/ 3766
1099. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Ce serait faire de lui un comte de Charolais, et rien dans le cours de sa vie si galante, mais nullement inhumaine, ne viendrait justifier un tel début d’atrocité. […] Sur la fin il accorda à Diderot une pension de mille livres, à l’effet de payer un secrétaire pendant sa vie, et réversible sur sa femme après sa mort. […] Par ce changement dans votre plan de vie, vous coupez court d’un coup à l’attente de ce rang auquel vous aspirez ; vous n’êtes pas agitée plus longtemps par des espérances et des craintes ; votre tempérament recouvre insensiblement son premier ton ; votre santé revient ; votre goût pour une vie simple et privée gagne du terrain chaque jour, et vous finissez par vous apercevoir que vous avez fait un bon marché en acquérant la tranquillité au prix de la grandeur. […] Étant un étranger comme je suis, j’ose moins répondre pour mes plans futurs de vie qui peuvent m’emmener bien loin de ce pays ; mais, si je pouvais disposer de ma destinée, rien ne serait plus de mon choix que de vivre où je pourrais cultiver votre amitié. […] Parent-de-Rosan, pour toute une partie de la vie de Mme de Boufflers, qui était ignorée.

1100. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Il faut s’y accoutumer avec Dominique ; sa vie ne se compose d’aucun grand événement extérieur ; elle est toute de sensations, de sentiments et d’analyse. […] Le passage de la vie libre des champs au régime claustral et rigide d’une école est rendu avec un sentiment de froid qui resserre. […] Elle avait le regard plus rapide avec le visage un peu plus maigre, les yeux comme élargis par l’effort d’une vie très remplie et par l’habitude d’embrasser de grands horizons. […] Consterné d’abord du mariage de Madeleine qui se fait peu après, Dominique, ayant terminé vers le même temps ses classes, vient à Paris, et là une nouvelle vie commence. […] A la bonne heure pour le château des Trembles où Dominique a mis, à chaque place, à chaque coin et recoin, une part de son âme ; où il a semé le plus cher de sa vie première !

1101. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Ces deux romans m’avaient été signalés comme écrits par une jeune femme qui venait assez souvent dans un cabinet de lecture de la place de l’Odéon et qui vivait d’une vie originale, d’une vie de garçon et d’étudiant. […] George Sand voulut bien me prendre, à ce moment délicat de sa vie où elle arrivait à la célébrité, pour confident, pour conseiller, presque pour confesseur. […] Mon ami, tout cela est bien cruel, bien triste, bien malheureux et me jette dans un très-grand découragement de la vie et de la société. […] Il y a aussi des mots de sympathie qui m’ont été au cœur et qui m’ont consolée de tous les maux de ma vie, autant que je puis l’être. […] Personne ne comprend rien à votre vie et n’en sait les plaisirs ou les peines.

/ 3766