Il n’est pas une comédie d’intrigue, si l’intrigue en est assez faible, dépourvue d’ailleurs de tout intérêt propre, et livrée comme au hasard par l’indifférence de l’auteur. […] On s’amusait soi-même de ses propres inventions, sans y attacher autrement d’importance, et l’amour-propre ou la vanité d’auteur y étaient seuls en jeu. […] … Non, Mesdames, non, Messieurs ; et la preuve c’est que ni Le Clerc, l’auteur d’une autre Iphigénie, ni Pradon, l’auteur d’une autre Phèdre, n’ont vu dans la Phèdre de Gilbert ou dans l’Iphigénie de Rotrou ce que Racine y a su démêler. […] … Oui, puisque enfin l’auteur de Phèdre devait être celui d’Esther et d’Athalie. […] Les comédiens, vous ne l’ignorez pas, étaient alors un peu les maîtres des auteurs, et Voltaire même, Voltaire, chargé de gloire et d’années, n’en fera pas tout ce qu’il voudra.
La première édition des Caractères (1688), sans nom d’auteur, semble d’abord tout à l’intention et à l’honneur de l’ancien Théophraste, dont on offrait au public la traduction : le Théophraste moderne venait, comme on dit, par-dessus le marché. […] Peu à peu, à chaque édition nouvelle, pendant huit éditions consécutives, l’auteur va doubler et tripler la dose. […] Après avoir peint dans toutes les conditions, et depuis les plus sordides jusqu’aux plus hautes, les mœurs de son temps, l’auteur en vient donc à considérer l’humanité en général ; on voit la gradation. […] Mais l’élévation chez lui l’emporte, en fin de compte, sur la rancune ; l’honnête homme triomphe de l’auteur. […] On sent que l’auteur possède son sujet, et qu’il en est maître sans en être plein.
L’auteur, Arnoul Gresban, était un notable bachelier en théologie, chanoine de l’église du Mans, du temps de Louis XI. Il avait un frère également homme d’église, poëte et auteur dramatique. « Les deux Gresban au bien résonnant style », a dit Marot. […] Et ceci est une remarque essentielle et tient à la forme même dont il s’agit, forme qui en est une à peine et qui n’exigeait de la part des auteurs aucuns frais d’invention. […] Que l’auteur du mystère ait ou non connu Sophocle, il a fait preuve de goût et d’habileté en donnant à Judas une autre position qu’au héros grec. […] C’est à regret qu’on signale ces faiblesses et ces fragilités de jugement, dans des écrits d’ailleurs dignes d’estime par les recherches et par le zèle tout littéraire qu’ils supposent chez les honorables auteurs.
Je ne m’explique pas qu’un homme tel que l’auteur me dépeint Jésus puisse être si divin sans être Dieu, au moins en bonne partie. […] En vérité, l’auteur paraît n’avoir eu qu’un but : arracher au fondateur du christianisme sa démission de Dieu. […] Ces travaux d’outre-Rhin, et qui se poursuivaient avec tant de patience et d’ardeur, transpiraient peu parmi nous, et les noms de leurs auteurs n’étaient même pas connus de la majorité des hommes réputés instruits de notre pays. […] Il est arrivé ainsi à faire un livre d’art autant et plus que d’histoire, et qui suppose chez l’auteur une réunion, presque unique jusqu’ici, de qualités supérieures, réfléchies, fines et brillantes. […] L’auteur que l’on pouvait croire jusqu’ici assez dédaigneux des suffrages moyens, a fait acte par là d’une grande déférence pour la généralité des lecteurs.
Perrault, qui mettait les modernes si fort au-dessus des anciens, comptait parmi les plus beaux avantages de son siècle cette cérémonie académique, dont il était le premier auteur. […] Cette dernière classe m’a paru fort élargie, je l’avoue, et dans des limites prodigieusement flottantes, puisqu’elle comprendrait, selon l’auteur, tant d’espèces diverses, depuis le grand politique jusqu’au journaliste spirituel, depuis le cardinal de Richelieu jusqu’à M. […] On a dit de Montesquieu qu’on s’apercevait bien que l’aigle était mal à l’aise dans les bosquets de Gnide : nous sera-t-il permis de dire que l’auteur d’Éloa a souvent dû être fort empêché en voulant déployer ses ailes de cygne dans la biographie de l’auteur de Joconde et des Deux Gendres ? […] Le faible ou le commun, qui se retrouve si vite au-delà de la première couche chez cet auteur spirituel, a été, en général, l’écueil de la littérature de son moment. […] Molé s’est appuyé d’une phrase que M. de Vigny a mise dans la bouche du capitaine Renaud, pour conclure, trop absolument, je le crois, que l’auteur était en garde contre ce sentiment et qu’il s’y était volontairement fermé.
