Voici, j’imagine, de quelle façon s’est formé, dans l’esprit de M. de Balzac, ce type de la grande dame, qu’il a tant de fois reproduit sous les mêmes noms ou sous des noms différents. […] Des deux parts, c’est le même principe ou plutôt le même déni de principes agissant dans des sphères diverses et sur des natures différentes. […] Sont-ils pour des femmes différentes ? […] Jamais je n’avais mieux compris cette variété de caractères, d’esprits et d’efforts, marchant en des sentiers différents et concourant au même but. […] Peut-être, si les femmes écrivaient cette histoire, y aurait-il une distribution un peu différente dans l’excuse ou dans le blâme : mais les femmes ne l’écrivent pas ; c’est M.
Les tendances sont diverses ; les théories, et aussi les pratiques, sont contradictoires ; les auteurs semblent être, à la même date, de différents temps. […] Et si j’étais à la hauteur de ma tâche, vous éprouveriez que ces deux spectacles si différents ont autant d’intérêt l’un que l’autre. […] Ils sont des sots d’une manière trop différente de celle dont nous avons coutume de l’être. […] France, qui a tâté beaucoup de gués différents jusqu’à cette heure, est sur sa voie véritable. […] J’en sais qui, par réaction, donnaient dans des ouvrages d’un genre et d’un art encore inférieurs, mais qui avaient au moins le mérite d’être différents.
Colardeau, sont des ouvrages tout à fait différents de l’ouvrage anglais. […] Du moins les trois différents niveaux de terrain, marqués si régulièrement depuis les plaines de la Pensylvanie jusqu’aux savanes des Florides, semblent indiquer que ce sol fut à différentes époques couvert et puis abandonné par les eaux. […] Les coureurs de bois qui font le commerce de pelleteries, profitent de ces terrains à demi défrichés par la mort, pour y semer en passant différentes sortes de graines. […] Ossian a peint avec des couleurs différentes, mais qui ont aussi beaucoup de charmes, une jeune femme morte loin de son pays, dans une terre étrangère. […] Comme il n’a pas rempli les différentes époques de sa vie, il ressent toujours au-dedans de lui-même quelque chose d’imparfait qui ne s’achèvera pas.
La composition des deux publics est-elle si différente ? […] Les différents dieux avaient aussi leurs signes distinctifs. […] Mithridate est, pour moi du moins, tout différent à la scène de ce qu’il est à la lecture. […] Ils ont été d’avis différents, comme toujours. […] Tout le théâtre de son temps confluait à lui, et il en tirait un théâtre multiforme, infiniment varié, quelquefois très suranné et quelquefois très hardi, selon les provenances et selon le ton différent qu’il savait mettre aux provenances différentes.
Il avait ébauché un plan, proposé un ordre pour la diversité capricieuse et le décousu de pièces d’étendue si inégale, de sujets si différents. […] Thiers en disant qu’il était d’une humeur toute différente. […] Ses opinions politiques, fort différentes de mes sentiments, marquaient de leur teinte tout ce qu’il disait ou écrivait, et ne lui donnaient guère le désir de visiter un ancien sénateur du second Empire. […] Ce n’est pas dans la vie de l’homme de bien quelque chose de différent, ni de nouveau, c’est une suite. […] S’ils en prenaient deux d’opinion différente, ils pourraient en faire courtoisement l’échange et peut-être y prendre quelque goût d’impartialité.
Et il serait difficile de concevoir un état en apparence plus différent de l’état actuel. […] Nous devons aimer les lettrés belges comme des demi-frères, chez lesquels un sang différent du nôtre a donné des qualités qui nous manquent. […] Et alors, pouvez-vous justifier les fortunes si différentes de ces deux mouvements littéraires à l’égard des poètes belges ? […] Il vécut à Londres, à Dresde, à Munich, à Rome, à Florence (sans parler des fugues en France), observa les différentes civilisations et s’enrichit à leur contact. […] Quoi que valent ces différentes œuvres, on accordera toujours plus d’importance aux petits drames du début.
