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2030. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Parce que ce Valjean est au fond un très vilain homme, un homme si pervers, si incorrigible, que moi, qui ai fréquenté les bagnes, j’en ai vu bien peu d’aussi foncièrement scélérats, d’aussi dénaturés, soit par leur dépravation naturelle, soit par le défaut de bonne éducation dans leur famille, soit par la passion innée et organique du vol et du meurtre, passion qu’on dit héréditaire dans certaines races d’hommes, comme chez le renard, le loup ou le tigre.

2031. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Tout ce qui est excessif est défaut ; tout ce qui n’est pas harmonie est désordre dans notre organisation.

2032. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Voici l’état où j’étais le 20 septembre dernier, et pour me consoler, le même jour une lettre de Paris m’annonçait les difficultés inattendues d’un ami qui s’était engagé à payer pour moi pendant cet été une soixantaine de mille francs qu’il devait verser à mon imprimeur, pour que mon journal de littérature ne fît pas défaut à mes généreux amis et abonnés.

2033. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

La vie mondaine et l’Astrée Si d’Aubigné n’a rien pu contre Malherbe, si même il sert à prouver par ses défauts et son échec la nécessité des principes de Malherbe, faut-il s’étonner que ni les colères gothiques de la demoiselle de Gournay, ni les illogiques emportements de Régnier, ni les capricieuses indépendances de Théophile n’aient pu enrayer le mouvement ?

2034. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

La tendresse même et la suavité ne lui ont pas fait défaut : il a vu même le Christ de douceur et d’amour.

2035. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Une statue polychrome, ainsi, ressemble trop, par sa matière, aux modèles qu’elle recrée : dès lors nous ne pouvons la recréer vivante : nous songeons involontairement que, si ressemblante de matière à un homme réel, cette statue a sur lui une infériorité ; le défaut de ne se point mouvoir.

2036. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Victor Wilder l’a faite : son texte est de signification beaucoup plus fidèle qu’on ne le croit généralement ; le principal, le terrible défaut est le manque de « style » : style d’opéra, style romantique, classique, parnassien, tout s’y mêle un peu ; les poèmes de M. 

2037. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Au point de vue de la mimique, voilà donc les défauts que Wagner a surtout signalés dans le théâtre moderne.

2038. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Je ne trouve point étrange que les Auteurs ; dont j'ai blâmé les défauts ou combattu les erreurs, déclament contre moi dans les Sociétés, & me poursuivent par des calomnies : ils ont leur amour-propre à venger ; mais ce qui m'étonne, sans cependant me décourager, c'est que des Hommes obligés, par état, à plus de décence & de vertu que les autres, se fassent, sans me connoître & sans avoir à se plaindre de moi, les Satellites & l'instrument docile de l'animosité de mes ennemis.

2039. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Dimanche 3 septembre Turgan disait à Toto Gautier : « Vois-tu, pour gagner de l’argent, il ne faut pas être de ceux qui travaillent, il faut s’arranger pour être de ceux qui font travailler. » * * * — À la maison centrale de Melun, lors du changement de régime qui amena la suppression du tabac pour les détenus, des frères et amis jetaient par-dessus les murs des morceaux de pipes culottées, dont les détenus, à défaut d’autre chose, chiquaient la terre imbibée de nicotine.

2040. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Son instinct politique n’est jamais en défaut.

2041. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

À défaut du spectateur, il faut au moins des acteurs pour tenir les ficelles.

2042. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Peut-être avais-je trop voulu croire jusqu’ici qu’à défaut des dons du génie, le moindre des écrivains possédait l’enthousiasme et l’amour désintéressé de l’art ? […] » Mais, pour moi, c’est la même chose… Les doctrines sont le reflet du tempérament des hommes, et, par conséquent, héritent de leurs défauts. […] Et puis, où peut mener leur défaut de passion et de cœur ? […] Même leurs défauts les plus criants, la rime riche et rare de l’une, la descriptivité parasitaire et picturale de l’autre, voulaient du labeur, comportaient de l’énergie. […] Chaque écrivain est psychologue à un degré plus ou moins intense proportionné au développement de ses facultés de pénétration, mais de ce que beaucoup d’entre eux, soit par scepticisme, soit par système, soit encore par défaut d’esprit philosophique, ne transforment pas leurs observations en lois générales, il ne s’ensuit pas pour cela qu’ils ne soient psychologues au même titre que les psychologues de profession.