Voyons donc un peu de plus près, et laissons-nous guider par l’auteur même de la Notice, sauf à être plus hardi ou plus indiscret en quelques points. […] L’original de cette lettre de Louis XIV existe à la bibliothèque du Louvre, et l’auteur de la présente Notice la donne textuellement. […] Au moral c’était de même, et je me permettrai d’être ici moins circonspect que l’auteur de la Notice. Il semble trop, d’après ce gracieux et discret auteur, que la duchesse de Bourgogne fût une personne accomplie et parfaite, et que cette éducation de Saint-Cyr l’eût réellement atteinte au fond. […] Le roi n’a rien su de ces courses nocturnes. » Voilà les raisons qui, sans que j’y tienne beaucoup, m’ont fait hasarder un doute contraire au vœu du spirituel auteur de la Notice, et élever pour ainsi dire question contre question.
G. d’Annunzio, l’auteur de l’Intrus, qui, en italien, portait le titre de l’Innocente, semble procéder de M. […] Casimir Stryienski, tel est le titre d’un livre qui est bien fait pour exciter la curiosité des admirateurs de l’auteur de la Chartreuse de Parme. […] Voilà, en gros et raconté un peu plus qu’il ne conviendrait à la cavalière, ce roman qui, malgré le talent de l’auteur, talent fait de détails ciselés de main d’écrivain, ne me semble pas devoir donner à son héroïne la sympathie ni le pardon que l’auteur a dû rêver pour elle. […] L’auteur de Madame Corentine, M. […] Comme on le prévoit, étant donné le nom de l’auteur, ce n’est pas là un œuvre improvisée.
Et puis il craignait que des moines auteurs eussent des âmes d’auteurs : il voyait l’indocilité, la présomption et l’envie déraciner en eux les vertus monastiques d’humilité, d’obéissance et de charité. […] L’auteur, trop jeune, n’avait-il pas encore acquis son expérience ? […] Faire de la poésie, voilà toute la prétention de l’auteur. […] Où voit-on en France, entre 1715 et 1730, des auteurs qui se prennent aux cheveux ? […] En second lieu, les auteurs dramatiques, comme hommes de lettres, sont esclaves des règles.
On sent que ce n’est point une fiction ni une gentillesse que ce titre d’ouvrière qui se joint aux initiales de l’auteur. […] Il y a même dans ce volume quelques cris trop déchirants pour être confiés à l’art et qui font mal à entendre ; mais l’auteur qui, tout en les laissant échapper par moments, sait qu’il ne faut pas tout dire, et qu’il y a la pudeur de la muse et celle de la femme, a d’ordinaire exhalé ses émotions et ses larmes par un détour et à travers un léger voile qui les laisse arriver sincères encore, mais non pas trop amères ni dévorantes. […] L’auteur, pour peu qu’il s’apaise un jour et qu’il rencontre les conditions d’existence et de développement dont il est digne, me paraît des plus capables de cultiver avec succès la poésie domestique et de peindre avec une douce émotion les scènes de la vie intime : car si Mme Blanchecotte (ce qui est, je crois, son nom) a de la Sapho par quelques-uns de ses cris, elle aurait encore plus volontiers dans sa richesse d’affections quelque chose de mistriss Felicia Hemans, et tout annonce chez elle l’abondance des sentiments naturels qui ne demandent qu’à s’épancher avec suite et mélodie. Au reste, ce ne sont pas des conseils ici que je viens lui adresser : j’ai voulu surtout donner avis au public qui aime la poésie, et lui dire : Il y a un poète dans ce volume, un poète à demi enchaîné ; aidez-le à prendre l’essor. — Béranger et M. de Lamartine, chacun de leur côté, et cette fois sans qu’on puisse y soupçonner de la complaisance, ont déjà donné à l’auteur ce brevet de poète : je ne fais qu’ajouter après eux mon apostille bien sincère.
