Les tragédies où il chanta avaient pour titre : Canacée en travail d’enfant ; Oreste, assassin de sa mère ; Œdipe s’arrachant les yeux ; Hercule furieux. […] Rien n’est plus instructif pour les jeunes gens, rien n’est plus intéressant pour les amateurs des lettres que d’examiner de près le travail et les procédés de Racine, lorsqu’il épure et polit les idées des anciens, et se les approprie par la manière dont il les met en œuvre. […] L’écrivain qui a de la chaleur, de l’imagination et du goût, éprouve une répugnance et une horreur naturelle pour ce travail ingrat et pénible, pour cette érudition qui ne suppose d’autre talent que celui de savoir lire. […] La manière dont il a refondu ce caractère du marquis fait honneur à son goût, et il y a autant de philosophie que de simplicité dans ce qu’il dit au sujet de ce travail : « Dans cent ans d’ici, quelqu’un pourra refondre encore ce même caractère, et lui donner les nouveaux ridicules qui auront succédé aux nôtres.
N’oublie pas ce jeune homme que tu vois par le dos proche d’elles, courbé vers le fond, et s’occupant du même travail.
La philosophie de Bossuet Il y aurait plusieurs hommes à étudier dans Bossuet, et, si nous osions en courir la périlleuse aventure, de récents et excellents travaux nous y inviteraient comme de toutes parts. […] Esprit fragmentaire et décousu — nous l’avons dit, et on a vu qu’il l’avouait lui-même, — c’est un travail que de le suivre. […] Suard, le genre d’influence de Fontenelle, et joliment défini l’effet que produisirent dans le temps de leur apparition, l’Histoire des Oracles et les Entretiens sur la pluralité des mondes : « La question si les oracles du paganisme avaient été rendus par les démons ou par les prêtres n’offrait par elle-même ni assez de doutes, ni assez d’intérêt à un philosophe pour engager Fontenelle à la traiter ; mais Van Dale, en la traitant en érudit, y avait jeté avec profusion les faits les plus importants de l’histoire entière du paganisme, et dans cet ouvrage d’un médecin hollandais, Fontenelle découvrit aisément les matériaux d’une histoire de l’esprit humain sous la double puissance d’une imagination qui sait tout feindre, et d’une religion qui fait tout croire… « Il s’empare de tant de textes, de tant de faits qui n’ont plus besoin ni d’être cherchés, ni d’être vérifiés ; tout son travail est borné à l’action de son esprit lumineux ; et il écrit l’histoire des oracles, c’est-à-dire l’histoire des temples dessinés par le génie du sacerdoce plus encore que par celui de l’architecture, destinés à exercer sur la vue, sur l’ouïe, sur l’odorat, des séductions que la crédulité ne peut ni combattre, ni même soupçonner dans ce qu’elle adore ; l’histoire des prêtres qui étudient les langues, pour les rendre non plus précises, mais plus vagues, non pour éviter les équivoques, mais pour les multiplier, et s’en faire un art savant d’illusions et de mensonges ; l’histoire des peuples enivrés de superstitions sous de tels pontifes, et sans cesse errants autour des sanctuaires pour y chercher le Dieu ou le prêtre, la statue de marbre ou de bronze qui peut le mieux leur révéler leurs destinées futures. » Un autre passage de Garat n’est pas moins caractéristique : « Copernic et Galilée, dit-il, avaient dès longtemps expliqué les mouvements diurne et annuel de notre globe, et de ceux dont les clartés errent sur nos têtes ; mais quoique cette magnifique découverte ne pût plus être contestée par aucun savant, presque pour tous les esprits, elle était aussi profondément cachée dans les sciences qu’elle l’avait été dans la nature.