Jouissons-en, et pour cela mettons-nous à la place de ceux qui l’ont inventée ; mettons-nous-y tout à fait ; ce ne sera point assez de représenter, comme les romanciers et les dramatistes précédents, des mœurs modernes et nationales sous des noms étrangers et antiques ; peignons les sentiments des autres siècles et des autres races avec leurs traits propres, si différents que ces traits soient des nôtres et si déplaisants qu’ils soient pour notre goût. […] Parmi de telles exigences, comment reproduire des morales et des religions différentes ? […] Par-dessous l’amateur du moyen âge, on découvre d’abord l’Écossais avisé, observateur attentif, dont la sagacité s’est aiguisée par le maniement de la procédure, bon homme d’ailleurs, accommodant et gai, comme il convient au caractère national, si différent du caractère anglais. « Bon Dieu, dit un de ses camarades d’excursions, quel fonds il avait de belle humeur et de plaisanteries ! […] Représentez-vous un pareil homme en face de la vie et du monde ; il les regarde et il y prend part, en apparence comme un autre ; mais au fond qu’il est différent ! […] Vous nous lisez pour emporter des émotions, non des phrases ; vous venez chercher chez nous une culture morale, et non de jolies façons de parler. — Et là-dessus Wordsworth, classant ses poëmes suivant les diverses facultés de l’homme et les différents âges de la vie, entreprend de nous conduire, par tous les compartiments et tous les degrés de l’éducation intérieure, jusqu’aux convictions et aux sentiments qu’il a lui-même atteints.
Petits esprits, je n’aime pas qu’on dise cela des autres, surtout quand ces autres composent toute une classe et un groupe naturel : c’est une manière trop abrégée et trop commode d’indiquer qu’on est soi-même d’un groupe différent. […] Mais Renaudot n’était pas facile à émouvoir sur ce point ; il croyait à l’utilité de ses diverses innovations et de ses établissements, à celle de sa Gazette entre autres, et il s’en faisait gloire : Mon introduction des Gazettes en France, écrivait-il en 1641, contre lesquelles l’ignorance et l’orgueil, vos qualités inséparables, vous font user de plus de mépris, est une des inventions de laquelle j’aurais plus de sujet de me glorifier si j’étais capable de quelque vanité… ; et ma modestie est désormais plus empêchée à récuser l’applaudissement presque universel de ceux qui s’étonnent que mon style ait pu suffire à tant écrire à tout le monde déjà par l’espace de dix ans, le plus souvent du soir au matin, et des matières si différentes et si épineuses comme est l’histoire de ce qui se passe au même temps que je l’écris, que je n’ai été autrefois en peine de me défendre du blâme auquel toutes les nouveautés sont sujettes.
Ainsi, par des voies différentes, nous arrivons à connaître plus entièrement et plus commodément La Boétie, et nous apprenons sur son compte tout ce qu’on en peut savoir. […] Mais il y a mieux, il y a cette sorte d’amitié dont La Bruyère a parlé quand il a dit : L’amitié peut subsister entre des gens de différents sexes, exempte même de toute grossièreté.
Il est jusqu’à un certain point le précurseur de De Maistre, mais dans un esprit et avec un souffle assez différent. […] Plus tard, Saint-Martin se ressouvenait d’avoir été proposé à ces fonctions si différentes, un jour qu’il montait sa garde, au printemps de 1794, au pied de la tour du Temple où était renfermé le royal enfant.
M. de Paulmy, ce noble amateur de livres, dont aucun homme de lettres ne doit parler qu’avec estime et respect, avait des qualités assez différentes de celles de son père : spirituel, sage, discret, insinuant, avec une nuance de douceur que le père, dans sa rudesse, appelait doucereuse. […] [NdA] Une fois cependant les goûts de race et d’antique noblesse semblent lui revenir, et il écrit vers la date de 1750, sous ce titre : Gradation pour vivre noblement : J’aimerais à l’imitation des Anglais, à vivre ainsi graduellement en ces différents postes : À la ville ne vivre qu’en bourgeois aisé ; petite maison bourgeoise, mais commode, et d’une grande propreté au dedans ; chère bonne et propre ; quelques amis seulement le fréquentant.
Les généraux d’état-major savants et modestes qu’il consultait n’étaient pas hommes à prendre l’initiative de semblables conseils, et à inaugurer cette stratégie supérieure qui combine les mouvements des différentes armées et qui leur imprime de l’unité ; M. de Chamlay n’était pas un Carnot. […] Cette partie des Mémoires qui traite de la guerre des Cévennes est très intéressante : Villars divise les camisards en différentes catégories, ainsi que les catholiques eux-mêmes.