Le marquis d’Argenson surtout, l'ainé des deux frères et l’auteur de ces Mémoires, mérita l’estime de son temps et mérite bien un regard du nôtre. […] Chacun apportait sa portion de zèle et de lumières ; l’un était chargé de l’histoire des finances ; l’autre, de celle du commerce ; un troisième, d’une histoire des États-généraux et des Parlements ; mais le plus inépuisable lecteur était sans contredit le digne abbé de Saint-Pierre que notre auteur aime à nommer en toute occasion son bon ami ; il y épanchait ses rêves bienveillants, y enfantait ses projets pleins d’espérance, et puisait dans les regards et jusque dans les sourires de l’amitié ses croyances les plus fermes à un bienheureux avenir. […] Tout ce que j’ai dit de l’auteur en est tiré. […] L’auteur s’est fort attaché à retracer la vie et le caractère du comte d’Argenson le moins âgé des deux frères, et celui-ci sans doute ne mérite l’oubli non plus que l’autre.
Cet Ouvrage est un des plus piquans qu’on ait publiés contre les Auteurs systématiques de nos jours. […] Nous exhortons l’Auteur à remplir la promesse qu’il fait dans sa premiere Lettre, sous le nom du Chevalier qu’il a mis en scene. […] L’enthousiasme qu’un grand nombre d’Auteurs ont attribué à Ronsard pour ce Poëme, n’est nullement conforme à la vérité. […] L’invention en eût été plus riche, la diction plus naturelle, & l’intérêt plus sensible ; l’Auteur auroit employé des expressions plus correctes, & évité les tournures Gasconnes ; ses images auroient été mieux choisies, ses comparaisons plus justes & moins ridicules ; il n’eût point appelé le Soleil le Duc des Chandelles les Vents les Postillons d’Eole, le Tonnerre le Tambour des Dieux ; le total de l’Ouvrage eût été dans le goût de ces vers du quatrieme Chant, qu’on peut citer avec estime, dès qu’il ne s’agit pas de l’Astronomie : Il se trouve entre nous des esprits frénétiques Qui se perdent toujours dans des sentiers obliques, Qui, sans cesse créant des systêmes nouveaux, Prouvent que la raison gît loin de leurs cerveaux.
Sainte-Beuve L’auteur, pour peu qu’il s’apaise un jour et qu’il rencontre les conditions d’existence et de développement dont il est digne, me paraît des plus capables de cultiver avec succès la poésie domestique et de peindre avec une douce émotion les scènes de la vie intime ; car si Mme Blanchecotte (ce qui est, je crois, son nom) a de la […] Sapho par quelques-uns de ses cris, elle aurait encore plus volontiers dans sa richesse d’affections quelque chose de Mistriss Felicia Hemans, et tout annonce chez elle l’abondance des sentiments naturels qui ne demandent qu’à s’épancher avec suite et mélodie. — Béranger et M. de Lamartine, chacun de leur côté, et cette fois sans qu’on puisse y soupçonner de la complaisance, ont déjà donné à l’auteur ce brevet de poète : je ne fais qu’ajouter après eux mon apostille bien sincère. […] C’est la même imagination confiante, le même élan continu vers la sympathie du lecteur… Mme Blanchecotte est encore, parmi nos modernes, un de ceux qui ont le plus gardé des traditions de poésie subjective ; mais les Militantes marquent un grand progrès, et, de cette personnalité un peu mélancolique, trop attachée, selon nous, à la lettre de sa souffrance, l’auteur commence à se dégager vers les régions supérieures où l’âme de chacun se fond et se disperse dans la vie de tous.
Il avoit, outre cela, un esprit naïf & judicieux, un style simple, quelquefois énergique, & sur-tout une manière de concevoir & de présenter les choses, qui en fait un Auteur original. […] On a vu l’Auteur d’Emile s’appuyer de quelques-uns de ses passages, pour étayer ses opinions contre le Christianisme. […] Si l’on fait attention au caractere de cet Auteur, développé dans ses propres Ouvrages, on verra qu’il n’écrivit son Livre de la Sagesse, que pour réfuter les doutes de quelques Beaux-Esprits de son temps, au nombre desquels étoit son ami Montagne.
