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794. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Un poète de la génération suivante, Fernand Divoire, la recueillera tout à l’heure, qui dit aux parents : Notre rancune est devant vous dressée, Pères, hommes de sport, stupides et dandys, Mères, faites de rien, de chiffons, d’organdis,           De balivernes amassées, Car nous nous souvenons que nous avons grandi           Dans le fumier de vos pensées. […] Que chacun de nous s’examine ou se souvienne des confidences reçues dans son jeune âge. […] On commente encore, çà et là, dans les écoles, les vers de Lamartine : L’homme est un dieu déchu qui se souvient des cieux.

795. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Et Mendès n’est pas loin de croire qu’il y a là, chez Mallarmé, comme un contre-coup de la maladie et de la misère à Londres et que le souvenir de ses malheurs, fermenté par six ans de solitude et d’isolement, a fini par troubler sa raison. […] René Ghil, dans la préface de son livre de début, appelait des vers qui seraient : … un pré ou l’odeur des luzernes — une eau pâle et glauque aux rides s’élargissant ; des vers qui seraient l’inexprimable souvenir, devant deux grands yeux pâles et froids d’Aïeule, d’un soir d’hiver où veille la lune algide ; des vers qui seraient les mille murmures des heures noires, un dièze de violon, des voix dans la nuit, la saveur du vent de mer ; des vers qui donneraient l’écœurement d’une migraine, la lourdeur aveulie et molle d’une après-midi d’août, avec je ne sais quel rassasiement venu des moissons mûres. […] C’est un rêveur qui, dans son rêve unique, met le sang de ses veines et son souvenir vivant de la terre.

796. (1890) L’avenir de la science « V »

Pour qu’une secte religieuse fût désormais possible, il faudrait un large fossé d’oubli, comme celui qui fut creusé par l’invasion barbare, où vinssent s’abîmer tous les souvenirs du monde moderne. Conservez une bibliothèque, une école, un monument tant soit peu significatif, vous conservez la critique ou du moins le souvenir d’un âge critique. […] Après celles de Jouffroy, je n’en connais pas de plus vraies que celles de Louis Feuerbach, un des représentants les plus avancés de l’école ultra-hégélienne (Souvenirs de ma vie religieuse, à la suite de la Religion de l’Avenir ).

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