Ce matin, le Dieu d’ombre et de douceur m’a dit… Je greffe avec des chants sur les tendresses mortes, La tendresse des soirs où vivent les parfums, Et quand sonnent mes pas, les vergers un à un, Ouvrent pour m’appeler la candeur de leurs portes. […] La Maison de l’Enfance, la Beauté de Vivre, les Clartés Humaines, l’Or des Minutes, réalisent heureusement le noble programme de l’auteur. […] Et songeant au destin des hommes, aux joies éphémères de l’amour et de l’orgueil, il entame le chant Lucrécien avec un cœur blessé, mais toujours confiant dans la Bonté et la Beauté de Vivre. […] Son livre est un musée où vivent des tableaux ; J’y sais des coins de ciel sanglant sur Salamine, Une ornière fangeuse où la trace divine Des sylvains est marquée ; une montagne, un champ Des palais sur un port doré par le couchant ; Quelques bandes de fer et de bronze bardées ; Le corps chaud d’ambre blond des papesses fardées, Des filles près d’un puits ; et j’y sais un jardin Où lui-même s’est mis contre le fût d’un pin Qui dans le noir fouillis de sa maîtresse branche, Retient comme un grand nid la pleine lune blanche. […] Le paysage est brut, semble morne de vivre En l’air jaunâtre et gris de cette aube… Pleuvoir !
Ils ne peuvent pas vivre seuls. […] Le christianisme nous frappe de terreur en nous montrant l’abîme sur lequel nous vivons, mais peu à peu, il apparaît que cette terreur ne nous est que salutaire, car elle laisse une place pour la joie, cette joie que le paganisme avait méconnu. Giotto a vécu dans une cité plus morne qu’Euripide, mais dans un monde plus gai… La gigantesque figure qui couvre de son ombre l’Evangile s’élève, à tous les points de vue, au-dessus des penseurs de tous les siècles. […] Journaliers, Marchants et Camelots qui vivez honorablement Vous aussi… Vous êtes des hommes. Ouvriers et Manœuvriers qui faites vivres les hommes Par votre labeur… Vous êtes des hommes.
D’ailleurs, personne ne l’ignore, les de Goncourt, qui sont presque des peintres et qui ont écrit sur la peinture, ont dû vivre beaucoup dans les ateliers. […] Mais, en d’autres termes, moins gais que ceux d’une si bouffonne préface, un tel procédé, c’est la mort même, la mort déshonorante de toute littérature créatrice, qui se déclare incapable de vivre par elle-même, impuissante et finie ; c’est le moyen le plus honteux employé pour la faire durer un peu encore, si cela s’appelle durer que traîner sa paralysie hébétée et son cul-de-jattisme final sur les béquilles d’emprunt du document humain, et, pour parler avec l’élégance de M. de Goncourt, qui se plaint qu’on le blague, c’est vraiment une chose assez triste pour qu’il n’y ait plus à blaguer ! […] Seulement, demandez-vous ce que devait devenir pareille idée sous une plume tombée à ne plus vivre que d’aumônes et à s’éparpiller dans des renseignements ramassés de toutes parts pour elle, et non par elle ! […] XV Car la question poignante d’un livre qui pouvait être si dramatique et si terrible est de savoir si l’âme et le génie peuvent vivre, dans leur double intensité, au fond de ce système nerveux endiablé, comme disait Voltaire, d’une comédienne qui aime son art comme tout être de génie aime le sien, et qui lui demande ses émotions, son bonheur et sa gloire. […] En réclamant le document humain, il l’a arraché aux plumes qui vivaient de cette paternité incertaine… Il a cassé le pot de Pot-Bouille.