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759. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Je vous en fais juge : sans parler d’autres merveilles sur lesquelles M. d’Hervart m’obligea de jeter la vue. » Ici perce la pointe de gaieté sensuelle ; mais il revient et ajoute avec une grâce charmante : « Si cette jeune divinité qui est venue troubler mon repos y trouve un sujet de se divertir, je ne lui en saurai point mauvais gré. […] Il l’avoue quand il invite la Volupté à venir loger chez lui, lui disant qu’elle ne sera pas sans emploi, « qu’il aime le jeu, les vers, les livres, la musique, la ville, la campagne, enfin tout. » Il n’est rien Qui ne me soit souverain bien, Jusqu’aux sombres plaisirs d’un coeur mélancolique. […] Il les laissait venir et ne les contraignait pas. […] De loin en loin quelques vers lui venaient, qui mettaient sa conscience en repos ; il allait toucher sa pension, et saluer Mme la surintendante, l’appelait « merveille incomparable », de bonne foi, et de bon coeur. […] Quand elle mourut, M. d’Hervart vint le trouver et le pria de loger chez lui : « J’y allais », dit La Fontaine.

760. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

. — Et là-dessus, le gouverneur étant entré et Épagathus s’étant lui-même dénoncé comme chrétien, Æmilia et Attale se dénoncent librement à leur tour ; et Blandine, qu’on oubliait dans son coin, vient tendre les mains aux chaînes en disant : « Et moi ?  […] Il est prouvé que l’amour-propre suffit souvent pour inspirer un héroïsme apparent, quand la publicité vient s’y joindre. […] Si les communautés chrétiennes étaient composées, en majorité, de très douces âmes, il devait pourtant s’y rencontrer, surtout parmi les catéchumènes, des malheureux venus là par désespoir, excès de souffrance, haine de la société établie, instinct de révolte, insuffisamment instruits et non encore imprégnés de l’esprit de Jésus. […] Dans une salle des catacombes, à la lueur des torches, devant ses frères qui viennent d’apprendre que les quatre cents esclaves de Secundus ont été exécutés, le prêtre Timothée, — en des phrases dictées par Dieu même, puisqu’elles sont empruntées à l’« épître catholique de saint Jacques » et à l’Apocalypse, — maudit la ville impure et sanguinaire et en prophétise la fin : « … Riches ! […] Quand les cieux auront passé… quand les éléments embrasés auront été dissous… vous, les pauvres… vous ressusciterez en vos corps glorieux, et vous jouirez d’une félicité infinie. » Alors Faustus (remarquez que ce qu’il vient d’entendre est tout ce qu’il connaît du christianisme,) : — « Voilà ce que ton Dieu promet ?

761. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Lorsque celle-ci vint s’installer en France, elle apporta par conséquent à notre théâtre les exemples dont il avait le plus grand besoin ; elle enseignait l’action à notre comédie qui penchait naturellement vers la conversation et la tirade, et qui finit toujours par tomber de ce côté-là. […] « Dès sa jeunesse, dit Brantôme, elle aimait fort à voir jouer des comédies et même celles des Zanni et des Pantalon, et y riait tout son saoul comme une autre. » Une troupe, dirigée par un nommé Ganasse ou Ganassa, était venue à Paris en 1570 et avait donné un certain nombre de représentations publiques. […] Aussi, les confrères de la Passion, qui continuaient à jouer leurs Farces, leurs Soties et leurs Moralités à l’Hôtel de Bourgogne, et qui jouissaient d’un privilège en vertu duquel il était fait défense à tous autres de représenter des jeux dramatiques dans la ville, faubourgs et banlieue de Paris, s’émurent de la redoutable concurrence que leur faisaient les nouveaux venus. […] Cecchini ne paraît pas être venu en France, mais son personnage Fritelin ou Fristelin figure dans les farces tabariniques. […] Du temps de Henri IV, une troupe de comédiens italiens (les Gelosi) vint à Paris.

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