Tous les ans, le jour de la Fête-Dieu, le plafond de l’enfer s’entr’ouvre, et les damnés voient passer au-dessus de leurs têtes la procession des élus. […] Vous rappelez-vous les Deux auberges80, l’une neuve, bruyante et bien achalandée, l’autre déserte et misérable ; et la maîtresse de cette pauvre bicoque pleurant toute seule et perdant la tête, quand par hasard un client entre chez elle, tandis que son mari chante et boit dans l’auberge d’en face chez la belle Arlésienne.
Il siérait que l’artiste, déjà honni et disqualifié par les médiocres tant qu’il n’a pas forcé le succès, renonçât à la défroque bizarre, à la « tête à sensation », et rompit ainsi les derniers liens qui permettent au spectateur ironique de le confondre avec les piètres héros de Murger. […] Il prononcera une fois pour toutes la vanité de la superbe romantique, la puérilité dangereuse de l’art pour l’art, du culte du moi, du dandysme, de l’arrivisme et de toutes les amours de tête du littérateur et de l’artiste parisiens.
Du commencement, je croyais cet homme-là un fripon ; mais, ma foi, il faut lui remettre l’honneur sur la tête, et demeurer d’accord qu’il a de grandes lumières… Ah ! […] Il faut parler toujours sans rien dire pour sembler spirituelle ; rire sans sujet pour paraître enjouée ; se redresser à tout moment pour étaler sa gorge ; ouvrir les yeux pour les agrandir, se mordre les lèvres pour les rougir ; parler de la tête à l’un, de l’éventail à l’autre ; donner une louange à celle-ci, un lardon à celle-là ; enfin, badiner, gesticuler, minauder60. » L’arrivée du printemps, qui amène le départ des officiers, jette le désarroi dans le monde des promeneuses, et les force à se rabattre sur les robins et les petits collets fort peu demandés en hiver : Heureux les bourgeois de Paris, Quand le plumet court à la gloire !