/ 2476
404. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

C’est ce cardinal qui venait de construire à Tivoli, non loin des cascades et des ruines de la villa de Mécène, ce merveilleux palais d’Este et ces jardins, type de ceux d’Armide, où les édifices, les terrasses, les grottes, les arbres, les fleurs et l’eau jaillissant ou courant dans des canaux harmonieux, remplissaient l’oreille de mélodies éternelles semblables aux concerts des harpes éoliennes. […] Je pense que ces désordres de son esprit viennent de quelques humeurs mélancoliques qui pèsent sur le cœur et sur le cerveau. […] On convint de dire aux autres que l’étranger était un cousin venu de Bergame à Naples pour quelques affaires, et qui avait voulu profiter du voisinage pour visiter pendant quelques semaines ses parents de Sorrente. » L’aspect des lieux où il avait respiré la première fleur de la vie, la tendresse de cette sœur dont le cœur concentrait pour lui toute la famille éteinte ou dispersée, celle de ses deux neveux à qui la mère avait inculqué l’affection et l’enthousiasme pour cet oncle si grand et si malheureux ; cette hospitalité si sûre et si chaude, reçue dans ces beaux lieux et pour ainsi dire dans l’âme même de cette sœur, avaient produit, comme par enchantement, sur le Tasse tout l’effet qu’il avait rêvé. […] Ce que je viens de dire suffit s’il se détermine à revenir ; s’il préfère rester à Rome ou ailleurs, nous donnerons ordre pour que les choses qui lui appartiennent et qui sont entre les mains de Coccapani (ami du Tasse, écuyer du prince) lui soient adressées, et il peut écrire sur cela à Coccapani. » Y a-t-il une meilleure preuve qu’une telle lettre, que le duc Alphonse ne tendait point de piège au Tasse pour l’attirer dans ses États, et pour l’y plonger dans les cachots ? […] je ne me rappelle pas de l’avoir vu, soit ici, soit ailleurs… Il vient de Novare, répondit le jeune homme, et il va à Turin.

405. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Histoire du poème dramatique jusqu’à la venue de Corneille. — § II. […] Histoire du poème dramatique jusqu’à la venue de Corneille. […] Oserai-je la comparer au premier épanouissement d’une fleur, plus belle quand elle s’est ouverte tout entière, plus charmante quand elle vient de s’entrouvrir ? […] Le précepte d’Horace semble fait pour ces pièces : « Où les beautés l’emportent en nombre, je ne me blesse pas de certains défauts échappés à la négligence ou à la faiblesse humaine. » Mais ce précepte ne convient qu’aux quatre chefs-d’œuvre que je viens de nommer. […] Il n’est guère de défauts dans Corneille qui ne lui soient venus de ses contemporains.

406. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Chronique du mois La saison musicale qui vient de commencer doit compter plusieurs événements wagnériens très graves : à Paris, la première représentation de Lohengrin, au mois d’avril, par M.  […] Victor Wilder vient de publier son Tristan et Iseult. […] Le plus grand nombre est allemand, mais il y a quantité de spectateurs venus de toutes les parties du monde, des Russes d’abord, et aussi beaucoup d’Américains, force Anglais et quelques Français, plus que notre renommée d’ennemis des voyages ne le ferait supposer. — Mais c’est encore là une vieille observation que tous répètent sans la vérifier, et, défait, les Français sont devenus, depuis la guerre, un des peuples les plus cosmopolites qui soient. — Les costumes les plus variés se rencontrent dans cette vaste salle de restaurant où les délices de la bière et du tabac alternent avec ceux de la musique. […] a phrase de cc vœu qui réapparaît, comme une prophétie réalisée, dans la scène finale, dans le chant de Heiling : « Ma mère, tout s’est accompli » C’est encore ici que nous retrouvons Berlioz avec son Benvenuto Cellini (1838) si méconnu jadis, sifflé à Paris, tombé à Londres, acclamé seulement à Weimar en 1852, et qui vient de remporter de si éclatants succès à Carlsruhe, Mannheim, Munich. […] Jahns que je viens de citer ; comparez aussi le passage relatif à ce thème dans sa brochure : Weber, eine Lebens skizze nach authentischen Quellen, Leipsick, Grunow, 1873.

/ 2476