare, qui les précède, les nouveaux vers de M.  […] Coppée ni large sympathie pour les petits, ni douce commisération pour les patients, et qu’il n’y a là qu’un cas de mauvaise littérature, rien de plus ni rien de moins, et que l’appréciation qu’on en peut faire relève uniquement du bon goût.

544. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

Prenez mon joug sur vos épaules ; apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes ; car mon joug est doux, et mon fardeau léger 888. » Un grand danger résultait pour l’avenir de cette morale exaltée, exprimée dans un langage hyperbolique et d’une effrayante énergie.

545. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Ce n’était plus ce doux maître du « Discours sur la montagne », n’ayant encore rencontré ni résistance ni difficulté. […] Bien des hommes avant Jésus, ou de son temps, tels que Jésus, fils de Sirach, l’un des vrais ancêtres de Jésus de Nazareth, Gamaliel, Antigone de Soco, le doux et noble Hillel surtout, avaient enseigné des doctrines religieuses beaucoup plus élevées et déjà presque évangéliques.

546. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Dans tout ce que j’ai lu de histoire littéraire et morale du xviie  siècle, je n’ai rencontré d’autres paroles attribuées à madame de Rambouillet que celles-ci : « Les esprits doux, et amateurs des belles lettres, ne trouvent jamais leur compte à la campagne26. » Aucune biographie, même la plus riche eu noms inconnus et dignes de l’être, n’a trouvé de quoi faire un article de qu’être lignes sur cette femme dont la maison fut si célèbre : preuve incontestable qu’elle n’a jamais fait parler d’elle. […] Le commerce des paroles doit être leur plus douce occupation.

547. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Si au contraire, dit-il, le pigeon voyageur n’eût pas essuyé de dangers, mais qu’il eût trouvé les plaisirs insipides loin de son ami, et qu’il eût été rappelé près de lui par le seul besoin de le revoir, tout m’aurait ramené à cette seule idée, que la présence d’un ami est le plus doux des plaisirs. […] Remarquons pourtant ce vers charmant : Gâtait jusqu’aux boutons, douce et frêle espérance….

548. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

Que dire de cette véritable déportation de Joseph de Maistre, dans une cour où ce supplicié de par son maître ne se débattait pas, ne criait pas, mais restait digne et doux, — un de ces doux à qui, disent les livres saints, la terre appartient, — et qui, en attendant la terre qu’il n’eut jamais, du reste, eut au moins l’estime et la faveur d’Alexandre, d’Alexandre qui avait pénétré quel homme c’était que ce Joseph de Maistre, et qui, par des procédés de grande âme, le vengea souvent des sécheresses et des ingratitudes de son roi !

549. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Je crois bien qu’il se doutait un peu qu’il était le cadet, car dans toute cette correspondance, qui est l’histoire littéraire du temps de la découverte de Joubert, il n’est pas dit un mot de ce livre, qui fit un bruit si doux quand il parut, dont la gloire fut comme mélodieuse, et qui dut le ravir, — je n’en doute pas !  […] Il y a grippé tout ce qui borne son regard, tout ce qui émousse son acier ; car il a beau ne pas avoir d’r dans son nom, ce doux Doudan, il a de l’acier dans son velours.

550. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

Sans l’honneur de l’Église indignement mis en cause par les historiens de ce temps, ce simple et doux abbé Gorini n’aurait pas songé à interrompre la plantureuse lecture de ce bréviaire qui renferme assez d’érudition pour un prêtre, et cela, afin de relever, un à un, dans les livres du dix-neuvième siècle, tous les mensonges et sophismes qui s’y étalent sous cette apparence d’impartialité, qui est l’hypocrisie de l’Histoire, quand ce n’en est pas la trahison ! II Et ce serait une intéressante page de biographie à écrire et qui éclairerait la Critique… M. l’abbé Gorini, au doux nom italien, est un prêtre de Bourg qui a passé la plus longue partie de sa jeunesse et de sa vie dans un des plus tristes pays et une des plus pauvres paroisses du département de l’Ain, si pour les prêtres qui vivent, les yeux en haut et la pensée sur l’invisible, il y avait, comme pour nous, des pays tristes et de pauvres paroisses, et si même la plus pauvre de toutes n’était pas la plus riche pour eux !

551. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Aubineau de replacer le grand mendiant chrétien dans sa véritable lumière, mais je sais bien que c’est là une raison pour moi d’en parler aux Habits noirs de l’Impiété, aux messieurs de la Libre Pensée, qui admirent Diogène pour peu qu’il soit païen, cynique et porc (mais pas d’Épicure), et qu’il crache sur les tapis d’Aristippe, mais qui ne veulent plus d’un Diogène chrétien doux et pur, et qui s’agenouille noblement devant un autel. […] Tout était plus humble et d’un geste plus doux dans Benoît Labre.

552. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

Il est dans les prix doux. […] C’est blanc, doux et mou, c’est le sucre du pauvre comme l’oie en est le faisan.

553. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Ils ont loué enfin cet amour des lettres et des arts, qui, au milieu des agitations de l’Europe qu’il ébranlait, lui fit fonder l’Académie française, dont il fut le chef ; amour des lettres qu’il avait par goût, et qu’il fit naître, dit-on, par politique, qui substitua, chez les Français, l’ambition des talents à celle des cabales, et une activité plus douce, à cette activité féroce, nourrie de factions et de crimes. […] Ce n’est point que je blâme la reconnaissance : elle est le plus doux comme le plus sacré des devoirs ; et si dans les jugements qu’elle inspire, elle peut quelquefois tromper, il faut respecter ses erreurs mêmes.

554. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 144

Ceux qui l’ont entendu plaider, assurent que ses Discours réunissoient le talent d’une éloquence mâle & vigoureuse, à cette douce chaleur de sentiment qui acheve le triomphe de la Justice & de la Vérité, en les faisant aimer de ceux même qui ont intérêt à les combattre.

555. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 61

Son Traité de l’Amitié fait sentir ce doux sentiment, le fait désirer, & prouve qu’elle avoit une ame propre à le faire naître.

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