J’étais déjà prématurément connu littérairement alors ; elle était illustre par son rang, ses malheurs, son goût pour les lettres, son talent pour la musique ; elle voulait me voir ; elle me fit témoigner le désir de me rencontrer, comme par hasard, dans une allée des Cascines, où j’avais l’habitude de me promener à cheval ; elle m’assigna plusieurs fois la place et l’heure. […] Nos hôtes ajoutèrent, à cette exquise politesse, l’envoi de la moitié de leur souper ; mais les frontières furent fidèlement respectées de part et d’autre, et, malgré le désir de nous voir plus intimement à cette hauteur, au-dessus des petites convenances diplomatiques, nous ne franchîmes, ni l’un ni l’autre, la palissade de branches de châtaignier qui séparait le fenil du châlet. […] Cette liaison, je vous le répète, ne peut que m’élever l’âme et me donner le désir de me maintenir dans le sentier de la vertu.
Je n’ai qu’un désir, je ne forme qu’un vœu : c’est que vous veniez vite me faire supporter l’absence au-delà des monts. […] Tâchez donc de me faire revenir à Paris. » On voit par la vicissitude de ses désirs qu’il s’est retourné toute sa vie dans son lit de gloire, d’ambition, de cours et de fêtes, sans trouver, comme on dit, une bonne place. […] Vous me jugez mal ; vous ne me croyez peut-être pas sincère dans mon désir de tout quitter et de mourir dans un gîte oublié : vous auriez tort.
Involontairement mes yeux suivaient leurs mouvements ; mais, croyant reconnaître en eux un profond désir de faire de moi leur confident et leur ami, je me relâchai peu à peu de ma défiance, et finis par mettre de côté tout soupçon. […] À peine étais-je de retour à Louisville, qu’un violent ouragan mêlé de tonnerre passa sur la ville, et je pensai que la précipitation des hirondelles avait eu pour cause leur inquiétude et le désir d’éviter l’orage. […] C’est ainsi que les prétendants témoignent à leur belle le désir de lui plaire et de l’amuser.
L’impuissance même du prédicateur à contenter notre raisonnement ajoute à cette épouvante ; voilà notre cœur touché d’une inquiétude qui ne doit pas finir, et si la foi nous manque, nous avons du moins ce doute mêlé d’humilité, qui ne s’opiniâtre point et qu’accompagne le sincère désir de croire. […] Il n’est ni agité du désir de trop prouver, ni inquiet de prouver trop peu. […] Le bel esprit trouve à s’y mêler, et ses vaines fleurs, semées parmi tant de pieuses invectives, montrent que le désir de corriger l’auditoire ne fait pas négliger à l’orateur le soin de lui plaire73.
C’est comme un affolement de désir et d’espoir (p. 173) suivi d’une chute terrible et irrémissible. […] Au lieu de désir et d’espoir, nous voyons une brûlante convoitise ; au lieu d’un effondrement, une sorte de foudroiement. […] Une traduction littérale serait peut-être : « Du très saint Amour la plus puissante contrainte, du désir d’Amour la douloureuse (ou mortifiante, blessante) contrainte. — Ici, M.
En dernier lieu, sur une grosseur développée à la base interne de l’index, il a perçu chez moi, et très développé, le désir de me faire connaître. […] Elle n’a nul besoin d’impressionner, nul désir de toucher, nulle ambition d’occuper un homme. […] » * * * — Le commerce est l’art d’abuser du besoin ou du désir, que quelqu’un a de quelque chose.
