Il y aurait maintenant à suivre dans l’un ou l’autre des anciens Sermons de Bossuet, et des tout premiers en date, la formation de ce talent, à bien marquer, dès ses débuts, la marche et les progrès de cette grande éloquence, pour la considérer bientôt (car elle y arriva promptement) dans sa plénitude. […] Floquet, dans son zèle si méritoire, la redécouvrît en quelque sorte, l’exhumât laborieusement avec les preuves, les témoignages sans nombre, et de manière à nous prouver sans réplique que Bossuet avait précédé les autres grands prédicateurs de son siècle par le talent comme par la renommée, et qu’il s’était précédé lui-même, à ne considérer que la portion restée la plus glorieuse de sa carrière.
Bientôt les événements dans leur réalité nous présentent nos enfants élevés par nous, pour d’autres que pour nous-mêmes, s’élançant vers la vie, tandis que le temps nous place en arrière d’elle, pensant à nous par le souvenir, aux autres par l’espérance ; quels parents sont alors assez sages, pour considérer les passions de la jeunesse comme les jeux de l’enfance, et pour ne pas vouloir occuper plus de place parmi les unes que parmi les autres ? L’éducation, sans doute, influe beaucoup sur l’esprit et le caractère, mais il est plus aisé d’inspirer à son élève ses opinions que ses volontés ; le moi de votre enfant se compose de vos leçons, des livres que vous lui avez donnés, des personnes dont vous l’avez entouré, mais quoique vous puissiez reconnaître partout vos traces, vos ordres n’ont plus le même empire ; vous avez formé un homme, mais ce qu’il a pris de vous est devenu lui, et sert autant que ses propres réflexions à composer son indépendance : enfin, les générations successives étant souvent appelées par la durée de la vie de l’homme à exister simultanément, les pères et les enfants, dans la réciprocité de sentiments qu’ils veulent les uns des autres, oublient presque toujours de quel différent point de vue ils considèrent le monde ; la glace, qui renverse les objets qu’elle présente, les dénature moins que l’âge qui les place dans l’avenir ou dans le passé.
Considérée dans son juste emploi, non dans son excès, l’antithèse ramasse dans une phrase courte et condensée les pensées qu’elle oppose : moins il y a de mots, plus le contraste ressort, et il semble qu’en l’étendant on met entre les idées un tampon qui en affaiblit le choc. […] « Que l’homme étant revenu à soi considère ce qu’il est au prix de ce qui est. » (Pascal.)
Cela est surtout méritoire si l’on considère que l’instrument que nous leur mettons entre les mains est tout ce qu’il y a au monde de plus aristocratique, de plus inflexible, de moins analogue à la pensée populaire. […] Le remède au mal n’est pas de faire que le pauvre puisse devenir riche, ni d’exciter en lui ce désir, mais de faire en sorte que la richesse soit chose insignifiante et secondaire ; que sans elle on puisse être très heureux, très grand, très noble et très beau ; que sans elle on puisse être influent et considéré dans l’État.
La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. […] Or, le christianisme, considéré lui-même comme passion, fournit des trésors immenses au poète.
Considérons ces deux monuments qui, comme deux colonnes solitaires, sont placés à la porte du temple du Génie, et en forment le simple péristyle. […] Il faut considérer la caractéristique, la terminaison, l’augment et la pénultième de certaines personnes des temps des verbes ; choses d’autant plus difficiles à connaître, que la caractéristique se perd, se transpose ou se charge d’une lettre inconnue, selon la lettre même devant laquelle elle se trouve placée.
S’il considère la nature humaine en général, il en fait cette peinture si connue et si étonnante : « La première chose qui s’offre à l’homme, quand il se regarde, c’est son corps, etc. » Et ailleurs : « L’homme n’est qu’un roseau pensant, etc. » Nous demandons si, dans tout cela, Pascal s’est montré un faible penseur ? […] En un mot, le siècle de Louis XIV est resté paisible, non parce qu’il n’a point aperçu telle ou telle chose, mais parce qu’en la voyant, il l’a pénétrée jusqu’au fond ; parce qu’il en a considéré toutes les faces et connu tous les périls.
Une théorie de la vie qui ne s’accompagne pas d’une critique de la connaissance est obligée d’accepter, tels quels, les concepts que l’entendement met à sa disposition : elle ne peut qu’enfermer les faits, de gré ou de force, dans des cadres préexistants qu’elle considère comme définitifs. […] L’idée de considérer la vie comme transcendante à la finalité auquel bien qu’au mécanisme est d’ailleurs loin d’être une idée nouvelle.
