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663. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Ces tantes font le charme de ces intérieurs ; ce sont les cariatides gracieuses et vivantes de la maison : elles ne la supportent pas, mais elles la décorent. […] M. de Maistre n’aurait pas jeté un chien de sa chienne à cette voirie vivante où Jean-Jacques Rousseau jetait ses enfants. […] Or, puisqu’à ses propres yeux il était impossible, Napoléon vivant, de rendre Turin, le Piémont et la Savoie au roi de Sardaigne, c’était donc un autre royaume qu’il fallait obtenir de Napoléon en indemnité pour cette cour. […] Je comptais dire à peu près : Il me reste, Sire, une chose à vous déclarer : c’est que jamais homme vivant ne saura un mot de ce que j’ai eu l’honneur de vous dire, pas même le roi mon maître ; et je ne dis point ceci pour vous ; car que vous importe ? […] Dans ce Mémoire je demande de m’en aller à Paris avec la certitude d’être admis à parler à l’empereur sans intermédiaire ; je proteste expressément que jamais je ne dirai à aucun homme vivant (sans exception quelconque) rien de ce que j’entends dire à l’empereur des Français, pas plus que ce qu’il pourrait avoir la bonté de me répondre sur certains points ; que cependant je ne faisais aucune difficulté de faire à monsieur le général Savary, à qui le Mémoire était adressé, les trois déclarations suivantes : « 1º Je parlerai sans doute de la maison de Savoie, car je vais pour cela ; 2º je ne prononcerai pas le mot de restitution ; 3º je ne ferai aucune demande qui ne serait pas provoquée.

664. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Il y a là ces rapports de coordination si essentiels, si subtils, si ramifiés, qu’on peut appliquer à chacun de ces drames ce que Kant dit de sa Critique de la raison pure : « c’est un véritable corps vivant, dans lequel chaque partie est un organe. […] De façon que même les faiblesses de l’œuvre et même ses défauts en sont une portion intégrante et indispensable et qu’on ne saurait éliminer. » C’est cette unité vivante qui est la grande force de l’art wagnérien ; c’est elle qui, inconsciemment, aveugle quelquefois les admirateurs du maître au point qu’ils croient se trouver en face de l’œuvre d’un dieu plutôt que d’un homme. […] Mais ce n’est pas tout : non seulement tous ces drames sont des organismes vivants, chez lesquels tout se tient dans un réseau d’influences mutuelles, mais chacun est un corps doué d’une individualité marquée, d’une physionomie qui ne ressemble en rien à celle de ses frères. […] Et lorsque, dans les crises de grandes passions, il lui faut les exclamations les plus violentes, les plus pathétiques, il prend toujours les mêmes trois ou quatre mois : « selig, brunstig, heilig »… les termes génériques dans leur plus simple expression, parce que ceux-ci seuls siéent aux héros de son poème. « L’homme vivant et vrai, dit Wagner, ne décrit pas ce qu’il veut et ce qu’il aime : il aime et il veut… La poésie ne faisait plus que décrire… elle vous donnait le catalogue d’une galerie de peintures, mais pas les tableaux… elle était forcée de devenir platement prolixe… J’ai dû éliminer tout ce qui était superflu, fortuit, indécis, retrancher tout ce qui dénature les vrais sentiments des hommes… je n’ai gardé que le noyau… et je l’ai exprimé dans une langue concise, eu serrant autant que possible les accents de la phrase… » La langue est donc très forte, très concise, abrupte, « quintessenciée ». […] Timbre. — Les accents de timbre sont les moins variés ; cependant ils jouent un grand rôle par le caractère mystérieux, à la fois vivant et impassible qu’ils donnent à toute la phrase : les accents coïncident avec eux de hauteur et d’intensité, ce qui contribue à donner à la mélodie la puissance et la grandeur de sa plasticité. — Dans les notes faiblement accentuées, les bois et les cordes produisent une sonorité diffuse et assez peu définie, tandis que dans les parties accentuées, à la 3e et à la 4e mesure, il y a une coïncidence de sonorités pures qui leur donne un éclat comparable à celui d’une lumière pleine et forte.

665. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Et les auteurs allemands sont trop occupés de théories, d’analyses des écrits, et, selon les cas, de dénigrements ou d’admirations, pour nous accorder ce qu’il nous importerait d’avoir, un aperçu vivant de cette époque. […] Jullien : « De l’aveu même de Richard Wagner, Tristan et Iseult est l’expression la plus fidèle et la plus vivante de ses idées théoriques » (p. 156), et lorsque M.  […] C’est cette obstination à ne pas vouloir reconnaître dans son œuvre l’unité vivante de plusieurs moyens d’expression tendant à un seul but, qui est la cause de tous les malentendus. […] Certes, si on prend l’œuvre dans son ensemble, la musique prédomine dans une très large mesure ; mais c’est le sujet qui le commandait, et j’ai démontré que cela n’est nullement la négation d’une unité vivante et organique. […] «  Pour moi élu, /pour moi perdu, /superbe et vivant, /hardi et fuyant  !

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