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1503. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Comme la sociabilité a formé et lie toujours le monde, la distinction est un art de plaire ; tout ce qu’on a en soi et sur soi, réalité solide ou surface, il faut l’avoir pour les autres, ou s’en donner l’air : cette coquetterie de parure par laquelle la beauté semble faire don de soi au public, et prendre intérêt à son plaisir, quand il s’agit de la pensée et de l’expression de la pensée, c’est l’esprit. […] Mais quand il ne s’agit pas d’amour, il cause souvent, en prose ou en vers, avec un esprit net et vif, d’un style léger et piquant, dont l’allure fait penser à Voltaire : son Épître au prince de Condé revenant d’Allemagne sort du goût précieux, et réalise déjà l’urbanité de la fin du siècle ou du siècle suivant. L’horreur du vulgaire naturel qui, appliquée aux menues circonstances de la vie sociale, produisait la recherche spirituelle des petits vers, tourne en passion du romanesque quand il s’agit de former une conception générale de la vie.

1504. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

D’abord la casuistique semble y être enveloppée dans la condamnation des casuistes : c’est en méconnaître l’innocence, la légitimité, la nécessité ; la casuistique est l’art d’appliquer les principes de la science morale, elle est nécessaire toutes les fois qu’il s’agit de passer de la théorie à la pratique, de la loi universelle aux cas particuliers : dans tous les conflits de devoirs, et dans les situations complexes, elle seule éclaire l’homme. […] Ces discours montrent qu’il peut y avoir un moyen de savoir et des raisons d’agir comme si on savait. […] Il s’agit de montrer que l’homme est un composé de grandeur et de bassesse : la grandeur, ce sont les aspirations, le rêve, l’illusion ; la bassesse, c’est la réalité, et toutes les réalités, sentiments, croyances, institutions, coutumes, arts, toute la vie morale, politique et sociale de l’homme.

1505. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Sa manière d’agir, impérieuse à la façon d’un général d’armée, ne tenait pas compte des morts et des malades parmi ses jeunes recrues. […] Quand il s’agissait de faire de la logique et de la philosophie en latin barbare, ces esprits, trop nourris de belles-lettres, étaient réfractaires et se refusaient à une aussi rude nourriture. […] Il s’agissait du problème éternel qui fait le fond du christianisme l’élection divine ; le tremblement où toute âme doit rester jusqu’à la dernière heure en ce qui regarde le salut.

1506. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

On suppose que le régime de la maison agit par lui-même. […] Là sont exposées avec honnêteté les objections contre la proposition qu’il s’agit d’établir ; ces objections sont ensuite résolues, souvent d’une manière qui laisse toute leur force aux idées hétérodoxes qu’on prétend réduire à néant. […] Il s’agissait du Comte de Valmont.

1507. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

La double influence des préoccupations économiques, d’une part, — c’est-à-dire l’inquiétude née du bouillonnement manifeste dont les couches laborieuses ou souffrantes sont depuis longtemps agitées, — et, d’autre part, le renouveau de curiosité qui s’est porté vers les études historiques avec une force impétueuse dont le succès des « Souvenirs » et des « Mémoires » fournir chaque jour une attestation suffisante, cette double influence a agi finalement sur le roman lui-même, devenu social et collectif. […] Sans doute, puisqu’il s’agit d’un roman à thèse, la composition n’est pas absolument pure de tout alliage, et bien qu’il soit facile de justifier individuellement chacun des coups de théâtre qui s’y succèdent, une critique pointilleuse pourrait trouver dans leur assemblage quelque chose de conventionnel. […] En même temps que son esprit s’aiguisait d’ironie et se formait par une observation directe, l’émotion traditionaliste entrait en lui et agissait fortement sur toutes ses facultés.

1508. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

— Agir sur, transmettre sa force. […] Agis s. m. […] … Plus innocent des agis actuels que l’enfant non encore né.

1509. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

La France est un pays tellement généreux que l’idée d’exil l’empêche de juger un homme littéraire, que cela l’attendrit, que cela l’arrête, même quand il ne s’agit, comme aujourd’hui, que de se prononcer sur un suicide en littérature ! […] Ici, puisqu’il s’agit d’un homme dont la prétention, horriblement avortée, est d’être un inventeur en vers, il est nécessaire de ressusciter la conception de la vraie poésie. […] IV Le livre d’Aujourd’hui commence par une si grande douleur qu’il ne faudrait pas être un bien grand poète pour agir sur les âmes, en chantant le malheur réel que M. 