On peut considérer ce caractere, ou comme lettre, ou comme mot. […] Ainsi il faut considérer la préposition à en deux états différens. […] Les interjections ne servant qu’à ce seul usage, & n’étant jamais considérées que sous la même face, ne sont sujettes à aucun autre accident. […] Je prie les personnes qui sont d’abord révoltées à de pareilles propositions de considérer : I. […] Alors urbs est considéré comme le nom de l’espece ; nom qui est ensuite déterminé par le nom de l’individu.
Ce dernier ouvrage placé en tête de l’édition que Naigeon a donnée des œuvres de son ami, peut être considéré comme un livre original de Diderot. […] Et dans ce sens, nous pouvons le considérer comme un des continuateurs de la Réforme en France. […] C’est pourquoi nous devons considérer Lamartine comme un poète entièrement exempt d’imitation étrangère. […] Mais on ne peut le considérer comme ayant écrit sous l’influence immédiate des théâtres étrangers. […] Ce n’est donc pas comme une œuvre dramatique que nous pouvons considérer cette composition colossale.
Il est vrai que le souvenir de leur sexe peut également se retourner contre elles… En somme, soit que l’idée d’un autre charme que celui de leur style agisse sur nous, soit qu’au contraire l’effort de leur art et de leur pensée nous semble attenter aux privilèges virils, il est à craindre que nous ne les jugions avec un peu de faveur ou de prévention, qu’elles ne nous plaisent à trop peu de frais dans les genres pour lesquels elles nous semblent nées (lettres, mémoires, ouvrages d’éducation), et qu’elles n’aient, en revanche, trop de peine à nous agréer dans les genres que nous considérons comme notre domaine propre (poésie, histoire, critique, philosophie). […] Et voici, je crois, une question qui se rattache à celle-là et qui, si elle peut être résolue, doit l’être de la même façon : pourquoi, à considérer l’ensemble de notre littérature, les femmes sont-elles restées sensiblement en deçà des hommes dans l’art de colorer le style ou de le ciseler et d’évoquer par des mots des sensations vives et des images précises ? […] Or, pour arriver à la perfection du style poétique et plastique, il est peut-être nécessaire de n’être point ému en écrivant, de considérer uniquement la valeur musicale et picturale du langage et, en face des objets matériels, de s’arrêter à l’impression qu’on a tout d’abord reçue d’eux, à la sensation première et directe, ou d’y revenir artificiellement afin de n’exprimer qu’elle.
Il écrira, par exemple : « Dans l’incertitude où l’on était sur le genre de mort de Jeanne, la charité du bon curé Caillemer n’eut point à s’affliger d’avoir à appliquer cette sévère et profonde loi canonique qui refuse la sépulture à toute personne morte d’un suicide et sans repentance. » Il considère comme « abjecte et perverse » toute autre doctrine que la doctrine catholique. […] Il les considère avec un effroi plein de tendresses secrètes. […] Après tout, l’outrance et l’artifice portés à ce point deviennent des choses rares et qu’il faut ne considérer qu’avec respect.
Pour embrasser la question dans toute son étendue, nous considérerons l’art successivement dans ses origines et dans son évolution ; puis dans son objet, enfin dans sa fonction ou sa fin. […] Loin de demander à l’œuvre d’art d’émouvoir tous les hommes de la même façon, il considère que la fonction et l’intérêt de l’art eût d’exprimer l’originalité sentimentale de l’artiste, sa représentation du monde dans ce qu’elle a de plus intime et de plus personnel. […] L’art, que je considère ici comme une des facultés de l’âme individuelle, est donc, de même que l’individu lui-même, anormal, illogique et incompréhensible. » (R. de Gourmont, L’Idéalisme, « L’Art libre et l’esthétique individuelle ».)
On peut considérer notre pouvoir sur la suite de nos pensées, comme la pierre de touche du développement volontaire dans le caractère individuel. […] « La doctrine depuis longtemps prédominante, qui représente la volition comme la source de tout pouvoir moteur, est considérée comme recevant la plus forte confirmation du sentiment de l’effort qui accompagne la production d’énergie musculaire. » Voyons ce qu’il en faut croire. […] Considéré comme moyen de conduire à des résultats plus élevés, l’ouvrage de M.