2043. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

De là plusieurs défauts et plusieurs mérites : en beaucoup d’endroits, il ennuie beaucoup de gens. […] Nous vivons à une époque où le défaut des gouvernements est d’avoir moins fait la société pour l’homme que l’homme pour la société. […] Il n’importe, c’est là un auditoire original, complet, distinct des autres, ayant les droits des autres ; s’il a ses défauts, il a ses mérites ; s’il est moins poli et moins aimable que l’ancien, il est plus savant, il a l’esprit plus ouvert, il est plus expert en littérature. […] L’abolition des mœurs monarchiques a beau lui nuire ; même sous notre démocratie, il retrouvera sa gloire ; son génie est l’image du nôtre ; son œuvre est l’histoire des passions écrite à notre usage ; il nous convient par ses défauts et ses mérites ; il est pour notre race le meilleur interprète du cœur. […] Mais ce qui contribue surtout à l’affermir, c’est qu’il est au niveau de son peuple par ses facultés, ses défauts, son éducation et ses goûts.

2044. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Il vous importe peu qu’elle soit bonne ou méchante, intelligente ou sotte, elle est ce que vous la faites et ce que vous voulez qu’elle soit… Vous vous approchez ; souvent le rêve est parti, il ne reste plus qu’une femme vieille et laide, aux chairs tombantes, à la bouche crispée par un sourire bête… Eh bien, le naturalisme se rapproche toujours, il ne voit jamais les êtres et les choses dans la vérité de l’éloignement, dans l’exactitude de l’ombre, il les dépouille de ce charme flottant — vrai aussi — qui entoure les êtres et les choses, et qui est le rêve ; c’est le miroir grossissant quine grandit que les défauts et ne reproduit que des images horriblement déformées. […] Et nous sentons plus vivement leurs qualités aux défauts qu’ils nous confessent, quand ces défauts ont de la grâce et pas de vileté, ce qui est le cas dans la littérature. […] Paul Hervieu s’est constamment gardé de ce défaut, qui n’a de prise, d’ailleurs, que sur les petites âmes, mal défendues par de petits cerveaux.

2045. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il est un symboliste, en effet ; et il mérita, par ses qualités, voire par ses défauts, l’hommage des novateurs de chez nous. […] Et il est remarquable encore que, s’abstenant de tout ce qui ne constitue pas l’art même du peintre, Aman-Jean ne soit pas tombé dans cet autre défaut, l’inutile adresse. […] Les peintres n’évitent pas toujours le défaut de n’imiter point la nature, mais une idée de la nature, que les artistes précédents ont instaurée, qui peu à peu s’écarte davantage du premier modèle et finalement devient une manie ennuyeuse. […] Leur complaisance est à la fois empressée et réservée ; ils n’ont pas le défaut des personnes trop obligeantes : ils permettent qu’on renonce à leurs services, dès qu’on va le désirer.

2046. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Enfin, l’acuité de vision et la facilité de notation, qui sont, à défaut d’émotion, ses vertus marquantes, font de M.  […] Theuriet, excès d’abondance, et, pour cette qualité qu’il pousse jusqu’au défaut, on l’aimera toujours plus qu’on ne l’admirera. […] Une nouvelle sans défaut illustrait d’un coup son auteur, et Becquet, ignoré la veille, n’avait qu’à écrire Le Mouchoir bleu pour devenir « quelqu’un ».

2047. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Quand la vie se suspend chez un infusoire desséché et qu’elle se rétablit sous l’influence de quelques gouttes d’eau, ce n’est pas que la dessiccation ait attaqué la vie ou les propriétés vitales, c’est parce que l’eau nécessaire à la réalisation des phénomènes physiques et chimiques fait défaut à l’organisme. […] La combustion vitale emprunte à l’extérieur l’agent général des combustions, l’oxygène, et à son défaut les ferments dont l’action désassimilatrice peut intervenir dans les profondeurs de l’organisme où l’air ne pénètre pas. […] Il nous explique la durée limitée de l’être vivant, car la mort doit arriver quand la nutrition s’arrête, non parce que les aliments font défaut, mais parce que l’enchaînement évolutif de l’être est parvenu à son terme, et que l’impulsion cellulaire organisatrice a épuisé sa vertu.