1510. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Leurs sentiments se changent aisément en passions, en passions qui agissent. […] Maint poète agit de même : d’où il suit que, même au Moyen-Âge, nous aurons à considérer séparément le réalisme didactique et le réalisme indifférent ou naturalisme proprement dit. […] S’ils s’évertuaient à dégager les faits moraux de leurs conditions matérielles, c’était pour créer une œuvre de raison, c’est-à-dire une déduction régulièrement conduite et rigoureusement enchaînée, s’il s’agissait d’une tragédie ; une construction symétrique, formée de parties bien équilibrées, ordonnée d’après un plan systématique, s’il s’agissait d’un tableau. […] Ils ne peuvent agir sur ce qui les entoure, parce que la complexité infinie des causes échappe à leur regard. […] Ainsi agissaient-ils, et cent mille autour d’eux suivaient comme eux leur disposition individuelle.

1511. (1922) Gustave Flaubert

Trois ans auparavant avait paru un livre qui agit beaucoup sur Flaubert, l’Ahasvérus de Quinet. […] D’abord il a parlé de ses aventures amoureuses (il s’agit simplement de prostituées arabes ou levantines). […] Toute sa vie il a été agi. […] Il s’agit probablement de la lâcheté du sexe fort devant le sexe dit faible. […] Il s’agit surtout de celles des Français qui n’ont pas la tête épique.

1512. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

il s’agit d’enfanter. […] Mais il s’agit d’une accusation de plagiat. […] C’est de Molière et de Scarron qu’il s’agit. […] Il agit, il institue des expériences. […] Il ne s’agit point d’expérimenter la vie.

1513. (1929) La société des grands esprits

Les questions d’authenticité ne se posent pas pour lui, du moins quand il s’agit de la Bible. […] Il ne s’agit point de tendresse, de gratitude, ni de rien qui ressemble aux inclinations et aux émotions du cœur humain devant ses semblables. […] Non certes qu’il faille être impudent ou inhumain, mais on ne doit agir en tout que par raison. […] Il s’agit de faire le départ entre les Allemands bons Européens et les Allemands atteints de nationalisme éliminatoire. […] Il s’agit des plus récents programmes de l’enseignement secondaire.

1514. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Il n’y a pas de quoi « se frapper » ; il s’agit seulement d’en tirer des leçons s’il est possible. […] Il compare les destinées et les morts d’Agis de Sparte, de Charles Ier d’Angleterre et de Louis XVI. […] Partout il démontre et répète que la morale du christianisme est supérieure, mais ici il ne s’agit pas de morale, il s’agit de beauté. […] Le Génie du christianisme, qui faisait en ce moment beaucoup de bruit, avait agi sur Napoléon. […] agir matériellement sur les hommes !

1515. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Maïs cela ne suffit pas, surtout lorsqu’il s’agit du passé. […] Il ne s’agit plus de bien penser ni de bien dire. […] Charles-Quint apprend que la duchesse d’Étampes agit auprès du roi contre lui ; pour la gagner, il laisse adroitement tomber un diamant magnifique qu’elle ramasse, et qu’il la prie de garder. […] Qu’il s’agisse de nous ou de nos amis les plus chers, ce n’est jamais en vain que nous consultons cette histoire si simple et d’une moralité si douloureuse. […] Ce premier travail achevé, il s’agissait de juger le passé d’après les principes aujourd’hui reconnus.

1516. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Mais, parmi les manières de se distinguer, si l’on en connaît une qui soit assurément excusable, et légitime même à de certains égards, n’est-ce pas celle qui consiste à vouloir sentir, penser, et agir plus noblement, plus délicatement, plus finement ? […] Mais c’est trop tôt s’il s’agit de fixer le moment où cette influence a vraiment menacé, comme autrefois l’italienne, le développement de la littérature nationale. […] n’y auraient-ils pas vu que c’était d’eux qu’il s’agissait ? […] Il a d’ailleurs moins agi sur les idées, — et, comme on le verra plus loin, ses attaques ont tout à fait échoué contre la préciosité Cf.  […] — Ronsard était tout grec encore ; — et Malherbe purement latin ; — il s’agit de savoir si le temps n’est pas venu d’être uniquement français ?

