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510. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Ne cherchez pas d’autre titre à l’intérêt qui s’attache au nom de Juliette dans ce siècle et qui la suivra plus loin que son siècle ; elle fut la beauté ! […] Sa mission était un éternel sursum corda des yeux et de l’imagination de son siècle. […] M. de Chateaubriand était à ses yeux le premier de ces monuments vivants du siècle. […] Madame Récamier lui nommait à demi voix cette élite du siècle. […] C’était une cour, mais un peu vieille cour ; les meubles étaient simples et usés ; quelques livres épars sur les guéridons, quelques bustes du temps de l’Empire sur les consoles, quelques paravents du siècle de Louis XV en formaient tout l’ornement.

511. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Ce n’est qu’après de longs siècles de grossières ébauches théâtrales pareilles à celles de Thespis en Grèce, ou de nos mystères en France, que s’élèvent des théâtres permanents dignes de la majesté du trône ou du peuple. […] Un grand homme n’est pas seulement, comme on dit, fils de ses œuvres : un grand homme est avant tout fils de son siècle, ou plutôt un siècle se fait homme en lui : voilà la vérité. Jamais ce mot ne fut plus visiblement vérifié que dans Racine et dans les cinq ou six grands poètes ou grands écrivains qui furent avec lui comme la floraison et la fructification de ce beau siècle de Louis XIV. […] La liberté a autre chose à donner un jour aux peuples, mais on peut défier l’Église et la monarchie de donner plus qu’elles n’avaient donné au siècle de Louis XIV, le génie discipliné par le despotisme. […] L’étude attentive de ces premières poésies révèle le Racine futur tout entier, un fils de l’antiquité, non un fils de son siècle, un homme de renaissance, non de création, original plus tard, mais original seulement par la perfection.

512. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

J’aurais peut-être chanté un poème épique si c’eût été le siècle de l’épopée ; mais qui est-ce qui fait ce qu’il aurait pu faire dans ce monde où tout est construit contre nature ? […] Le préjugé de mon siècle aura été plus fort que moi : il m’a relégué au rang des poètes. […] À chaque chef-d’œuvre de la scène il faut un chef-d’œuvre de la nature pour le personnifier aux yeux et à l’oreille d’un siècle. […] C’était l’apothéose du siècle de Louis XIV sous l’apothéose de Racine. […] J’entrai dans la salle comme je serais entré dans un siècle illuminé parmi les siècles pour se donner à lui-même en représentation éclatante dans la nuit des temps.

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