La seconde journée commence et menace de finir comme la première, avec, au fond de l’artiste, un commencement de lâcheté et un vague désir de revenir chez son père. […] ……………………………………………………………………………………………………… Des vers de Molière, la conversation, remonte à Aristophane, et Tourguéneff, laissant éclater tout son enthousiasme pour ce père du rire, et pour cette faculté qu’il place si haut, et qu’il n’accorde qu’à deux ou trois hommes dans l’humanité, s’écrie avec des lèvres humides de désir : « Pensez-vous, si l’on retrouvait la pièce perdue de Cratinus, la pièce jugée supérieure à celle d’Aristophane, la pièce considérée par les Grecs comme le chef-d’œuvre du comique, enfin la pièce de La Bouteille, faite par ce vieil ivrogne d’Athènes… pour moi, je ne sais pas ce que je donnerais… non je ne sais pas, je crois bien que je donnerais tout. » Au sortir de table, Théo s’affale sur un divan, en disant : « Au fond, rien ne m’intéresse plus… il me semble que je ne suis plus un contemporain… je suis tout disposé à parler de moi, à la troisième personne, avec les aoristes des prétérits trépassés… j’ai comme le sentiment d’être déjà mort… — Moi, reprend Tourguéneff, c’est un autre sentiment… Vous savez, quelquefois, il y a, dans un appartement une imperceptible odeur de musc, qu’on ne peut chasser, faire disparaître… Eh bien, il y a, autour de moi, comme une odeur de mort, de néant, de dissolution. » Il ajoute, après un silence : « L’explication de cela, je crois la trouver dans un fait, dans l’impuissance maintenant absolue d’aimer, je n’en suis plus capable, alors vous comprenez… c’est la mort. » Et comme, Flaubert et moi, contestons pour des lettrés, l’importance de l’amour, le romancier russe s’écrie, dans un geste qui laisse tomber ses bras à terre : « Moi, ma vie est saturée de féminilité. […] Il me parle, s’il lui était donné de vivre, et non de végéter, du désir de faire quelque chose se passant à Venise, avant la révolution.
Ils combattent leur répulsion par des cadeaux, et triomphent à la longue de l’antipathie de ces pauvres et faibles créatures, en développant et encourageant chez elles, des désirs de cocottes qu’ils satisfont, à l’instar des riches entreteneurs. […] Autrefois un désir, une ambition, une espérance me sortaient, un jour, violemment de cet état d’âme. […] Pierre Gavarni me raconte qu’il a vendu mille francs ses aquarelles du salon, me montre des croquis de la vie élégante parisienne, qu’il est en train d’exécuter pour un journal, qui doit de se fonder, me parle avec une certaine fièvre de son désir de faire de l’eau-forte.
Remarquons d’ailleurs que la vengeance est une conséquence logique de la vanité blessée, et la disproportion du désir de vengeance qu’on remarque chez les criminels tient beaucoup à la disproportion de leur vanité. […] Car la passion est chose naturelle, trop naturelle même pour ne pas introduire un ton blessant, discordant dans le domaine de la beauté pure ; trop familière et trop violente pour ne pas scandaliser les purs désirs, les gracieuses mélancolies et les nobles désespoirs qui habitent les régions surnaturelles de la poésie… » Ce qui vaut mieux, chez Baudelaire, que cette prose alambiquée et froide, ce sont des vers comme ceux qu’il a intitulés : Elévation : Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des Par mers, delà le soleil, par-delà les éthers, Par-delà les confins des sphères étoilées, Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde, Tu sillonnes gaîment l’immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté. […] tout est abîme, — action, désir, rêve, Parole !
Quinzième enfant d’un père greffier du parlement, privé de bonne heure des soins et de l’affection de sa mère, opéré de la pierre à douze ans, nourri dans les collèges, ce dur et froid noviciat des enfants sevrés de leurs familles, jeté ensuite contre son gré dans des études de théologie et de jurisprudence dont les arguties lui répugnèrent, possesseur d’une petite fortune suffisant à la modestie de ses désirs après la mort d’un père laborieux ; sans ambition, sans intrigue, sans chaleur dans l’âme, mais non sans amitié ; amateur de tout ce qu’on appelle vertu par probité naturelle d’esprit et par ce penchant honnête qui est le bon goût de l’âme, il prit contre son siècle la plume de Caton le Censeur, et il écrivit des satires pour réformer le mauvais goût, comme, dans une autre fortune, il aurait pris la hache des licteurs pour réformer les mauvaises mœurs de sa patrie. […] Maintenant que le temps a mûri mes désirs, Que mon âge, amoureux de plus sages plaisirs, S’en va bientôt frapper à son neuvième lustre, J’aime mieux mon repos qu’une fatigue illustre. […] Ici, dans ce vallon qui borne mes désirs, J’achète à peu de frais de solides plaisirs : Tantôt, un livre en main, errant dans les prairies, J’occupe ma raison d’utiles rêveries ; Tantôt, cherchant la fin d’un vers que je construi, Je trouve au coin d’un bois le mot qui m’avait fui.
