Parce qu’il l’établissait sur sa volonté, plus forte et plus inflexible qu’aucune volonté humaine. […] Il n’y a que la volonté de Dieu. Et cette volonté ne change pas. […] Adam avait une volonté, les hommes n’en ont pas. […] La concupiscence c’est la volonté corrompue depuis la chute.
Les passions, en effet, ne suppriment pas la volonté, quoi qu’on en dise ; elles la détournent seulement de son véritable objet ; et si, comme je le disais, l’histoire est le théâtre des passions, elle est en même temps ce que j’appellerai « le lieu des volontés ». […] Mais la volonté, voilà la maîtresse du monde ! […] Et voilà pourquoi, si l’histoire n’est que le spectacle du conflit des volontés entre elles, ou du combat de la volonté contre la force des choses, voilà pourquoi l’histoire est devenue naturellement l’inspiratrice d’un théâtre fondé tout entier, comme celui de Corneille, sur la croyance au pouvoir de la volonté. […] Et comme une volonté ferme est peut-être ce qu’il y a de plus rare parmi nous, — qui, sous le nom de notre volonté, ne suivons guère en général que l’impulsion de nos instincts ou l’opinion de la foule, — il y trouvera justement ce qu’il lui faut pour exciter l’admiration… Je ne veux pas dire par là, Messieurs, que sa Rodogune ne demeure une œuvre singulièrement forte, et toute pleine encore de quelques-unes de ses plus rares qualités. […] En même temps, par une conséquence inévitable de la réapparition du romanesque dans le drame, les volontés faiblissent.
Épictète, et elle ne s’est pas enfermée en une doctrine immuable, mais au cours des saisons et des heures — les saisons et les heures de toute une jeunesse — elle a chanté son émotion immédiate, tout en demeurant maîtresse absolue de sa volonté en présence du monde ; elle sait qu’une âme humaine, dans la fiction qu’elle se crée des êtres et des formes, est la principale collaboratrice, et que le véritable mystère est en elle, non dans les choses… Si elle se laisse attrister par les présages de mort épars dans les bois et dans le ciel d’automne, c’est qu’elle y aura consenti, et elle ne sera point l’esclave même du Beau, ayant écrit ce vers doré : Tâche d’aimer le Beau sans être son amant.