/ 1742
260. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

Résumé d’une puissante plénitude, ce n’est là, après tout, qu’un morceau d’histoire… L’auteur a coupé dans l’histoire universelle de l’Église l’histoire de son gouvernement temporel, et il nous l’a montré depuis son origine et ses premières luttes jusqu’aux dernières, — depuis Constantin, et même avant, jusqu’à Napoléon, et même après, — et il a éclairé ce fort résumé d’une si pénétrante et pourtant si sobre lumière, qu’aucun éblouissement n’est possible et qu’il reste évident, pour qui lit attentivement cette histoire, que le gouvernement temporel de la Papauté, de tous les gouvernements déchirés par les hommes certainement le plus déchiré, est aussi essentiel au Christianisme, aussi constitutif de sa nature que son gouvernement spirituel, et qu’il y a entre eux une nécessité d’existence, une consubstantialité qui fait leur identité même, et contre laquelle rien ne pourrait prévaloir d’une manière absolue sans entraîner la mort de tous les deux ! […] Il a résisté à la tentation universelle de peindre tout à propos de tout, qui envahit la plus grande partie des esprits d’une pauvre époque ayant moins de raison que d’yeux… Ce n’est point un peintre d’histoire ; c’est l’homme d’affaires de l’Histoire.

261. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

On nous reprochera de constituer au profit des artistes et des penseurs une petite église, une caste dans la famille universelle. […] Esprit vaste et vraiment universel, il avait néanmoins un goût trop exquis pour affecter l’universalité littéraire, prétention de nos jours trop commune. […] L’âme la plus privilégiée ne saurait, d’ailleurs, posséder à la fois toutes les aptitudes humaines, tous les génies : il n’y a pas d’homme universel. […] Vous montiez pour consulter la parole intime que vous avez cru n’être qu’un écho de l’universelle nature ; vous écoutez avec recueillement et ferveur. […] Le raisonnement seul est universel ; l’imagination, le caractère sont individuels.

262. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

De là deux espèces de déterminisme, deux démonstrations empiriques, différentes en apparence, de la nécessité universelle. […] On s’est donc fort longtemps passé d’un principe conservateur universel. […] À vrai dire, ce n’est pas la nécessité de fonder la science, c’est bien plutôt une erreur d’ordre psychologique qui a fait ériger ce principe abstrait de mécanique en loi universelle. […] Bornons-nous, pour le moment, à constater qu’une fois engagé dans cette voie, on aboutit fatalement à ériger le principe de la conservation de l’énergie en loi universelle. […] En vain nous ajoutons que, même sous cette forme « les mêmes causes produisent les mêmes effets », le principe de la détermination universelle perd toute espèce de signification dans le monde interne des faits de conscience.

/ 1742