Quand l’unique pensée où s’abîme son âme Fuit et grandit sans cesse, et devant son désir Recule comme une onde, impossible à saisir ! […] Il le pouvait aussi dans la région des sentiments, témoin l’entretien de Dalti et de Portia dans les lassitudes du cœur : Portia le vit pâlir : « Ô mes seules amours, Dit-il, en toute chose il est une barrière Où, pour grand qu’on se sente, on se jette en arrière ; De quelque fol amour qu’on ait empli son cœur, Le désir est parfois moins grand que le bonheur ; Le ciel, ô ma beauté, ressemble à l’âme humaine : Il s’y trouve une sphère où l’aigle perd haleine, Où le vertige prend, où l’air devient le feu, Et l’homme doit mourir où commence le Dieu ! […] Elle avait de bonne heure épuisé les désirs, Ignorant le besoin, et jamais, sur la terre, Sinon pour l’adoucir, n’ayant vu de misère.
Il a moins de désirs que de curiosité : « Les inclinations naissantes ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l’amour est dans le changement. […] Il compare cette bête voluptueuse, qui halète de désir autour de lui, à sa petite compagne d’enfance, à la gracieuse et modeste princesse Atalide. […] La Bruyère a dit : « L’on veut faire tout le bonheur, ou, si cela se peut ainsi, tout le malheur de ce qu’on aime. » Si l’on n’aimait pas pour soi, la jalousie n’aurait pas de sens. — Maintenant, ce qui absout l’amour-passion, c’est qu’il n’est pas maître de ne point éprouver ce désir implacable et forcené, et que, lorsque ce désir est trompé, il en peut souffrir effroyablement. […] Dans le paradis primitif, c’est l’homme que le désir tourmente le premier ; il ne s’éveille chez la femme que sollicité par son compagnon. […] J’en avais cependant commencé la lecture avec un parfait détachement, sans désir d’admirer et d’être ému.
comment, toi aussi, est-ce que tu vas croire que je suis influencé et, comme Vallès, voir passer « dans mon œil noir le mot Académie et le désir d’en être ! […] Il ne pouvait voir un oiseau, un chat, un insecte, n’importe quoi de vivant, qu’il ne fût pris aussitôt du désir étrange de le détruire. […] Elle était de celles dont on ne supporte pas l’idée de rester l’ami et dont la possession devient un désir furieux, ou un amer regret qui vous suivent jusqu’à la mort. […] Ils s’étaient abordés en inconnus et se quittaient eu étrangers ; la jouissance fugitive qu’ils avaient goûtée ne leur inspirait ni le regret du départ ni le désir du retour. […] Je ne puis cependant résister au désir de citer cette page charmante de la vie intime d’Émile Littré.
n’est-ce pas là le désir toujours inassouvi de l’homme, le songe impossible que le sommeil ramène obstinément ? […] Mais en même temps que se commettait cette grande injustice, il naissait, par une loi providentielle, au fond du cœur d’un petit nombre d’hommes de bien, le désir passionné de la voir réparer. […] Le désir de réagir contre l’exagération m’a entraîné bien loin. […] Il était quelquefois saisi d’un désir si ardent de la revoir, qu’il eût tout donné, qu’il lui eût pardonné peut-être, pour entendre encore sa voix caressante et sentir sa main dans les siennes. […] Il m’a été facile d’esquisser le roman, il me serait impossible de donner une idée de la vérité et de la variété des personnages qui le peuplent, mais j’espère avoir réussi à inspirer le désir de le lire.