1517. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Il s’agit du livre de Belleau : Les Amours et nouveaux eschanges des pierres précieuses. […] Il ne s’agit pas de rudesse ou d’un naturel déchaîné. […] Il ne s’agit, dans cette scène, que du mariage de la princesse ; la peste qui ravage Thèbes et les oracles qui menacent le Roi, sont bien oubliés. […] Il s’agissait de rétorquer les arguments qu’un critique du nom de Fremy cherchait à faire valoir aux dépens du poète. […] … Croyez-moi, il ne s’agit pas d’un paradoxe, comme on dit.

1518. (1929) Amiel ou la part du rêve

Un seul philosophe allemand a agi sur Amiel, par ses livres et non par son enseignement, car il était mort quand Amiel vint en Allemagne : c’est Krause. […] Il s’agit évidemment d’une de ces coalitions féminines qui mettent l’impuissance du côté de la barbe. […] Le professeur comptait-il vivre dans sa famille de neuf femmes, pour avoir cuisinière sérieuse et lingère, et n’agir qu’à sa tête ? […] Mais les architectes du Palais des Nations, à l’Ariana, n’agiraient point prudemment, tout de même, s’ils le prenaient pour modèle. […] À ce moment André Gide n’est encore qu’un pervers garnement de quatre ou cinq ans, et il s’agit d’une pièce d’anthologie du poète genevois Etienne Gide.

1519. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Il considérait volontiers cette triste humanité comme une vieille enfant et une incurable, qu’il s’agit de redresser un peu, de soulager surtout en l’amusant. […] La sévère rigueur de ce moment qui passe Aux erreurs d’un pinceau ne fait aucune grâce ; Avec elle il n’est point de retour à tenter, Et tout au premier coup se doit exécuter, etc… A cette belle chaleur de Molière pour la fresque, pour la grande et dramatique peinture, pour celle-là même qui agit sur les masses prosternées dans les chapelles romaines, qui n’aimerait reconnaître la sympathie naturelle au poëte du drame, au poëte de la multitude, à l’exécuteur soudain, véhément, de tant d’œuvres impérieuses aussi et pressantes ? […] On peut appliquer sans ironie, quand il s’agit de poésie dramatique surtout, à de certains plagiats faits de main souveraine, le mot de la Fable : …..Vous leur fîtes, Seigneur, En les croquant, beaucoup d’honneur. […] Ces sortes de génies, qui ont le don de s’oublier eux-mêmes et de se transformer en une infinité de personnages qu’ils font vivre, parler et agir en mille manières pathétiques ou divertissantes, sont souvent capables de passions fort ardentes pour leur propre compte, quoiqu’ils ne les expriment jamais directement. […] Tant qu’il se tient dans le genre lyrique au contraire, et qu’il ne parle qu’en son nom, ces singularités fortes peuvent n’être que des traits de caractère qu’on admet, ou que même on admire. — Il s’agit, dans ce qui précède, des drames de Victor Hugo, desquels, au lendemain des Bargraves, quelqu’un disait : « Ce sont les marionnettes de l’île des Cyclopes. » 17.

1520. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

La valeur de la forme, et le fait que ces petites pièces sont utiles pour des exercices philologiques et des thèses de doctorat, ne doivent pas nous tromper sur la valeur du fond : il s’agit d’une imitation, d’une convention de salon, avec parfois un accent sincère et individuel que la pénétration de J. […] Cependant des témoignages divers nous forcent à admettre un répertoire plus riche, sérieux et surtout comique ; répertoire disparu, parce que sans forme littéraire ; il s’agissait sans doute de scénarios, remplacés par des textes à l’époque suivante qui sera celle du drame. […] Un véritable déblaiement s’impose, dès qu’on appelle littérature ce qui a une intention d’art, ce qui agit comme tel, et non pas tout ce qui est simplement « bien écrit » au service de la morale, de la science ou de la politique15. […] Ces deux forces agissent de concert contre l’ancien régime et se fondent parfois, de façon très curieuse, chez le même individu ; mais au fond elles sont ennemies, et elles aboutissent l’une à Voltaire, l’autre à Rousseau. […] Il ne s’agit, je le répète, que d’une esquisse sommaire, rappelant des œuvres connues ; la nouveauté est dans le groupement.

