Les fleurs rêvent, les fleurs frissonnent sous la nuit ; Et, blanches, comme un sein adorable qui luit Dans la sombre splendeur d’une robe entr’ouverte, Les roses, du milieu de l’obscurité verte, Tandis qu’un rossignol par la lune exalté Pour elles chante et meurt sous cette nuit d’été, Les roses au corps pâle, en écartant leurs voiles, Folles, semblent s’offrir aux baisers des étoiles.
. — Bref, je conçois, sans nul effort que cet homme, l’autre jour, soit monté sur cette table et qu’il y ait chanté cette chanson assassine contre une classe pleine de vices et d’égoïsme assurément (comme toutes les classes sociales sans exception), mais où il y a aussi de braves gens, et dont il se pourrait que la très modeste moyenne de vertu et de bonté ne fût pas trop inégale à la bonté et à la vertu de ceux qui réclament du plomb contre elle.
Théodore de Banville Ne me demandez pas comment, née à une époque où la poésie s’était faite romance et chantait les hussards vêtus d’azur, — où les robes étaient, comme dans Marie, des « robes de bergère », cette muse, cette femme amoureuse et désolée, n’a pu être entachée par le ridicule environnant : ceci prouve seulement que le génie est une flamme pure, inextinguible, qui redonne à tout la splendeur native !
. — Se bat avec ses sens, doux relaps ; tâche de tout voir en la plaine convoitée ; cursif avare, glisse et déplore, inscient de la distance, au ciel ciroféraire ; sans abrivent que l’angle obtus, et chante l’effroi rural en faisant souris aux calus, médian tombeau du regard, vacillant et visant la mi-côte du ciel trop parallèle au sol.
Je suis le descendant des pages chevelus Qui, sveltes, se levaient après les vidrecomes, À la fin des repas — poètes gentilshommes Dont la couronne avait des baisers pour fleurons, Et qui, l’épée au flanc, coupe en main, fleurs aux fronts, Parmi l’or héraldique et fin des marjolaines, Chantaient le hennin blanc des hautes châtelaines… — Et quoique le fil des beaux siècles soit rompu, J’ai gardé de leur race autant que je l’ai pu3.
Il part pour retourner à sa chaumière : chargé de coquillages, il fait retentir les hameaux du son de sa conque, et chante, dans une complainte naïve, la bonté de Marie, mère de Dieu.
N’a-t-il pas chanté le struggle for life, et le struggle sous sa forme niaise, incompatible avec les instincts d’une haute race, le struggle autorisant les attaques violentes ?
Vendredi 9 août Le Sanctus de Beethoven, chanté aujourd’hui, après déjeuner, me donne une émotion nerveuse, qui me met des larmes dans les yeux. […] Et presque aussitôt le dîner, elle se met à chanter. Et dans les morceaux qu’elle chante, il y a une légende intitulée : Saint-Amour, vraiment originale : une légende — c’est curieux — qui lui a été fournie par une marchande de vins du Midi, rencontrée par hasard, chez un éditeur de musique. […] Un moment, elle nous entretient de Wagner, qu’elle a vu, toute jeunette, et qui dans la visite qu’elle lui a faite, joua du piano d’une manière assez peu satisfaisante, pour faire jouer ses créations par Richter, et qui chantait faux, si faux, qu’en dépit de son admiration enthousiaste, elle fut surprise. […] Lundi 9 septembre Je trouve, que la jeunesse littéraire actuelle, avec son mépris des grondantes colères de la chair, et son culte de la psychiatrie, de cette beauté, lui défendant de chanter la brutale nature et le sensuel amour, a quelque chose de l’hypocrisie protestante.
Il s’épanche, il chante comme il respire. […] Elle chante les siècles, les peuples, les empires. […] Ce que chantaient les rapsodes, les acteurs le déclament, voilà tout. […] L’ode chante l’éternité, l’épopée solennise l’histoire, le drame peint la vie. […] La société, en effet, commence par chanter ce qu’elle rêve, puis raconte ce qu’elle fait, et enfin se met à peindre ce qu’elle pense.
