Voici donc un récit succinct, mais vrai jusque dans le moindre détail, du « drame » en question : ce soir-là, aux Vilains Bonshommes, on avait lu beaucoup de vers après le dessert et le café. […] Notre hôte fit honneur surtout à la soupe et, pendant le repas resté plutôt taciturne, ne répondant que peu à Cros, qui peut-être ce premier soir-là se montrait un peu bien interrogeant, aussi ! […] C’était l’avis de Gautier, l’autre soir, de Gautier, qui se démenait dans sa stalle comme aux beaux jours des gilets rouges et des cheveux mérovingiaques ; c’était l’avis de Dumas, superbe d’attendrissement et d’expansion à chaque sursaut d’enthousiasme de la salle ! […] J’imagine que, le soir d’une grande bataille, l’enthousiasme n’est pas plus grand dans le camp vainqueur. […] Edmond Picard va, ce soir même, à Anvers, en parler, avec sa haute compétence ; à propos de l’excellent poète français, mon ami, Henri de Regnier… J’ai de précieux frères d’armes belges et français qui manient, en vérité, le vers libre avec talent, ingéniosité — et sans doute, sans nul doute, avec logique, avec une logique implacable qui me déjoue un peu, mais je dois me tromper, j’espère me tromper, car là peut-être, là sans doute est l’avenir — car l’avenir est toujours à quelqu’un, quoi qu’en dise le poète.
Qui n’a rencontré dans le monde, depuis qu’on n’a plus le loisir d’y être parfaitement honnête homme , de ces gens qui sont charmants avec vous le soir, à condition d’être brusques s’ils vous rencontrent le matin, et de s’arranger, du plus loin qu’ils vous avisent, pour ne vous point reconnaître ? […] En revenant de Rome, je passai par une ville de France ; c’étoit sur la fin de mai, et le soir, prenant le frais dans un jardin où les dames se promenoient, j’en vis une qui me blessa dans la foule, sans dessein de me nuire, car elle ne m’avoit pas regardé, et je ne lui avois pu dire un seul mot. […] Je fus assez étourdi pour le dire à Mme la marquise de Sablé, un soir que j’étois allé chez elle avec Mme la maréchale de Clérembaut ; je m’offris même de montrer dans ses Lettres quantité de fautes contre la justesse, et vous jugez bien que cela ne se passa pas sans dispute.
« Le soir même il voulut revêtir de sa signature l’une et l’autre de ces résolutions, et dit en souriant : “Je n’avais jamais eu d’aventure dans une forêt, à la suite d’un orage ; en voilà une et des meilleures.” « Il arriva le 25 octobre au soir à Potsdam. […] « À onze heures du soir, en effet, le 23 juin 1812, les voltigeurs de la division Morand se jetèrent dans quelques barques, traversèrent le Niémen, large en cet endroit de soixante à quatre-vingts toises, prirent possession sans coup férir de la rive droite, et aidèrent les pontonniers à fixer les amarres auxquelles devaient être attachés les bateaux.