M. de Montalembert22 [Le Pays, 14 août 1860] I M. le comte de Montalembert a publié les deux premiers volumes d’un livre qu’on n’attendait pas, à la place d’un livre qu’on n’attendait plus, Les Moines d’Occident se sont dégagés, peu à peu, de la pensée de leur auteur.
La cloche y sonnait à minuit et l’église s’y ouvrait à cette heure où l’on dort partout, et le confesseur infatigable, ce veilleur des âmes, entrait à l’église, où des foules l’attendaient déjà sous le porche ; car il avait donné le goût et presque la faim de la confession, ce grand Confesseur ! […] Il se contente, vieillard placide, d’aller de son presbytère à son église, et, là, de s’asseoir dans l’encoignure d’une chapelle, sur une planche de bois noir, puis d’attendre… Et, tout à coup, des milliers d’êtres humains viennent s’agenouiller devant l’escabeau de ce prêtre, pour s’en relever fortifiés et y envoyer, à leur tour, ceux qui n’y sont pas venus encore !
Dieu, qui l’attendait, ne lui envoya pas les épreuves qui auraient retardé sa venue vers lui. […] Avec un regard très fin et très juste de critique qu’on ne s’attendait pas à trouver embusqué dans le fourré d’une érudition si profonde, Floquet a très bien vu l’influence de la vie intime et cachée sur le génie de Bossuet et sur son âme.
nous nous attendions ici à une œuvre de protestantisme et de philosophie, dont nous n’aurions même pas discuté les principes dans une polémique inutile ; mais puisqu’il s’agissait du protestantisme et de Calvin, nous nous attendions, cependant, à une œuvre, sinon forte, au moins substantielle de l’ancienne substance de Guizot.
C’est là, en effet, qu’elle se tient pour ceux qui ne savent pas fièrement l’attendre dans la contemplation des choses divines et la conscience d’un talent qui devrait faire leur sécurité ! […] Tour de souplesse dans le talent dont la Force n’est pas toujours capable, et qu’on pouvait très bien ne pas attendre d’un homme absorbé dans l’unité de ce mysticisme qui le fait ce qu’il est de si particulier dans la littérature contemporaine ; car je n’y connais pas de talent qu’on puisse, d’accent, comparer au sien.
Ces Idylles prussiennes, sur lesquelles je veux particulièrement insister, ne sont pas seulement les plus belles poésies du volume, mais elles portent avec elles un caractère de nouveauté si peu attendu et si étonnant, qu’en vérité on peut tout croire de la puissance d’un poète qui, après trente ans de vie poétique de la plus stricte unité, apparaît poète tout à coup dans un tout autre ordre de sentiments et d’idées, — et poète, certainement, comme, jusque-là, il ne l’avait jamais été ! […] La haine belle à force de hideur, comme la Gorgone ; la haine, qui attend son moment, repliée, concentrée, se dévorant en attendant qu’elle dévore ; une haine infinie, éternelle, aux yeux de tigre altéré, brûlants, toujours ouverts, voilà le doux Banville en ses Idylles, et ses Amaryllis charmantes.
Amédée Pommier contint son cœur, et par piété pour la mémoire de sa femme, il s’attendit… il attendit qu’il fût capable d’écrire simplement cette vie à trois dont ils avaient vécu, et, simplement, il l’a écrite.
Armand Pommier est d’un intérêt très-passionné, et même très-haletant, tout le temps que, le livre dure, mais on se repent presque de l’avoir éprouvé à la fin, parce que cet intérêt n’est nullement justifié par la grandeur du résultat qu’on attendait. […] Paul Féval a mis, pour n’en rien rapporter de grand, la main à ce plat, tendu à tout le monde, du somnambulisme, mais le somnambulisme, depuis Shakespeare, attend toujours l’homme supérieur qui l’emploiera avec la justesse et le surprenant dans le vrai qui est le secret du génie !
La vie n’attend pas la science ; et il ne faudrait rien moins que la science parfaite et complète de toutes les séries des phénomènes sociaux pour nous donner la formule de la vraie politique égalitaire. […] En ce sens, l’explication intégrale d’un fait social suppose une conspiration de toutes les disciplines de l’histoire, de celles qui ont déjà revêtu la forme scientifique comme de celles qui l’attendent encore : sociogéographie, technologie, anthropologie, psychologie des peuples, économie politique, science des religions, de la morale, etc. : cette conspiration, c’est la future philosophie de l’histoire, qui ne doit plus être, comme celle de l’âge héroïque, antérieure, mais postérieure à la connaissance scientifique des faits sociaux.