« Mais, avant de paraître devant celui pour lequel tu n’es qu’un indigne hommage », dit-il à son poème, « présente-toi d’abord à celui qui fut choisi par le ciel pour me donner, de son propre sang, la vie ; c’est par lui que je chante, que je respire, que j’existe, et, s’il y a quelque chose de bon en moi, c’est de lui seul que j’ai tout reçu ! […] … Je vis des divinités célestes et charmantes, et, parmi ces nymphes et ces sirènes… je restai frappé de stupeur, et je me sentis tout à coup grandir moi-même à la hauteur de ce que j’admirais… Rempli d’une vie inconnue, inondé d’une divinité intérieure toute nouvelle… je chantais les exploits et les héros, dédaignant désormais les humbles idylles… » XVI Cependant, soit que la distance et le respect eussent intimidé l’aveu de ces sentiments pour Léonora d’Este, soit qu’il eût voulu dérober sous un autre nom les hommages poétiques secrets qu’il adressait dans son cœur à Léonora, le Tasse affecta de célébrer quelque temps dans ses vers une autre beauté de la cour de Ferrare. […] Le poète se tut et chanta sous des noms de nymphe ou de bergère le seul et véritable objet de sa passion.
Les proscrits émigrants qui sont ensevelis dans ses cavernes rêvent, pleurent, ou chantent pendant la longue traversée sur ce qu’ils ont laissé de leur vie passée, sur ce qu’ils vont retrouver de leur vie future, dans le hasard des unions que la destinée leur prépare sous d’autres cieux. […] Sa première église a parlé, prié, chanté dans ces plaines et sur ces sommets consacrés. […] Maintenant l’herbe et les ronces y poussent en liberté ; les oiseaux y chantent comme dans la forêt.
VIII La femme dont nous allons raconter la vie et les œuvres sortit de son sexe ; elle affronta le bruit, elle se jeta dans le tumulte d’un grand siècle, elle parla, elle chanta, elle écrivit sur la religion, la philosophie, la politique, la liberté, la tyrannie ; elle brava l’échafaud, elle subit l’exil ; elle combattit corps à corps tantôt les factions, tantôt le conquérant de l’Europe, et, si son nom ne nous rappelait son sexe, nous la placerions par ses œuvres au rang des grands hommes ; si c’est sa gloire, c’est aussi son malheur ; moins virile, elle nous intéresserait davantage. […] Nous l’ignorons, mais c’est un fait historique et universel qu’aucune femme encore n’a pu chanter comme Homère ni parler comme Démosthène. […] Haller y avait chanté des odes pindariques, hymnes spontanées de la création au Créateur.
Le poète avait combattu les combats qu’il chante, il y avait brandi la lance et versé son sang. […] Le Chœur chante pour se rassurer, dans l’obscurité de son inquiétude ; il glorifie l’armée disparue. […] C’est l’âme joyeuse d’un guerrier grec qui passe dans son être, qui s’en empare et qui le possède, et qui lui fait chanter, sur un ton de fête, ce qu’il devrait balbutier avec des sanglots.
Et d’abord, c’est l’âme du vin qui chante dans la bouteille, promettant au travailleur la force, à sa compagne les fleurs de la santé, et les conviant tous deux à la prière qui jaillit spontanément d’un cœur ému. […] Ce que disaient autrefois les bas-reliefs d’une cathédrale, les fresques d’un édifice, ce que chantaient les rhapsodes et les trouvères, qui n’étaient pas toujours des poètes, le livre aujourd’hui le dit plus clairement et plus vite. […] » Je ne crois pas que jamais plus beau cantique ait été chanté à la gloire du Poète, ni qu’on ait jamais exprimé en plus beaux vers la noblesse de la douleur et la résignation des âmes privilégiées.
