Il s’agit de changer de religion, de pratiquer d’autres rites et de prononcer d’autres prières. […] Il doit être posé sur le sol ; une fois posé, on ne doit plus le changer de place. […] La cité elle-même et ses pontifes ne peuvent rien changer à son culte. […] Croyances, mœurs, état social, tout changea ; ces repas demeurèrent invariables. […] Mais il n’y fallait changer ni un mot ni une syllabe, ni surtout le rhythme suivant lequel elle devait être chantée.
Celui qui les change, c’est le critique créateur. […] La science fut de toujours : ce qui change, c’est son objet. […] Quand elle dira oui, son rêve changera de thème comme celui du dormeur qui se met sur le dos. […] Sous l’influence de la mer, le moindre plaisir se change en volupté. […] Cette fois encore, il n’y a rien de changé dans la langue française.
J’en changerai probablement plusieurs fois encore. […] Le ton changeait encore avec le dernier poème, Namouna, et ne cessait plus de changer, tantôt cynique, tantôt éloquent et passionné, tantôt attendri. […] Le ton de ses lettres change bien vite. […] Au premier livre qui me tomba sous la main, je m’aperçus que tout avait changé. […] Soudain, le ton change.
Sainte-Beuve a mis son imagination au service de sa foi, qu’il a brisé son vieux moule à idées profanes ; en un mot, que voulant changer son siècle, il a commencé par changer son style. […] Napoléon a été le représentant armé du grand mouvement révolutionnaire qui a changé la face de la France. […] C’est lui plutôt que son siècle a converti, qu’il a changé. […] Si je m’occupais avec quelque attention des enfants, qui seuls n’avaient pas changé en gaieté, mes yeux, rencontrant ceux de madame de Couaën, constamment attachés à ces chers objets, y faisaient déborder l’amertume. […] s’écria Victor Jacquemont indigné ; moi qui en change deux fois par jour !
C’est pourquoi, si l’état du nerf change, l’excitant a beau être le même, la sensation change de degré, ou même de qualité. […] Tout trouble lent ou soudain de ses fonctions change aussi les aptitudes intellectuelles. […] Si leur action s’exagère, les images plus intenses échappent à la répression que d’ordinaire les sensations leur imposent et se changent en hallucinations. […] En d’autres termes, quand l’image devient très lumineuse, elle se change en impulsion motrice. […] Vous voyez en effet se produire un mouvement du membre postérieur du côté irrité. » Suivant le point irrité, les mouvements changent, et la nouvelle combinaison de contractions musculaires est toujours celle qui convient pour écarter la nouvelle cause d’irritation.
La terre tourne, mais les vérités ne changent pas de place. […] Parfois enfin, la révolution ne veut changer qu’une partie de la constitution, et, par exemple, n’a pour but que de fonder ou de renverser une certaine magistrature. […] « C’est ainsi qu’à Épidamne un seul point de la constitution fut changé, et qu’un sénat fut substitué aux chefs des tribus. […] « Mais dans cet instant qu’il assigne à la révolution universelle, même les choses qui n’ont point commencé d’être ensemble changeront cependant à la fois ! […] Son autorité se change en tyrannie, et c’est ce qui arriva jadis à la plupart des oligarchies siciliennes.
Les siècles ont adopté la solution platonicienne ; ils l’ont approfondie, ils ne l’ont pas changée. […] Sans doute la nature et la réalité ne changent pas ; et le génie, quand il applique sa puissance à les observer, peut d’un premier effort les pénétrer et les comprendre tout entières. Aristote a rencontré parfois ce bonheur ; et la logique, par exemple, a été construite de toutes pièces par ses seules mains, sans que ce prodigieux édifice eût été préparé par des travaux antérieurs, sans qu’il ait été agrandi ou changé par les travaux qui ont suivi. […] Le jugement eût été le même si nous en avions appelé à Descartes ; la réponse n’aurait pas changé pour être donnée à deux mille ans de distance, parce que la vérité ne change point. […] La forme que la science y revêt est celle même qu’elle a depuis lors conservée, et qu’elle ne changera point.
