Si l’on y regarde de plus près, et si l’on éclaire son commentaire souvent répété de la phrase de Rousseau par une page où il décrit la première éducation de l’enfant civilisé33, on voit qu’il considérait les deux langages comme d’ordinaire simultanés : quand l’esprit s’attache à des objets qui ne tombent pas sous les sens, alors seulement « l’imagination s’arrête » comme dit Rousseau, et le mot intérieur reste seul pour accompagner l’idée ; or le cas contraire est très rare, sauf dans la première enfance, car les idées générales, alors même que leurs objets font partie de la nature visible, impliquent l’activité de l’entendement et supposent la conception de rapports purement intellectuels34 ; la parole intérieure, accompagnée ou non d’images, doit donc être presque constante, du moins à partir de l’adolescence.
Deux ans après il tombe dans le Tibre, pense se noyer, et, s’apercevant qu’il en est quitte pour un bain de pieds, sort du fleuve en chantant la phrase musicale vainement cherchée jusque-là11. […] « Il faut, écrivait Flaubert, que j’aille à Rouen pour un enterrement, celui de Mme Pouchet, la femme d’un médecin morte avant-hier dans la rue, où elle est tombée de cheval près de son mari, frappé d’apoplexie.
Admirez en quel style sensuel et gras, il projette la folie d’une fête villageoise : Midi tomba sur la soûlerie. […] Mais une qui était blonde, Qui dormait à l’avant, Dont les cheveux tombaient dans l’onde, Comme du soleil levant, Nous rapportait, sous ses paupières, La Lumière74.