Gall, très opposé à la méthode des pesées, considérait ces exceptions comme tout à fait décisives contre l’hypothèse qui mesure la pensée par la masse cérébrale. […] Ce n’est donc pas le poids absolu du cerveau qu’il faut considérer, mais le poids relatif à la masse du corps. […] Je ne connais point de sujet plus compliqué, de question plus difficile. » Le poids du cerveau soit absolu, soit relatif, étant un symptôme si difficile à déterminer et d’une signification si douteuse, on a proposé un autre critérium pour mesurer l’intelligence par son appareil organique On a dit qu’il fallait moins considérer le poids que la forme et le type.
Chapitre VI Les localisations cérébrales Certains savants, persuadés que le cerveau est l’organe de la pensée, mais frappés des démentis bizarres que l’expérience semble donner à cette théorie, ont été par là conduits à supposer que la plupart des erreurs commises venaient de ce que l’on voulait toujours considérer le cerveau en bloc, au lieu d’y voir un assemblage d’organes différents, associés pour un but commun. […] Aujourd’hui que la question peut être considérée comme jugée, résumons les diverses objections sous lesquelles la phrénologie a succombé. […] Enfin les hémisphères cérébraux eux-mêmes sont considérés encore, nous l’avons vu, par certains médecins comme des organes complexes ; on y distingue la substance grise de la substance blanche, et c’est dans la première, qui forme l’écorce du cerveau, que M.M.
Plus je le considère, plus il me rappelle la solitude et la franchise de son domicile. […] Quand on considère certaines figures, certains caractères de tête de Raphael, des Carraches et d’autres, on se demande où ils les ont pris. […] Ainsi je ne puis m’empêcher de croire que lorsque le peuple assemblé s’amusait à considérer des hommes nus aux bains, dans les gymnases, dans les jeux publics, il y avait, sans qu’ils s’en doutassent, dans le tribut d’admiration qu’ils rendaient à la beauté, une teinte mêlée de sacré et de profane, je ne sais quel mélange bizarre de libertinage et de dévotion.
J’ai recueilli dans cet ordre d’idées une opinion, que je considère comme infiniment précieuse et qu’il eût été cruel d’abandonner à l’oubli : c’est celle d’un directeur d’institution qui, dans un discours de distribution de prix, parlant de l’enseignement des langues vivantes, prétendait avec un bel accent de conviction patriotique, que leur étude était d’un mince intérêt pour la France, attendu qu’elle avait tout à perdre et rien à gagner en étudiant les œuvres étrangères !! […] Il faut nous résigner aux trouble-fête, si nous ne roulons pas avoir besoin, à brève échéance, d’un syndic de faillite 55. » Voilà donc trois publicistes français, d’une influence incontestée, considérés par l’opinion publique comme de bonne foi, et tous trois d’esprit essentiellement français, qui n’ont pas hésité à écrire, dans des journaux tels que le Figaro, le Journal et le Temps, les mots de « misère », de « décadence » et de « faillite » s’appliquant à la société française actuelle. […] Mais il lui faut pour cela des hommes sérieux et non des flatteurs… Nous considérons avant tout comme notre véritable ami celui qui nous apprend à nous garder de ce que nous craignons le plus au monde : le vague vide et l’appréciation insuffisante de nos concurrents dans le domaine matériel et intellectuel.
Barre de très peu d’information pour savoir que personne aujourd’hui ne considère plus M. […] À moins qu’en bon voltairien, il ne considère ce qui se comprend mal comme un équivalent de la métaphysique… disons, à sa décharge, que des critiques se sont unis à ces poètes pour nous duper. […] Si je considère les trois meilleurs poètes de la génération qui suivit Verlaine et Mallarmé, et qui sont Henri De Régnier, Viélé-Griffin et Francis Jammes, je suis frappé de ceci que tous trois ont écrit sous forme de poème dramatique leur chef-d’œuvre, avec l’homme et la sirène, Phocas le jardinier, le poète et sa femme.
Quand on la considère comme telle, on en comprend mieux la genèse et la débilité. […] Nous prions donc le lecteur de considérer ce qui va suivre comme un essai plein de lacunes. […] La célèbre expérience du pendule de Chevreul peut en être considérée comme le type. […] Ces manifestations morbides ont été fort étudiées de nos jours ; on les considère comme les symptômes d’une cause unique : la dégénérescence. […] La seule idée positive qu’on puisse s’en faire, c’est de les considérer comme, des mouvements (ou arrêts de mouvements) réels ou à l’état naissant.