Oscar Méténier s’était uniquement donné la peine d’en changer le titre (jadis le Roman d’une jeune fille pauvre), et que le véritable auteur Oscar Honoré l’avait perpétrée, quarante années auparavant. […] Vous, voyez qu’avec elle on gagne beaucoup au change. […] Si, maintenant, pour finir, nous ajoutons qu’il existe de certaines agences ayant le monopole des fonds de romans, qu’il est des cabinets d’affaires spéciaux où l’on recherche les manuscrits au dernier rabais, afin de les écouler ensuite sous forme de reproduction dans cent ou deux cents journaux de province, que les dites agences ont leur installation bien connue des miséreux de la profession ; qu’elles ne cachent point leur enseigne, mais, au contraire, la relèvent et la décorent d’étiquettes alléchantes, telles que celle-ci : À la Providence des romanciers ; qu’elles sont comme le Mont-de-Piété de la basse pègre écrivante, avec cette réserve que les objets engagés y changent aussitôt de nom et ne reviennent jamais à leurs propriétaires ; et nous aurons à peu près tout dit sur les secrets d’un trafic plus heureux qu’honorable. […] Le problème est ici particulièrement difficile : si l’on écrit des romans-feuilletons, c’est sans doute qu’il y a des gens pour les lire ; nous tournons dans un cercle : il faudrait changer la littérature pour changer le public, mais pour changer la littérature il faudrait avoir changé le public auquel elle s’adresse.
« Et je chemine solitaire pendant que mes cheveux changent de couleur, pensant en moi-même à ce qu’elle est aujourd’hui, et en quel séjour elle réside, et quelle félicité favorise ceux à qui il est donné de contempler sa ravissante vision. » V Mais en voici un qui porte sa date et son origine dans les exclamations de l’amant veuf de son amour, en revoyant vide le site où il a aimé. […] « Ô doux et précieux gage que la mort m’enleva et que le ciel me garde… Toi qui vois ce qui se passe en moi et qui souffres de mon mal, toi qui peux seule changer en béatitude tant de douleur, que ton ombre au moins visite mes courts sommeils et que ta vision calme mes gémissements ! […] maintenant je t’aime, maintenant je t’honore, parce qu’avec la couleur de ta chevelure tu as enfin changé ta vie ! […] Mon premier mouvement a été d’aller sur le tombeau de mon père lui dire les derniers adieux et mêler mes larmes aux vôtres ; mais, depuis que j’explique ici en public la Divine Comédie du Dante, il y a dix mois, je suis attaqué d’une maladie de langueur qui m’a tellement affaibli et changé que vous ne me reconnaîtriez plus. […] Voici comment il décrit, dans une de ses lettres à son amie Thérésa ***, ses impressions à Arquà ; nous y avons retrouvé les nôtres : « Thérésa, s’apercevant de ma taciturnité, changea d’accent et essaya de sourire.
Le grand-duc me témoigna une considération précoce et imméritée, qui ne tarda pas à se changer, sous les rapports politiques, en véritable amitié. […] On crut que j’aspirais à changer de patrie et à devenir ministre favori du grand-duc, au lieu de simple chargé d’affaires de France dans une cour d’Italie. Le parti autrichien affecta de s’en alarmer ; il n’en était rien, je n’avais, à cette époque, ni mérité, ni subi les rigueurs de ma patrie, et je n’aurais eu aucune excuse de chercher à changer de foyer et de devoir. […] Toute sa colère d’imagination contre la tyrannie des rois de Turin se changea en rage contre l’audace des peuples démocratisés par la France ; il assouvit sa haine à huis clos, par le Miso Gallo, recueil d’invectives mal rimées et d’épigrammes sans dard, contre le pays, les hommes, les principes qu’il avait exaltés jusque-là. […] À la sombre lueur de cet immense phare, Harold longe les bords où frémit le Ténare ; Où l’Élysée antique, en un désert changé, Étalant les débris de son sol ravagé, Du céleste séjour dont il offrait l’image Semble avoir conservé les astres sans nuage.
