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1735. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

N’est-il pas risible de voir un enfileur de syllabes harmonieuses, qui n’a jamais eu dans la tête quatre idées saines sur la politique et la morale, s’ériger en réformateur du genre humain, aspirer à la monarchie universelle de l’opinion, et s’imaginer que, pour faire le bonheur du monde, il ne s’agit que de renverser les autels et les temples ? […] Il faut être homme ; oui, mais non pas homme des bois, qui ne connaît de règle que son caprice ; mais homme de société appartenant à une nation qui a ses idées, ses principes, ses coutumes, ses lois, ses sentiments, son esprit et son caractère : l’homme qui, sous prétexte d’être lui, prétend tout fronder, tout bouleverser, penser à part, ne suivre que ses goûts, n’a pas l’âme sensée ; c’est un fripon ou un fanatique : il est dans la société ce que sont dans l’Église universelle ceux qui prétendent expliquer l’Évangile à leur mode, et ne prennent pour guide que leur faible raison.

1736. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Plus de frontières naturelles, plus de départements, plus de petits drapeaux, de petites cocardes ; fusion générale dans une apothéose universelle.

1737. (1802) Études sur Molière pp. -355

[Épigraphe] On commenta les mots, je commenterai l’art. [Avant-propos] Depuis longtemps mes amis me demandent des Commentaires sur Molière ; voici ma dernière conversation avec le plus pressant. Les Commentaires que vous désirez ne se trouvent-ils pas dans mon Art de la Comédie ? « Oui, mais épars, mais confondus avec ce que vous avez dit sur les comiques de toutes les nations ; et c’est du Ménandre, du Plaute, du Térence français que je vous invite à vous occuper uniquement. « Détachez par extrait de votre Art de la Comédie, tout ce qui concerne l’homme immortel que le faux goût, que la satiété du beau poursuivent jusque sur la scène dont il fit la gloire ; joignez à de nouvelles observations sur l’Art du poète dramatique, des remarques sur l’Art du comédien ; décomposez celui-là pour prouver à celui-ci qu’il ne peut le bien rendre s’il ne le connaît parfaitement ; consacrez par ce moyen la bonne tradition ; dénoncez par ce moyen la mauvaise ; resserrez ces observations et ces remarques dans un volume qui devienne nécessaire à chaque possesseur d’un exemplaire de notre excellent comique ; et si vous épargnez des recherches au lecteur paresseux, si vous procurez au plus futile l’avantage de raisonner insensiblement ses plaisirs, si vous ménagez l’amour-propre des uns et des autres, en les amenant au point de s’initier comme d’eux-mêmes aux mystères de Thalie, je vous garantis qu’ils voudront juger à leur tour votre Art de la Comédie, et que vous n’aurez peut-être pas des critiques plus sévères. » Cruel ami !

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