Ici, c’est Balzac qui a donné le la de cette histoire, et il faut de la voix pour chanter sur le la donné par un pareil homme. […] J’avais peur de voir le rampant crustacé prendre dans ses immondes pinces et y étouffer la jolie Sirène, à la flûte enchantée, qui, même dans la prose du poète des Amoureuses, chante encore. […] Il y a telles pages dans Le Nabab qui emportent avec elles le fond du roman, et où, comme je l’ai signalé plus haut, le poète des Amoureuses, qui chantait à l’aurore de sa jeunesse comme le rossignol oriental épris de la rose, se retrouve, avec ces teintes de mélancolie que la vie fait tomber sur le talent, afin qu’on en ait davantage !
» Dès qu’ils furent venus, il leur cria : « Chantez de par Dieu ! » Et ils chantèrent tout d’une voix : « Veni Creator Spiritus !
Je chante tes bienfaits, favorable Paresse, Toi seule dans mon cœur as rétabli la paix… De quelle paix s’agit-il ? […] Voilà où l’avait mené en définitive cette paresse si commode et si agréablement chantée, à laquelle il n’avait plus opposé aucune défense ; voilà ce que le petit-neveu de Turenne trouvait à dire sur l’homme qui avait si bien servi sous son grand-oncle.
Voilà, somme toute, un homme distingué, mais un poète assez mal préparé, ce semble, pour chanter les beautés de la vie retirée et champêtre, et pour en goûter toutes les douceurs. […] Saint-Lambert, qui était surtout fait pour la société, avait certainement du goût pour la nature, et il l’a chantée de la manière dont il l’aima.
Le printemps le dissipait trop pour qu’il pût beaucoup s’y recueillir ; il aimait mieux en profiter avec l’abeille et avec l’oiseau : mais les soirs d’hiver, près de son intelligente et silencieuse amie, dans ce doux confort domestique qu’il a si bien exprimé, ayant là près de lui la bouilloire qui chante, et la tasse pleine de cette liqueur « qui égaye et qui n’enivre pas », il s’appliqua pour la première fois à traiter en vers d’assez longs sujets, tout sérieux d’abord et presque théologiques, qui montrent, à leur titre seul, le fond de ses pensées : Le Progrès de l’erreur, La Vérité, L’Espérance, etc. […] Je veux que vous le chantiez. » La fée avait parlé, et Cowper se mit à l’œuvre, intitulant son poème La Tâche.
et pour venir chanter à leur tour leur petit couplet et leur chanson. […] La fête de la nature autour d’une tombe qui s’ouvre a aussi sa philosophie vraie : c’est celle du poète qui sait qu’il chante sous la feuillée comme l’oiseau et qu’il n’a à lui que quelques printemps.
Il en parut si mécontent que ces messieurs crurent ne pas lui déplaire en avertissant les mères des églises (de l’Église) qu’elles avaient tort de préparer un Te Deum qu’elles ne chanteraient pas, et que rien n’était plus incertain que la conversion du roi. […] La reine demandait quelquefois au galant président et à Moncrif, les deux beaux esprits de son petit monde, de lui faire des Cantiques et des poésies chrétiennes qui se chantaient sur des airs assez voisins des romances profanes.
Il n’y a de certainement vrai, selon lui, dans une légende poétique que la couleur, et encore cette couleur locale, cette vérité sociale et morale n’est point du tout celle des héros et des temps représentés ; elle n’appartient qu’à l’âge du poëte qui raconte et qui chante. […] Quel était le procédé de ceux qui y chantèrent et y charmèrent le plus héroïque des peuples au sortir de l’enfance ?