Que les temps sont changés ! […] L’audace d’une femme, arrêtant ce concours, En des jours ténébreux a changé ces beaux jours. […] Comment en un plomb vil l’or pur s’est-il changé ? […] Qui changera mes yeux en deux sources de larmes Pour pleurer ton malheur ? […] Il s’était cependant persuadé que tout était changé pour lui, et n’eut, pour le croire, d’autre sujet que ce qu’on va lire.
En attendant il dort et restera ainsi jusqu’au soir, sans avoir envie de changer de place. […] Nous les changeons par d’autres, nous les remplaçons selon notre état intérieur, et pour les besoins du moment. […] La Fontaine est si pénétré des vrais caractères de ces animaux, qu’il change la morale primitive plutôt que de les altérer. […] Ils y demeurent opiniâtrement, et, pour les obliger à changer de lieu et à prendre une route, il leur faut un chef qu’on instruit à marcher le premier, et dont ils suivent tous les mouvements pas à pas. […] Buffon se fait l’avocat de l’âne et change en mérites, tous les défauts du baudet. « Il est de son naturel aussi humble, aussi patient, aussi tranquille que le cheval est fier, ardent, impétueux.
Cela seul changeait les conditions sinistres de son existence et de son avenir. […] « Voyez combien le seul fait de sa proclamation légale et réfléchie changeait tout. […] Voilà comment un seul changement, à l’origine de la république, changeait le sort de la Révolution. » II Les Girondins règnent sous le nom de Louis XVI, et règnent en le trahissant. […] Il entendit sans changer de couleur, de regard, d’attitude, les invectives lancées contre lui et le décret de sa déchéance. […] Le vice et la vertu changent-ils de nom en changeant de parti ?
La société n’a pu changer la loi divine de la nature : afin que le sang coule, elle a la guerre, et elle a le bourreau672. […] Et ce légitimiste renforcé, en fait, était assez libéral, à la façon de nos anciens magistrats du Parlement : il haïssait, ou méprisait les émigrés ; il tenait la Révolution pour un fait providentiel, comme tous les autres673, et, ce qui est plus méritoire, comme un fait historique, qui devait changer les maximes du gouvernement royal ; il lui semblait absurde qu’on pût prétendre à biffer tout bonnement vingt ans d’histoire, et quelles années ! […] Il avait l’âme inquiète, profondément personnelle, avide de plaisirs et de sensations, l’imagination ardente et mobile, l’esprit souple, vaste, actif, lucide : joueur incorrigible, amant toujours passionné et prompt à changer, causeur étincelant, homme d’État inconsistant, déroutant l’opinion par de soudaines volte-face. […] Puis les choses reprirent leur cours : mais le suffrage universel avait changé l’aspect de la Chambre et par contre-coup la forme de l’éloquence parlementaire : il y eut moins de correction, de politesse, de logique, plus de violence et de passion déchaînée, des voix plus grosses et plus populaires ; la tradition emphatique ou solennelle de l’éloquence jacobine, le rugissement et le laconisme reparurent à la tribune. […] Simon, il changea de fièvre : il devint le philosophe de la bourgeoisie, gardien sévère des convenances morales, de la religion et de la propriété.
Il y a cinq cent soixante verstes, cela m’a coûté près de vingt roubles, car on change plus de quarante fois de chevaux ; et pour frotter ma voiture de goudron, ils me prenaient jusqu’à quinze sols. […] Cette lettre a été brûlée ; les événements ont changé tout à fait. […] Voyez comme la scène a changé ! […] Là nous passerions dans notre souvenir tous les événements qui ont changé la face des nations. […] Le Maignan ; mais, comme vous ne remplîtes pas cet objet et que j’ai payé à mon retour de l’île de France une somme de 64 roubles au moins à Mme Pictet qui me rendit un billet particulier de cette somme, il est clair que ma dette totale envers vous est de 200 roubles qui font, non pas 800 livres au cours actuel du change selon vous, mais 1 000 livres au cours où vous me les avez prêtés.