Dans ses paysages ou riants ou sublimes, elle réveille à chaque pas l’imagination par quelque objet que l’imagination n’attend pas. […] Ne pouvant encore s’autoriser contre l’usage, il fit connaître à ses amis qu’il allait à l’armée faire sa cour qu’il lui coûtait moins d’exposer sa vie que de dissimuler ses sentiments, et qu’il n’achèterait jamais ni de faveurs, ni de fortune aux dépens de sa probité. » Je pourrais encore citer d’autres endroits qui ont une beauté réelle ; mais le discours en général est au-dessous de son sujet ; on y trouve plus d’esprit que de force et de mouvement ; on s’attendait du moins à trouver quelques idées vraiment éloquentes sur l’éducation d’un dauphin, sur la nécessité de former une âme d’où peut naître un jour le bonheur et la gloire d’une nation ; sur l’art d’y faire germer les passions utiles, d’y étouffer les passions dangereuses, de lui inspirer de la sensibilité sans faiblesse, de la justice sans dureté, de l’élévation sans orgueil, de tirer parti de l’orgueil même quand il est né, et d’en faire un instrument de grandeur ; sur l’art de créer une morale à un jeune prince et de lui apprendre à rougir ; sur l’art de graver dans son cœur ces trois mots, Dieu, l’univers et la postérité, pour que ces mots lui servent de frein quand il aura le malheur de pouvoir tout ; sur l’art de faire disparaître l’intervalle qui est entre les hommes ; de lui montrer à côté de l’inégalité de pouvoir, l’humiliante égalité d’imperfection et de faiblesse ; de l’instruire par ses erreurs, par ses besoins, par ses douleurs même ; de lui faire sentir la main de la nature qui le rabaisse et le tire vers les autres hommes, tandis que l’orgueil fait effort pour le relever et l’agrandir ; sur l’art de le rendre compatissant au milieu de tout ce qui étouffe la pitié, de transporter dans son âme des maux que ses sens n’éprouveront point, de suppléer au malheur qu’il aura de ne jamais sentir l’infortune ; de l’accoutumer à lier toujours ensemble l’idée du faste qui se montre, avec l’idée de la misère et de la honte qui sont au-delà et qui se cachent ; enfin, sur l’art plus difficile encore de fortifier toutes ces leçons contre le spectacle habituel de la grandeur, contre les hommages et des serviteurs et des courtisans, c’est-à-dire contre la bassesse muette et la bassesse plus dangereuse encore qui flatte.
Il ne faudra pas vous attendre à sortir de ces causeries avec la connaissance du système de Freud et du système de Proust, comme on peut sortir d’un cours de la Sorbonne avec la connaissance du système de Platon. […] Laissons se poursuivre le progrès du travail scientifique et attendons patiemment. […] Autrement dit ce qu’il n’a pu saisir hors de lui, il va attendre jusqu’à pouvoir le saisir en lui. […] À vrai dire, tandis que Freud, qui est extérieur à son malade, essaie de provoquer en lui des associations, le tente, le travaille, Proust, qui opère sur lui-même, est obligé d’attendre passivement la chance d’une association féconde. […] Or c’était souvent les soirs où j’avais attendu son retour avec les plus tendres pensées, où je comptais lui sauter au cou avec le plus de tendresse.
XVIII Et maintenant, jeune amateur, qui nous as donné ce beau livre de tant d’âme, de recherches, de voyages, d’érudition et de muet enthousiasme, retourne dans la solitude de Saint-Lupicin où t’attendent de nombreuses inspirations ! […] Là, la vieille servante, honorée comme du temps d’Homère du nom de nourrice, t’attend avec la patience de la maternité inquiète, en soufflant dès l’aurore sur le foyer qu’elle a bâti dans la cheminée de cuisine. […] Il te fallut entendre combien les vaches avaient vêlé, et combien de fromages dorés étaient sortis des chaudières de la haute montagne où ils attendaient l’acheteur ambulant ; combien de meules de foin ou de seigle avaient embarrassé la cour et les granges ; combien de pigeons avaient doublé de nids dans le colombier ; combien de poires saines et savoureuses des vieux arbres étaient tombées au vent du midi et s’étalaient sur les rayons du fruitier pour l’hiver. […] Tout le sol à l’entour est jonché de fragments de sculpture ou de morceaux d’architecture qui semblent attendre la main qui doit les élever à leur place dans le monument qui les attend.