Qu’il chante ouvertement ou sous voile d’allusion les douleurs et les oppressions de la patrie, qu’il se reporte aux calamités, aux espérances ou aux plaintes de l’Italie et de la Grèce, qu’il raille au théâtre certains préjugés, qu’il flétrisse certaines tyrannies, il est toujours aisément d’accord avec ce que sont tentées de penser et de sentir sur ces sujets la plupart des natures droites et saines, des jeunes âmes écloses du milieu de notre société et formées par notre éducation libérale. […] On n’en trouverait aucun représentant plus irrépréhensible et plus pur, en ces jeunes années d’essai, que Casimir Delavigne : en sincérité, en éclat, en expression loyale et populaire, il rappelle un autre cher souvenir, un autre nom sans reproche aussi, et qu’il a chanté : Casimir Delavigne et le général Foy !
Il y en a cinq ou six dans cette contrariété. » Ces réminiscences un peu fades de pastorales et de romans sont naturelles sous son pinceau, et font agréablement ressortir tant de descriptions fraîches et neuves qui n’appartiennent qu’à elle : « Je suis venue ici (à Livry) achever les beaux jours, et dire adieu aux feuilles : elles sont encore toutes aux arbres, elles n’ont fait que changer de couleur ; au lieu d’être vertes, elles sont aurore, et de tant de sortes d’aurore que cela compose un brocard d’or riche et magnifique, que nous voulons trouver plus beau que du vert, quand ce ne seroit que pour changer. » Et quand elle est aux Rochers : « Je serois fort heureuse dans ces bois, si j’avois une feuille qui chantât : ah ! la jolie chose qu’une feuille qui chante !
Des séries entières de psaumes étaient consacrées à chanter le bonheur de cheminer ainsi en famille 197, durant plusieurs jours, au printemps, à travers les collines et les vallées, tous ayant en perspective les splendeurs de Jérusalem, les terreurs des parvis sacrés, la joie pour des frères de demeurer ensemble 198. […] C’est, je crois, la « Vallée des pleurs », ou des eaux suintantes, chantée comme une des stations du chemin dans le délicieux psaume 201, et devenue, pour le mysticisme doux et triste du moyen âge, l’emblème de la vie.
Il a représenté dans toute leur vérité les amours et les luttes de la vingtième année, mais il les a chantés en même temps. […] Je voudrais transcrire ici, tout entier, le De profundis aux versets émus chanté par Rodolphe sur ses amours défunts, et quelques couplets de cette adorable chanson de Musette qui clôt la Vie de Bohême : Tu remettras la robe blanche Dont tu te parais autrefois, Et comme autrefois, le dimanche, Nous irons courir dans les bois !
On chante bien encore un peu dans le Midi, on nasille légèrement dans le Poitou, on a la gorge assez rude dans le Nord ; mais, je vous le certifie pour avoir couru les chemins de France, les fortes convictions dans l’erreur de grammaire ou de prononciation descendent de plus en plus vers la rue, et bientôt ne se trouveront plus que là. […] Depuis longtemps, les rouets ne chantent plus dans nos villes, même dans les toutes petites villes, même dans les bourgs, même dans les villages, et pour trouver une quenouille il faut faire bien des lieues.
Cependant les poésies homériques restèrent chantées et accompagnées d’instruments jusqu’à l’époque des Pisistratides. […] Dès lors le poète n’a plus le droit de dire : Je chante. […] Dans toutes les poésies primitives, même dans celle de la Grèce, la moins religieuse de toutes, le poète ne dit jamais : je chante ; mais, chante, ô déesse ; prêtez-moi, dieux propices, votre souffle pour chanter. […] Les odes de Pindare étaient chantées au son des instruments et au milieu des danses. […] Les psaumes qui figurent actuellement dans les rites chrétiens étaient, chez les Hébreux, dansés aussi bien que chantés.
Saint-Cyr ne fut détruit qu’après que les dames eurent pu encore chanter un De Profundis le jour de l’exécution de Louis XVI.
Comment n’ai-je pas trouvé le blond essaim au-dessus de la tête blonde, et les deux vieillards et les deux enfants entre lesquels une révolution a passé, et les torrents de vœux et de regrets aux heures les plus oisives, et cette voix incertaine qui soupire en nous et qui chante, mélodie confuse, souvenir d’Éden, etc. ?