« — Je dis, Majesté, que si l’Empereur qui veut cette guerre ne vient pas avec nous en Italie, il se conduit comme le dernier des rois fainéants ! […] Aucune commande ne vient. […] On attend le duc d’Orléans, qui doit venir le visiter. […] » Pauvre malheureux grand homme, qui, devant la menace d’une visite de X…, dit tristement à ses intimes : « Si X… vient, nous ne lirons pas de vers ! […] Il quitte poliment le dîner, et vient me trouver.
Mais durant cet intervalle s’était venu placer un événement qui fut décisif dans sa vie et qui brisa dès le commencement sa carrière. […] Il résulte de son récit que, peu après la paix des Pyrénées, le duc Charles IV de Lorraine étant venu en France, et ayant fait avec le roi le traité par lequel il lui cédait ses États après lui et l’instituait héritier de ses duchés de Lorraine et de Bar, trouva encore à travers cela le temps de s’éprendre d’une violente passion pour Mlle Marianne, qu’il rencontrait au Luxembourg chez sa sœur Madame, épouse de Gaston duc d’Orléans. […] En m’éveillant, il vient se saisir de moi, et me serre le cœur avant que ma raison soit encore éveillée et m’ait appris la cause de ma douleur. » Tout cela est très vrai, d’un accent très senti, et vaut mieux que toutes les railleries du monde qui a commencé par en sourire, et qui a triomphé ensuite quand cette grande résolution n’a pas duré. […] Cependant la grande passion de Lassay à Rome fut pour la jeune princesse de Hanovre, Sophie-Dorothée, femme du futur électeur de Hanovre et roi d’Angleterre, Georges Ier : on a les lettres qu’il lui écrit et qui prouvent que, malgré les contrariétés, les obstacles et les jalousies qui vinrent à la traverse de cette liaison, il ne s’en trouva pas trop malheureux. […] [NdA] Un doute me vient au sujet du Mont-Canisy ; je ne suis pas certain qu’à cette date Lassay en eût la jouissance, non plus que de ses autres terres de Normandie, et l’on peut même inférer le contraire d’après un mémoire qu’il rédigea dans le cours de ses démêlés et procès avec son père.
Il faut donc prendre ces harangues pour de simples paroles assez exactement recueillies, où le maître (car Henri IV en est un) dit à sa manière à ceux dont il a besoin et qui lui résistent, qui lui viennent faire remontrance, des vérités parfois rudes, mais qu’il sait égayer d’un geste ou d’un sourire. […] Je ne suis point auteur des nominations ; les maux étaient introduits auparavant que je fusse venu. […] Un bras comme le vôtre n’est de trop dans la balance du bon droit ; hâtez donc de l’y venir mettre et de m’envoyer le plus de vos bons parents que vous pourrez. D’Ambrugeac m’est venu joindre avec tous les siens, châteaux en croupe s’il eût pu. […] Mais, en insistant sur ces détails, je crains aussitôt d’être injuste ; car il faudrait en même temps que je pusse faire remarquer combien il y a d’excellentes choses, et neuves et fines, et subtiles (au meilleur sens, au sens latin du mot), dans ce modeste ouvrage qui rend l’étude du même sujet plus facile à ceux qui viendront après.