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674. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

On le chercherait vainement dans les sujets romains traités par l’auteur ; il l’a rencontré dans les derniers actes de ses Vénitiens. […] L’auteur de La Feuille était fait pourtant, ce semble, pour s’entendre avec le chantre du Buste de Vénus, avec l’auteur de plus d’une ode délicate et exquise. […] Beaucoup de ses fables semblent être faites exprès pour ce trait qui les termine : elles sont données à l’auteur par le bon mot et pour le bon mot. On a remarqué qu’en général il y a peu d’action, peu de drame, point de caractères dessinés, et que l’auteur n’a pas le détail fertile. […] Lemercier était le plus philosophe des hommes et des auteurs dramatiques, les jours de première représentation.

675. (1896) Les Jeunes, études et portraits

L’auteur a le don de manier les masses. […] Ils sont les auteurs de nos maux. […] Il est à peine un auteur de profession. […] C’est bien ainsi que l’auteur l’a entendu. […] On est auteur.

676. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

enlever à l’auteur du Don Carlos. […] L’auteur a voulu garder l’anonyme. […] On croit savoir cependant que cet auteur est une femme. […] Il faut louer une fois de plus ici l’impartialité hardie de l’auteur. […] Qu’a donc voulu l’auteur ?

677. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Si ce volume, qui ne doit pas contenir moins de six mille vers, tombait aux mains de lecteurs qui aiment peu les vers, et ceux d’amour en particulier ; si, d’après la façon austère et assez farouche qui essaye de s’introduire, on se mettait aussitôt à morigéner l’auteur sur cet emploi de sa vie et de ses heures, à lui demander compte, au nom de l’humanité entière, des huit ou dix ans de passion et de souffrance personnelle que résument ces poëmes, et à lui reprocher tout ce qu’il n’a pas fait, durant ce temps, en philosophie sociale, en polémique quotidienne, en projets de révolution ou de révélation future, l’auteur aurait à répondre d’un mot : qu’attaché sincèrement à la cause nationale, à celle des peuples immolés, il l’a servie sans doute bien moins qu’il ne l’aurait voulu ; que des études diverses, des passions impérieuses, l’ont jeté et tenu en dehors de ce grand travail où la majorité des esprits actifs se pousse aujourd’hui ; qu’il s’est borné d’abord à des chants pour l’Italie, pour la Grèce ; mais qu’enfin, grâce à ces passions mêmes qu’on accuse d’égoïsme, et puisant de la force dans ses douleurs, en un moment où tant de voix parlaient et pleuraient pour la Pologne, lui, il y est allé ; qu’il s’y est battu et fait distinguer par son courage ; que, s’il n’y a pas trouvé la mort, la faute n’en est pas à lui ; qu’ainsi donc il a payé une portion de sa dette à la cause de tous, assez du moins pour ne pas être chicané sur l’utilité ou l’inutilité sociale de ses vers. […] L’œuvre du poëte, comme la maison du Romain, doit être de cristal, afin que rien n’y dérobe jamais la pensée. — Ce livre des Confidences, dont il s’agit, est un des livres de poésie les plus substantiels que je connaisse ; l’auteur, malgré la science qu’il déploie, habite véritablement dans sa passion ; il y est, pour ainsi dire, en plein milieu ; mais il y est tantôt dans un brouillard épais, tantôt dans un marais sans rivage, quelquefois comme enchaîné dans un bloc immense ; ce qui lui manque essentiellement, c’est le style, selon l’acception la plus large du mot, le style qui choisit, qui détermine, qui compose, qui figure et qui éclaire. […] En commençant on ne peut s’empêcher d’être frappé, avant tout, de cette multitude d’épigraphes dont j’ai parlé ; l’auteur a cru devoir dire à ce sujet, dans son ingénieuse préface : « Je ne pense pas qu’on m’accuse d’avoir abusé des épigraphes. […] L’auteur affecte le genre de Swift, de Jean-Paul surtout ; il exalte celui-ci et a le style blasonné de la sorte ; mais combien c’est pire en français ! […] Par contre, il faut toujours aller au fond de ses peines ; le temps qu’on emploie à les peindre est autant de pris sur nos larmes. » J’ai noté un endroit où l’auteur se juge lui-même avec une parfaite sévérité dans la personne de son héros ; il s’agit des lettres de celui-ci dont le style est lourd et contourné, trop souvent bariolé d’ornements parasites.

678. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Gogol ; j’étais dans ce cas comme tout le monde ; j’avais un avantage pourtant que je réclame, c’était d’avoir rencontré autrefois, sur un bateau à vapeur, dans une traversée de Rome à Marseille, l’auteur en personne, et là j’avais pu, d’après sa conversation forte, précise, et riche d’observations de mœurs prises sur le fait, saisir un avant-goût de ce que devaient contenir d’original et de réel ses œuvres elles-mêmes. […] On dirait que l’auteur a eu sous les yeux, dans cette partie de sa nouvelle, des chants populaires dont il a voulu faire usage ; le ton devient purement épique, et les comparaisons homériques abondent. […] La scène est admirablement posée, et l’auteur a su y trouver des accents d’un pathétique sublime. […] dit Boulba doucement ; et il inclina vers la terre sa tête grise. » C’est ici que le bourreau commence son œuvre de torture ; l’auteur a le bon goût de nous en épargner les atroces détails successifs ; il ne peut cependant tout nous supprimer, et c’est graduellement qu’il nous amène au cri final qui arrache une larme ; toute cette page est à citer : « Ostap, nous dit-il, supportait les tourments et les tortures avec un courage de géant. […] Gogol, mais je regrette que, pour un premier recueil, on n’ait pas pu choisir une suite plus homogène et plus capable de fixer tout d’abord sur les caractères généraux de l’auteur : le critique se trouve un peu en peine devant cette diversité de sujets et d’applications.

679. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Le plus parfait de nos poètes, Racine, est celui dont les expressions hardies ont excité le plus de censures ; et le plus éloquent de nos écrivains, l’auteur d’Émile et d’Héloïse, est celui de tous sur lequel un esprit insensible au charme de l’éloquence pourrait exercer le plus facilement sa critique. […] Pourquoi donc désavouerions-nous le mérite des ouvrages que nos bons auteurs ont souvent imités ? […] Il est impossible d’être un bon littérateur, sans avoir étudié les auteurs anciens, sans connaître parfaitement les ouvrages classiques du siècle de Louis XIV. […] Il est peut-être à propos de remarquer que les hommes qui, depuis quelque temps, forment un tribunal littéraire, évitent, en citant nos meilleurs auteurs français, de nommer J.  […] Voltaire aurait désavoué, je crois, cette phrase du Mercure, qui paraîtra dénuée de vérité à tous les Anglais, comme à tous ceux qui ont étudié la littérature anglaise : « On serait étonné de voir que la renommée de Shakespeare ne s’est si fort accrue, en Angleterre même, que depuis les Éloges de Voltaire. » Addison, Dryden, les auteurs les plus célèbres de la littérature anglaise, ont vanté Shakespeare avec enthousiasme, longtemps avant que Voltaire en eût parlé.

680. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Voilà donc des auteurs au lieu d’hommes, et l’art passant tout entier du cerveau à la main. […] Trublet distingue deux ordres d’auteurs : les bons et les très beaux. Quintilien et l’abbé Fleury sont de bons auteurs ; Cicéron et Bossuet en sont de très beaux. […] Pour nous, il n’y a qu’une espèce d’auteurs : ce sont les bons ; il n’y a de bons auteurs que par le vrai, et le vrai, au lieu de n’être que le bon, est le tout. […] Au dix-septième siècle, sauf dans le petit cercle de Bouhours, on demandait aux auteurs le vrai, la raison par laquelle nous le discernons du faux.

681. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 2, de la musique rithmique » pp. 20-41

Par exemple, cet auteur dans le troisiéme chapitre du livre onziéme de ses institutions, où il donne des leçons si curieuses sur le soin qu’un orateur doit avoir de sa voix, et sur la recitation, dit, en parlant de plusieurs mauvaises manieres de prononcer : " il n’y a point de désagrément dans la prononciation qui me choque autant que d’entendre dans les écoles et dans les tribunaux, chanter la modulation théatrale. […] La modulation, dit cet auteur, est l’art de rendre la prononciation d’une récitation suivie plus agréable, et d’en faire un bruit plus flateur pour l’oreille. […] Voila pourquoi la plûpart des auteurs grecs et latins qui ont écrit sur la musique, traitent fort au long de la quantité des sillabes, des pieds et des figures du vers ; ainsi que de l’usage qu’on en peut faire, pour donner plus d’agrément et plus d’expression au discours. […] D’ailleurs nous apprenons d’Aristides Quintilianus, et nous voyons par ce qu’en ont dit d’autres auteurs, que les anciens avoient un rithme dans lequel chaque pied de vers ne faisoit pas toujours une mesure ; puisqu’il y avoit des mesures composées de huit temps sillabiques, c’est à dire, de huit breves ou de leur valeur. […] Si les passages des auteurs anciens que nous rapporterons ci-dessous, prouvent que l’acteur qui recitoit et l’acteur qui faisoit les gestes, s’accordoient très-bien, et qu’ils tomboient en cadence avec une grande justesse, ils n’expliquent point la maniere dont ils s’y prenoient pour suivre exactement l’un et l’autre une mesure commune.

682. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

On voit que l’auteur n’a pas besoin d’attendre l’inspiration : il fait des chansons comme la Fontaine fait des fables, sans recherche, sans effort, presque sans y penser. […] C’est ainsi que Marivaux écrivant des comédies, faisait encore des romans, et que Lesage écrivant des romans, faisait encore des comédies ; car, ce n’est pas seulement la facilité de combiner des scènes et de développer une intrigue qui constitue l’auteur comique, c’est l’art de saisir les caractères, d’observer les mœurs, et d’en présenter un tableau dramatique et fidèle. […] Un auteur qui parvint à la célébrité en immolant à la risée publique les grands hommes de son temps, vivait à coup sûr chez un peuple ombrageux, ingrat et jaloux. […] C’est lui qui, ouvrant au génie la plus vaste et la plus brillante carrière, a fait voir tout à la fois dans l’auteur comique, le peintre éloquent, le moraliste sévère et l’historien fidèle. […] L’auteur comique peut donc reproduire d’anciens personnages sous d’autres couleurs, et peindre une seconde fois des figures qui ne sont plus les mêmes.

683. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

Il pourrait rester encore sur celui-ci, n’était qu’impatientée d’obscurité, l’auteur a fini par se nommer. […] C’est un livre qui, comme l’auteur, a des ancêtres. […] — comme diraient les réalistes avec leur satanée brutalité, mais qui, cette fois, rencontreraient juste ; car tout le long de son livre, j’en demande bien pardon à Mme de Blocqueville, l’auteur des Soirées de la villa des Jasmins ne fait que cette vilaine chose-là ! […] Tout bas-bleu qu’elle fût de nature et d’étude, Mme Swetchine, nous l’avons vu, s’arrête à temps toujours, pour ne pas faire tomber son catholicisme dans la fondrière d’indigo où l’auteur des Soirées de la villa des Jasmins a fini par noyer le sien ! […] Et l’auteur des Soirées de la villa des Jasmins en est atteinte !

684. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Après quelques affirmations empruntées à des sciences d’hier, pédantesques dans leur langage comme tout ce qui ne sait pas encore grand’chose, l’auteur des Études retombe à des récits qu’il nous sert en tranches et qu’il nous coupe dans des historiens peu connus, ou d’autorité contestable, qu’il ne critique pas, dont il ne discute pas la valeur, et qu’il suit, comme le chien suit son maître. […] … Et c’est ainsi que, dès le commencement de ces Études, — qui, si elles ne nous racontent pas et ne nous expliquent pas clairement et péremptoirement, comme elles devraient le faire, les civilisations et leurs origines, et leurs développements et leurs disparitions, ont au moins la prétention de les éclairer par quelque côté, — l’auteur, si ferme aux premiers mots, défaille tout à coup sous le principe qu’il a soulevé et qui fait craquer sa faiblesse. […] Et si l’on ne sait pourquoi — car on ne sait pourquoi — l’auteur y a mis Rome et la Grèce, il faut dire, à sa décharge, qu’il n’a pas écrit un mot sur ces civilisations qui n’ait déjà été écrit et qu’on ne sache. […] Quant à la précision dont elles brillent, elles n’en ont pas plus que l’esprit de l’auteur, de ce triste cerveau, qui pose un principe d’histoire et le plante là quand il faut l’appliquer, et qui, en tout, n’a que des velléités et des envies de dire quelque chose… sans dire jamais rien. […] Aussi, pour prendre exactement la mesure d’une civilisation dans l’histoire, il n’est besoin que de se servir comme mesure de la civilisation chrétienne… Et c’est, malheureusement pour lui et pour nous, ce que l’auteur des Études sur les civilisations n’a pas fait.

685. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

L’auteur a pris une visée plus haute. […] Dans l’avant-propos qui précède son ouvrage, et qui, par parenthèse, est très supérieur à son ouvrage, l’auteur des Luttes religieuses jette un coup d’œil synthétique qui a de la clarté, et même de la puissance, sur l’histoire générale de l’Église avant le xvie  siècle, et il y cherche une tolérance qui soit bien l’aïeule de la sienne. […] Nonobstant, on ne saurait trop le répéter, est-ce que cette justice qui ne défaille jamais, qui frappe toujours où il faut frapper, mais dans une mesure de sévérité et de clémence qui fait de la coutume de l’Église la plus sublime des législations, peut avoir produit la tolérance dont l’auteur des Luttes religieuses est épris ? […] Tout ce que je me permets d’opposer seulement à l’enthousiasme de l’auteur des Luttes religieuses au xvie  siècle pour la politique de Henri IV, c’est que ce grand pacificateur, qui fit respirer une France brisée et qui n’en pouvait plus, devait finir tout, et qu’il ne finit rien… C’est comme pour les Albigeois. […] Ferry a moins de goût que M. de Meaux, ce catholique si libéralement développé, l’auteur des Luttes religieuses au xvie  siècle pourrait-il assurer que ces luttes religieuses ne vont pas, un jour ou l’autre, recommencer ?

686. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Saint-Bonnet ne s’est pas contenté de poser une question d’histoire et d’établir superficiellement un rapport de cause à effet entre la moralité des auteurs païens, dont les œuvres sont livrées trop tôt à de sympathiques admirations, et la moralité des hommes nés dans le sein du christianisme et qu’a lavés, même intellectuellement, le baptême. […] En effet, l’horizon de l’auteur de l’Affaiblissement de la Raison ne se circonscrit pas dans les limites, si agrandies et si fouillées qu’elles soient, d’une question de psychologie. […] Tel est le chemin que l’auteur de l’Affaiblissement de la Raison, parcourt, après l’avoir creusé, pour arriver à cette question de l’influence du paganisme sur de jeunes âmes, qui ne semble être qu’une question de rhétorique aux esprits superficiels, mais qui est, pour les esprits profonds, une question de philosophie, de gouvernement, d’avenir du monde. […] Mais ce qui est neuf, ce qui appartient en propre à l’auteur de l’Affaiblissement de la Raison, c’est la manière dont il aboutit à ces conclusions et dont il les impose. […] L’auteur le sait, du reste.

687. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Edgar Quinet, auteur d’Ahasvérus, de Napoléon et de Merlin, qui n’a jamais pu être un poète, tout en se crevant comme la grenouille de la fable pour le devenir, a-t-il cru que ce dernier coup de tête, de se faire savant, lui serait une ressource ? […] Et, de fait, elle donne dans une mesure abrégée non seulement tout le livre, mais tout l’auteur même de la Création, qu’on peut très bien après cela laisser tranquillement au fond du puits de l’Éternel, dans lequel il voyage comme un seau. […] L’auteur de la Création, lorsqu’on le dégage des nuages sombres de son style, n’est exclusivement qu’un faiseur d’inductions, qui nous donne pour des découvertes à tout renverser les plus incertaines analogies. […] Car c’est là qu’il faut toujours en revenir avec Quinet, ce gourmand et ce malade de mots… C’est cette fureur de l’expression gongorique et de l’image, qui donne à ce livre de la Création cet air lyrique et oraculaire qu’aucun autre ouvrage du même auteur n’eut au même degré que celui-ci, malgré sa prétention scientifique. La science, d’ordinaire sobre et mordante à force de précision, ne décrit que ce qu’elle a observé ; mais l’auteur de la Création aime surtout à peindre ce qu’il n’a pas vu.

688. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Sans doute, l’auteur du Dernier Chant vit assez par lui-même, il a assez en lui de la substance du poète, pour être poète à son tour malgré ceux qu’il a lus. […] Et je l’ai dit, c’est le reproche, et le seul reproche, que j’aie à faire à l’auteur du Dernier Chant. […] Il est de race gauloise comme La Fontaine et Boileau, — non pas Boileau, le froid et didactique auteur de l’Art poétique, mais Boileau, le chantre coloré et chaud du Lutrin. […] Il pourrait très bien aller, par exemple, de Boileau à Gresset, — les deux auteurs des deux Lutrins, — touchant, par la bonne humeur et le style, aux Épîtres du premier (V. […] Et partout, partout, c’est ainsi, en cette masse de poésies entassées dans ce volume qui déborde, et où l’auteur nous a donné toute sa vie poétique en une fois.

689. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

De deux choses l’une, en effet : ou l’auteur de Louise, en écrivant son roman, a obéi à la vocation décidée du romancier dont il nous donnera plus tard d’autres témoignages, ou il a cédé à la pression d’un de ces souvenirs personnels qui font trouver dans l’émotion qu’on éprouve le talent qu’il faut pour la communiquer ; et, dans l’un ou l’autre cas de cette alternative, nous sommes au-dessus du métier. […] Voilà ce que l’auteur n’a pas su dire comme il l’aurait dû. […] Aussi l’esprit, qui a soif de clarté, l’esprit impatienté peut-il fermer le livre mécontent, inassouvi, et regrettant l’intérêt qu’il a pris à toute cette histoire et l’émotion que l’auteur a su lui donner. […] Et, encore une fois, cela est d’autant plus surprenant que l’auteur n’est pas un de ces esprits sans direction et sans force menés par leur sujet plus qu’ils ne le mènent. […] C’est une histoire militaire rondement racontée, d’un ton moitié gai et moitié attendri, par un homme qui a L’habitude des récits militaires, car c’est Antoine Gandon, l’auteur des Mémoires d’un vieux chasseur d’Afrique, laquelle a fait en son temps plus d’une razzia de lecteurs.

690. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

J’ai quelquefois parlé, en mes critiques des Œuvres et des Hommes au xixe  siècle, de l’auteur des Jugements nouveaux et des Patriciennes de l’amour 28, et ce que j’en ai dit, je le pense toujours. […] cela est hardi et nouveau, et d’une promesse qui m’a fait rêver ; mais que l’auteur n’a pas tenue… le malheureux ! […] C’est que ce mari, un libertin qui a toute sa vie pratiqué l’inconstance, montre à la main, pour aller plus vite, retourne à ses libertinages… Est-ce assez plat, assez commun, assez parisien, ce dénouement, et assez indigne de Xavier Aubryet, l’auteur des Patriciennes de l’amour !! […] À peine si une italienne aurait pu aimer jamais un homme qu’elle aurait vu dans l’état de dégradation où l’auteur a mis son René Derville. […] Les parisiens littéraires, et il y en a eu de charmants et presque de puissants, — Nestor Roqueplan, par exemple, l’auteur de Parisine, et qui s’est flambé avec ce cigare de Paris ! 

691. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

« Le plus repoussant spectacle que l’imagination malade puisse inventer, c’est La Comédie humaine… Elle est le délire de l’orgueil. » Le pessimisme de l’auteur y fausse la vérité à toute page. […] Aussi, après avoir oublié l’homme dans Balzac, avec sa virtualité et les circonstances, et tout ce qui rend l’illustre auteur de La Comédie humaine plus monumental que son monument, M.  […] Poitou veut bien convenir pourtant que l’auteur de La Comédie humaine a de la vie, comme si la vie n’était pas la qualité suprême, comme si l’avoir et la donner n’impliquait pas ce qu’il y a de plus important dans les arts ! […] Aujourd’hui nous ne mettons qu’un nom où il faudrait tout un livre, car il ne faut pas moins que tout un livre pour juger les facultés de l’œuvre de l’immortel auteur de la Comédie humaine. […] (Note de l’auteur.)

692. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

L’individualité de l’auteur s’y révélant bien moins que dans la publication d’un ouvrage, jusque-là inédit, les réimpressions sont des espèces de renseignements sur l’esprit public que le libraire suit toujours plus qu’il ne le précède… Mais quand, de plus, elles sont une rénovation de l’œuvre déjà publiée, quand l’auteur y apparaît derrière le libraire, quand, riche du bénéfice des années, l’écrivain change le caractère d’un livre qu’il juge et condamne, du haut des acquisitions de sa pensée, les réimpressions prennent alors une importance que la Critique est obligée de signaler. Et telle fut en ces derniers temps la réimpression d’un livre qui eut mieux qu’un jour de renommée puisque le succès n’en a pas été épuisé par quatre éditions successives, et que l’un des auteurs (ils avaient été deux à l’écrire), usant du droit de son intelligence perfectionnée, s’est avisé de refondre et d’améliorer. […] En effet, si les auteurs avaient vécu là où ils étaient parfaitement placés pour observer ce qu’ils voulaient peindre, s’ils avaient de l’âme, s’ils avaient de cette fougue sensible, l’écume du talent qui va s’étendre, comme la vague, en se purifiant, ils n’avaient pas les notions morales. […] Mais, aujourd’hui, précisément celui des deux auteurs que nous venons de charger davantage revient sur sa propre pensée, Puisqu’il l’a corrigée, c’est lui qui l’a flétrie. […] L’auteur du Maçon ne gardait pas les manteaux, comme un autre grand converti de sa connaissance ; il lapidait.

693. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

… J’ai souvent cité un mot magnifique de Mme de Staël, et je l’ai répété parce que, selon moi, c’est le mot suprême de la Critique : « Quand on me conduirait à la mort, — disait-elle, — pendant le trajet , je crois que je jugerais mon bourreau. » Un auteur ennuyeux, n’est-ce pas un bourreau que la Critique juge ? […] Si véritablement, quand il écrivit ses Mystères de Londres, le jeune auteur ne connaissait pas l’Angleterre, il était plus étonnant d’intuition que s’il l’avait patiemment et laborieusement étudiée ; et à présent qu’il s’agit pour nous moins de ce livre que de la force individuelle du romancier qui l’a écrit, nous devons dire que ce roman en révélait une prodigieuse, et qui même ne nous a pas tenu tout ce qu’elle nous avait promis. […] Féval, à qui je voudrais montrer ses qualités et ses défauts à la lumière de ces grands noms, a, lui, l’ironie, l’ironie qui lui a fait rechercher souvent les sujets où l’auteur se moque de lui-même. […] Féval ait produit, ce n’est pas le nombre des livres, mais leur qualité, qui rapporte à son auteur l’estime ou la gloire. […] Alexandre Dumas, l’auteur pourtant du Monte-Cristo et des Trois Mousquetaires, le chef-d’œuvre des romans d’aventure, si cher aux blanchisseuses de ce temps !

694. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Je saurai me garantir de toute allusion maligne à la vie privée des auteurs dont j’attaque la gloire ; ces armes avilies sont à l’usage des faibles. […] ROGER, auteur de l’Avocat, et M.  […] AUGER, auteur de treize Notices, et M.  […] LAYA, auteur de Falkland, et M.  […] l’auteur du Cid d’Andalousie n’a pas osé faire répondre : Sire, il est minuit.

695. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

L’auteur a pris la place de notre conscience, et le roman, transformé par la réflexion, devient une école de mœurs. […] On voit que l’auteur les jette exprès dans des sottises palpables et dans des contradictions marquées. […] Tout est changé par l’arrivée de la satire, et d’abord le rôle de l’auteur. […] L’auteur laisse de parti pris cent nuances fines qu’il aurait pu découvrir et nous montrer. […] Un auteur de mémoires a le droit de raconter ses impressions d’enfance.

696. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

L’auteur, M.  […] Il va sans dire qu’il n’a pas la portée que lui prête l’auteur du roman. […] Aussi l’auteur assez souvent choisit-il son censeur. […] quel auteur ! […] Le nom de l’auteur avait franchi les Alpes et traversé la Manche.

697. (1933) De mon temps…

En courtes phrases, brusques et coupantes, il salua en Edmond de Goncourt l’auteur de l’Histoire de la Société Française pendant la Révolution et le Directoire, l’auteur de La Patrie en danger. […] J’ai lu les charmants vers de l’auteur des Roses d’antan. […] Son existence d’active paresse a fait de lui l’auteur de plusieurs authentiques chefs-d’œuvre. […] Cela s’appelait Le Crépuscule des dieux et avait pour auteur un certain Elémir Bourges. […] Ses immenses lectures l’ont mis au fait de maints auteurs et de maints ouvrages peu connus.

698. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 198-200

Ces deux Arts ont reçu de ces Auteurs une harmonie, une noblesse, une élégance qu’on ne connoissoit point avant eux, qu’on ne pouvoit même prédire, d’après les Ecrivains qui les avoient précédés. Dans les Ouvrages de prose, le style étoit l’objet dont on s’embarrassoit le moins : pourvu que l’expression ne fût point barbare, qu’elle rendît la pensée de l’Auteur, on croyoit avoir le talent d’écrire. Amyot, du Perrier, Rabelais, Montagne, Charron, étoient les seuls Auteurs qu’on pût lire avec intérêt, & cet intérêt naissoit plus encore du génie particulier de ces Ecrivains, que de l’agrément de leur langage.

699. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 266-268

La postérité devient toujours sévere à l’égard des Auteurs, dont les contemporains ont été trop légérement enthousiastes. […] Chapelle répondit à l’Auteur, qui lui en avoit envoyé un exemplaire, par un Rondeau qu’il finit ainsi : De ces Rondeaux un Livre tout nouveau A bien des gens n’a pas eu l’art de plaire ; Mais quant à moi, je trouve tout fort beau, Papier, dorure, image, caractere, Hormis les vers, qu’il falloit laisser faire A la Fontaine. […] Mais les vers en sont clairs, disoit ce Prince à l’Auteur de l’Art poétique, ils sont parfaitement rimés, & disent bien ce qu’ils veulent dire.

700. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 88-90

Ses Traductions de l’Iliade & de l’Odissée, des Poésies d’Anacréon & de Sapho, du Plutus & des Nuées d’Aristophane, de l’Amphitrion, de l’Epidicus, du Rudens de Plaute, de toutes les Comédies qui nous restent de Térence ; ses Commentaires sur plusieurs Auteurs Grecs & Latins, établiroient solidement la réputation d’un docte & excellent Ecrivain ; à plus forte raison doivent-ils immortaliser une femme qui a rendu de si grands services à la Littérature. […] Son Ouvrage des causes de la corruption du goût, sera toujours, malgré les mépris de l’Auteur du Siecle de Louis XIV, un Ouvrage rempli d’analyses exactes, de vûes saines, de réflexions fines, & de sages critiques. […] Les Auteurs qu’elle défendoit avec tant d’intrépidité, exigeoient un pareil tribut de la justesse de son esprit & de la bonté de son goût.

701. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 84-86

M. de Voltaire a beau soutenir qu'il n'en est pas l'Auteur, on lui a si souvent répondu par des preuves irrécusables, que cet Ecrivain est le seul qui ait attaqué cette vérité. […] Un Auteur, dont la gloire & la fortune eussent dépendu du succès d'une Piece, ne se seroit pas livré à des démonstrations aussi peu mesurées. […] On a vu, de nos jours, des Auteurs faire doubler la Garde du Parterre, pour prévenir la chute d'une Piece, & la disgrace de cette Piece n'en a eu par-là que plus de témoins.

702. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 409-411

Le même Siecle qui a vu naître Corneille, Racine, Moliere, Despréaux, Lafontaine, a produit aussi Cossart, Rapin, Commire, Santeuil, Huet ; & ces Auteurs ne sont pas, nous osons le dire, ceux dont la réputation est la moins étendue & sera la moins durable. […] Faudra-t-il donc que les jeunes Littérateurs s'en tiennent à la lecture des Auteurs nationaux ? […] A la bonne heure, qu'on n'écrive point en latin, quand on ne pourra tout au plus atteindre qu'au style des Philosophes, qui, dans les trois âges de la Littérature, a été la premiere époque de la dépravation des Lettres, ainsi qu'il commence à l'être dans celle-ci ; mais quand on pourra approcher des Auteurs faits pour être les modeles de tous les temps, ce sera un nouveau genre de gloire qu'on répandra sur sa Patrie.

703. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Chez nous, auteurs et spectateurs s’obstinent à préférer la littérature nationale à celle de la sainte alliance ; et tel est encore leur respect pour les lois d’Aristote qu’ils ne veulent pas se départir des trois unités, ni même essayer d’une tragédie en prose. […] Et ceux qui pardonnent, qui préconisent cette licence comme un trait de génie, reprochent à l’auteur de Charles IX de faire bénir les poignards de la Saint-Barthélemy par le cardinal de Lorraine qui, alors, ne les aiguisait et ne les dirigeait que de Rome ! […] Nos auteurs français deviennent romantiques, lorsqu’aux dépens de la vérité des mœurs, ils nous font les siècles passés à l’image et à la ressemblance du nôtre. […] L’un des derniers progrès des auteurs romantiques a été de dresser l’échafaud ou la potence sur le théâtre ; c’est la perfection du genre. […] M. de Stendhal, l’auteur qui écrit avec le plus d’esprit et de grâce en faveur du genre romantique, ne nous apprend point d’où il vient, ni en quoi il consiste.

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