Auteur de plusieurs petites Brochures, pleines d’hérésies, en matiere de goût & de jugement. […] Qu’on juge, après cela, du cas qu’on doit faire d’une Epître sur la corruption du goût, composée par ce même Auteur. […] Nous ignorons s’il est vraiment un des parens de cet Auteur ingénieux & ordurier ; mais nous pouvons assurer qu’il n’a rien de commun avec lui que la licence scandaleuse de ses Vers, plus pitoyables encore que sa Prose ; ce qui a fait dire à bien des gens, qu’il eût mieux valu, pour sa gloire, qu’il se fût uniquement attaché à la Médecine, où il auroit pu cacher plus facilement ses fautes.
METTRIE, [Julien-Offroi la] Médecin, de l’Académie de Berlin, né à Saint-Malo en 1709, mort à Berlin en 1751 ; Auteur éclairé de plusieurs bons Ouvrages sur la Médecine & contre les Médecins, & Auteur frénétique de plusieurs Livres de Philosophie, qui font également tort aux Lettres & à la Raison. […] Si, dans cette République, on sévit ainsi contre les Auteurs qui déchirent la Religion, comment ose-t-on se plaindre de voir, en France, arrêter le débit de leurs Ouvrages, & défendre l’entrée de ceux qu’on imprime chez l’Etranger ?
Si quelque heureux génie eût jeté sur la manie philosophique le même ridicule que cet Auteur répandit sur l'érudition pédantesque, les Philosophes auroient déjà disparu, comme les Commentateurs. […] Soit que l'anecdote qu'on y raconte à son sujet, soit vraie ou fausse, il est certain que celui-ci se déchaîna contre l'Auteur en particulier & en public. Sans s'inquiéter des regles de la Logique, il prétendit réfuter la Déification, en soutenant que Saint-Hyacinthe n'étoit pas l'Auteur du Chef-d'œuvre.
Quand je dis que le jugement du public est désinteressé, je ne prétens pas soutenir qu’il ne se rencontre dans le public des personnes que l’amitié séduit en faveur des auteurs, et d’autres que l’aversion prévient contr’eux. […] La plûpart de ceux en qui il suppose des sentimens de haine ou d’amitié très-décidez sont dans l’indifference, et disposez à juger de l’auteur par sa comédie, et non de la comédie par son auteur.
Pour moi, je crois que les qualités extraordinaires de la langue russe sont en partie la cause d’un défaut fréquent chez les auteurs qui en font usage avec le plus d’habileté. […] La Gavriliade valut à son auteur le renom de révolutionnaire, outre celui d’homme immoral, un peu moins dangereux en Russie que le premier. […] Les descriptions de lieux, les aspects de la nature sont plus exactement peints, car l’auteur sait voir et choisir dans le spectacle qu’il a sous les yeux. […] Le récit s’enchevêtre à chaque instant des réflexions de l’auteur. […] Quand cela était nécessaire, nous en avons fait de même pour tous les autres noms de personnage et d’auteur.
Ainsi s’achève, dans cette fidèle affection des chevaliers pour les instruments de leur gloire, cet idéal de vertu militaire dont la réalité a fourni les premiers traits aux trouvères, auteurs de nos vieilles chansons de geste. […] Que de romans fastidieux, que de pièces fades, où l’auteur a mutilé et défiguré la vie sous prétexte de la peindre, non telle qu’elle est, mais telle qu’elle devrait être ! […] Quelquefois l’effet produit n’est pas du tout celui que désire l’auteur : il peut même en être le contre-pied. […] En vain l’auteur a-t-il voilé ses intimes convictions ; elles percent toujours à travers son masque impassible. […] ; lecteurs ou spectateurs tendent à incliner dans le sens où l’auteur a penché lui-même, et ils y sont entraînés d’autant plus volontiers que celui-ci, au lieu d’asséner ses opinions, laisse à moitié deviner le fond de sa pensée.
L'Auteur, par une ruse assez commune aux Philosophes, s'est plu à rassembler les objections les plus fortes, & à accumuler une infinité de sophismes contre l'immortalité de l'ame & en faveur de l'athéisme. […] Cette maniere de procéder est si peu conforme à la droiture & à la décence, que les Esprits les plus bornés ont démêlé sans peine l'intention coupable de l'Auteur. […] N'est-il pas possible d'extraire les objections combattues par ces Auteurs, & de laisser à l'écart les argumens qu'ils y ont opposés ? […] C'est une addition de l'Auteur des Articles, copiée presque mot à mot d'un petit Recueil de Pieces prétendues philosophiques, où l'on attaque avec déraison & sans pudeur, les vérités les plus saintes & les plus respectables. […] On diroit que c'est un Ouvrage de commande, & que, forcé d'écrire contre les Apôtres de l'Incrédulité, l'Auteur s'est fait un systême de les ménager, de les caresser même en les combattant.
