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2006. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Appelé au Conseil et ministre d’État depuis 1743 et pendant treize années, il donnait de bons avis, il avait de belles maximes et, ce qui était déjà à la mode, il trouvait, au sujet des affaires du Parlement et sur ces interminables conflits où il y avait matière à popularité, des paroles et des démonstrations de citoyen. […] C’est un homme né pour faire la plus grande fortune quand il ne l’aurait pas trouvée toute faite chez lui. […] En le fréquentant, on lui trouve beaucoup d’imagination et peu d’esprit. […] La vérité, la vraie mesure sur le maréchal de Noailles, je n’ai pas le mérite de la trouver : je la rencontre tout exprimée chez un historien consciencieux, qui a beaucoup lu, beaucoup résumé, et dont le style piquant, un peu recherché, mais incisif, grave son objet. […] Le duc de Noailles trouva, dans une vieillesse utile et considérée, un port où se reposent rarement des ambitieux aussi inquiets. » On ne saurait mieux résumer, mieux conclure, ni mieux dire.

2007. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Et puisque j’y suis, je ne me refuserai pas de couler à fond cet article de cupidité honteuse dont le personnage politique en lui a tant souffert, et s’est trouvé si atteint, si gâté au cœur et véritablement avili. […] Il trouva dans cette circonstance une facilité et des occasions dont ses ennemis disent qu’il sut très bien profiter. […] Enfin on trouve encore une lettre de Napoléon à Talleyrand adressée d’Espagne, d’Aranda, du 27 novembre 1808 ; mais ici s’arrête la faveur avec la confiance. […] Je trouve donc fâcheux que vous ayez fait une démarche qui me rappelle des souvenirs que je désirais et que je désire oublier. » Ces grondements ou ces éclats de tonnerre n’empêchaient pas qu’à l’occasion l’empereur ne lui donnât encore des marques effectives de bienveillance et de î solide intérêt. […] J’entame avec lui une conversation et, tout en nous promenant, je dirige nos pas vers la salle du billard, où enfin nous nous trouvons tous deux seuls : — « Monseigneur, lui dis-je, l’horizon se rembrunit. » — « Vous pensez, monsieur ? 

2008. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Les deux personnes qui venaient occuper cette humble et assujettissante position, et passer de longues journées sans murmure à ces fenêtres monotones et en vue de cette grille de bois, étaient bien loin de s’y trouver accoutumées par leur vie antérieure. […] Mais si les lettres de Paris tardaient, s’il revenait plus d’une fois sans rien trouver ; si, poli, discret, silencieux toujours, se bornant avec elle à l’indispensable question, il avait pourtant trahi son angoisse par une main trop vivement avancée, par quelque mouvement de lèvre impatient, elle le plaignait surtout, elle souffrait pour lui et pour elle-même à la fois ; pâle et tremblante en sa présence sans qu’il s’en doutât, elle lui remettait la missive tant attendue, à lui pâle et tremblant aussi, mais de ce qu’il redoute d’un seul côté ou de ce qu’il espère. […] Depuis quelque temps, les lettres venaient plus rares ; une fois, deux fois, il s’était présenté sans en trouver. […] Hervé, attentif et discret, vint, revint, et s’y trouva naturellement assis, chaque après-midi, pour de longues heures. […] O Mort, que tu as de formes diverses, et que celui qui t’a déjà rencontrée peut néanmoins te trouver nouvelle !

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