Toujours Mathieu Marais maintiendra la mémoire de Despréaux et s’y montrera fidèle, même alors que le goût public aura le plus changé et que l’esprit des Fontenelle et des La Motte prévaudra. […] Mais ces imaginations trop confinées au seuil domestique, rétrécies d’horizon, qui n’avaient quasi rien vu qu’à travers les vitres d’une étude et en sortant des dossiers, prenaient aisément le change sur les couleurs, sur les tableaux, sur la matière et l’exécution de la poésie. […] Il y a longtemps que j’applique à ce grand homme un éloge plus étendu que celui que Phèdre donne à Ésope : Naris emun-ctæ 4, natura nunquam verba cui potuit dare (homme au nez fin, à qui la nature n’a jamais pu donner le change). […] Mathieu Marais, en citant de mémoire, a un peu changé le texte de Cicéron et l’a tiré à lui, comme il arrive souvent.
Je sais bien qu’au fond et à la rigueur elle peut se défendre ; car, si vous supprimez dans l’amitié tout ce qui en fait le charme et le prix, si vous vous plaisez, par supposition, à retirer une à une toutes les qualités de votre ami ; si, au lieu d’un homme libéral et généreux, vous en faites subitement un maniaque qui tourne à l’avare ; si, au lieu d’un esprit libre, vous supposez qu’il soit devenu sectaire ; si, au lieu d’un être intelligent, vous le supposez en décadence, en enfance, et n’étant plus lui-même, il est bien clair que les conditions de l’amitié sont changées. […] Change l’état douteux dans lequel tu nous ranges, Nature ; élève-nous à la clarté des anges. […] Je ne prétends pas dire, assurément, qu’il n’y ait plus lieu aux convenances des esprits et des âmes, ni à ce noble sentiment de l’amitié ; mais la forme où nous le voyons se produire chez Saint-Évremond a notablement changé avec les conditions de la société elle-même. […] Elle est plus philosophe qu’Épicure ; les approches de la mort ne l’ont point fait changer de sentiment, et je la connais assez pour croire qu’elle fera ce fâcheux pas sans aucune faiblesse. » Voilà un annotateur et un témoin original qui nous donne bien envie de connaître son nom.
Aujourd’hui, quand on veut reconnaître cette rade immense (si rade il y a), l’aspect a tout à fait changé. […] Eugène Sue comme romancier, à la veille encore de ses Mystères de Paris ; à dater de ce jour-là, sa position en face du public et de la critique a visiblement changé : rien de surprenant que nous changions aussi. […] Le succès des Mystères de Paris a tout changé ; le voilà le romancier en vogue ; il a détrôné Balzac, il est lu partout, dans le salon comme dans l’échoppe, et d’honnêtes prolétaires le proclament le philanthrope par excellence ; en homme d’esprit qu’il est, il exploite sa veine.
Tout ce qu’il laissait en outre subsister de l’ancienne Église, soit comme n’étant pas contraire à l’esprit de la nouvelle, soit comme indifférent, marquait moins l’intention d’abolir les œuvres que d’en changer l’esprit. […] Il mourut le 27 mai 1564, « ayant vécu dit Théodore de Bèze, quant à cette vie mortelle, l’espace de cinquante-six ans moins un mois et treize jours, desquels il en avoit passé justement la moitié au saint ministère ; parlant et écrivant sans avoir rien changé, diminué ni ajouté à la doctrine qu’il avait annoncée dès le premier jour de son ministère, avec telle force de l’esprit de Dieu, que jamais méchant ne le put ouïr sans trembler, ni homme de bien sans l’aimer et l’honorer68. » § V. […] Les additions ne contredisent pas la louange que lui a donnée Théodore de Bèze, de n’avoir rien changé ni ajouté à sa doctrine, si ce n’est plutôt marque de médiocrité que titre de gloire pour un homme, d’avoir été immuable, en tout ce qui ne regarde pas la conduite morale. En effet, Calvin ne changea rien au fond de sa doctrine ; c’est par le nombre et le développement des preuves que son ouvrage s’accrut.