Le peuple immoral est celui où les femmes sont considérées comme des choses ou comme des êtres inférieurs et se sont habituées à être considérées ainsi et sont passives et s’abandonnent aux désirs avec une sorte d’inertie. […] Nous sommes le parti libéral. » Le gouvernement, pour les raisons que j’ai dites, accéda partiellement à ce désir. […] Sous Louis XIV, malgré les jansénistes et les protestants, on peut dire à la rigueur qu’il y a une unité morale, que toute la France, à très peu près, est réunie dans un même sentiment : le culte du roi et le désir d’extension du territoire. — Sous Napoléon, malgré Chateaubriand, Mme de Staël et quelques émigrés à l’extérieur ou à l’intérieur, on peut dire, à la rigueur, que la France est réunie dans un même sentiment : l’idolâtrie de l’empereur et le désir de conquêtes et de gloire. […] Il n’y avait pas là précisément incohérence et il ne faudrait pas dire que la Chambre manifesta le même jour son désir de maintenir le Concordat et de le supprimer. […] Rien ne donne force individuelle comme le désintéressement, et celui-là est une personnalité très forte qui n’est l’esclave ni du désir de posséder, ni du désir de commander personnellement, ni du désir de jouir.
Décomposer les idées, noter leurs dépendances, former leur chaîne de telle façon qu’aucun anneau ne manque et que la chaîne entière soit accrochée à quelque axiome incontestable ou à un groupe d’expériences familières prendre plaisir à forger, attacher, multiplier, éprouver tous ces chaînons sans autre motif que le désir de les sentir toujours plus nombreux et plus sûrs, voilà le don particulier de l’esprit grec. […] Être en garde contre les trop grands désirs, redouter la prospérité complète, se défendre de toute ivresse, conserver toujours la mesure, voilà le conseil que donnent tous les poëtes et tous les penseurs de la grande époque. […] La structure de leur esprit a enfermé leurs désirs et leurs efforts dans une enceinte bornée, celle que le plein soleil éclaire, et c’est dans cette arène, aussi illuminée et aussi circonscrite que leur stade, qu’il faut les voir agir. […] Le Romain conquiert pour acquérir ; il exploite les peuples vaincus comme une métairie, en homme d’administration et d’affaires, avec méthode, à demeure ; l’Athénien navigue, débarque, combat sans rien fonder, irrégulièrement, selon l’impulsion du moment, par besoin d’action, par clan d’imagination, par esprit d’entreprise, par désir de gloire, pour avoir le plaisir d’être le premier parmi les Grecs. […] Selon d’autres enfin, l’Amour étant le désir et, partant, le manque de quelque chose, est un fils de la Pauvreté, maigre, malpropre, sans chaussure, couchant à la belle étoile, mais avide du beau, et, partant, hardi, actif, industrieux, persévérant, philosophe.
Il a dans le passé, dans le souvenir des jours qu’il a vécu à Wetzlar, au sein de la famille allemande, entre Charlotte et Kestner, sa saison d’âge d’or, un cercle pur et lumineux que rien n’éclipsera : « Vous avez été pour moi jusqu’ici, écrira-t-il à Kestner des années après, l’idéal d’un homme heureux par l’ordre et par la modération des désirs. » — « J’apprends avec plaisir, lui dit-il encore, ce que vous m’écrivez de vos enfants. […] J’espère que vous en serez satisfait. » — Albert-Kestner, à qui Goethe écrivait cela, prit la nouvelle avec feu, et il revint sur son désir d’obtenir les modifications qu’il avait à cœur.
L’homme d’esprit en lui, le philosophe avait parfois quelque remords de son bonheur qui lui ôtait de la curiosité : « Ma vie est heureuse, écrivait-il pour lui seul (26 février 1825), heureuse, mais uniforme ; je n’ai presque aucun désir qui me soit personnel ; j’ai aussi peu de craintes, sauf celles qui se rapportent aux destinées du genre humain. […] Presque tous les hommes accoutumés à penser, et dont les opinions s’étaient formées avant la Révolution, appartiennent encore à l’école de Voltaire, mais ils ont aujourd’hui soixante-dix ans, et ils sont seuls : aucune des générations venues depuis n’a adopté ni leur tour d’esprit ni leurs opinions ; aucun homme, âgé de soixante ans et au-dessous, qui sache écrire, qui exerce la moindre influence, ne professe une incrédulité moqueuse ; il y a des doutes, mais du désir de se rattacher à des opinions plus relevées ; il y a un besoin de religion et de respect pour des croyances que peu de gens, cependant, peuvent adopter complètement.