1521. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il y a des hommes qui sont nés pour agir, et, selon qu’ils ont du bon sens ou n’en ont point, ce sont des actifs ou des agités. […] sortent naturellement de l’homme d’action, lequel ne veut agir que par l’intelligence, ou par la force intelligemment. […] La Sorbonne s’émut, toujours très disposée à s’émouvoir quand il s’agissait de Marot. […] Il ne pouvait pas agir autrement. […] — Cependant ne peut-il y avoir un certain mérite, non pas à bien agir, mais à bien agir parce que Dieu l’ordonne ?

1522. (1885) L’Art romantique

Il s’agit, pour lui, de dégager de la mode ce qu’elle peut contenir de poétique dans l’historique, de tirer l’éternel du transitoire. […] Il s’agit d’obtenir la faveur générale, non pas seulement par la pure beauté physique, mais aussi par des talents de l’ordre le plus rare. […] Il s’agit d’autre chose, à la fois plus vrai et plus sinistre. […] Dans ce dernier cas, il y a une puissance de contraste qui agit irrésistiblement sur l’esprit et qui fait penser à la manière large et aisée de Shakespeare. […] — Mais ne voyez-vous pas, dit une troisième personne, qu’il s’agit de la cérémonie du bœuf gras.

1523. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Ils sont deux termes corrélatifs qui agissent l’un sur l’autre avec une égale puissance. […] Que l’artiste agisse sur le public, et que le public réagisse sur l’artiste, c’est une loi incontestable et irrésistible ; d’ailleurs les faits, terribles témoins, sont faciles à étudier ; on peut constater le désastre. […] La plupart du temps, il ne s’agit dès lors que de transporter la vie commune et vulgaire dans un cadre grec ou romain. […] Il m’est extrêmement désagréable d’écrire de pareilles choses, surtout quand il s’agit d’œuvres où d’ailleurs on trouve de l’imagination et de l’ingéniosité, et, si j’en parle, c’est parce qu’elles servent à constater, importantes en cela seulement, l’un des plus grands vices de l’esprit, qui est la désobéissance opiniâtre aux règles constitutives de l’art. […] songez bien qu’il ne s’agit pas de manger, mais de violer.

1524. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

M. le docteur Payen, qui au milieu des devoirs et de la pratique assidue de sa profession, a, depuis des années, concentré sa pensée la plus chère sur Montaigne, en l’étendant à tout ce qui intéresse cet objet principal de son admiration, est un de ces investigateurs ardents, sagaces, infatigables, qui ne connaissent ni l’ennui ni le dégoût de la plus ingrate recherche quand il s’agit d’arriver à un détail vrai, à un éclaircissement nouveau, à un fait de plus. […] Dans ses Deux Amis du Monomotapa, les craintes de l’ami qui se lève la nuit à cause d’un songe et qui court sur l’heure réveiller son autre lui-même, sont un trait de l’amitié-passion : Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand il s’agit de ce qu’il aime.

1525. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Il s’agit du caractère de Charles VII, que l’abbé Le Grand oppose dès l’abord à celui de Louis XI et que Duclos donne sans poser le contraste : j’indique sur deux colonnes, comme l’a fait M.  […] Il s’agit d’une assez singulière histoire.

1526. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

mais de dessous une aristocratie odieuse, — non une aristocratie de noblesse qui penserait plus généreusement, — mais une satrapie de roture qui a tout mis en formes, en mauvaises règles, en méchants principes et en ruine. » Il avait donc pensé que, « pour mieux gouverner, il ne s’agissait que de gouverner moins », et d’organiser la monarchie elle-même à l’aide d’une démocratie bien entendue, très divisée, non périlleuse, c’est-à-dire d’un système municipal et cantonal ; il en forme le plan détaillé, essayant en quelque sorte de provoquer un second établissement des communes par le bienfait direct de la royauté. […] [NdA] Pour bien comprendre cet endroit, il faut se rappeler une remarque qui revient souvent chez d’Argenson, à savoir que le courage spirituel est très distinct du courage corporel, et que Voltaire, qui a dans l’âme beaucoup de hardiesse et même de témérité, devient peureux et poltron dès qu’il s’agit du moindre danger pour son corps : il jette le gant et ne soutient pas la gageure.