L’auteur [l’auteur qu’il avait pris pour son maître] L’auteur avait du bon, du meilleur, et la France Estimait dans ses vers le tour et la cadence. […] Les Espagnols, non ; cependant il a encore le regard tourné de ce côté-là, mais enfin, je ne connais que le fameux Paysan du Danube, qu’il a tiré d’un auteur espagnol tout récemment traduit. […] En effet, vous voyez que, par exemple, le Paysan du Danube est de l’actualité, puisque c’est d’un auteur tout récemment publié qu’il le tient. […] Le ton est lyrique, et le ton est infiniment pénétrant, autant qu’il montre que l’auteur est de cette idée pénétré lui-même. […] D’abord pour des raisons littéraires : La Fontaine a une langue très difficile, et croyez-en un vieux professeur, il n’y a pas d’auteur où l’on fasse plus de contre-sens que dans La Fontaine.
Élève de Jean-Jacques pour l’impulsion première et le style, comme madame de Staël et M. de Chateaubriand, mais, comme eux, élève original et transformé, quoique demeuré plus fidèle, l’auteur des Rêveries, alors qu’il composait Oberman, ignorait que des collatéraux si brillants, et si marqués par la gloire, lui fussent déjà suscités ; il n’avait lu ni l’Influence des Passions sur le Bonheur, ni René ; il suivait sa ligne intérieure ; il s’absorbait dans ses pensées d’amertume, de désappointement aride, de destinée manquée et brisée, de petitesse et de stupeur en présence de la nature infinie. Obermancreusait et exprimait tout cela ; l’auteur n’y retraçait aucunement sa biographie exacte, comme quelques-uns l’ont cru ; au contraire, il altérait à dessein les conditions extérieures, il transposait les scènes, il dépaysait autant que possible. Mais si Oberman ne répondait que vaguement à la biographie de l’auteur, il répondait en plein à sa psychologie, à sa disposition mélancolique et souffrante, à l’effort fatigué de ses facultés sans but, à son étreinte de l’impossible, à son ennui. […] Latouche, qui a donné sa mesure comme homme d’esprit, mais qui ne l’a pas donnée pour d’autres facultés bien supérieures qu’il a et qui lui pèsent, a lu Oberman avec anxiété, en fils de la même famille, et il en a visité l’auteur dans ce modeste jardin de la Cérisaye, sous ce beau lilas dont le sage est surtout fier. […] Les expressions, les réminiscences d’Oberman s’appliquent à chaque pas. — Nous obéissons à une intention du vénérable auteur en rappelant formellement ici qu’il n’en est pas resté au système oppressé d’Oberman ; il s’est appliqué à s’en dégager sans relâche, à perfectionner, à mûrir ses Libres Méditations, et à y considérer la pensée religieuse indépendamment de tout dogme téméraire ; il ne vit depuis des années que dans ce haut espoir.)
pas même la tête de leur auteur ! […] « Tout ce que l’enfer peut vomir de plus faux — dit-il des Philippiques — y était exprimé dans les plus beaux vers, le style le plus poétique, et tout l’art et l’esprit qu’on peut imaginer. » Quand il arrive aux affreux passages où le Régent est accusé d’empoisonnement : « L’auteur — ajoute-t-il — y redouble d’énergie, de poésie, d’invocations, de beautés effrayantes, de portraits du jeune roi et de son innocence… d’adjurations à la nation de sauver une si chère victime, en un mot, de tout ce que l’art a de plus fort et de plus noir, de plus délicat, de plus touchant, de plus remuant et de plus pompeux… » Ce n’est pas tout. […] L’auteur des Philippiques, jetant l’imprécation à son temps, l’attaquait dans son impiété et ses mœurs. […] Encore Racine et Juvénal se réverbèrent-ils en ces trois strophes, où l’auteur n’est pas plus lui-même que partout. […] IV Il n’en avait pas… Je sais bien que ce n’est pas là tout à fait l’opinion de de Lescure, qui n’est pas biographe pour rien et qui a surfait de toute manière La Grange-Chancel, sur son livre même, — ce livre qui atteste le néant de l’auteur et rend l’illusion impossible.
