Vous essaierez vainement de leur expliquer qu’ils viennent de voir des pantins, des caricatures d’artistes, de faux créateurs, le rebut de l’art vrai, toute la troupe prétentieuse et attristante dont les producteurs sérieux subissent la promiscuité et la camaraderie dans les premières années. […] Il serait temps, cependant, de réagir contre l’erreur propagée par l’un des plus piteux livres que le sentimentalisme ait échafaudés ; et puisque nous sommes dans une de ces périodes rares où l’on met tout sur table, où l’on bannit tout faux respect des choses convenues, et où l’on étudie impitoyablement la valeur exacte des gens et des idées, puisque d’autre part, l’artiste, jusqu’ici écarté et résigné à être une non-valeur sociale, vient de s’avancer au premier rang des énergiques, il siérait de saper, d’une hache implacable, le faux idéal et la menteuse générosité de « la bohème », qui séduisent et égarent encore certains jeunes artistes, autant qu’ils font le jeu de la médiocratie contre l’idéal authentique et la vraie générosité. […] Il y a tous les enfantillages de l’intellectuel accoutumé à la libre solitude et au sans-gêne de l’atelier ; il y a l’amour-propre, le dépaysement, et surtout, très au fond, une timidité spéciale, qui vient de ce que l’artiste est en marge de la société et ne sait jamais s’il y est accepté ou s’il y règne.
Sous ce titre, un écrivain peu connu encore, et que je crois jeune d’après la nature de quelques-unes de ses idées, vient de publier un petit travail assez agréable sur Rabelais, qu’il range dans une espèce de galerie de Légendes françaises. […] Cependant son père Grandgousier voyait que son fils étudiait très bien, et qu’il n’en devenait que plus sot chaque jour ; il est fort étonné d’apprendre d’un de ses confrères, vice-roi de je ne sais quel pays voisin, que tel jeune homme qui n’a étudié que deux ans sous un bon maître, et par telle nouvelle méthode qui vient de se trouver, en sait plus que tous ces petits prodiges du vieux temps, livrés à des maîtres dont le savoir n’est que bêterie. […] On vient de voir le jeune Gargantua livré aux pédagogues de la vieille école, et les tristes résultats de cette éducation crasseuse, routinière, pédantesque et tout à fait abrutissante, dernier legs du Moyen Âge expirant.
Un jour (20 avril 1793) le misérable Hébert, avec quelques municipaux, arriva dans la prison à dix heures du soir ; les prisonniers venaient de se coucher : Nous nous levâmes précipitamment, dit Madame Royale. […] Une pareille idée d’opposition ne se présentera jamais, je puis l’assurer, à celui qui viendra de relire le simple récit chrétien et humain de Madame Royale au Temple. […] Charles Didier), celui-ci se hasarda à lui dire : « Madame, il est impossible que vous n’ayez pas vu dans la chute de Louis-Philippe le doigt de Dieu. » — « Il est dans tout », répondit-elle avec simplicité, avec un tact qui vient de la religion et du cœur.