1527. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Cette façon d’agir annonçait un naturel aimant et reconnaissant. […] Ces personnages historiques célèbres et tout entiers en lumière que vous prétendez faire agir et parler à votre guise, ces Charles-Quint, ces Louis XIV, ces Richelieu en pied et debout, nous savons comment ils parlaient et surtout comment ils ne parlaient pas.

1528. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Il ne s’agit pas de déplacer les genres, d’échanger les procédés, de transporter un art dans un autre, ce serait aller trop loin ; mais il importait, en effet, de multiplier les points de vue, de comprendre, d’embrasser sans acception de métier, toutes les expressions de talent et de génie, toutes les originalités de nature, tous les modes de l’imagination ou de l’observation humaine. […] Or, il s’agit de trouver, de ressaisir exactement ce propos, et à l’endroit le plus intéressant, le plus significatif. — J’ai vu ou entrevu autrefois en Suisse un bien savant homme et des plus sagaces, M. de Gingins ; il était sourd, mais complètement sourd, comme une souche ou un rocher ; de jour, dans le tête-à-tête, personne ne s’en serait douté ; il en était venu, à force de finesse, à deviner les paroles au mouvement des lèvres.

1529. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Je trouverais ainsi, en le voulant bien, à offrir des échantillons des différentes sortes d’épigrammes, mais je préfère aujourd’hui m’attacher à un seul nom, à un poète qui n’a été autre chose qu’un auteur d’épigrammes et qui me paraît au premier rang (les grands poètes exceptés), parmi ceux qui ont contribué à l’Anthologie dès son origine : Il s’agit de Léonidas de Tarente que la plupart ne connaissent sans doute que pour l’avoir vu mentionné en tête de quelque imitation d’André Chénier. […] Léonidas le nie spirituellement et s’inscrit en faux dans ce petit dialogue : « Un jour l’Eurotas dit à Cypris : « Ou prends des armes, ou sors de Sparte : la ville a la fureur des armes. » Et elle, souriant mollement : « Et je serai toujours sans armes, dit-elle, et j’habiterai Lacédémone. » Et Cypris est restée sans armes, et après cela il y a encore d’effrontés témoins qui viendront nous conter que chez eux la déesse est armée. » Comme variété de ton, je noterai une piquante épigramme dans un sens ironique et de parodie : il s’agit d’un philosophe rébarbatif, d’un laid cynique, Posocharès, qui s’est laissé prendre aux filets d’un jeune objet charmant ; et celui-ci, comme on fait d’un trophée après une victoire, se complaît à suspendre dans le temple de Vénus toute la défroque du cynique, son bâton, ses sandales, « et cette burette crasseuse, et ce reste d’une besace aux mille trous, toute pleine de l’antique sagesse. » Ceux qui savent leur Moyen-Age peuvent rapprocher cette épigramme du fabliau connu sous le titre du Lai d’Aristote.

1530. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Le plus haut type, parmi ceux qui ont produit leur pensée sur ces matières divines, est assurément Dante, comme le plus édifiant parmi ceux qui ont agi d’après les divines prescriptions est saint Vincent de Paul. […] Rousseau, je le sais, agit aussi très-puissamment sur Lamartine ; mais ce fut surtout à travers Bernardin de Saint-Pierre et M. de Chateaubriand qu’il le sentit.

1531. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Victor commença, à treize ans, au hasard, ses premiers vers ; il s’agissait, je crois, de Roland et de chevalerie. […] Il s’agissait seulement de rallier quelques âmes perdues qui ignoraient cette chartreuse, de nourrir quelques absents qui la regrettaient, et la Muse française servit en partie à cela.

1532. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

elle agit sur moi avec tant d’empire, que je suis porté à croire que cet amour de l’ordre fait partie de notre essence… » Peu s’en fallait, si l’ami s’en était mêlé davantage, que le Lépreux ne fût devenu un Vicaire savoyard catholique et, non moins que l’autre, éloquent. […] Le plus ancien de ces pieux cadets dont nous parlons est assurément Ménélas, le bon Ménélas, duquel Agamemnon disait : « Par moments il s’arrête et ne veut pas agir, non qu’il cède à la paresse ou à l’imprudence, mais il me regarde et il attend : » ’Аλλ’ ἑρἑ τ’ ɛισορóωу xαὶ ἕμην πϲτιδέγμενος óρμýν.

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