Mais aussi la combinaison de ces éléments éternels varie incessamment ; vices et vertus changent suivant les temps et de forme et d’intensité ; la moralité dans l’humanité et même dans une seule nation a son va-et-vient, sa hausse et sa baisse, autrement dit son évolution. […] Ce jour-là les types littéraires changent à leur tour. […] Si nous passons il l’époque de Racine, les théories morales n’ont pas encore eu le temps de changer. […] Par suite, la lutte, qui fait le fond de toute œuvre dramatique, change de caractère.
La condition de l’homme de lettres, comme tant d’autres conditions dans notre société, a changé, et probablement changera de plus en plus ; elle est soumise bien autrement qu’elle ne l’a jamais été à ces grandes lois de l’égalité, de l’émulation, de la libre concurrence. […] En fait, la condition de l’homme de lettres a changé ; le nombre est de plus en plus grand de ceux qui, ne pouvant s’assujettir à ce qui fait l’objet de la plupart des ambitions, à ce qu’on appelle une place, sont prêts à se confier tout entiers, eux et les leurs, à leur plume, à leur plume seule. […] Horace l’appelait déjà de son temps un « monstre à mille têtes » ; et, depuis Horace, les têtes ont changé, mais en augmentant.
D’ailleurs, si, dans bien des cas, l’organisation économique moderne force les hommes à exercer simultanément plusieurs professions, plus souvent encore elle les forcera à les exercer successivement, D’après des observations faites sur les ouvriers anglais, qui paraissent sentir, plus promptement que les autres, les exigences du système de production actuel, le travailleur idéal, le travailleur de l’avenir serait celui qui serait, apte à changer de métier suivant les variations de la demande164. […] Si surtout les groupements dont l’individu a fait partie ont changé, et que nous ayons le sentiment qu’ils peuvent changer encore, alors nous éprouvons de plus en plus le besoin de l’estimer en lui-même et pour lui-même. […] — Et il faut reconnaître que souvent la même dignité suit l’homme à travers les cercles les plus variés, et qu’ainsi, changeant de groupe, on peut dire qu’il ne change pas de classe.
À cela près73, l’âge n’avait rien changé en elle ; sa figure resta noble et agréable jusqu’à la fin de sa vie, et son caractère ne subit pas plus de modification. […] Plus rien de libre ni de léger ; comme chez les fabuleux Phéaciens, ce qui l’instant d’auparavant était le navire ailé qui allait et venait sans cesse et volait aussi vite que la pensée, s’était tout d’un coup changé en un rocher fixe, en une écrasante montagne qui barrait la vue et couvrait la ville d’effroi. […] [NdA] Je me suis permis de changer un mot ; le croirait-on ?
Changez la lumière, faites que le rayon tombe où il faut, que l’ombre se retire et se dégrade, en un mot regardez Villars au soleil, le même homme va paraître tout différent. […] Le matin de la journée de Senef, à un mouvement que faisaient les ennemis, la plupart des officiers généraux qui étaient autour du prince crurent qu’ils fuyaient. « Ils ne fuient pas, dit Villars, ils changent seulement leur ordre. » — « Et à quoi le connaissez-vous ? […] Tantôt ils se flattent de ne rien devoir qu’à leur mérite, à leur vertu, sans rien laisser au hasard ; tantôt ils sont plus fiers de paraître tout devoir au hasard qu’à leurs qualités propres : c’est qu’il semble alors qu’un génie suprême, l’âme même des astres et de l’univers s’occupe d’eux, — change et incline l’ordre général pour eux.
Quand vous lui écrirez, dites-lui que je ne me lasse pas d’admirer l’adresse avec laquelle il a su profiter d’un temps où, Frédéric et Catherine ayant disparu du théâtre des affaires du monde, il n’y a plus sur tous les trônes de l’Europe que des imbéciles. » Mais la veille ou le lendemain le vent tourne, le langage change, le naturel reparaît ; et vers ce même temps, apprenant le meurtre du duc d’Enghien, elle disait avec la même liberté de propos : « Ce pauvre diable était le seul des princes français qui eût de l’élévation et du courage. […] Elle parla avec amertume des Anglais ; elle dit qu’elle avait peu d’estime pour cette nation de marchands, et finit par laisser pressentir qu’elle n’était pas éloignée de changer de système. […] Alquier jugea que son premier secrétaire s’était trop avancé, que la reine n’avait pas changé de sentiments, et qu’il n’y avait rien à espérer de cette Cour dans le sens d’une neutralité sincère.