L’auteur de celle-ci, J. […] La forme du livre est facile, et elle serait agréable si l’auteur, qui sait sourire, se permettait de sourire, et n’empalait pas son esprit sur le piquet du sérieux. […] Le mérite et la distinction de l’auteur, c’est de s’oublier au profit de l’observation et des faits. […] Il les juge un peu à la vapeur, mais aussi bien qu’un esprit attentif puisse faire dans ce lancé de locomotive ou de steamer que l’on appelle maintenant voyager, et en attendant la découverte d’un moyen d’observation supérieure en rapport avec la rapidité des voyages ; car la vapeur, qui nous donne la vitesse des aigles, ne nous en donne pas le regard… Quoi qu’il en soit, des notions exactes en bien des choses, mêlées à des souvenirs classiques dont nous aimerons toujours l’écho, un style animé, qui a quelquefois, il est vrai, comme une éruption d’épithètes, — mais certaines marques ne nuisent pas à certains visages expressifs, — telles sont tes qualités d’un livre sans prétentions et dont l’auteur, d’un goût parfait, ne s’exagère pas d’ailleurs la portée : « J’ai vu — dit-il — Athènes avec bonheur, Constantinople avec étonnement, le Caire avec une vive curiosité. […] Elles appartiennent à l’esprit de l’auteur, comme ses défauts à ses idées.
Quel critique fâcheux s’aviserait de reprendre l’auteur sur ce point, et de nier la parfaite ressemblance de ses copies ? […] et quel besoin aurait eu l’auteur d’étendre ce sujet et de le conduire plus loin ? […] C’est ce beau sentiment qui le passionne pour son auteur : c’est cette qualité rare qui le distingue éminemment à ses yeux parmi les autres poètes. […] Il ne commente l’œuvre que par les propres sentiments de l’auteur, et l’on reconnaît qu’il en éprouve la noble sympathie. […] Je vous cite la dernière correction que l’auteur m’avait communiquée et qu’il préférait à cet autre vers qu’on a laissé dans l’édition de ses œuvres.
La Guerre d’Alsace pendant le grand schisme d’Occident, terminée par la mort du vaillant comte Hugues, surnommé le soldat de saint Pierre, drame historique en prose, sans nom d’auteur, imprimé à Bâle en 1780, et qui paraît n’avoir eu aucun écho en France, fut la dernière tentative de Ramond dans l’ordre de la littérature proprement dite et de l’imagination. […] Ce qu’on peut dire enfin, c’est que l’auteur a très bien deviné et conçu le genre dont le Wallenstein de Schiller (1779) devait offrir le plus magnifique développement, mais qui n’a jamais été en France qu’un genre accessoire et comme latéral à la scène. […] Ce curieux voyage est le sujet d’un volume publié en 1789, sous le privilège, comme on disait, de l’Académie des sciences, et sous le titre d’Observations faites dans les Pyrénées, pour servir de suite à celles que l’auteur avait déjà faites sur les Alpes dix années auparavant. […] Mais ces premiers paysages faits à dessein et composés avec art, qui sont relevés d’images et de souvenirs mythologiques ou classiques (Arcadie, épée de Damoclès, autels d’Esculape, etc.), me plaisent moins que ceux qui seront retracés chemin faisant et avec des traits plus naturels, sans que l’auteur ait l’air de se mettre exprès à son chevalet. […] Depuis Homère jusqu’à Milton, jusqu’au Tasse, jusqu’à Voltaire, je ne crois pas que le génie de l’épopée ait enfanté un poème qui ait paru dans un temps où l’on n’eût autre chose à faire que de le lire ; et beaucoup de difficultés doivent se réunir contre cette œuvre de l’esprit qui acquiert à son auteur la plus grande gloire dont l’homme soit susceptible.