Du Bellay y met en contraste l’heureux poète qui brille et fleurit en Cour de France et les trois exilés, Magny, Panjas et lui-même, qui, pour s’être attachés à d’illustres patrons, sont comme relégués et échoués au loin sur les bords du Tibre ; il faut citer tout ce sonnet, qui est d’un sentiment tendre et d’une belle imagination : Ce pendant que Magny suit son grand Avanson, Panjas son cardinal, et moi le mien encore, Et que l’espoir flatteur, qui nos beaux ans dévore, Appaste nos désirs d’un friand hameçon, Tu courtises les rois, et d’un plus heureux son Chantant l’heur de Henri, qui son siècle décore, Tu t’honores toi-même, et celui qui honore L’honneur que tu lui fais par ta docte chanson Las ! […] On prend son parti de ne pas voir en Du Bellay un prochain archevêque : il avait, malgré ses plaintes et ses désirs, un rôle plus à sa portée ; et, même disgracié du sort, même chétif et malade, même confiné dans son petit Liré, pour peu qu’il eût eu quelques années encore, il aurait su trouver assurément dans sa sensibilité et dans son talent aiguisé de souffrance quelque œuvre notable de poésie.
Ses goûts, ses mœurs, la tournure secrète de ses idées et de ses désirs ; ce qu’il était dans la maturité de l’âge et de la pensée ; sa sensibilité intarissable au sein des plus arides occupations et sous les paquets d’épreuves de l’Encyclopédie ; ses affectueux retours vers les temps d’autrefois, son amour de la ville natale, de la maison paternelle et des vordes sauvages où s’ébattait son enfance ; son vœu de retraite solitaire, de campagne avec peu d’amis, d’oisiveté entremêlée d’émotions et de lectures ; et puis, au milieu de cette société charmante, à laquelle il se laisse aller tout en la jugeant, les figures sans nombre, gracieuses ou grimaçantes, les épisodes tendres ou bouffons qui ressortent et se croisent dans ses récits ; madame d’Épinay, les boucles de cheveux pendantes, un cordon bleu au front, langoureuse en face de Grimm ; madame d’Aine en camisole, aux prises avec M. […] Ils ne s’occupent que du soin de leur équipage, du désir de commander aux compagnons de ce malheureux voyage, et de la recherche de quelque divertissement qu’ils peuvent prendre en passant.
Cela serait faux, quoique vraisemblable ; nous avions prévu son écroulement, mais avec plus d’effroi que de désir. […] Du reste, il n’avait pas le moindre désir de cette femme ravissante dont il sentait la forme contre sa poitrine.
Desportes n’est pas plus favorisé dans les Amours de Cléonice dont le dénoûment est le même ; ni dans les Amours diverses, où, parmi d’innombrables vers sur les tourments du désir, il ne s’en voit aucun sur les douceurs de l’amour partagé. […] Il fut vrai avec lui-même, vrai avec ses lecteurs ; et c’est plaisir de l’entendre parler ainsi aux Muses, dont il venait de restaurer le culte : Quand le sang bouillant en mes veines Me donnoit de jeunes désirs, Tantôt vous soupiriez mes peines, Tantôt vous chantiez mes plaisirs.
Voici, dans sa paisible solitude, largement étendue par la plaine, et muette en ses murs gris, la petite ville ; le terme ; elle, la transfigurée de nos enthousiasmes et de nos désirs, la promise, Bayreuth. […] Menez ici son cheval, à fin qu’avec moi, il suive le Grand : car partager du Héros le très sacré honneur, est le désir de mon corps.
