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525. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Machy » pp. 174-175

La démolition de l’ancien. […] le vestibule nouveau du palais-royal et la démolition de l’ancien sont très-fades.

526. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Dans cette petite pièce on sent toute l’ardeur de la Renaissance, cette avidité d’apprendre, de dévorer, de s’incorporer les anciens. […] Par malheur, aucun de nos grands prosateurs d’alors, ni Montesquieu, ni Voltaire, ni Buffon, ni Jean-Jacques, n’ont lu directement Homère : il n’est entré pour rien dans la composition ni dans la trempe de leur talent ; on s’en aperçoit à leur cachet. — Ce n’est pas la bonne volonté pour Homère qui a manqué à Diderot, et, sans guère le lire, il a dû plus d’une fois en causer de près et par bouffées avec son ami l’Allemand Grimm, l’ancien élève d’Ernesti. — Celui qui l’a lu (j’entends toujours lu à la source), dans tout ce monde du xviiie  siècle, ce n’est ni d’Alembert, ni Duclos, ni Marmontel, ni même le critique La Harpe, dont ce serait pourtant le devoir et le métier ; ce n’est pas même Fontanes, d’un goût si pur, mais paresseux. […] Le poète lyrique du xvie  siècle chercha aussi, comme l’ancien Thébain, à enchaîner ses rythmes à la musique, et à leur donner ces ailes qui font courir une parole chantante sur les lèvres des hommes : mais il eut beau s’efforcer, sa tentative interrompue, son échafaudage ne sert qu’à marquer sa ruine et à mieux faire mesurer l’infinie distance qu’il y a entre cette ode publique chantée et presque jouée de Pindare, et cette emphase moderne toute métaphorique, plus apparente ici dans une langue roide, neuve, et tout exprès fabriquée. […] Et c’est ainsi que les trois poètes, en présence d’un ancien, nous donnent tour à tour la mesure de leur procédé et de leur goût. […] D’où vient cette servile et désagréable imitation des anciens que chacun remarque dans ses ouvrages, jusques à vouloir introduire dans tout ce qu’il faisait en notre langue tous ces noms des déités grecques, qui passent au peuple, pour qui est faite la poésie, pour autant de galimatias, de barbarismes et de paroles de grimoire, avec d’autant plus de blâme pour lui, qu’en plusieurs endroits il déclame contre ceux qui font des vers en langue étrangère, comme si les siens, en ce particulier, n’étaient pas étrangers et inintelligibles.

527. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

On peut lire toutes choses, surtout les choses déjà anciennes, et en tirer quelques remarques sérieuses, quelques notions au moins sur les mœurs et sur les temps qui ne sont plus. […] Combien les anciens étaient loin de faire ainsi ! […] Ces anciens étaient privilégiés pour la poésie et pour la peinture des objets naturels. […] On sait peu de chose de la vie de Tallemant ; il paraît avoir exercé une charge de finance (contrôleur provincial ancien des régiments au département de la Basse Bretagne, c’est ainsi que cela s’appelait). […] Sur Henri IV, Sully, Richelieu, sur les plus anciens que lui et qui le dépassent par tant de côtés, il n’a ramassé que des miettes (et encore sont-elles tombées de bonne table) ; il n’est à écouter que comme un écho et un assembleur de bruits : mais sur les gens qu’il a vus et qu’il a fréquentés, dont il a mesuré et pressé la taille, il y a mieux de sa part, il compte autant que personne ; il a lu dans les physionomies, et il nous les rend.

528. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Petetin est un digne héritier des mêmes traditions ; homme de bien et homme de cœur, défenseur ancien et courageux de la démocratie durant des années bien difficiles, il n’oublie jamais que la tâche essentielle aujourd’hui est de l’organiser et qu’on n’y parvient en effet que par l’alliance de la cordialité et de la justice. […] Mais tout cela, exemples ou préceptes, tout ce qui, chez les Anciens, fait de la très belle morale sociale et philosophique n’est pas le christianisme même vu à sa source, et dans son esprit et dans sa racine. […] Voilà ce qui n’est dans aucun des anciens sages et moralistes, ni chez Hésiode, ni dans les gnomiques de la Grèce, pas plus que dans Confucius ; ce qui n’est ni dans Cicéron, ni dans Aristote, ni même dans Socrate, pas plus que dans le moderne Franklin. […] Il me semble que sur ce terrain on est d’accord avec tous ; et après avoir dit ce qui est hors de contestation, on me permettra de citer ici un portrait de Jésus qui, tout apocryphe qu’il est, doit être ancien et qui résume du moins l’idée que la tradition avait transmise de cette vénérable figure. […] Darenbert, qui a donné ses soins à la correction de ce texte même, a paru regretter que pour les dessins, au lieu de s’adresser à des artistes, et quelques-uns très distingués, qui ont traduit l’auteur sacré dans des formes plus ou moins modernes, on ne se soit pas reporté aux anciennes peintures qui se voient encore dans les Catacombes.

529. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Mais, au milieu de ces études paisibles, de ces méditations solitaires, de ces reproductions naïves des anciens chefs-d’œuvre, survint l’invasion de 1815, qui brisa le cœur du jeune poëte comme celui de tous les amis de la France. […] Solennisant les événements contemporains avec les réminiscences de son ancienne manière, étouffant la pensée principale sous des hors-d’œuvre classiques, il semble n’avoir plus considéré ses sujets que comme des canevas donnés, des thèmes à la mode, dans lesquels il a inséré de beaux, de très-beaux vers assurément, mais des vers sans à-propos, sans liaison, sans conception profonde. […] C’est lorsqu’aux rives du Gange, dans cette patrie des roses et du soleil, il a prêté sa voix harmonieuse aux prêtres, aux jeunes guerriers, aux jeunes filles, et qu’entièrement soustrait au monde moderne qu’il ignore, il a réalisé une Grèce selon son cœur ; car c’est toujours une Grèce, quoique plus resplendissante et plus orientale que l’ancienne. […] A l’occasion de la Popularité, j’écrivais dans la Revue des Deux Mondes (15 décembre 1838) l’article suivant : — La Comédie Française est en veine heureuse : un jeune talent lui rend ses anciens chefs-d’œuvre ; et son poëte moderne, qui l’a accoutumée à des succès légitimes et sûrs, vient d’en obtenir un nouveau. […] L’École romantique, en abordant le théâtre et en y luttant comme dans un assaut, réussit du moins à y déranger les anciennes allures et à y troubler la démarche régulière de ce qui avait précédé.

530. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

De la littérature italienne et espagnole La plupart des manuscrits anciens, les monuments des arts, toutes les traces enfin de la splendeur et des lumières du peuple romain, existaient en Italie. […] Ajoutez à ces réflexions générales, que les longues et patientes recherches qu’exigeaient le dépouillement et l’examen des anciens manuscrits, convenaient particulièrement à la vie monastique ; et ce sont les moines, en effet, qui se sont le plus activement occupés des études littéraires. […] Il eût peut-être mieux valu que la nation entière fût réunie sous un seul gouvernement ; ses anciens souvenirs se seraient ainsi plus tôt réveillés, et le sentiment de sa force eût ranimé celui de sa vertu. […] On voit dans les romans de chevalerie, un singulier mélange de la religion chrétienne, à laquelle les écrivains ont foi, et de la magie qui leur fait peur, et dans les écrivains de l’Orient, un combat continuel entre leur religion nouvelle et l’ancienne idolâtrie dont Mahomet a triomphé. […] L’Italie possédait les monuments anciens, et avait des rapports immédiats avec les Grecs de Constantinople ; elle tira de l’Espagne le genre oriental, que les Maures y avaient porté, et que négligeaient les Espagnols.

531. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Il y avait alors, dit une personne qui a subi cette éducation298, une manière de marcher, de s’asseoir, de saluer, de ramasser son gant, de tenir sa fourchette, de présenter un objet, enfin une mimique complète qu’on devait enseigner aux enfants de très bonne heure, afin qu’elle leur devînt par l’habitude une seconde nature, et cette convention était un article de si haute importance dans la vie des hommes et des femmes de l’ancien beau monde que les acteurs ont peine aujourd’hui, malgré toutes leurs études, à nous en donner une idée ». — Non seulement le dehors, mais encore le dedans était factice ; il y avait une façon obligée de sentir, de penser, de vivre et de mourir. […] Mme du Deffand, ayant perdu son plus ancien ami, le président Hénault, venait le jour même souper en grande compagnie : « Hélas ! […] En tout cas, si on le veut, c’est à la condition sous-entendue qu’on ne sera pas trop dérangé de son train ordinaire et que les sensations de cette nouvelle vie n’ôteront rien aux jouissances de l’ancienne. […] Les habitudes et les facultés qui leur servaient dans l’état ancien leur nuisent dans l’état nouveau. […] C’est que le pli est trop ancien et trop fort.

532. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Il s’est fait un style qui, dans ses bons jours et quand le soleil rit, est vif, gracieux, enlevé, fait de rien, comme ces étoffes de gaze, transparentes et légères, que les anciens appelaient de l’air tissé. […] Les défauts, il y en a beaucoup ; qui le sait mieux que lui, lui qui aime les anciens, qui les lit et relit à plaisir, et sait les goûter pour eux-mêmes ? Mais, chez les anciens aussi, il a ses antécédents et presque ses modèles ; il va les chercher, à ses instants de loisir, chez Apulée, chez Pétrone, chez Martial, et il a parlé d’eux tous avec le sentiment de quelqu’un qui les entend mieux que par la lettre et par le texte, qui en ressaisit l’essence et l’esprit, et qui est, à quelque degré, de leur descendance. […] Cependant Mme de Mondonville perdit son mari après quelques années de mariage, et ce fut l’abbé de Ciron qui, comme prêtre, assista cet ancien rival dans sa maladie et jusqu’à sa mort. […] Ce qui ne faisait pas une moindre différence, et qui ne laisse pas de surprendre au premier coup d’œil, c’est cette espèce de commerce dévot, sans rien de sensuel, on veut le croire, mais trop propre à faire jaser et sourire, entre l’abbé de Ciron, ancien prétendant, et Mme de Mondonville, jeune encore.

533. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Corneille, ancien Romain parmi les Français, a établi une école de grandeur d’âme ; et Molière a fondé celle de la vie civile. […] Sans parler d’Œdipe, qui est fondé d’un bout à l’autre sur l’ancien système du fatalisme ; c’est Brutus qui, dans la pièce de ce nom, veut, contre l’avis de Valerius, qu’on admette dans Rome l’ambassadeur toscan, qui doit séduire son fils ; c’est lui qui, par noblesse et par grandeur d’âme, a donné à la fille de Tarquin un asile dans sa maison ; c’est encore lui qui, au cinquième acte, s’écrie : Mais quand nous connaîtrons le nom des parricides, Prenez garde, Romains : point de grâce aux perfides. […] Un Américain ne doit être ni vêtu ni logé comme un Français, ni un Français comme un ancien Romain, ni même comme un Espagnol moderne. […] Les deux principales espèces de poèmes dramatiques sont la tragédie et la comédie, ou, comme disaient les anciens, le cothurne et le brodequin. […] Le sujet est ce que les anciens ont nommé, dans le poème dramatique, la fable, et ce que nous nommons encore l’histoire ou le roman : c’est le fonds principal de l’action d’une tragédie ou d’une comédie.

534. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Et cependant ce partage inégal était-il vrai de l’ancien monde ? […] Avec la chute de l’ancienne civilisation apparut pour la première fois le génie septentrional, mais tout inculte et grossier, jetant sur le Midi son empreinte barbare, et ternissant d’abord ce qu’il devait rajeunir. […] C’est aux plus anciens souvenirs de cet apostolat farouche du Nord sur le Midi que Charlemagne, devenu patrice romain et chef civilisé des barbares, empruntait un nouvel enseignement pour son peuple. […] Les anciennes Sagas d’Islande, la Voluspa, le poëme des Niebelungen, sont les rameaux immortels de cette minière poétique du Nord : nous n’avons pas essayé d’y pénétrer. […] De ce fond sortit un chant et la gloire des anciens bardes calédoniens, où brille bien mieux que dans l’Ossian de Macpherson lu flamme vraie du patriotisme et de la poésie.