D’après les dispositions prises par le régent, on lui accorda des funérailles officielles ; mais ce ne fut pas l’éclat des funérailles dont la pompe accompagne publiquement le simple cercueil de chêne qui fit accourir toute la population de Berlin, jusqu’au plus modeste ouvrier, sur le trajet du cortège et leur fit attendre la tête découverte le passage du défunt ; non, c’était le sentiment unanime que l’illustre mort était un homme auquel le genre humain était redevable d’une grande partie du progrès de son intelligence. […] « Dans la grande rue de Frédéric, devant le gymnase de Frédéric, se tenaient les élèves avec leur directeur ; ils saluèrent le passage du mort de chants religieux ; en passant devant l’Université, au son des cloches, au bruit des chants de la société chorale des hommes de Berlin, le cercueil arriva devant le dôme où l’attendaient, sous le portail, la tête découverte, le prince régent, les princes Frédéric-Guillaume, Albert, Albert fils, Frédéric, Georges, Adalbert de Prusse, Auguste de Würtemberg et Frédéric de Hesse-Cassel ; puis, à l’entrée principale de l’église, les chapelains de la cour, conduits par Strauss, reçurent le cercueil et l’accompagnèrent devant l’autel, où il fut déposé sur une estrade entourée de palmes et de plantes en fleurs, d’innombrables cierges portés par quatre immenses candélabres, et enfin des coussins sur lesquels reposaient les ordres du défunt. […] J’ai tâché d’oublier que les ouvrages longtemps attendus sont généralement ceux que le public accueille avec le moins d’indulgence. […] Je demeure anéanti de la petitesse des considérations littéraires, après ces divagations éthérées et infinies ; c’était une vaste philosophie que j’attendais, je tombe dans des phrases sans fond et sans suite. […] De la part d’Ovide, on eût pu attendre, comme fruit de son long séjour à Tomes, dans les plaines de la Mœsie inférieure, une description poétique de ces déserts sur lesquels l’antiquité est restée muette.
Carvalho pour l’informer que, si Lohengrin était joué, il devait s’attendre à des manifestations hostiles. […] Qu’on se résigne à attendre l’heure où les ressentiments auront désarmé. […] Celui qui écrit ces lignes a bien le droit de parler ainsi, car je n’ai pas attendu que Wagner fût mort et enterré pour exprimer mon avis sur le pamphlet plus imbécile qu’odieux qu’il a publié sur la capitulation de Paris. […] Personne n’eût été surpris que Richard Wagner, de retour chez lui, eût manifesté son ressentiment et sa colère il a attendu que Paris souffrît de la famine et du froid pour rire de ses malheurs dans une brochure plus bête que méchante, d’une niaiserie telle que les bons esprits à l’étranger haussèrent les épaules dans un sentiment de dédain pour l’auteur. […] L’Indépendance Belge du 25 l’annonça ainsi : Le bruit qui se fait à Paris au sujet de Lohengrin commence à trouver de l’écho en Allemagne, et, comme on pouvait s’y attendre, au-delà comme en deçà du Rhin, la question patriotique se mêle à la question d’art … M.
Nous pouvons donc nous attendre à trouver, comme on l’observe en effet, un parallélisme de succession moins parfait chez les espèces terrestres que chez les espèces marines. […] Comme nous possédons seulement le dernier volume de nos archives géologiques, et que, de plus, ce volume est fort incomplet, nous ne pouvons nous attendre, excepté en des cas très rares, à pouvoir remplir les profondes lacunes du système généalogique naturel de manière à relier parfaitement ensemble nos différents ordres ou familles. […] L’accumulation de chaque formation ayant dû être souvent interrompue, et de longs intervalles négatifs s’étant écoulés entre les formations successives, ainsi que j’ai essayé de le démontrer dans le dernier chapitre, nous ne saurions nous attendre à trouver dans une même formation, ou dans deux formations en apparence consécutives, toutes les variétés intermédiaires entre les espèces qui apparurent au commencement et à la fin de ces périodes. […] Cependant je m’attends à ce qu’elle se confirme de plus en plus chaque jour, du moins en ce qui concerne les groupes subordonnés, qui sont sortis les uns des autres par une suite de ramifications successives depuis des temps comparativement récents. […] Quiconque n’admet pas cette manière d’envisager la nature et l’étendue des secours que nous pouvons attendre des documents géologiques pour reconstituer une histoire complète du règne organique ne saurait admettre ma théorie ; car autrement on pourrait demander en vain où sont les innombrables formes intermédiaires qui doivent avoir autrefois formé les liens de transition entre les diverses espèces alliées ou représentatives qu’on découvre dans les étages successifs de chaque grande formation.
