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1198. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Le temps, Messieurs, a fait justice de ces légers travers comme de ces railleries, et n’a laissé subsister dans l’œuvre de M. de Montyon, dans ce bienfait perpétuel, largement renouvelé et confirmé par lui après 1816, que les bons effets d’une fondation si louable. […] Comme institutrice, elle ne s’est pas ralentie un seul jour durant ce long espace de temps. […] C’est au point qu’après huit ou dix nuits, et quelquefois plus, passées au chevet des malades, elle a toujours trouvé assez de force et d’énergie pour ne pas prendre ne fût-ce qu’un quart d’heure de repos sur le temps dû à l’école. […] Sa charité pourtant s’y sentait à l’étroit, et, dès les premiers temps de son installation dans la commune, elle s’annonça pour ce qu’elle devait être toute sa vie ; elle devint la sœur de charité ordinaire, une infirmière de bonne volonté, au service de tous. […] Tout va plus vite dans la société actuelle ; tout va plus loin en moins de temps : il faut, pour vivre et durer, pour se faire un nom et le garder, recommencer et récidiver sans cesse.

1199. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Saint-Simon de son temps, Lemontey du nôtre, ont beaucoup dit sur le grand roi ; j’en pense volontiers tout le mal qu’ils articulent, à l’endroit de l’égoïsme qui chez lui était monstrueux, et que soixante années d’idolâtrie cultivèrent. […] En étudiant beaucoup les faits, les matériaux et les pièces du temps, M. […] La belle Isabeau, qui joue un si grand rôle à ses côtés, est un autre personnage historique ; mais, par une licence très-permise, l’auteur ici a rapproché des temps un peu différents. […] Dans ce cas il aurait bien spéculé ; certains mystères de ce genre ont leurs attraits et parfois enflamment : « Quædam feminæ sordibus calent, » a dit énergiquement Pétrone en parlant des nobles dames romaines de son temps. […] C’est ce qui a fait dire à l’un des chroniqueurs littéraires du temps : « Parti du Rétif et même du De Sade, M.

1200. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

C’est dans l’âge au-dessous de vingt ans que les meilleurs coups se ruent : c’est alors qu’il faut faire son emplette. » Il regrette le temps qu’il a perdu jeune à chasser les cailles et à hâter les vignerons (ce dut être pourtant un pauvre chasseur toujours et un compagnon peu rustique que Bayle, et il ne put guère jouir des champs que pendant la saison qu’il passa, affaibli de santé, aux bords de l’Ariége) ; il regrette même le temps qu’il a employé à étudier six ou sept heures par jour, parce qu’il n’observait aucun ordre, et qu’il étudiait sans cesse par anticipation. […] L’excellent Bayle n’a, je crois, jamais fait un vers français en sa jeunesse, de même qu’il n’a jamais rêvé aux champs, ce qui n’était guère de son temps encore, ou qu’il n’a jamais été amoureux, passionnément amoureux d’une femme, ce qui est davantage de tous les temps. […] Au temps qu’il était encore professeur de philosophie, il éprouvait un grand ennui à l’arrivée de tous les livres de la foire de Francfort, si peu choisis qu’ils fussent, et se plaignait que ses fonctions lui ôtassent le loisir de cette pâture. […] On n’était pourtant pas loin du temps où certains grands offraient au spirituel railleur Guy Patin un louis d’or sous son assiette, chaque fois qu’il voudrait venir dîner chez eux ; On se serait arraché Bayle s’il avait voulu, car il était devenu, du fond de son cabinet, une espèce de roi des beaux esprits. […] Aussi on m’avouera qu’un homme qui a presque toujours la plume et les livres à la main ne sauroit trouver assez de temps pour toutes ces choses.

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