La question est donc de savoir si les écrivains dits vertueux s’y prennent bien pour faire aimer et respecter la vertu, si la vertu est satisfaite de la manière dont elle est servie. […] Il a parlé le langage du comptoir, le langage des gens du monde, croyant parler celui de la vertu. […] Le crime est-il toujours châtié, la vertu gratifiée ? […] La vertu est la condition sine qua non du succès. […] Ils assassinent la vertu, comme M.
— Où sont ces joues vermeilles, où la vertu rougissante s’empourprait de la livrée royale de la pudeur ? […] La beauté sensible est parfaite chez tous les deux, mais leur premier culte est pour la beauté morale. « Conduisez-moi, dit-il aux Muses, dans la retraite cachée où la Vertu habite avec vous, berceau d’argent qui la cache aux hommes et aux méchants mépris du monde. » Il encourage son chevalier quand il le voit faiblir. […] C’est plus haut que le pays des fées, à cette limite extrême où les objets s’évanouissent et où les pures idées commencent. « J’ai entrepris mon poëme329, dit-il, pour représenter toutes les vertus morales, assignant à chaque vertu un chevalier pour être son patron et son défenseur, en telle sorte que les œuvres de cette vertu soient exprimées et que les appétits déréglés et les vices contraires soient abattus et surmontés par des faits d’armes et de chevalerie. » En effet, au fond du poëme il met une allégorie ; non qu’il songe à se faire bel esprit, prêcheur de morale ou faiseur d’énigmes. […] Par-delà les preux, images glorifiées des vertus morales, il y a les dieux, modèles achevés de la beauté sensible ; par-delà la chevalerie chrétienne, il y a l’olympe païen ; par-delà l’idée de la volonté héroïque qui ne trouve son contentement que dans les aventures et le danger, il y a l’idée de la force sereine qui d’elle-même se trouve en harmonie avec les choses. […] Leurs héros ont des vertus humaines, non des vertus religieuses ; contre le crime, ils s’appuient sur l’honneur et l’amour du beau, non sur la piété et la crainte de Dieu.
Tout en était abaissé, vertu et talents, forcés d’être séditieux pour ne pas plier sous le premier ministre, ou de s’avilir pour ne lui pas faire ombrage ; tout, jusqu’à la condition de courtisan, devenue la domesticité du premier ministre. […] Cet excès même de grandeur qui y pousse toute vertu à l’héroïsme, tout vice au crime, ne vient que d’une ressemblance trop fidèle avec un temps où l’imitation étrangère avait donné un air de mode même à la vertu. […] Louis XIV pouvait se dire, comme Boileau, Ami de la vertu plutôt que vertueux ; le premier pas, le seul possible aux meilleurs d’entre nous, vers cet idéal que nous propose la morale chrétienne. […] Elle se trouve des forces que les siècles précédents ne savaient pas… Si les Français peuvent tout, c’est que leur roi est partout leur capitaine ; et après qu’il a choisi l’endroit principal qu’il doit animer par sa valeur, il agit de tous côtés par l’impulsion de sa vertu… Les politiques ne se mêlent plus de deviner ses desseins.