Antiquaire par la science et l’imagination, auteur d’un travail où, avec une rare vigueur d’analyse, il a restitué et rendu présentes les royales cités, les immenses nécropoles de l’Égypte, M. […] Mais n’allons pas au-delà de la pensée de l’auteur, ne lui prêtons pas : malgré les deux épigraphes qu’il a mises en tête de son livre et dont je voudrais effacer la première38, il n’a songé sans doute qu’à nous offrir une application hardie d’analyse, en un cas splendide. […] L’auteur est trop délié, il subtilise. […] L’auteur n’est pas un pur analyste, c’est un voyant. […] L’auteur sera plus à l’aise dans un champ plus vaste.
Pour bien comprendre la pensée de l’auteur, remarquons que la conscience ne se produit que par le changement. […] Examinons maintenant un cas d’association par contiguïté, entre les données de divers sens : soit la perception des objets extérieurs, sujet déjà entamé que l’auteur reprend. […] On se demande, sans doute, pourquoi l’auteur n’a point reconnu un mode particulier d’association par contraste ? […] Ceci nous laisse entrevoir l’esthétique de l’auteur. […] Il est presque inutile de dire que l’auteur reste constamment fidèle à sa méthode de description complète ; que chaque groupe de sensations est examiné séparément, puis dans ses rapports avec les autres.
C’est un ouvrage prématuré, ainsi que l’auteur lui-même le reconnaît un peu dans sa préface, et qui n’est curieux que comme indice de sa disposition scientifique d’alors, et de cette première ambition enthousiaste qui embrasse tout. […] C’est assez faire entendre aussi, je pense, ajoute-t-il, que les personnages ne sont pas des sauvages de l’Ancien ni du Nouveau Monde ; ils sont Français et costumés à la française : enfin, ce qui est encore plus extraordinaire, autant du moins qu’il a été possible à l’auteur, ils parlent français… ». […] Je le tire des Lettres sur les contes de fées (1826), adressées à une femme dont l’auteur avait été l’ami d’enfance. […] Les Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné commencèrent à paraître en 1842, et l’auteur, je l’ai dit, corrigeait hier de sa main mourante les épreuves du cinquième volume, qui en demandait un sixième encore. […] L’auteur apprécie avec beaucoup de bon sens les diverses époques, la Fronde et tout ce qui y a figuré.
Avec les trois œuvres qui l’ont précédé, jointes aux romans antérieurs des deux frères, il semble que l’on peut maintenant définir, en ses traits essentiels, la physionomie morale de l’auteur de Chérie, le mécanisme cérébral que ses écrits révèlent et dissimulent, comme un tapis de fleurs la terre. […] Dans le foyer du cirque où les frères Zemganno attendent avant d’entrer en scène, les objets se diffusent sous les rayonnements que note l’auteur : C’étaient et ce sont sur ces tableaux rapides, sur ces continuels déplacements de gens éclaboussés de gaz, ce sont en ce royaume du clinquant, de l’oripeau, de laa peinturlure des visages, de charmants et de bizarres jeux de lumière. […] Pour les portraits, l’aspect, la physionomie des gens dont l’auteur peuple ses pages, ce qu’il évoque c’est non une énumération de traits au repos, le catalogue d’un visage et d’un corps, mais leur mouvement, leur attitude instantanée, leur figure surprise en un changement ou une révulsion. […] Que l’on relise surtout dans La Faustin, après les vues rembranesques des répétitions diurnes à la Comédie-Française, et la sinistré fin de dîner des auteurs dramatiques, les scènes ou apparaît l’honorable Selwyn, puis cet acte cruel du dénouement égal en puissance terrifiante à la Ligeia de Poe La Faustin imitant devant une glace, par une nuit d’automne, le rictus de son amant moribond. […] Enfin le possesseur de cette curieuse intelligence, il faut le figurer jeté dès sa jeunesse, avec son frère et son semblable, dans les remous de la vie parisienne, promenant l’aigu de son observation, la délicate nervosité de son humeur, dans le monde des petits journaux, des cafés littéraires, des ateliers, dans les grands salons de l’empire, habitant aujourd’hui une maison constellée de kakémonos et rosée de sanguines, le cerveau nourri par une immense et diverse lecture : à la fois érudit, artiste et voyageur, au fait de l’esprit des boulevards, de celui de Heine et de celui de Rivarol, instruit des très hautes spéculations de la science, l’on aura ainsi la vision peut-être exacte, en ses parties et son tout, de cet artiste divers, fuyant exquis, spirituel, poignant, solide l’auteur des livres les plus excitants et les plus suggestifs de cette fin de siècle.