Supposons en effet que la fausse reconnaissance proprement dite — trouble toujours passager et sans gravité — soit un moyen imaginé par la nature pour localiser en un certain point, limiter à quelques instants et réduire ainsi à sa forme la plus bénigne une certaine insuffisance qui, étendue et comme délayée sur l’ensemble de la vie psychologique, eût été de la psychasthénie : il faudra s’attendre à ce que cette concentration sur un point unique donne à l’état d’âme résultant une précision, une complexité et surtout une individualité qu’il n’a pas chez les psychasthéniques en général, capables de convertir en fausse reconnaissance vague, comme en beaucoup d’autres phénomènes anormaux, l’insuffisance radicale dont ils souffrent. […] Attend-il, pour surgir, que la perception se soit évanouie ? […] De quel droit supposer que la mémoire choisit l’un d’eux, divise la vie psychologique en périodes tranchées, attend la fin de chaque période pour régler ses comptes avec la perception ? […] La perception se définissant un état fort et le souvenir un état faible, le souvenir d’une perception ne pouvant alors être que cette perception affaiblie, il nous semble que la mémoire ait dû attendre, pour enregistrer une perception dans l’inconscient, que la perception se fût endormie en souvenir. […] Maintenant, pourquoi le souvenir du présent attend-il, pour se révéler, que l’élan de conscience faiblisse ou s’arrête ?
Et il attendit. […] Et le “cercle” qui nous attend ? — Qu’il attende ! […] J’attends curieusement ce qu’en dira M. […] Alain reçut l’avis d’attendre sa fiancée.
Donc, après eux, j’attends autre chose. […] Voilà ce que j’attends. On hausse les épaules, on répond avec des sourires que j’attendrai toujours. […] si c’était celle qu’on attend ! […] Attendez.
C’est cette Pucelle si magnifiquement annoncée, si longtemps attendue, si imprudemment mise au jour, qui a précipité Chapelain du haut du Trône poétique, où ses amis l’avoient placé, dans la derniere classe des mauvais Ecrivains.
Si ses portraits frappent moins aujourd’hui, c’est qu’on attend de lui tout ce qu’il fait.
J’aurais attendu de cet artiste quelque effet piquant de lumière, et il n’y en a point, cela est plat, jaunâtre, d’une teinte égale et monotone et peint cotoneux.
Ils approchèrent, et personne ne les attendit. […] Ceux-ci ne les attendirent pas, et abandonnèrent la route. […] Qui eût attendu face à face cet horrible léviathan ? […] Attendez un peu ; le vrai texte change un mot : « commis », au lieu d’ennemis. […] Vous devez attendre, suer et bâiller intérieurement six ou huit heures chaque jour chez le roi.
Mais on ne saurait s’attendre à lui trouver la patience nécessaire pour accepter les dégoûts des premiers pas. […] Impossible de le savoir ; c’est suivant le temps et rien dans l’absence de caractère qui lui est dévolu, ne peut faire attendre d’elle le bien plutôt que le mal, ou le mal plus sûrement que le bien. […] Rien n’y paraît achevé ou réussi suivant les forces du poète ; on attend toujours quelque chose. […] Plusieurs amis, gens de choix, les attendaient à la taverne ; on se mit à table et la bonne humeur s’associa bientôt à la bonne chère. […] Il arriva ce qu’on devait attendre.
S’il s’agenouille devant la femme, c’est par une attitude naturelle et pour le plaisir attendu.
Pour Gacon & tous ses Imitateurs, ils ne doivent attendre que l’indignation, ou, pour mieux dire, le mépris public.
Cet Auteur devoit s’attendre à de nouvelles injures ; elles ne lui ont pas manqué.
Ces deux lignes devraient suffire quand il s’agit d’un écrivain comme celui-là, car il faut toujours attendre de lui quelque œuvre exquise. […] — Qu’attendiez-vous ? […] S’il n’espère plus, du moins il attend encore. — Toujours il veille, patient et douloureux. […] J’attends donc, en paix, la fin de mon existence terrestre. […] Il attend, avec moi, d’être reçu par le vice-roi d’Italie, son parrain. » — L’empereur se déridant alors, dit : — « Ah !
Il vous attend. […] Une chambre paysanne m’attendait, et nous nous promènerions en forêt ou en Seine, à mon choix. […] Vous le saluerez de ma part et vous lui direz que nous attendons de lui un nouveau chef-d’œuvre. […] La réponse ne se fit pas attendre. […] Là de pénibles déceptions l’attendaient, des conférences promises ne purent avoir lieu.
On attend patiemment les Burgraves, et puis Judith.
Swift publia l’édition, la dédia au roi, ne reçut aucune réponse de Guillaume, et se décida à lui adresser un mémoire dont il attendit inutilement l’effet. […] Les mêmes déceptions l’attendaient dans ce nouveau camp, moins libre encore que le premier dans son action sur l’Église. […] Ormond, Bolingbroke, justifièrent l’accusation par leur fuite et par leur réunion avec le prétendant ; tandis que lord Oxford, moins coupable, attendait son procès à la tour de Londres. Il l’attendit jusqu’en 1717. […] Aussi, lorsque la mort de George Ier (11 juin 1727) fut annoncée à Londres, les amis de Swift l’exhortèrent à y attendre les bienfaits du règne qui commençait.