Lorsque Lohengrin s’est offert à combattre pour la jeune fille accusée, il lui a posé une condition, une seule : « Jamais tu ne me demanderas qui je suis, ni d’où je viens. » Elsa accepte sans hésitation : mais bientôt les paroles empoisonnées d’Ortrude portent le trouble dans son cœur ; la curiosité féminine s’éveille en elle, un violent désir lui vient de mieux connaître le mystérieux étranger, de savoir le nom, l’origine du héros dont elle va être l’épouse. […] Lohengrin vient de la sereine contrée où resplendit le Gral ; il est poussé par le désir de défendre l’innocence opprimée, davantage encore peut-être par une secrète nostalgie des humaines tendresses.
Le sombre dégoût de sa race lui ôte d’ailleurs tout désir de vivre : il l’envoie, avec lui-même, aux Enfers dans un souhait forcené ; — « Les Dieux nous pressent d’en finir. Eh bien donc, vogue au gré des vents, lancée vers les flots du Cocyte, toute la race de Laios haïe d’Apollon » — La supplication des femmes persévère avec une tendre pitié. — « C’est un affreux désir qui te porte à ce meurtre fécond en fruits amers, à répandre sur la terre un sang défendu. » Mais Étéocle voit ce que le Chœur ne voit pas, l’Erynnis qui le tient et qui lui fait signe, la Malédiction qui le somme d’exécuter ce qu’elle a juré. — « Non, c’est l’Imprécation de mon père qui veut être accomplie !
Quand on les médite plein du seul désir de l’intérêt public, on est obligé à chaque page de se dire que la saine politique n’est pas la science de ce qui est, mais de ce qui doit être. […] Il les compare à des pièces de musique qui manquent de l’unité de mélodie : « Les gens de lettres ressemblent trop à la musique sans unité. » Pour lui, dans toute cette première partie de sa vie, et quand on le surprend comme je l’ai pu faire, grâce à cette masse de témoignages de sa main, dans l’intimité de sa méditation et de son intelligence, on le reconnaît et on le salue tout d’abord (indépendamment de ses erreurs) un grand harmoniste social, un esprit qui a sincèrement le désir d’améliorer l’humanité et d’en perfectionner le régime ; qui a en lui, sinon l’amour qui tient à l’âme et aux entrailles, du moins le haut et sévère enthousiasme qui brille au front de l’artiste philosophe pour la grande architecture politique et morale.
On ne peut qu’approuver ce noble désir, et nous ne sommes pas de ceux qui, par haine du christianisme, espèrent et souhaitent qu’il reste en hostilité déclarée avec les principes de la société moderne dans la pensée qu’on en aura plus aisément raison. […] J’affirme au contraire : 1° que, si les limites du monde fini sont celles de la science humaine, elles ne sont pas celles de la réalité ; 2° que l’homme porte en lui-même non-seulement des désirs et des ambitions, mais des instincts et des notions qui lui révèlent des réalités au-delà du monde fini, et que, si l’homme ne peut pas avoir la science de ces réalités, il en a la perspective ; 3° que, sous l’impulsion et le légitime empire de cette perspective, l’homme poursuit dans sa vie intellectuelle la connaissance de ces réalités, qu’il ne peut que reconnaître, comme il poursuit dans sa vie pratique la perfection morale, qu’il ne peut atteindre.
La guerre de trente ans eut pour mobile, dans les peuples, le besoin d’acquérir la liberté religieuse ; dans les princes, le désir de conserver leur indépendance politique. […] Les transports des sens, les fureurs de la jalousie, la lutte des désirs contre les remords, voilà l’amour tragique en France.
Si vous êtes tout-puissant, de plus zélés que vous, et quelquefois de plus clairvoyants, iront jusqu’à chercher dans le blanc de vos yeux pour y lire vos arrière-pensées et vos désirs ; Quand un roi veut le crime, il est vite obéi.
Bénédict, spirituel, instruit, ironique et né ennuyé comme les jeunes gens de ces dernières générations, a rapporté, à vingt-deux ans, sous le toit rural, un cœur ambitieux, mécontent, un besoin vague de passion et d’action, le dégoût de tout travail positif, des talents d’ailleurs, des idées, surtout des désirs, un sentiment très-vif et très-amer de son infériorité de condition et des ridicules de ses bons parents ; il n’épargne pas, dans son dédain, sa jolie et fraîche cousine Athénaïs qui n’aspire qu’à lui plaire.