Ce qui manque à l’abbé de Pons comme à La Motte, dans l’émancipation littéraire qu’ils tentent, c’est une connaissance, une comparaison directe et plus variée des littératures et des poésies, l’habitude de se placer à des points de vue historiques différents, la faculté de s’éloigner tant soit peu de leur quai et de leur Louvre, en un mot ce qui fait et achève l’éducation du goût. […] Ces riches rameaux des langues, venus et mûris sous tant de soleils, ont eu naturellement des fruits différents, et quelques-uns ont porté des fruits d’or.
Ainsi, en France, avons-nous vu, à des degrés différents, Nicole pour Arnauld, l’abbé de Langeron ou le chevalier de Ramsai pour Fénelon ; ainsi eût été Deleyre pour Rousseau, si celui-ci avait permis qu’on l’approchât. […] Il était toujours le même et toujours différent.
Ce personnage original et unique, en un temps où il y en a si peu de parfaitement entiers, était, comme on sait, sorti de souche janséniste ou plutôt d’une famille imbue des principes et des maximes de Port-Royal, ce qui est, à mes yeux, un peu différent ; c’était, en un mot, de la sévérité morale chrétienne plutôt encore que de la théologie qui l’avait environné et nourri dès l’enfance, et il n’avait eu sous les yeux que l’exemple des justes dans son petit pays de Sompuis en Champagne, où, par hasard, la bonne et forte semence du pur Port-Royal était allée tomber. […] Royer-Collard que j’entends parler en ce moment) ne sont pas les meilleurs conseillers, tant s’en faut, dans les situations critiques, et ils l’ont bien prouvé à des reprises différentes.
Combien j’aime, au contraire, ces esprits aimables et sensés, qui, ayant pratiqué un art par eux-mêmes et en sachant les difficultés et tous les périls, sont modestes et mesurés quand ils entreprennent de juger, dans un art voisin et différent, leurs confrères, leurs supérieurs ou leurs semblables ! […] Certes, j’étais loin de m’attendre à des sensations si différentes dans un si court espace de temps, et cependant je n’étais pas au bout.
A peine une émotion passée, une autre toute différente commence. […] Cette idée le reprit vivement dans son voyage de Syrie, et en repassant sur ses impressions anciennes et récentes, il écrivait d’un accent de conviction qui portait avec lui une certaine éloquence : « Damas (janvier 1840). — J’ai passé une bonne journée, car j’ai vu beaucoup de choses, et beaucoup de choses différentes qui, malgré cela, en se réunissant dans ma tête, deviennent homogènes par le but auquel je me rattache sans cesse, celui de voir partout de la peinture.
C’était un beau spectacle que cette sortie et bien différente de la rentrée de l’escadre de Quiberon. — Point d’embarras ni de lenteur dans l’appareillement. […] Il disait en juin 1795, désavouant en partie la rigueur de ses premières opinions : « Je voyais alors la France sous un point de vue différent de celui où je la vois aujourd’hui. » 34.
« Le soussigné a servi dans ces différents grades pendant les campagnes de 1799 et 1800, en qualité d’adjoint au ministre de la guerre et à l’état-major général. […] Je n’ai fait dans la page qu’on vient de lire, et en général je ne ferai que résumer les jugements et emprunter les expressions mêmes de Joinini dans ses différents ouvrages.
Le chapitre IV de l’introduction (Coup d’œil sur la constitution des différentes armées européennes à l’époque de la déclaration de guerre en 1792) est tel que Jomini seul pouvait l’écrire. […] Si différents que soient ces termes (tome IV, p. 368) de ceux qu’on a lus dans la Correspondance impériale, il n’est pas impossible qu’en dernier lieu Napoléon n’ait en effet porté sur lui un jugement qui se rapprochait de celui-là.
Fauriel, on trouverait lieu de noter au moins des nuances de systèmes et des traces de direction assez différentes. […] Plus la forme était différente et plus le terrain des deux sujets éloigné, plus aussi la noble lutte avait tout son jeu.
De bonne heure il avait pu voir la vie sous ses différents aspects ; il savait déjà le monde, et dans les lettres, dès qu’il y appliquerait son regard, il devait chercher de l’étendue et un libre horizon. […] Selon M. de Gingins, cette querelle compliquée des Suisses contre le duc Charles ne saurait se justifier au point de vue national, ni dans ses préliminaires, ni dans ses différentes phases.
Toutes deux étaient arrivées en quelques mois, par des routes différentes, au même souterrain, pour marcher de là au même échafaud : l’une, tombée du trône sous l’effort de l’autre ; l’autre, montée aux premiers honneurs de la république, et précipitée, à son tour, à côté de sa propre victime. […] Il ne doit point y avoir de jugement d’ensemble sur un champ de bataille couvert de morts, combattants, victimes ou assassins, dont chacun a sa cause, son drapeau, sa foi, sa vertu, son excuse, son crime à part et différents.
