. — Vie de Pierre Corneille (1843). — Poésies fugitives (1846). — Dix mois de révolution (1847). — Farces et moralités (1850). — Les Trois Frères Eudes (1855). — Études d’après nature (1864). — Inter amicos (1866). — La Rime (1875). — Dans les herbages (1876). — Les Vingt-Huit Jours (1882). — Poésies complètes (1889). […] [La Vie à Paris (1896).]
Toute cette première partie de la vie et de la jeunesse de Madame serait curieuse et importante à bien établir : « J’étais trop âgée, dit-elle, quand je vins en France, pour changer de caractère ; la base était jetée. » Tout en se soumettant avec courage et résolution aux devoirs de sa position nouvelle, elle gardera toujours ses goûts allemands ; elle les confessera, elle les affichera en plein Versailles et en plein Marly, et cette cour, qui était alors la règle de l’Europe, et qui donnait le ton, aurait pu s’en choquer si elle n’avait mieux aimé en sourire. […] Mais elle tenait à son pays, à sa souche allemande, à son Rhin allemand, par d’autres souvenirs que par celui des mets et de la cuisine nationale : elle aimait la nature, la campagne, la vie libre, un peu sauvage ; ses impressions d’enfance lui revenaient avec des bouffées de fraîcheur. […] L’ambition ni la légèreté n’eurent point de part à son changement ; le respect et la tendresse qu’elle conservait pour Mme la princesse Palatine, sa tante, qui était catholique, ne lui permirent pas de refuser l’instruction : elle écouta le père Jourdan, jésuite ; née avec cette droiture qui l’a si fort distinguée pendant sa vie, elle ne résista pas à la vérité. […] Madame faisait donc une notable exception lorsque, dans son plan de vie, elle accordait une si grande place et si régulière à la méditation du saint livre. […] Si je n’avais eu la fièvre et de grandes vapeurs, madame, du triste emploi que j’ai eu avant-hier d’ouvrir les cassettes de Monsieur, toutes parfumées des plus violentes senteurs, vous auriez eu plus tôt de mes nouvelles, mais je ne puis me tenir de vous marquer à quel point je suis touchée des grâces que le roi a faites hier à mon fils, et de la manière qu’il en use pour lui et pour moi : comme ce sont des suites de vos bons conseils, madame, trouvez bon que je vous en marque ma sensibilité, et que je vous assure que je vous tiendrai très inviolablement l’amitié que je vous ai promise ; et je vous prie de me continuer vos conseils et avis, et de ne jamais douter de ma reconnaissance qui ne peut finir qu’avec ma vie.
Les nombreux amis auxquels il lut, cahier par cahier, ces mémoires dont il était si fier, eurent raison d’en féliciter l’auteur, de lui donner des encouragements et des conseils ; de lui recommander « de les continuer dans le plus grand détail qu’il pourrait », de ne rien retrancher « de ce qui peint l’homme dans les moindres circonstances de sa vie », de ne pas trop céder sur ces points au goût simple et un peu nu du trop classique abbé Fleury, lequel en fut d’ailleurs très satisfait. […] Pendant les derniers dix-huit mois de la vie de Bossuet, l’abbé Le Dieu nous tient au courant, beaucoup plus que nous ne voudrions, de ses griefs, des mille tracasseries et des misères de cet intérieur où l’illustre prélat était de plus en plus enchaîné par sa maladie. […] Et, le 18 du même mois : Il y a plaisir à l’entendre parler de sa santé en des termes qui expriment l’amour de la vie, et il est assez étonnant que la méditation continuelle de l’Évangile n’ôte pas ce sentiment. […] Quelle vie ! […] Il se croit intéressant, et nous initie avec un redoublement de complaisance à tous les détails de la vie du chapitre ; on a ses querelles de chœur, ses rivalités avec le trésorier Phelippeaux et les philippotins, des zizanies auprès desquelles celles du Lutrin sont grandioses.