Athènes adorait comme un de ses protecteurs Eurysthée, qui était pourtant un Argien ; Euripide nous explique la naissance de ce culte, quand il fait paraître sur la scène Eurysthée prêt de mourir et lui fait dire aux Athéniens : « Ensevelissez-moi dans l’Attique ; je vous serai propice, et dans le sein de la terre je serai pour votre pays un hôte protecteur397. » Toute la tragédie d’Œdipe à Colone repose sur ces croyances : Créon et Thésée, c’est-à-dire Thèbes et Athènes, se disputent le corps d’un homme qui va mourir et devenir un dieu ; Œdipe, d’après la légende, se prononce pour Athènes, il marque lui-même la place où il veut être enterré : « Mort, je ne serai pas, dit-il, un habitant inutile de cette contrée398 ; je vous défendrai contre vos ennemis ; je vous serai un rempart plus fort que des millions de combattants399 ; mon corps, endormi sous la terre, s’abreuvera du sang des guerriers thébains400. » Les morts, quels qu’ils fussent, étaient les gardiens du pays, à la condition qu’on leur offrit un culte. […] Chacun pouvait dire ce que, dans une tragédie d’Eschyle, un étranger dit aux Argennes : « Je ne crains pas les dieux de votre pays, et je ne leur dois rien412. » Chaque ville attendait son salut de ses dieux.
Ils avaient écrit des poésies fugitives ; Escousse avait fait représenter, avec des succès inégaux, deux œuvres dramatiques, et il avait composé, en collaboration avec Lebras, une tragédie que le public avait fort mal traitée.
Voltaire a le mérite d’avoir appelé l’attention sur les mœurs des nations 104 Voltaire, c’est là sa gloire, a le sentiment de l’humanité105 ; mais ce sentiment, égaré par une critique systématique et sans profondeur, et par une haine insensée contre le christianisme, dégénère souvent en déclamations qui ne valent pas grand-chose dans des tragédies, mais qui ne valent absolument rien dans l’histoire, où la passion doit faire place à l’intelligence.