Ajoutons même que les principes sur lesquels il fonda son œuvre personnelle agirent en dehors de cette œuvre même et reçurent des applications fort différentes. […] Quoi de plus différent que Mallarmé et Verlaine ?
Plusieurs hommes dévoués aux travaux de l’esprit s’imposent journellement un nombre d’heures d’exercices hygiéniques, quelquefois assez peu différents de ceux que les ouvriers accomplissent par besoin, ce qui, apparemment, ne les abrutit pas 181. […] Ainsi l’esprit, à ses différentes époques, est comme garni d’un assortiment divers de choses, et cela, joint aux modifications intimes de son être, fait la diversité de ses aspects.
. — On voit assez quel caractère différent prennent tous les genres littéraires, suivant que l’époque est religieuse ou antireligieuse. […] Ce qu’il importerait surtout de connaître, c’est l’importance relative des différents groupes.
Et en même temps il ne considère pas dans tout ce qui nous environne ce qui s’y trouve d’éternellement changeant ; il se plaît au contraire à y rechercher ce qu’il y a d’immuable dans les lois qui régissent les rapports des différents êtres entre eux. […] Les exceptions que nous avons constatées, chemin faisant, les rapports que nous avons établis avec ce qui précède ou ce qui suit, nous font aussi discerner différents groupes d’esprits.
Sa conclusion, qu’elle ne donne encore qu’avec réserve (car en telle matière qui touche la diversité des esprits, il ne saurait y avoir de loi universelle), sa conclusion, dis-je, est qu’en demandant plus de savoir aux femmes qu’elles n’en ont, elle ne veut pourtant jamais qu’elles agissent ni qu’elles parlent en savantes : Je veux donc bien qu’on puisse dire d’une personne de mon sexe qu’elle sait cent choses dont elle ne se vante pas, qu’elle a l’esprit fort éclairé, qu’elle connaît finement les beaux ouvrages, qu’elle parle bien, qu’elle écrit juste et qu’elle sait le monde ; mais je ne veux pas qu’on puisse dire d’elle : C’est une femme savante ; car ces deux caractères sont si différents, qu’ils ne se ressemblent même point. […] Tout ce chapitre « De la conversation » est très bien observé ; et, après avoir parcouru les différents défauts d’une conversation, Cilénie ou Valérie, ou plutôt l’auteur, dans un résumé qui n’a d’inconvénient que d’être trop exact et trop méthodique, conclut que, pour ne pas être ennuyeuse, pour être à la fois belle et raisonnable, la conversation doit ne point se borner à un seul objet, mais se former un peu du tout : Je conçois, dit-elle, qu’à en parler en général, elle doit être plus souvent de choses ordinaires et galantes que de grandes choses : mais je conçois pourtant qu’il n’est rien qui n’y puisse entrer ; qu’elle doit être libre et diversifiée selon les temps, les lieux et les personnes avec qui l’on est ; et que le secret est de parler toujours noblement des choses basses, assez simplement des choses élevées, et fort galamment des choses galantes, sans empressement et sans affectation.
Voulant définir, par exemple, les gens sans unité dans leur caractère et dans leur sensibilité, et qui se dispersent çà et là comme s’ils avaient plusieurs âmes différentes, elle dira « qu’ils ressemblent aux écrevisses à qui l’on peut couper une patte sans qu’il y paraisse quelques jours après, parce qu’elles ont plusieurs centres de sensibilité ». […] Mais bientôt son parti est pris, et les ressources de l’âge mûr sont toutes préparées : Ayant eu des goûts extrêmement différents, dans ma jeunesse, de ceux qui m’occupent à présent, j’ai peu senti les inconvénients du passage ; il s’est fait par nuances, et j’ai toujours trouvé des remplacements.
Le sixième livre de ses Mémoires, qui nous fait parcourir en détail les différents cercles du xviiie siècle et qui nous en montre un à un tous les principaux personnages, est historiquement des plus curieux à consulter pour l’histoire des mœurs et de la société française. […] Il serait injuste de renfermer tout Marmontel (hors des Mémoires) dans ses articles de critique, et de n’y pas joindre, dans un genre tout différent, un très petit nombre de Contes moraux où il fait preuve d’invention et d’une spirituelle analyse.