Il y était aimé et considéré. […] Il s’écria : “Et c’est pour cela que je vous dis que vous avez cherché à rompre, et que je considère l’affaire comme terminée, et que Rome s’en apercevra et versera des larmes de sang sur cette rupture.” […] V Le cardinal pouvait, depuis cette époque, être considéré comme le favori du vertueux pontife Pie VII, non pas favori du caprice ou de la flatterie, mais favori de conscience et de raison. […] On les considéra donc comme ayant assisté, puisque leur abstention n’était pas volontaire. […] Les deux ministres répliquèrent que Napoléon n’ajouterait pas foi à leur relation, qu’il la considérerait comme un palliatif inventé pour le calmer ; mais que si telle était la vérité, il fallait lui écrire, ce qui produirait beaucoup plus d’effet.
Il y avait environ dix ans déjà que Wagner travaillait d’une façon presque continue à cet ouvrage de dimensions colossales ; car on peut et on doit même considérer les écrits théoriques de cette époque comme une partie intégrante de l’Anneau du Nibelung. […] Certes, si on connaissait mieux les idées de Wagner, on pourrait considérer comme très acceptables les deux dénominations qu’il a employées pour ses derniers drames : Action, et Jeu scénique ; car ce qui se passe sur la scène est « de la musique mise en action, devenue visible ». […] Mais plus on considère attentivement ce poème, plus on est frappé de sa parenté, non seulement avec le Ring en général, mais tout spécialement avec Rheingold. […] Nous ferons un grand pas en avant dans la compréhension de Tristan et de l’œuvre de Wagner en général, si nous considérons attentivement la phrase suivante. […] Wagner nous a dit, lui-même, qu’il « ne voulait point qu’on considérât Tristan comme un modèle idéal ».
De même, à l’égard des espèces naturelles, si nous considérons deux formes très distinctes, telles que le Cheval et le Tapir, nous n’avons aucun motif de supposer qu’il ait jamais existé des formes exactement intermédiaires entre l’un et l’autre, mais entre chacune d’elles et un commun ancêtre inconnu. […] Et si, dans chaque contrée, considérée séparément, on peut à peine se former une idée de la longueur des temps écoulés entre deux formations consécutives, on en peut inférer que nulle part une semblable évaluation n’est possible. […] Lubbock, « chaque espèce est un lien entre d’autres formes alliées. » Si nous considérons la série graduée des formes d’un genre représenté par une vingtaine d’espèces vivantes ou éteintes, et que nous retranchions quatre de ces formes sur cinq, il sera évident pour tous au premier coup d’œil que celles qui resteront, seront beaucoup plus distinctes les unes des autres. […] Je puis rappeler ce fait bien connu que, dans les traités de géologie qui ont été publiés, il n’y a pas encore longtemps, toute la classe des Mammifères était considérée comme ayant apparu tout à coup au commencement de la série tertiaire. […] Mais aucune île océanique, sauf la Nouvelle-Zélande et le Spitzberg140, si l’on peut les considérer comme telles, n’a jusqu’à présent livré à nos observations le moindre reste d’une formation paléozoïque ou secondaire quelconque.
C’est ainsi qu’on a pu considérer le pancréas comme une glande salivaire, parce que la texture est identique pour les anatomistes dans les deux organes. […] Du reste, il faut le dire, l’idée de considérer la grenouillette comme une dilatation du conduit salivaire est loin d’être appuyée sur des preuves solides. Celse, Ambroise Paré, etc., considéraient cette tumeur comme un abcès ; ce n’est qu’après 1665, lorsque Wharton eut donné la description du conduit de la glande sous-maxillaire, que l’on regarda cette dilatation comme résultant d’une rétention de salive : cependant Fabrice d’Aquapendente la considère encore comme une tumeur enkystée. […] Nous allons la considérer successivement dans ses propriétés physiques et dans sa composition chimique. […] C’est à tort qu’on avait voulu la considérer comme caractéristique de certains états pathologiques ; elle se montre aussi bien chez les personnes en santé que chez les personnes malades.
Il demeure un scientiste et qui considère que la Foi et la Science sont irréductibles l’une à l’autre. […] Quelques anglomanes s’y rencontraient, mais très peu nombreux et considérés comme un peu ridicules. […] Considérons-en d’abord les éléments vigoureux. […] Il considère donc une guerre avec cette puissance comme nécessaire et prochaine. […] A Chantilly, allez aussitôt vers l’entrée du parc et considérez ces avenues aménagées dans ce bord de forêt.