Il faut espérer que, quand elle verra la mort de plus près, elle changera de langage comme font d’ordinaire la plupart de ces gens qui font tant les fiers quand ils se portent bien. […] Qu’importent ces chants qu’on exhale, Ces harpes autour du saint lieu ; Que notre voix soit la cymbale Marchant devant l’arche de Dieu ; Si l’âme, trop tôt consolée, Comme une veuve non voilée Dissipe ce qu’il faut sentir ; Si le coupable prend le change, Et tout ce qu’il paye en louange, S’il le retranche au repentir ? […] C’est quelque chose de simple, de familier, de vif, d’entrecoupé, qui se déploie et se brise, qui monte et redescend, qui change sans effort en passant d’un personnage à l’autre, et varie dans le même personnage selon les moments de la passion.
D’autre part, elle le précède et lui survit ; elle est donc permanente, tandis qu’il est passager ; il a beau se répéter, changer, elle est toujours une et la même ; on peut la comparer à une source inépuisable dont il est un flot. […] Nous avons vu, dans un triton ou une grenouille, le train postérieur, séparé du reste, exécuter des mouvements complexes, adaptés à un but, et capables, si les circonstances changent, de s’adapter à un autre but. […] En somme, la république de centres nerveux, tous égaux et presque indépendants, que l’on rencontre chez les animaux inférieurs, se change peu à peu, à mesure que l’on arrive aux animaux supérieurs, en une monarchie de centres inégaux en développement, étroitement liés, et soumis à un centre principal. — Mais cette organisation et cette centralisation plus avancées ne suppriment point la pluralité originelle de l’être ainsi construit.
Cuvier, n’eût qu’à changer de fauteuil pour changer de travail. […] Il parut alors changer de principes en changeant de rôle : il émigra, non pas pour combattre son pays, mais pour se réfugier dans les larmes de ceux qui, en voulant faire beaucoup de bien, ont ouvert la porte à beaucoup de mal.
On s’étonne de ne trouver ni dans le portrait qu’il a tracé de lui, ni dans ses Mémoires, aucun aveu sur cette fatalité qui le condamna pendant près de vingt ans à s’imposer toutes les fatigues de l’ambition et de l’intrigue, au profit de volontés qui se perdaient dans leurs propres vues, et ne s’inquiétaient guère des siennes ; à n’agir qu’à la suite ; à ne se déterminer qu’au moment même où, sans le consulter, son parti venait de changer d’avis ; à haïr ses propres lumières comme des empêchements de sa volonté, et sa volonté comme la dupe de ses passions. […] Plus tard, compris dans l’amnistie, il changea entièrement de manière de vivre, ou plutôt il prit possession de sa véritable vie, vie de réflexion et de conversation, par laquelle, a dit Mme de Sévigné, « il s’est rapproché tellement de ses derniers moments, qu’ils n’ont eu rien d’étranger pour lui94. » Il consacra ses loisirs, partie à écrire ses Mémoires et à méditer ses Maximes partie à des lectures avec des personnes d’esprit, et à des conversations où il y avait beaucoup à moraliser. […] Il est telles de nos pensées que nous traitons comme nos biens de fortune ; nous les changeons dès que leur forme nous lasse, nous leur imposons nos caprices.
En fait de méthode, d’ailleurs, on ne peut jamais faire que du provisoire ; car les méthodes changent à mesure que la science avance. […] Les symboles sous lesquels elle se pense changent suivant ce qu’elle est. […] Là où l’animal est remplacé par un ancêtre humain, mais également mythique, c’est que le clan a changé de nature.