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664. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

La Fontaine l’a fait avec des couleurs aussi vraies, aussi familières, aussi franches que Van-Ostade et Téniers. […] Mais d’autre part le portrait est vrai quand aux traits communs et généraux il ajoute les traits personnels ; et il est intéressant quand aux traits communs et observés ailleurs il ajoute des traits nouveaux. […] « Il gagnait cahin-caha sa pauvre vie. » Quels détails francs, quelle vraie grimace d’artisan, quels gestes de goguenard ! […] Un faiseur de descriptions eût montré la physionomie de l’éléphant, la tranquillité de ses yeux intelligents, la couleur de sa peau, et le reste ; un vrai poëte songe à l’ensemble et ne décrit que pour prouver. […] A peine çà et là un trait vrai perdu dans le barbouillage. « Nous vivions contents sur nos propres terres. » La Fontaine gardera ce trait.)

665. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Il est vrai que les sociétés humaines sont plus amples, plus mobiles, plus différenciées que les sociétés animales, ce qui, d’après M.  […] C’est le contraire qui semble vrai. […] Cela est si vrai que M. de Gobineau regarde la race comme le seul fondement possible d’une unité intellectuelle et morale véritable. […] Chez beaucoup, il est vrai, la faculté intuitive reste silencieuse, étouffée qu’elle est par les notions toutes faites mises en nous presque à notre insu par la société. […] Il y a du vrai dans ces vues ; mais elles n’expriment qu’un côté des choses.

666. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Ces lois (celles de l’attraction des accords) sont, il est vrai, des espèces de Rythmes latents, mais, et seulement, à la manière de la pesanteur d’un objet lequel n’a d’autre force que son inertie même. […] Les Romantiques, sans en discerner la vraie cause, à ce que je crois, tentèrent bellement de remédier au défaut du vers. […] On avait eu, il est vrai, les mesures variées, parfois coupées par le récitatif, des dernières œuvres de Beethoven ; mais les cantilènes populaires n’avaient pas encore attiré l’attention, et les chants grégoriens, défigurés d’ailleurs par une incompréhension totale de leur vrai sens, n’apparaissaient que comme des restes glacés : car on assimilait au langage écrit de la liturgie son langage musical et la Préface, le Magnificat, parlaient une langue morte. […] Quelques littérateurs n’ont pas l’air, il est vrai, de s’en préoccuper beaucoup ; d’autres le cherchent dans un nombre plus ou moins constant de syllabes toniques et peuvent réaliser ainsi un art où l’élan fol de l’instinct n’exclut pas l’équilibre des proportions. […] N’est-il donc pas dangereux, (qu’on me trouve, si l’on veut, très prudhomme) ne pourrait-il être tout à fait néfaste de propager imprudemment un principe, en partie très vrai, mais en partie très contestable ?

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