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689. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Au regard d’esprits plus préoccupés des choses intellectuelles que des choses morales dans l’histoire, il y a certainement dans quelques-unes de ces sociétés américaines des côtés formidables et brillants que tous les adorateurs de la force doivent admirer et même avec terreur, ce qui est pour la lâcheté humaine le dernier degré de l’admiration ! Les vestiges qui nous restent de ces sociétés, de leurs travaux publics, de leurs architectures, doivent paraître à des âmes d’architectes, d’antiquaires et d’académiciens, des civilisations colossales. […] — ne peut pas ne point tenir pour des civilisations, — et des civilisations sterling, — des sociétés de cette puissance monumentale, de cette richesse, de ce luxe inouï, de ces mœurs, fabuleusement somptueuses, qui éblouirent et enivrèrent jusqu’à leurs vainqueurs.

690. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Mais, par là même, nous jugerons mieux la nôtre et nous prémunirons notre temps, qui en a souffert beaucoup déjà, contre d’insidieux exemples de liberté pris dans des sociétés qui ne ressemblent en rien à notre société actuelle. L’examen de ces livres nous sera une bonne occasion de démontrer par les faits que les vrais exemples à suivre pour la politique des temps présents ne sauraient être invoqués que là où nous trouvons, soit en germe, soit développés, les deux principes de la société moderne : l’élévation des mœurs dans la famille, et la grandeur de la nationalité.

691. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Écrite exclusivement pour le nombre, par un homme du nombre qui n’est pas campé pour en sortir, ni même pour aspirer à cette glorieuse impopularité des grands artistes dont se vantait Goethe, quand il disait avec orgueil : « Raphaël et moi, nous n’avons jamais été populaires », placée sous le patronage et la protection d’un Aréopage littéraire qui a finances et qui est le seul pouvoir de la société ancienne qui soit resté… dans son fauteuil, quand tous les autres se sont écroulés, cette histoire de M.  […] Prendre à la religion chrétienne, qui nous a pétris dans le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ (qui nous a donné le sein, si nous ne sommes pas sortis de son flanc ; qui est notre nourrice, si elle n’est pas notre mère), prendre à la religion chrétienne la plus belle civilisation qui fut jamais, — la civilisation de la chevalerie, — pour la donner à une société morte, atroce et barbare ; opposer et substituer à cette monarchie faite par des évêques, comme disait Gibbon, une monarchie faite… par des druides, voilà de l’habileté profonde, car elle semble désintéressée et ne prétend être que scientifique ! […] Il cite César, Strabon, Ammien-Marcellin, Polybe, Athénée, Diodore de Sicile, Tite-Live, Pline, Pomponius Méla, Plutarque, Solin, qui tous ont donné une si épouvantante idée de cette société dont les druides furent les chefs et dont l’inextinguible esprit flambe encore, à ce qu’il paraît, jusque dans les veines de M. 

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