Oui, Coppée c’est par excellence le causeur parisien du siècle de la blague, avec tout l’admirable sous-entendu de la conversation de nous autres : les phrases commencées, finies par un rictus ironique, les allusions farces à des choses ou à des faits, connus du monde select et pourri de l’intelligence. […] C’est un trait d’un médecin d’un autre siècle. […] Samedi 25 juillet De l’exposition des Cent Chefs-d’œuvre, dont je sors à l’instant, il est pour moi indéniable, que le premier prix de paysage de ce siècle, appartient à Rousseau, le second à Corot. […] À propos d’une médaille, sur la date de laquelle on n’était pas fixé, et que lui montrait Lavoix, il s’écriait : « C’est une médaille du iiie siècle, il y a un mot que je n’ai jamais trouvé dans les siècles précédents. » Lavoix a assisté à sa mort, tous deux demeurant dans la petite annexe de la Bibliothèque, rue de Louvois. […] Ma tante se trouvait être, en ces années, une des quatre ou cinq personnes de Paris, énamourées de vieilleries, du beau des siècles passés, des verres de Venise, des ivoires sculptés, des meubles de marqueterie, des velours de Gênes, des points d’Alençon, des porcelaines de Saxe.
Ce malheur arrive dans les siècles où domine l’érudition scolastique et dissertatrice ; âges vicieux, qui furent toujours les époques des décadences. […] Mais peuvent-ils se dissimuler que les plus grands siècles littéraires furent ceux qui produisirent les plus grands hommes, et qui contribuèrent le plus à la civilisation des empires ? […] Corneille paraît : cet homme jette les yeux de son génie sur le théâtre de son siècle. […] Sophocle n’aurait pu pressentir que l’ouvrage qu’il offrait à son siècle et aux Athéniens, frapperait d’étonnement les âges et les peuples à venir. […] L’intervalle des siècles accroît l’abondance du merveilleux que prodiguent aux poètes les traditions des peuples primitivement crédules et superstitieux.
Reconnaissez-le : la seule cadence, le heurt savant des rimes constituent la Poésie… Et puis, enfin, je trouve outrecuidant de jeter par-dessus bord une forme que nous avons mis douze siècles à acquérir ; lisez la Chanson, monorime et mnémotechnique, de Roland, lisez les fabliaux, du moyen âge, voyez la Poésie grandir jusqu’au sublime Corneille ! […] blanc de vieillesse, car depuis quelques siècles usité — dont il veut bien nous adresser un spécimen de sa façon. […] Le siècle se fait vieux, nous avons un peu vieilli avec lui, c’est bien le moins que les tout jeunes préparent le siècle qui vient. […] Un siècle pèse autant qu’une seconde. […] Il nous est impossible de croire que nous soyons nés au siècle de Périclès, impossible d’ignorer les rêveries de nos métaphysiciens et de nos positivistes, impossible de rester indifférents aux leçons de nos historiens, de nos géographes, aux expériences de nos physiciens, aux récits de nos voyageurs.