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527. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Un livre à succès n’est jamais qu’une de ces deux choses : l’explosion dans une seule âme d’une disposition presque universelle quoique encore latente du temps, ou bien la prophétie d’une vérité à venir qui n’éclaire encore qu’une tête supérieure à l’humanité. […] C’est là qu’il partagea son temps, comme l’horloge partage les heures, entre des sociétés douces, des promenades philosophiques, des études variées et universelles, telles que la peinture, la chimie, la philosophie, la poésie, la prose. […] Herman et Dorothée, pastiche admirable d’Homère, poème qui a la simplicité des scènes de Nausicaa ; le Comte d’Egmont, tragédie moderne ; enfin Faust, moitié drame, moitié poème, toujours rêve, mais rêve du génie, selon nous le plus vaste, le plus haut, le plus universel de ses chefs-d’œuvre. […] Mais d’abord hâtons-nous de vous dire que l’invention n’en appartient pas à Goethe, pas plus que l’invention d’Ahasvérus, l’homme immortel, n’appartient aux innombrables poètes qui ont chanté ce songe universel de l’expiation par la vie ; pas plus que l’invention de don Juan, cette moquerie incarnée de la vertu, de l’amour dans la fidélité de don Juan, ce vampire de la femme, n’appartient à l’Espagne ou à la France.

528. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Cette capitale grande et vide de l’Italie antique se fait peur à elle-même de sa grandeur et de sa viduité, quand elle cesse d’être remplie par l’ombre sacrée d’une république ou d’une monarchie universelle. […] Le Piémont reste immobile, le pape recule, la conscience du pontife universel retient le souverain. […] Je réponds imperturbablement à Charles-Albert : « Non, vous n’aurez de moi ni un mot ni un geste qui vous encourage à une guerre offensive contre l’Autriche en Lombardie ; la guerre en Lombardie avec complicité de la France, c’est le tocsin de la guerre universelle en Europe. […] Dans cet élan vers la conquête et vers l’absorption universelle de toutes les Italies, malgré la France qui les déconseille, un prince sans peur, un roi d’avant-garde, comme disait Murat, servi par un ministre équilibriste, paraît changer de point d’appui, et, Français avant la lutte, devenir Anglais après la victoire ; l’Angleterre, qui cherchait depuis tant de siècles une position politique navale et territoriale contre nous au Midi, a souri aux envahissements prétendus italiens du Piémont.

529. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

L’amour décline, l’amour universel. […] C’est pourquoi la littérature française peut imposer son prestige et son influence à l’élite universelle. […] Tel a été le rôle universel, tenu par nos grands écrivains du xixe . […] Je vais probablement étonner certains collaborateurs de la Revue universelle ou de la Revue critique : leurs jeux funestes à l’encontre du xixe  siècle ne tendent rien moins qu’à l’avilissement de l’intelligence et de la littérature.

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