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1258. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

La plûpart des morceaux passionnés de nos bons poëtes, sont sortis achevés de leur plume, & paroissent d’autant plus faciles qu’ils ont en effet été composés sans travail : l’imagination alors conçoit & enfante aisément. […] On appelle les bons poëtes les favoris des Muses, comme les gens heureux les favoris de la fortune, parce qu’on suppose que les uns & les autres ont reçu ces dons sans travail. […] La nature la donne comme celle du corps ; le travail modéré les augmente, & le travail outré les diminue. […] Il paroît que ce titre n’est le partage que du petit nombre d’hommes dont les vertus, les travaux, & les succès ont éclaté. […] La nature est inépuisable, Et le travail infatigable Est un dieu qui la rajeunit.

1259. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Voulez-vous savoir comment il passe ses jours d’été au village voisin, entre le travail et les heures nonchalantes de son repos ? […] … « Mais, le soir venu, je retourne à la maison et j’entre dans mon cabinet de travail ; sur le seuil de la porte je dépouille ces habits de paysan souillés de poussière ou de fange, et je me revêts en idée d’habits royaux et de vêtements de cour. […] Ces sublimes écrits ne le tiraient pas de la misère : les Médicis continuaient à le craindre ; Léon X admirait mais ne récompensait pas ses travaux. […] Ce pape, aussi parcimonieux que Léon X était libéral, lui donna cent ducats pour toute récompense d’un si magnifique travail.

1260. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Lamartine est trop amateur, Vigny trop penseur, Musset trop indifférent : Hugo et Gautier sont les grands ouvriers de ce travail, Hugo surtout, mais Gautier aussi, et Sainte-Beuve à qui son sens critique faisait sentir la valeur de tous les détails de facture dans l’œuvre d’art. […] C’est ce que vous trouverez encore dans cette Neuvième Époque de Jocelyn qui, à elle seule, serait un des plus beaux poèmes de notre langue : l’épisode des Laboureurs n’est pas un tableau de la vie rustique, c’est une ode magnifique au travail, distribuée largement en six couplets d’alexandrins, qui alternent avec des strophes lyriques ; la continuité sereine et forte du travail champêtre est partagée par le poète en six moments, où son regard se pose sur l’effort des hommes ; et, embrassant d’une vue leur œuvre, son âme s’envole aussitôt dans la méditation ou la prière. […] Gautier ne fait plus de tableaux ici : il peint sur émail, il grave en pierres fines ; le travail est minutieux et large ; chaque pièce est d’un fini qui étonne.

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