2048. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

De Vignet resta en arrière ; mais ce fut par défaut de caractère plus que par infériorité d’aptitudes.

2049. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Si, en général, le caractère est bon, qu’importe de quelques défauts qui s’y trouvent ?

2050. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Il se moque de la composition, et en effet il lui est à peu près impossible de composer une grande œuvre : au fond, le manque de composition se ramène à un défaut d’invention.

2051. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

La mort perfectionne l’homme le plus parfait ; elle le rend sans défaut pour ceux qui l’ont aimé.

2052. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Ça pour venir quand même, à défaut d’innocence d’une époque, ça demande chez les nations, des illusions, des illusions comme il y en avait autour de l’année 1789, et comme il n’y en a pas autour de l’année 1882.

2053. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

René est en effet son œuvre capitale ; il est la poétique autobiographie d’une génération ; il contient en germe les qualités et les défauts que l’école romantique devait développer et exagérer ; il marque un moment critique dans la vie sociale et littéraire de notre siècle.

2054. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

« Peut-être quelque esprit difficile, sans réfléchir que cette composition date d’un demi-siècle avant notre ère, frappé du défaut d’unité de temps et de lieu qui y règne, lancera-t-il contre elle le terrible anathème de romantisme.

2055. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Celle-là, du moins, ne lui fera pas défaut !

2056. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Ce n’est pas seulement dans les études philosophiques et morales qu’on voit le défaut de sens psychologique de l’esprit français ; on le retrouve dans nos poésies et dans nos romans, si sobres de ces détails de la vie intime qui surabondent chez les poëtes et les romanciers de race saxonne.

2057. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Le manque d’accord, le défaut d’équilibre, le côté singulièrement inutile et non satisfaisant même de la faculté à reconnaître chez le dégénéré de génie, frappent les yeux de tout observateur sain qui ne se laisse pas influencer par l’admiration bruyante de critiques eux-mêmes dégénérés, et lui permettront toujours de ne pas confondre le mattoïde avec l’homme exceptionnel sain qui ouvre de nouveaux sentiers à l’humanité et la mène à de plus hauts développements. […] Il en est autrement chez le dégénéré et l’épuisé, qui souffrent de faiblesse de volonté et de défaut d’attention, Les représentations-frontières pâles, à peine reconnaissables, sont perçues en même temps que les aperceptions centrales bien éclairées. […] C’est bien là la façon de penser et de parler du faible d’esprit, de l’imbécile, qui est incapable de suivre avec son activité cérébrale, en les observant et en les comprenant, les phénomènes du monde, et qui, avec la satisfaction de soi-même propre aux imbéciles, présente son défaut comme une qualité, déclare son penser confus, dominé par l’association d’idées non réfrénée, le seul juste et recommandable, et se vante de ce dont l’homme sain le plaint, A côté de l’association d’idées déréglée, on observe aussi chez la plupart des romantiques le compagnon naturel de cette faiblesse cérébrale, le mysticisme. […] Un accompagnement de sensualité ne fait jamais défaut à la rêvasserie mystique.

2058. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

La seconde thèse, qui pèche par excès, est d’ailleurs la conséquence de la première, qui pèche par défaut. […] Ou encore, à défaut d’un individu unique, on pourrait supposer une pluralité d’individus se succédant en une série unilinéaire.

2059. (1898) La cité antique

Toutes ces ressources faisant défaut, les cadets étaient envoyés en colonie. […] Un autre défaut de ce sys tème est qu’il suppose que les sociétés humaines ont pu commencer par une convention et par un artifice, ce que la science historique ne peut pas admettre comme vrai. […] On conçoit aisément deux choses : d’abord, que cette religion propre à chaque ville a dû constituer la cité d’une manière très forte et presque inébranlable ; il est, en effet, merveilleux combien cette organisation sociale, malgré ses défauts et toutes ses chances de ruine, a duré longtemps ; ensuite, que cette religion a dû avoir pour effet, pendant de longs siècles, de rendre impossible l’établissement d’une autre forme sociale que la cité.

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