Quand un mouvement d’art est accompli, nous pouvons le considérer en bloc, dans sa totalité, dans ses causes et dans ses résultats. […] Il en considère, de préférence, les conséquences diverses dans le présent ou le futur, et la littérature l’intéresse surtout comme un reflet de la société. […] Paul-Louis Garnier ne considère pas le monde comme un décor insensible. […] Il considère Émile Zola comme le premier d’une famille nouvelles de poètes, et il sait gré aux jeunes écrivains naturalistes d’avoir rendu justice à ce grand écrivain. […] Il ne faudrait d’ailleurs pas considérer cette monographie ainsi qu’une étude définitive sur la vie et le caractère de Napoléon.
Clemenceau peut-il le considérer comme l’homme le plus complètement homme qui fut jamais ? […] Pour les orateurs, Constantin Lascaris considère surtout Isocrate et, naturellement, Démosthène. […] Lasserre nomme, en première ligne, Leibniz, pour lequel il considère que la question ne se pose même pas. […] Mais d’abord, si l’on considère les deux hommes, il n’avait pas tort. […] Comme Fustel, il considère que dans la formation française, l’élément germanique est imperceptible.
On considère le fait accompli comme faisant loi, comme créant une légitimité. […] C’était chose convenue qu’à l’état actuel des choses humaines, on ne pouvait, sans folie et témérité, opposer un état idéal, considéré comme désirable et possible. […] Mais outre ces lois de police, il est nécessaire de considérer également celles qui régissent la propriété littéraire. […] Il importe, dans chaque période, de se demander quelles questions de droit public, pénal, civil, etc., ont préoccupé les contemporains ; quelles théories générales ont été alors acceptées pour vraies ; quelles conditions ont été faites par la loi aux différentes formes de la pensée et aux écrivains eux-mêmes considérés comme producteurs ; enfin quelles œuvres ont été suscités par l’activité spéciale des cours de justice.
Les contradictions nombreuses dans lesquelles sont tombés les physiologistes semblaient autoriser cette manière de voir, qu’on ne trouvera pas indigne d’être discutée lorsqu’on saura que le grand Cuvier lui-même en était pénétré, et qu’il considérait comme tout à fait illusoire d’introduire l’expérience dans la science de la vie. […] Enfin une dernière illusion, également funeste à la vraie méthode, est celle de ce vitalisme superstitieux qui considère la vie comme une influence mystérieuse et surnaturelle, agissant arbitrairement, introduisant dans les phénomènes une irrégularité essentielle, pourvue enfin d’une sorte de liberté désordonnée qui trouble tout, change les aspects des choses, et déroute l’expérience à chaque pas : semblable au destin jaloux des anciens, la vie, selon ces médecins superstitieux, serait une sorte de dieu capricieux et de Protée menteur, échappant à toute prise, et avec lequel on ne peut lutter qu’au moyen de cette autre force, non moins aveugle et capricieuse, qu’ils appellent l’inspiration. […] Tel est le sens véritable du vitalisme, considéré au point de vue expérimental et rigoureusement physiologique. […] A la vérité, tous les organes peuvent exercer les uns sur les autres le rôle d’excitants, ce qui semblerait donner à l’organisme vivant, considéré dans son ensemble, une sorte d’indépendance et de spontanéité générale ; ce n’est cependant qu’une apparence.
Lorsque vous établissez entre l’un et l’autre une sorte d’incompatibilité, vous ne considérez qu’un des aspects de cet accroissement, à savoir l’augmentation du volume des sociétés, et vous oubliez de tenir compte de l’augmentation de leur densité ou de la mobilité de leurs éléments, — phénomènes qui se rencontrent justement, nous l’avons vu, dans les sociétés égalitaires. […] Mais considérons cette même quantité sous l’aspect de la densité et non plus seulement sous l’aspect du nombre ; et nous verrons qu’il doit s’en dégager, pour l’esprit des hommes agglomérés, certaines impressions qui diffèrent des précédentes jusqu’à leur paraître contraires, mais qui favorisent aussi, par un autre biais, l’expansion de l’égalitarisme. […] Ainsi, sous quelque aspect qu’on la considère, l’augmentation de la quantité sociale semble bien faite pour conduire les esprits, par des voies d’ailleurs nombreuses et différentes, à l’égalitarisme. […] Lacombe, De L’Histoire considérée comme science, p. 343.