Ce sourd tonnerre du char de Nala sur le pavé des rues, semblable à un grondement de foudre lointain, frappa aussi les oreilles de Damayanti, qui frissonna d’émotion et d’attente ; elle entendit en même temps les chevaux du prince son époux, qui bondissaient de joie et qui hennissaient de désir dans l’écurie ; elle crut déjà revoir le char de Nala attelé dans la cour comme jadis, quand la formidable main de son époux tenait ses rênes.
Eschyle est épique et gigantesque lorsqu’il fait retentir le rocher sur lequel les Cyclopes attachent Prométhée et que les coups de leurs marteaux en font sortir les nymphes effrayées ; il est sublime lorsqu’il exorcise Oreste, qu’il réveille les Euménides qu’il avait endormies, qu’il les fait errer sur la scène et crier : Je sens la vapeur du sang, je sens la trace du parricide, je la sens, je la sens… et qu’il les rassemble autour du malheureux prince qui tient dans ses mains les pieds de la statue d’Apollon.
Seulement nous sommes tenus de limiter cette analogie autant que l’exigent les autres indices ; c’est d’ailleurs ce que nous faisons pour nous figurer l’animal lui-même, lorsque, ayant admis en lui des sentiments et des idées comme les nôtres, nous diminuons cette analogie à mesure que l’expérience accrue nous prescrit des réductions.