535. (1904) Zangwill pp. 7-90

C’est là une idée moderne ; c’est là une méthode toute contemporaine, toute récente ; elle ne peut nous paraître ancienne, et acquise, et déjà traditionnelle, à nous normaliens et universitaires du temps présent, que parce que nous avons contracté la mauvaise habitude, scolaire, de ne pas considérer un assez vaste espace de temps quand nous réfléchissons sur l’histoire de l’humanité. […] Mirbeau découvrait que Napoléon était le dernier des imbéciles, ce grand romantique rentier révolutionnaire ne faisait que suivre les leçons de ses anciens professeurs d’histoire ; ainsi, continuait l’historien Pierre Deloire, ainsi le professeur d’histoire, étant le roi, l’empereur, le général, tenait le monde entier sur ses genoux, et il pouvait, dans le chef-lieu de son arrondissement, mépriser le sous-préfet et les sous-lieutenants d’artillerie, qui ne sont que les subordonnés de l’empereur et des généraux ; il se payait ainsi des idées que le sous-préfet manifestait sur la supériorité de la hiérarchie administrative, et les sous-lieutenants sur la supériorité de la hiérarchie militaire. Par de tels retours suivies historiens antérieurs, notre ami Pierre Deloire croyait bien signifier que les historiens d’aujourd’hui, dont il est, sont devenus modestes ; et peut-être a-t-il raison ; peut-être les historiens, personnellement et comme historiens, sont-ils devenus modestes ; mais je me demande justement si tout l’ancien orgueil ne s’est pas réfugié dans la méthode, agrandi, porté à la limite, à l’infini ; je demande s’il n’est pas vrai que les méthodes scientifiques modernes, transportées en vrac dans l’histoire et devenues les méthodes historiques, exigent de l’historien des facultés qui dépassent les facultés de l’homme. […] De la réalité nous avons reçu trop de rudes avertissements ; au moment même où j’écris, l’humanité, qui se croyait civilisée, au moins quelque peu, est jetée en proie à l’une des guerres les plus énormes, et les plus écrasantes, qu’elle ait jamais peut-être soutenues ; deux peuples se sont affrontés, avec un fanatisme de rage dont il ne faut pas dire seulement qu’il est barbare, qu’il fait un retour à la barbarie, mais dont il faut avouer ceci, qu’il paraît prouver que l’humanité n’a rien gagné peut-être, depuis le commencement des cultures, si vraiment la même ancienne barbarie peut reparaître au moment qu’on s’y attend le moins, toute pareille, toute ancienne, toute la même, admirablement conservée, seule sincère peut-être, seule naturelle et spontanée sous les perfectionnements superficiels de ces cultures ; les arrachements que l’homme a laissés dans le règne animal, poussant d’étranges pousses, nous réservent peut-être d’incalculables surprises ; et sans courir au bout du monde, parmi nos Français mêmes, quels rudes avertissements n’avons-nous pas reçus, et en quelques années ; qui prévoyait qu’en pleine France toute la haine et toute la barbarie des anciennes guerres civiles religieuses en pleine période moderne serait sur le point d’exercer les mêmes anciens ravages ; derechef qui prévoyait, qui pouvait prévoir inversement que les mêmes hommes, qui alors combattaient l’injustice d’État, seraient exactement les mêmes qui, à peine victorieux, exerceraient pour leur compte cette même injustice ; qui pouvait prévoir, et cette irruption de barbarie, et ce retournement de servitude ; qui pouvait prévoir qu’un grand tribun, en moins de quatre ans, deviendrait un épais affabulateur, et que des plus hautes revendications de la justice il tomberait aux plus basses pratiques de la démagogie ; qui pouvait prévoir que de tant de mal il sortirait tant de bien, et de tant de bien, tant de mal ; de tant d’indifférence tant de crise, et de tant de crise tant d’indifférence ; qui aujourd’hui répondrait de l’humanité, qui répondrait d’un peuple, qui répondrait d’un homme. […] Les vieux eux-mêmes, Taine, Renan, les autres, quand ils travaillaient, oubliaient, étaient contraints d’oublier leurs propres enseignements ; leurs propres ambitions : toutes les fois qu’un volume de Taine paraissait, c’était que Taine avait, pour la pratique de son travail, pour la réalisation du résultat, oublié de poursuivre l’indéfinité du détail ; toutes les fois qu’il paraissait un livre de Renan, c’était que Renan avait, pour cette fois, renoncé à la totalisation du savoir ; ils avaient choisi ; comme tout le monde, comme les anciens, comme Hérodote, comme Plutarque, et comme Platon, ils avaient choisi.

536. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Je pourrais le dire, puisque l’allégorie de Physis et d’Antiphysie ne lui appartient pas, et qu’assurément, aussi bien que personne en son temps, il a connu ses anciens. […] Les principales éditions anciennes sont celles de Paris, 1561, Langelier ; — Paris, 1569, Frédéric Morel ; — et Rouen, 1597, chez F.  […] L’inspiration épique dans les Hymnes de Ronsard ; — et qu’à force de vivre dans la familiarité des anciens il est lui-même devenu l’un d’eux ; — [Cf.  […] Larrivey ont été réimprimées dans L’Ancien Théâtre français de Viollet-le-Duc, t.  […] Examen du Traité de la sagesse. — Pour ne rien dire des anciens, trois contemporains y sont copiés sans scrupule : Bodin [Cf. 

537. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

N’ayant pas réussi à en créer un nouveau, il répare l’ancien, ou les anciens. […] Les anciens appelaient cela impotentia sui, et croyaient que c’était faiblesse. […] Il avait voyagé en Amérique : il voyagea dans l’ancien régime. […] Au vrai, ce qu’elle a établi, c’est l’ancien régime. […] Les anciennes classes, les anciens corps aristocratiques, ne sont pas sortis des mains de Dieu et n’ont pas figuré dans la création.

538. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Le culte de Théophile Gautier est une de mes dévotions les plus anciennes et les plus tenaces. […] L’italien, le grec ancien et moderne, l’anglais lui étaient familiers. […] M. de Vogüé, ancien député d’Annonay, aurait pu inscrire ces mots, comme épigraphe, en tête de l’important ouvrage qu’il vient de consacrer à ses anciens collègues du Palais-Bourbon. […] Cette nouvelle causa un grand tumulte dans les rangs de l’ancienne majorité. […] C’est du Loti, du vrai Loti, de l’ancien.

539. (1856) Cours familier de littérature. I « Épisode » pp. 475-479

Il ne sied pas à un poète de juger l’œuvre d’un poète, son contemporain et son ancien ami. […] Je les donne ici, non comme un modèle de littérature, mais comme un témoignage de respect à madame Victor Hugo, et de souvenir affectueux de nos jeunesses à un ancien ami.

540. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre III. La Phèdre de Racine. »

L’inceste n’était pas une chose si rare et si monstrueuse chez les anciens, pour exciter de pareilles frayeurs dans le cœur du coupable. […] Cet incomparable morceau offre une gradation de sentiments, une science de la tristesse, des angoisses et des transports de l’âme, que les anciens n’ont jamais connus.

541. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Les plus anciens à la Cour m’ont servi avec amitié ; de sorte que mon cœur est fort à son aise, et que je n’ai jamais pu espérer une position plus agréable, plus libre et plus honorable. […] Cela était vrai de Bernis en 1790, et c’était déjà chez lui une ancienne habitude en 1761. […] Voltaire, en cela moins humain qu’il ne convient, se met à rire par moments de voir le roi de Prusse, son ancien ingrat, sur les dents, et la lutte acharnée des chasseurs et du sanglier : « Riez et profitez de la folie et de l’imbécillité des hommes. […] C’est un genre sublime, où je suis sûr que vous serez plus élevé et plus touchant qu’aucun de vos anciens. » Ce mot de harpe, légèrement amené, est tout ce que Bernis se permettait de mettre en avant : mais il y a loin, on le voit, de ce vœu délicat à proposer à Voltaire une traduction des Psaumes. […] Vous sentez combien tout cela est ennuyeux et inutile : ainsi, j’attends sans impatience que la bonne compagnie reprenne ses anciens droits ; car je me trouverais fort déplacé au milieu de tous ces petits Machiavels modernes.

542. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

MM. de Goncourt n’ont pas poussé si loin leur étude, et, en effet, c’est à 89 que s’arrêtait naturellement leur sujet ; c’est la femme de l’ancien régime qu’ils ont tenu à nous montrer, à la fois dans son unité et dans toutes ses variétés sociales. […] Mais parmi la centaine de portraits de tout genre tracés ou esquissés par MM. de Goncourt dans ce volume si plein, il en est un d’un caractère plus sérieux, plus digne, et qu’ils ont très-bien senti, celui de la femme qui peut-être résume le plus complètement en elle l’esprit et le ton du xviiie  siècle classique, dans tout ce qui tient à l’ancien régime et qui périt avec cette société, à la veille de 89 : je veux parler de la maréchale de Luxembourg, cet arbitre souverain de l’usage et de la politesse, cette Mme de Maintenon, moins prude et moins confinée à son cercle que l’autre fée, mais qui, comme elle, tient la baguette et marque nettement la fin d’une époque. […] La confiance de M. de Choiseul est revenue ; ils ont parlé de leur ancien temps, ils ont ri ; et vous savez qu’ils sont tous deux de nature à aimer les choses et les gens qui les font rire : ainsi ils ont été parfaitement bien ensemble. […] Grâce à elle et malgré les souvenirs de licencieuse jeunesse qui se rattachaient à son nom, qui se chantonnaient encore à voix basse à la cantonade, qui ne nuisaient en rien cependant à sa considération dernière, et qui peut-être, auprès de générations très-gâtées, y aidaient plutôt (car on la savait d’une expérience suprême), grâce donc à la maréchale de Luxembourg, l’ancienne société, l’ancien salon français resta jusqu’à la fin marqué d’un caractère propre et unique pour l’excellence du ton. […] Société française, ancienne société tant regrettée, — non pas celle que je vois déplorer chaque jour dans des écrits bruyants, avec de grands hélas !

543. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Au diable le Chateaubriand, le Forbin et autres marchands d’esprit qui n’ont su s’exalter que sur des restes de pierre et qui n’ont pas compris que les scènes qui se représentaient à chaque minute sous leurs yeux étaient la représentation vivante de l’Ancien et du Nouveau Testament !  […] Lorsque plus tard, tout rempli de ce qui lui semblait sa découverte, Horace Vernet voulut faire prévaloir ses idées devant l’Institut, lorsqu’il soutint son opinion, sa thèse sur certains rapports qui existent entre le costume des anciens Hébreux et celui des Arabes modernes, il trouva les esprits prévenus. […] Il n’y aurait qu’un moyen, ce serait de produire, à l’appui, des tableaux conçus dans ce nouveau système de vérité et de réalité, mais des tableaux chefs-d’œuvre qui fissent reculer et pâlir les anciens et qui les remplaçassent en définitive dans l’imagination des hommes. […] Ses relations anciennes avec la famille d’Orléans, ses obligations particulières et connues envers le prince auquel le tzar se montrait personnellement si contraire, ne rendaient pas son rôle plus aisé ; de plus diplomates que lui se seraient trouvés embarrassés en sa place : il s’en tira à merveille, avec droiture, loyauté et bon sens. […] En vérité, Horace aurait été un ancien aide de camp de Napoléon, un Rapp ou un Lauriston, que Nicolas ne l’aurait pas traité avec plus de distinction et de caresse.

544. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Prosper Brugière de Barante est né à Riom en juin 1782, d’une famille ancienne et considérée, qui, sur la fin du xviie  siècle, ne fut pas sans payer son premier tribut aux lettres. […] Le jeune amateur de ces deux profanes anciens n’en devint pas moins un grand janséniste et le conseil du parti en Auvergne durant les persécutions du cardinal de Fleury. […] La pension où il fut placé le laissait jouir d’une certaine liberté ; l’éducation, ou ce qui s’affichait alors sous ce nom, était un confus mélange où les restes informes des anciennes connaissances s’amalgamaient à des fragments de préceptes, débris incohérents de tous les naufrages ; on faisait la liaison tant bien que mal, moyennant une veine de phraséologie philosophique et philanthropique à l’ordre du jour. […] C’était un fonctionnaire comme il en fallait à cette renaissance, et comme le chef les recherchait volontiers : homme de justice et d’ordre, nouveau à la fois et ancien, n’ayant pas trempé dans le régime intermédiaire. […] Arrivé d’hier de Versailles, tout plein des habitudes du bel air, il mettait au service de la cause, les jours de combat, la plus brillante valeur, après quoi il ne se souciait guère de rien de sage ; et, pour ne citer qu’un trait qui le peint, un jour, après ce fatal passage de la Loire, qu’il avait surtout conseillé pour se rapprocher de ses vassaux, ayant trouvé au château de Laval une ancienne bannière de famille, une bannière des La Trémouille, bleu et or, il imagina de la faire porter devant lui.

545. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Sérieusement, la plaie littéraire de ce temps, la ruine de l’ancien bon goût (en attendant le nouveau), c’est que tout le monde écrit et a la prétention d’écrire autant et mieux que personne. […] Joubert aurait été le dernier de ces membres associés, mais non moins essentiels, de l’ancienne littérature, de ces écoutants écoutés, qui, au premier rang du cercle, y donnaient souvent le ton. […] Il portait dans la critique non écrite, mais parlée, à cette fin du xviiie  siècle, quelque chose de l’école première d’Athènes ; l’abbé Arnaud ne lui suffisait pas et lui semblait malgré tout son esprit et son savoir en contre-sens perpétuel avec les anciens. […] Au sein de l’orthodoxie la plus fervente, il portait de singuliers restes de ses anciennes audaces philosophiques. […] Combien de vues fines et profondes sur les anciens, sur leur genre de beauté, leur modération décente !

546. (1890) L’avenir de la science « II »

Ainsi, du moins, le comprirent tous les peuples anciens. […] Il ne faut donc pas s’étonner qu’après la disparition de l’état primitif et la destruction des vieux édifices bâtis par la conscience aveugle des siècles il reste quelques regrets et que les nouveaux édifices soient loin d’égaler les anciens. […] Le seul moyen de ramener l’ancien ordre de choses, c’est de détruire la conscience en détruisant la science et la culture intellectuelle. […] Tous les peuples anciens plaçaient l’idéal de leur nation à l’origine ; les ancêtres étaient plus que des hommes (héros, demi-dieux). Voyez au contraire, à l’époque d’Auguste, quand le monde ancien commence à se dissoudre, ces aspirations vers l’avenir, si éloquemment exprimées par le poète incomparable dans l’âme duquel les deux mondes s’embrassèrent.

547. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Les meilleurs critiques avouent qu’il n’y a rien dans les anciens Grammairiens, ni dans les nouveaux, où il y ait tant de jugement & de solidité. […] Le Dictionnaire de Furetiere fut le fond sur lequel on bâtit le grand Dictionnaire de Trévoux qu’on annonça comme un ouvrage universel fait sur un plan nouveau, contenant tous les mots françois, tant anciens que modernes, & les termes des arts & des sciences, 1704. , trois volumes in-fol., & porté ensuite jusqu’à sept volumes du même format. […] Quand Bossuet, Fénélon, Pelisson, vouloient exprimer qu’on suivoit ses anciennes idées, ses projets, ses engagemens, qu’on travailloit sur un plan proposé, qu’on remplissoit ses promesses, qu’on reprenoit une affaire, &c. ; ils ne disoient point j’ai suivi mes erremens, j’ai travaillé sur mes erremens ; & aujourdhui, je vois que, dans les discours les plus graves, le Roi a suivi ses derniers erremens vis-à-vis des rentiers. Le style barbare des anciennes formules commence à se glisser dans les papiers publics. […] Il connoissoit sur-tout nos anciens fabliaux & en avoit su profiter.

548. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Et qu’on ne nous oppose pas l’existence des « grands empires » anciens, comme ceux des Assyriens, qui tout en étant mille fois plus volumineux que les cités grecques, sont aussi mille fois moins près de l’égalitarisme. […] Mais que la circulation, de nos jours, ait pris un développement hors proportion avec tout ce que les anciens avaient pu connaître ou imaginer, on le sait de reste. […] Constant sur la liberté des anciens comparée à celle des modernes sont justes, le seul accroissement des sociétés, par cela même qu’il rendait difficile à leurs membres l’exercice du gouvernement direct, est bien loin de s’opposer au progrès des idées égalitaires ; il y contribue au contraire, s’il est vrai qu’il aide, indirectement, à la constitution de l’individualisme que ces idées supposent. […] De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, dans le Cours de Politique constitutionnelle, t.  […] Maine, Études sur l’Ancien Droit et la Coutume primitive, trad. fr., p. 238.

549. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

L’ancienne société, en finissant, a eu ses vierges et ses captives, qui se sont couronnées d’un vif éclat dans les geôles et sur les échafauds. […] Issue de souche réformatrice par son père, Mme de Staël se rallie par son éducation et sa première jeunesse aux salons de l’ancien monde. […] Mais, même en se continuant dans ce cercle pacifique, sa vie en devenait déjà l’un des plus incontestés ornements, et elle allait prolonger, sous une forme moins régulière et plus grandiose, cette galerie des salons illustres de l’ancienne société française. […] A part Chénier, sur le compte duquel elle s’est montrée un peu sévère dans ses Considérations, elle n’a jamais mentionné aucun des noms de ce groupe littéraire et philosophique qu’honorablement et comme en souvenir d’une ancienne alliance. […] Mme de Staël, en vieillissant, devait volontiers se rapprocher des idées anciennes de son père.

550. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre II. La langue française au xvie siècle »

Habitués au latin, au grec, à des langues mortes dont ils trouvaient les formes fixes, les règles certaines, le type désormais immuable dans les écrivains anciens, ils cherchaient le français et ne le trouvaient nulle part. […] Aussi fut-ce pendant tout le siècle, et chez les mêmes écrivains, la plus étrange confusion de formes anciennes et nouvelles, comme il apparaît bien par l’usage actuel, où très capricieusement sont parvenues tantôt les unes et tantôt les autres. […] Montaigne, nous l’avons vu, est d’un avis pareil, et il indique comme idéal à poursuivre la substantielle et nerveuse simplicité des anciens.

551. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Réveil de la querelle des anciens et des modernes : La Motte-Houdar et ses idées. […] La querelle des anciens et des modernes s’est réveillée : c’est le premier épisode de la vie littéraire du xviiie  siècle. […] Ce n’est pas réellement aux anciens qu’il en veut ; c’est à la poésie.

552. (1930) Le roman français pp. 1-197

Influence relativement ancienne ! […] Ils attaquaient ou admiraient l’ancienne société. […] Il moralise sur ce qui n’est pas moral selon l’ancienne morale. […] C’est qu’il est déjà fort ancien, vieux d’une quarantaine d’années. […] Disparition aussi de l’ancienne gaîté.

553. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

L’histoire est fort ancienne, si elle est vraie. […] Mallarmé a toujours exercé son ancienne maîtrise des tons musicaux. […] Les anciens philosophes Éléates, Platon, et Fichte l’ont admise. […] Ils gardent pieusement les traditions de l’ancien goût français : un peu pareils, hélas ! […] Mais je soupçonne bien mon médium, quoi qu’il m’en ait dit, d’être un ancien professeur de philosophie.

554. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Pour nous, appelé aujourd’hui à parler de M. de Fontanes, nous ne faisons en cela qu’accomplir un désir déjà bien ancien. […] Il a laissé du pur descriptif lui-même ; sa Maison rustique (l’ancien Verger refondu) n’est pas autre chose. […] Il fit nommer conseiller encore le Père Ballan, oratorien, son ancien professeur de rhétorique ; M.  […] En 1805, président du Corps législatif, il ne s’occupe en voyage que du poëme des Pyrénées et des Stances à l’ancien manoir de ses pères. […] dit l’Empereur ; il est pour les anciens, lui ! 

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