Le roman de la vie vraie n’est pas fait pour ceux qui n’ont pas vécu. […] Cela est vrai de la description d’une forêt et aussi de celle d’une maison ou d’un mobilier. […] C’est peut-être ailleurs qu’il s’est trompé, dans Salammbô, quand il a amoncelé les pages pour décrire, magnifiquement, il est vrai, le banquet des mercenaires, les lions crucifiés, ou même la petite et impériale Salammbô descendant l’escalier du palais.
Dans la Vraie Histoire comique de Francion, composée par Charles Sorel, sieur de Souvigny, vers 1622, on trouve ce passage caractérisant la lutte de Malherbe contre Ronsard et son école : « Un poète récita de ses vers et je pris beaucoup de plaisir à voir sa contenance… Or, les poètes présents émirent de grosses disputes pour beaucoup de choses de néant où ils s’attachoient et laissoient en arrière celles d’importance. […] Le Romantisme a donné avec le Parnasse sa floraison dernière, en sa forme maintenue, et il s’est mué en Symbolisme en léguant au Symbolisme son appétit de nouveauté, sa recherche d’un coloris neuf, sa tendance à l’évolution rythmique, c’est-à-dire son essence même. » Et, qu’on le veuille ou non, la chose est très vraie. […] Ce rythme a de la cadence, une allure vive et sautillante, et, bien que la place, toujours la même, imposée aux césures, nécessite de nombreux enjambements, l’usage judicieux de ce mètre peut rendre de vrais services.
On aurait tort, sur ce début, de juger l’abbé de Pons un de ces guerroyeurs qui n’ont de plaisir qu’à frapper, qui n’entrent en lice que pour jeter les gens par terre, et à qui l’on peut opposer ce beau mot de Montesquieu, devise et louange de la vraie critique : « Ceux qui nous avertissent sont les compagnons de nos travaux. » Le gentil abbé se dessine mieux et avec son vrai caractère dans sa Lettre à Du Fresny.